Avantages/Inconvénients et coût du brise-vent
D’importantes recherches ont été menées à travers le monde sur les bienfaits du brise-vent en sols sableux. Elles ont entre autres montré l’intérêt de la protection qu’apporte celui-ci contre l’érosion éolienne. En réduisant la vitesse du vent et les pertes d’eau par évaporation, le brise-vent réduit les pertes de sols. Celles-ci sont directement proportionnelles au cube de la vitesse du vent et inversement proportionnelles au carré de la teneur en eau moyenne de la couche de surface du sol. Un brise vent de porosité égale à 40 % et de hauteur H, peut réduire l’érosion éolienne de 50 % en moyenne sur une distance allant de 6 H en amont du brise-vent jusqu’à 22 H en aval de ce dernier.
A Larache, ce phénomène d’érosion éolienne a été surtout noté par moment sur la partie nue de la ferme réservée au maïs ensilage. Pour les semis à sec de juillet/aout, la semence est parfois en grande partie déterrée au moindre coût de vent obligeant à tout recouvrir de façon manuelle. Ce constat nous a d’ailleurs conduits à gérer différemment par la suite les semis et l’irrigation pour minimiser ces risques de déterrage (semis plus profonds, arrosage immédiatement après semis).
Le brise-vent augmente également les rendements des cultures par suite de la réduction des dégâts mécaniques causées au feuillage, aux fleurs et aux fruits. Dans le cas des agrumes, le brise-vent est aussi un moyen d’amélioration de la qualité externe du fruit en protégeant la peau contre les marbrures; un des défauts qui fait partie de la liste des causes des écarts dans les stations de conditionnement au Maroc. Le tableau 2 présente le résultat obtenu sur cet aspect pour la première production d’Afourer exportée en 2012.
Contre toute attente, le rapport quantité exportée/ quantité totale récoltée en 2012, a été de 88 %, et le taux d’écarts dus aux marbrures n’a pas dépassé 0,72 %, si bien que le sorgho semble non seulement aider à l’établissement rapide du jeune verger, mais couvre en outre la production contre les taches marbrées.
Bien sûr, quoi qu’il s’impose comme protection incontournable pour la réussite du verger d’agrumes, en particulier dans les zones très ventées comme Larache, le brise-vent n’a pas que des avantages, mais aussi de nombreux inconvénients. Il occupe une partie du terrain qui ne produit rien, fonction de la nature du brise-vent et de la distance d’implantation retenue (70 m, 90 m, 110 m).
Malgré les artifices utilisés pour en limiter les effets pervers (sectionnement régulier du système racinaire pour éviter sa progression vers l’intérieur de la parcelle, taille éventuelle), le brise–vent entre en concurrence avec la plantation pour la lumière (effet d’ombrage), l’alimentation en eau et en minéraux. Du fait de sa plus grande hauteur et de son système racinaire puissant, c’est souvent à lui que cette concurrence profite le plus, même en terres fertiles comme les Dehs.
Un vieux brise-vent fait de cyprès ou d’eucalyptus peut affaiblir 2 ou 3 rangées contigües d’agrumes, comme le montrent les modèles des figures 5, 6 et 7 établis derrière la vieille ligne d’eucalyptus gardée au sein de la ferme dans la présente étude. La réaction se traduit en général par une élongation exagérée du jeune arbre faute de lumière suffisante, une réduction drastique du volume de la frondaison, une baisse de la productivité des arbres de la première ligne immédiatement sise à proximité du brise-vent, et par la production de fruits de petit calibre et de mauvaise coloration. Le phénomène peut également s’étendre à la deuxième et troisième ligne quoi qu’avec une intensité moindre. Des résultats analogues ont été d’ailleurs notés sur jeune Maroc Late nucellaire dans le cadre d’une recherche réalisée dans les Dehs du Gharb, il y a une dizaine d’années.
Le brise-vent peut aussi servir de refuge aux ravageurs et créer des conditions favorables à leur pullulation, en particulier pour les plantations de forte densité en zone humide, comme c’est le cas présent. Les contrôles réalisés dans la présente étude ont montré la présence de nombreux foyers de cochenille australienne, partout ou il a y a de l’ombrage, en plus du pou de Californie, de la cochenille plate, des pucerons et des escargots.
Enfin, le brise-vent a aussi un coût économique d’installation et d’entretien. Dans la présente étude le moins cher est le Sorgho (<2000 Dh/ha) et le plus cher est celui réalisé par le filet synthétique tissé (12.000,00 à 15000 Dh/ha), puisqu’il doit être installé à la manière de celui des serres (conception type «amortisseur» avec perche mouvante sur semelle libre et double ancrage) et non planté droit dans le sol, autrement il risque d’être détruit au premier vent fort hivernal.