Conclusion
Trente ans après l’Opération Engrais, force est de constater l’absence de réels progrès au Maroc, en matière des grandes formules d’engrais de fond. Mis au point dans la précipitation dans les années 70, pour servir de recommandations provisoires, le 14-28-14C, le 13-26-13,… ont fini, avec le temps, par s’imposer comme équilibres de référence pour tout le pays.
Le coût d’entretien d’un réseau d’essais puissant pour mettre au point des formules définitives, semble en partie expliquer ce manque de progrès.
L’agriculteur a continué d’avancer à sa manière en essayant de tirer profit des produits provisoires existants sur le marché dont il est devenu otage, malgré leurs problèmes sous-jacents de produits déséquilibrés.
Dans plusieurs périmètres comme les Doukkala, la stratégie pour réaliser d’excellents rendements racines de betterave était entre autres de faire jouer la grosse racine du type E, la forte dose de N et d’engrais de fond trop riche en P et pauvres en K (5 qx/ha de 13-26-13 + parfois 2 qx/ha de 14-28-14C) et l’irrigation tardive.
Une telle stratégie avait entraîné un début de pollution nitrique de la nappe et un déséquilibre de la fertilité du sol dont les aspects les plus visibles à l’analyse en 1987, étaient un enrichissement en P et un appauvrissement très dangereux en K, eu égard aux exigences élevées de la betterave en cet élément.
Depuis qu’il a été lancé sur le marché dans les années 70, le 14-28-14C en particulier, est l’engrais le plus utilisé dans les grandes plaines céréalières du Maroc. Par conséquent, les mêmes problèmes remarqués dans les Doukkala (tendance à l’enrichissement général en P, épuisement progressif en K) y sont en principe attendus, après autant d’années d’utilisation, même si l’agriculture pluviale est moins consommatrice d’engrais que l’irrigué.
D’où un besoin de méthode, ne serait-ce que de première approximation, pour rétablir d’urgence un premier équilibre vital au Maroc, partout où le risque de déséquilibre des sols subsiste.
Malgré que sa performance ait été confirmée par la suite, par voie expérimentale, dans le cas des Doukkala, il ne faudrait pas accréditer dans les esprits qu’avec cette nouvelle méthode on peut se passer définitivement des essais au champ. D’une mise en œuvre rapide sur le terrain, la méthode répond surtout au besoin des pays émergents comme le Maroc où l’urgence à grande échelle (dans un premier temps), est de corriger les tares sur la fertilisation.
D’autre part, la méthode a d’autres limites. Dans la mesure où elle suppose l’existence d’un réseau d’agriculteurs de référence déjà parvenus à l’objectif général poursuivi par une fertilisation raisonnée, elle n’est pas applicable aux cas particuliers des terrains vierges récemment mis en eau, à moins que ces derniers soient un réel continuum de terrains voisins déjà traités par la méthode, sur le plan climatique, pédologique et agricole.
Aït Houssa A.1 , Badraoui M.2 Benbella M.1, Agbani M.2
Enseignants-chercheurs,
1 Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès, Maroc
2 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Maroc
Abstract
A method to build up preplant fertilizer formula: Sugar beet in Doukkala as a case of study
In Morocco the absence of large scale trial networks is the major constraint to progress in building preplant fertilizer formulas using field experiments. The objective of this paper is to suggest a new method to circumvent this difficulty.
Instead of being developed through a reference trial network, preplant fertilization formula was drawn from formula practiced by farmer network chosen among those already concerned with a good reasoning of preplant fertilization, in the broad sense of currently accepted agronomic meaning of this term In other words, in addition to the traditional goals of productivity, quality, and income, to consider in order to belonging to the network, farmers must respect: the sustainability of the system (no mining management by producing at the expense of the soil until its fertility exhaustion) the environment (no pollution of the aquifers, through excess of fertilizer) The method was then illustrated in Doukkala area by applying it to sugar beet as a field case of study in 1987. In this area, located at the Atlantic coast and characterized by a soil rich in P and poor in K and an irrigation water with high salt level (Ec=1,45mmhos/cm), the fertilizer recommendation suggested was 8-10-26S which was somewhat modified to become 9-10-30S.