Résultats et discussion
Les conditions climatiques qui ont régné durant l’essai ont été favorables à l’artichaut. En effet, l’artichaut exige des températures de l’air, comprises entre 7 et 29°C.
Taux de levée en pépinière
Au stade dix jours après semis, le taux de levée des graines semées en pépinière a été de 95% pour les deux cultivars Imperial Star et Emerald. Ceci montre que les semences des deux cultivars ont un bon pouvoir germinatif et que le semis a bien réussi. Le pourcentage de germination du cultivar Imperial Star a été de 72%. Le taux de germination, dix jours après le semis, peut atteindre 90% selon le cultivar et la qualité des graines.
Taux de reprise après transplantation
Le taux de reprise 15 jours après plantation des plantules d’artichaut sur le terrain a été de 93 à 94 % pour les cultivars Emerald et Imperial Star. Aucune différence significative n’a été observée entre les deux cultivars et entre les quatre densités ainsi qu’entre leurs interactions. Ce niveau de reprise montre l’intérêt de l’utilisation des plantules issues de pépinière. Ce niveau est de loin,supérieur au taux de reprise obtenu par une multiplication végétative (50 à 70%) réalisée dans la région du Gharb. Welbaum et Warfield (1992) ont obtenu 84% de reprise après plantation de plantules du cultivar Imperial Star. Pour ce même cultivar, Welbaum (1994) a obtenu 89% de reprise après plantation. Le semis par graine est donc un moyen efficace pour démarrer une culture d’artichaut et obtenir une uniformité et homogénéité de reprise.
Croissance des plantes
Nombre des feuilles
Le nombre moyen de feuilles par plante du cultivar Imperial Star a été significativement supérieur à celui du cultivar Emerald et ceci à partir du 4ème mois après plantation (tableau 2). A la même période, aucune différence significative entre les densités et entre les interactions cultivars-densités n’a été décelée. Six mois après plantation, une différence très hautement significative a été observée entre cultivars (tableau 2). Au même moment, l’interaction cultivars-densités a montré une différence significative (tableau 3) en enregistrant le nombre le plus élevé de feuilles par plante pour le cultivar Imperial Star et la faible densité (5500 plants.ha-1). L’analyse statistique n’a pas décelé de différence significative entre les densités.
Nombre d’œilletons
Les deux cultivars d’artichaut, conduits sous les quatre densités, ont une faible tendance à produire des œilletons (pousses axillaires produites par la racine) au moment de la croissance active de la plante (jusqu’au stade 2 mois après plantation). L’apparition d’œilletons a été en moyenne de 2,5 par plante au stade 6 mois après plantation, après l’élimination des plantes mères (les plantes mères ne produisant plus de capitules ont été coupées au ras du sol). Au 8ème mois après plantation, la production d’œilletons chez le cultivar Imperial Star a été significativement supérieure à celle du cultivar Emerald (tableau 4). L’analyse statistique a montré une différence significative entre les interactions (cultivars-densités) et aucune différence significative entre les densités (tableau 5). Comme pour le nombre moyen de feuille par plante, c’est le cultivar Imperial Star conduit à une densité de 5500 plants.ha-1 qui a donné le nombre le plus élevé d’œilletons (tableau 5).
Évolution du pourcentage des plantes en montaison
La Figure 2 représente le pourcentage moyen de plantes productives ou plantes en montaison par rapport au nombre total des plantes en place, au niveau des deux cultivars. A 108 jours après plantation (JAP), le pourcentage des plantes productives chez Imperial Star a atteint 73% et a été 2,8 fois supérieur que celui du cultivar Emerald. Ce rapport a été de 2,3 et de 1,2 respectivement 120 et 141 JAP. L’analyse statistique a montré l’existence d’une différence très hautement significative entre les deux cultivars, pour 108, 120 et 141 JAP. Aucune différence significative n’a été décelée durant ces dates pour les densités et les interactions (cultivars-densités). La première montaison a été observée chez le cultivar Imperial Star (tableau 6), 84 JAP, et chez le cultivar Emerald 12 jours plus tard.
Welbaum et Warfield (1992) ont trouvé qu’Imperial Star produit un pourcentage élevé de plantes avec capitules durant la première année sans vernalisation, suite à une application de l’acide gibbérellique. Welbaum (1994) a obtenu un pourcentage de montaison de 92% chez Imperial Star, alors qu’il n’était que de 62% chez le cultivar Green Globe amélioré. Il conclue que le cultivar Imperial Star a besoin de faibles heures de froid (moins de 200 heures de températures inférieures à 10°C) alors que le cultivar Green Globe amélioré a besoin d’une vernalisation entre la plantation et le début de récolte de 1356 heures de froid (< 10°C). Les températures minimales durant la période de l’essai (figure 1) ont baissé en dessous de 10°C à partir de fin octobre pour atteindre 4,4°C en Février et ont été maintenues à 10°C jusqu’en Avril. Ceci pourrait être à l’origine d’une vernalisation suffisante pour le cultivar Imperial Star. Aussi on pourra expliquer ce pourcentage élevé de plantes en montaison (figure 2) par l’application de l’acide gibbérellique à la 6ème et la 9ème semaine. En effet d’après Schrader et Mayberry (1997), l’acide gibbérellique augmente la précocité et l’uniformité du développement du capitule.
Production précoce
On considère comme production précoce, la production récoltée avant la fin du mois de février (où les prix sont encore intéressants sur le marché local). Généralement à ce stade la production correspond au 1/3 de la production totale (ORMVA Gharb, 2001). Dans le présent travail, cette production précoce correspond au cumul des deux premières récoltes qui ont eu lieu le 8/02/01 et le 28/02/01. Le tableau 6 montre que la première récolte importante a été plus précoce chez le cultivar Imperial Star et a eu lieu 20 jours plus tôt que celle du cultivar Emerald. La première récolte a été réalisée 141 jours après plantation pour une plantation du 18 septembre. Pour des plantations plus précoce mi-mai, la première récolte a eu lieu trois mois après plantation (Welbaum et Warfield, 1992).