Binage mécanique entre les lignes
La bineuse à tracteur ayant 6 dents est utilisée par les producteurs de canne (3 dents par interligne, 40 cm entre les dents, 1,20 m entre les lots des 3 dents). L’objectif est de travailler entre les lignes pour détruire les adventices et aérer le sol. Pour être efficace, le binage mécanique doit intervenir sur les adventices lorsque le sol est sec et par temps ensoleillé. Le binage mécanique est vivement recommandé pour pallier aux carences en main d’œuvre.
Autres méthodes de désherbage
Sarclage manuel avec la houe
Le sarclage à la houe vise la destruction des adventices sur les rangs et entre les rangs, essentiellement après les opérations de désherbage chimique et de binage mécanique. Cette opération nécessite la main d’œuvre.
Collecte des adventices
Certains producteurs font la collecte des adventices quand celles-ci sont abondantes et bien développées. Les plantes arrachées (parfois gratuitement par les voisins) sont collectées et utilisées dans l’alimentation du cheptel.
Paillage
Le paillage du sol avec le feuillage de la canne offre une bonne protection contre la germination et la levée des adventices. Dans certains cas, le paillage peut éviter l’emploi des herbicides. Pour être efficace, le paillage ne doit laisser aucun espace libre. La récolteuse de canne présente l’avantage de rejeter automatiquement la paille hachée et de la disperser de façon homogène sur la parcelle. Sinon, la paille de canne doit être dispersée à la main pour constituer un matelas ou un «mulch» de protection.
Pâturage
Certains agriculteurs lâchent les ovins dans les parcelles de canne à sucre. Ainsi, les animaux pâturent les adventices sans endommager ou consommer la canne. Certaines adventices ne sont pas consommées par les animaux, en particulier le cure dents (Ammi visnaga).
Cultures associées à la canne
Juste après l’installation d’une jeune plantation de canne en automne et en attendant le démarrage et l’émergence de la canne au printemps, il est possible de planter des cultures fourragères annuelles comme le trèfle d’Alexandrie ou des cultures maraîchères annuelles comme le chou, les carottes, le navet, etc… Toutes ces cultures doivent être récoltées avant le démarrage de la canne au printemps.
Que faire contre les vivaces ?
Les plantes vivaces (chiendent, souchet, roseaux, morelle, réglisse, psoralée, liserons, menthe, etc…) sont capables de survivre grâce aux organes de réserve souterrains comme les rhizomes, les tubercules ou les bulbes. Les traitements entre les lignes, avec 720 à 1080 g de glyphosate/100 litres d’eau sur ces plantes vivaces bien développées, peuvent donner une excellente efficacité. Bien mouiller le feuillage des adventices vivaces sans toucher aux feuilles de la canne. Toutefois, le contrôle des adventices vivaces avant l’installation de la canne ou après sa récolte est vivement recommandé.
Recommandations
L’étude concernant la flore adventice associée à la canne à sucre a montré la présence d’une flore adventice riche et diversifiée, capable de concurrencer la culture et réduire les rendements et la qualité.
Les essais de désherbage ont conclu à des solutions que les producteurs peuvent utiliser en pré-levée, en post-levée généralisé ou en post-levée localisé entre les rangs de la canne. Néanmoins, la gestion des adventices nécessite l’emploi de la lutte intégrée basée sur la combinaison du désherbage chimique et des opérations de binage.
Pour réussir le désherbage de la canne à sucre, il est nécessaire de:
• Sensibiliser les agriculteurs à n’employer les herbicides de pré-levée que lorsque le sol est suffisamment humide, bien travaillé, sans débris végétaux.
• Sensibiliser les producteurs à utiliser les mélanges d’herbicides pour d’une part bien contrôler les adventices et d’autre part éviter l’apparition de la résistance des adventices aux herbicides.
• Faire le binage mécanique ou manuel, en cas de besoin, après l’emploi des traitements herbicides.
Dr Abbès TANJI
Agronome, spécialiste du désherbage