Elevage des reines
Le cycle évolutif de la reine
Tout comme les autres hyménoptères, l’abeille passe par trois stades évolutifs avant de devenir adulte: Le stade de l’œuf, le stade larvaire et le stade nymphal. Chez l’abeille, les individus de toutes les castes vivent les derniers jours de la période larvaire et la totalité de la phase nymphale en cellule fermée (operculée). Le cycle de la reine est beaucoup plus court que celui des autres castes; la larve royale éclot trois jours après la pente de l’œuf et demeure larve pendant cinq jours et demi. Le temps total de développement est de seize jours; ce temps peut varier légèrement.
La différenciation entre la reine et l’ouvrière
Génétiquement, il n’y a pas de différence entre l’œuf qui devient une ouvrière et celui qui devient une reine. C’est entre le premier et le troisième jour de vie de la larve que s’amorce la différenciation. Les larves choisies par les abeilles pour devenir reines bénéficient d’une alimentation différente en qualité et en quantité. La gelée royale, très sucrée, leur est donnée en grande quantité. Cette alimentation stimule le fonctionnement d’une glande spéciale (corpora allata) qui secrète l’hormone juvénile, responsable des différences morphologiques et physiologiques entre la reine et les ouvrières. En effet, la reine est plus grosse; son système reproductif est pleinement développé et fonctionnel; ses glandes peuvent secréter des hormones spécifiques; sa longévité est supérieure à celle des ouvrières; … Grâce à une réserve accumulée au fond de l’alvéole, la larve royale se gave de nourriture avant de tisser son cocon et de se transformer en nymphe. A l’opposé, la larve d’ouvrière est nourrie de façon parcimonieuse; au moment de l’operculation, aucune réserve de nourriture n’est constituée dans son alvéole.
Les cellules royales érigées
A l’état naturel, l’élevage royal est déclenché à l’occasion d’un orphelinage, los des préparatifs pour essaimage et dans le cas de supersédure, c’est-à-dire lorsqu’une colonie sent le besoin de remplacer la reine défaillante. Le nombre de cellules royales érigées dans chacune des circonstances est variable. C’est dans le cas de supersédure qu’il est le plus réduit. Quand il s’agit de supersédure ou d’essaimage, l’élevage est commencé en présence de la reine à partir d’œufs qu’elle a été incitée à pondre dans des cupules (bases de cellules royales) érigées dans le prolongement du rayon ou en parallèle avec celui-ci. Dans les cas d’orphelinage, l’élevage commence quand les abeilles sentent la disparition de la reine, à partir de larves occupant des cellules d’ouvrières qui sont remodelées pour accommoder la future nymphe royale. Les cellules royales d’orphelinage sont la plupart du temps plus dissimulées dans le rayon. Par la suite, les parois de l’embryon de la cellule royale sont prolongées au fur et à mesure que la larve se développe. Une fois terminée, la cellule a grossièrement l’apparence d’une arachide en position verticale prenant naissance dans la cire du rayon.
Les facteurs influençant la production de reines de qualité
Deux facteurs influencent la qualité des reines. Le premier facteur est l’âge de la larve au moment de l’amorce du processus de différenciation.
Plus la différenciation s’effectue tôt dans la vie de la larve, plus le poids de la reine adulte est élevé et plus ses ovaires contiennent d’ovarioles. Les reines élevées à partir de larves plus jeunes ont tendance à pondre davantage. Ce facteur explique l’observation des apiculteurs à savoir que les reines issues de cellules de supersédure ou d’essaimage sont habituellement d’excellentes pondeuses. Ces reines sont en effet élevées à partir de larves tout juste écloses. A l’opposé, les reines élevées dans des conditions d’orphelinage sont rarement de qualité puisqu’elles sont la plupart du temps élevées à partir de larves relativement âgées. Le deuxième facteur déterminant est la quantité de nourriture absorbée par la larve royale. Ici encore, les larves nourries au maximum deviennent des reines de poids élevé dont les ovaires contiennent un grand nombre d’ovarioles. La qualité de la nutrition dépend principalement du nombre d’abeilles nourrices en rapport avec la quantité de couvain à nourrir, de l’état des provisions de la colonie. Rappelons que ce sont les abeilles âgées de six à treize jours qui sont responsables du nourrissement des larves.