Diversité du caprin à Aït Bazza et quelques caractéristiques phénotypiques
Le caprin élevé à Imouzzer Marmoucha présente une diversité importante sur le plan phénotypique. La population noire est la plus dominante mais des phénotypes marquant l’existence de plusieurs sous-populations sont présents. La couleur de la robe et parfois des oreilles (blanche, grise, marron, verte) attribuent généralement à la chèvre une nomenclature spécifique (Tableau 1). Le nombre de populations/sous populations signalées par les éleveurs d’Ait Bazza s’élève à 10 témoignant ainsi d’une forte diversité génétique avec une prédominance de la noire. Les caractéristiques phénotypiques des principales populations retrouvées leur appellation locale sont présentées dans le tableau 1.
Les populations les plus citées ont été la noire (Taberchant), la blanche (Tamellalt), la rouge-marron (Tazougaght), la verte (Tazizaout), celle aux oreilles bleues (Tazizawt Imjane), celles aux trais blancs sur la face (Tizerzert stemlli), celles aux traits jaunes sur la face (Tizerzert Stouarghi), celles à ceinture blanche (Taferfasst), et celles aux tâches (Taderdachte). Certains éleveurs ont souligné que ces populations se distinguent en termes de rusticité et d’adaptation aux conditions du milieu, en particulier le froid et en matière de quantités de lait produite par lactation et par chèvre. Les populations blanche et rouge sont considérées comme étant plus laitières par rapport aux autres alors que la noire est la plus rustique et la plus adaptée aux conditions de la zone par rapport aux autres.
Le poids des chèvres adultes varie entre 28 et 31 kg ce qui dépasse de loin celui enregistrée chez la population noire d’Azilal ou d’Essaouira. Les valeurs les plus élevées concernant la hauteur au garrot et la longueur des oreilles ont été enregistrées chez la Barcha. Déjà la forme des oreilles (type tombant) chez cette chèvre laisse penser à la chèvre Nubian.
Le nom Tizerzert est tiré de la couleur de la robe de l’animal qui rappelle la gazelle. Ce phénotype existe dans plusieurs pays tel que le Brézil et l’Espagne. En plus, Tazizaouat, la chèvre que les éleveurs décrivent en tant que verte ou bleue, est connue en Espagne et au Brézil sous la même appélation «Azul». Il est clair que ces types se trouveront dans d’autres pays, des investigations concernant leurs origines participeront à l’indentification de caractères d’intérêts.
Jusqu’à très récemment, les populations caprines marocaines ont été désignées sous l’appellation noire. L’ANOC (Association Nationalle Ovine et Caprine) a identifié trois sous populations à savoir la Barcha, la Noire proprement dite de type Moyen Atlas et la Ghzala. Une quatrième vient d’être ajoutée à la liste. Il s’agit de la chèvre à robe rouge dénommée Béni Aarouss.
Performance de production et de reproduction
L’évolution pondérale des animaux adultes en fonction des saisons montre une supériorité des poids de tous les animaux et ce indépendamment de la saison dans l’élevage 2 par rapport à ceux de l’élevage 1. Dans les deux élevages, les poids sont légèrement élevés chez les animaux ANOC provenant de Moulay Bouaâzza que ceux d’Aït Bazza. Ceci trouve son explication dans leur capacité d’adapta-tion et leur potentiel génétique de départ. Ces poids dépassent de loin ceux cités dans la monographie de Boulemane et ceux observés chez le caprin d’Aït Bouguemez (province d’Azilal) sous un système extensif. Ce résultat soutient l’idée d’améliorer le cheptel local par l’introduction de chèvres et de boucs d’une région connue par la qualité de son cheptel telle que la région de Moulay Bouâazza au lieu d’introduire des races importées.
Chez les jeunes animaux, et ce indépendamment de leur âge, les chevreaux ont des poids supérieurs aux chevrettes et dépassent les valeurs rapportées dans des travaux réalisés en conditions similaires. Les poids moyens chez les chevreaux étaient de 2,4; 2,9; 5,8; 9,9; 15,2 respectivement pour le poids à la naissance, à 10 jours, à 60 jours, à 90 jours et à 150 jours. Ces mêmes poids étaient de 2,28; 2,46; 5,03; 8,31; 11,5 kg chez les chevrettes.
Si les performances pondérales sont élevées par rapport à ce qui est rapporté dans d’autres régions du royaume, les performances de reproduction ne le sont pas. On note une faible prolificité chez les animaux suivis (101 chez l’élevage 1 et 102 chez l’élevage 2). Le taux de mortalité est plus élevé dans l’élevage 2 que dans l’élevage 1 (12,5% contre 25%). Chez les caprins propres à l’éleveur aucun avortement ni mortalité n’a été noté. Ceci est lié à l’effectif des animaux suivis qui est réduit et ne veut en aucun cas dire que l’ensemble du troupeau ne présente des avortements et de mortalités. D’ailleurs, les résultats du diagnostic ont fait ressortir des taux d’avortement et de mortalité allant de 10 à 50% avec une moyenne de 25%. Les éleveurs lient ces taux élevés au froid hivernal et à la sous alimentation et ils oublient souvent une composante importante qui est la prophylaxie.
La différence enregistrée chez les élevages suivis est liée aux différences dans les systèmes alimentaires. En effet, l’élevage 1 repose sur des parcours stéppiques (Azinouz/Tizi n’ Taida) et de hautes montagnes (Adrar) alors que l’élevage 2 repose surtout sur la forêt et les plateaux de Moulouya.