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samedi, novembre 23, 2024

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Le risque sécheresse en agriculture pluviale: Cas des céréales

Analyse agro-climatique

Analyse de la longueur de la période de croissance

Une méthode a été proposée par la FAO en 1978 pour déterminer le positionnement des cultures dans la saison agricole, qui tient compte de la pluviométrie, de la demande évaporative de l’atmosphère (ETP), du stock d’eau dans le sol et des exigences des plantes. On suppose qu’une pluviométrie comprise entre la moitié et le dixième de l’ETP serait suffisante pour entamer les préparations du sol, qu’une pluviométrie comprise entre l’ETP et la moitié de l’ETP serait favorable à la croissance des plantes, et qu’une pluviométrie supérieure à l’ETP correspondrait à la période humide. A partir de ces hypothèses, on peut déterminer les différentes phases d’intervention (préparation du sol, semis, croissance et fin de cycle) par rapport à la longueur de la période de croissance, schématisées dans la figure 3, tout en tenant compte de la réserve en eau du sol.

On peut calculer selon cette méthodologie et à partir d’une longue série de données climatiques, que les préparations du sol dans la région du Loukkos, par exemple, doivent se faire avant le 18 octobre, les semis avant le 5 novembre, sinon on tombe dans la période humide où l’accès au champ sera difficile. La floraison du blé se situe vers la fin de la période humide.  Appliquée à la culture du blé dans le Loukkos, on a pu déterminer les différentes phases de culture qui sont résumées dans la figure 3.

Analyse de la relation pluviométrie – rendement des céréales

Une augmentation ou une diminution du volume pluviométrique durant le cycle des céréales d’automne (entre début septembre et fin mai) par rapport à celui de la campagne précédente, se répercute en général par une évolution de la productivité dans le même sens (Fig. 4). A la fin du mois de mai, toutes les céréales ont atteint le stade de maturité physiologique qui correspond à la pleine formation du grain. Il y a cependant quelques exceptions, où une baisse de la pluviométrie par rapport à la campagne précédente s’est accompagnée d’une augmentation du rendement, comme en 1997-1998 ou bien, à l’inverse, une augmentation de la pluviométrie s’est accompagnée d’une baisse du rendement comme en 1989-1990 et en 1999-2000. Cela souligne l’importance de la distribution de la pluviométrie à l’intérieur de la campagne agricole. Durant la campagne 1997-1998, les mois de janvier, février et mars ont été suffisamment pluvieux. Ce sont les mois pendant lesquels la demande en eau par les céréales d’automne est forte. Par contre, en 1989-1990 et en 1999-2000, les mois de janvier, février et mars ont été secs, la pluie n’étant survenue que trop tard, en avril, après la maturité forcée des céréales d’automne.

Définition d’une année normale du point de vue agro-climatique

Pour situer les différentes saisons agricoles, les unes par rapport aux autres, on a souvent besoin d’une année de référence que l’on peut définir comme « normale ». Cette année, dite normale, a été définie dans la bibliographie comme étant la moyenne de la pluviométrie mensuelle sur une série chronologique suffisamment longue. Cependant, une année dont la pluviométrie mensuelle correspond à la moyenne des mois de plusieurs années est fictive n’ayant pas de semblable dans la réalité.

En terme biologique, un état normal est un état sans stress. Une plante est dans un état normal lorsque ses fonctions physiologiques ne sont pas altérées par un quelconque stress. En conformité avec cette définition, il faudra tout d’abord connaitre les besoins en eau de la culture tout au long de son cycle, ce qui est une donnée qui fait souvent défaut au Maroc. Comme alternative, on peut considérer comme normale une année à l’issue de laquelle le rendement des cultures est satisfaisant sans que la pluviométrie ait été élevée. C’est manifestement l’année où il devrait y avoir une bonne distribution de la pluviométrie au cours de la saison. Les années 1988, 1991 et 1994 ressemblent à ce type de normalité, c’est à dire une pluviométrie moyenne mais un rendement élevé.

Dans le tableau 1, les campagnes agricoles sont classées par ordre de pluviométrie et d’efficience d’utilisation de l’eau. Elles peuvent être groupées en trois classes selon le niveau de pluviométrie (pluvieuse, moyenne et sèche) et trois niveaux d’efficience (élevée, moyenne et faible). On constate que les années pluvieuses ne sont pas bien valorisées, alors que les années moyennes et sèches sont mieux valorisées.

Les campagnes qui ont mieux valorisé l’eau de pluie, parmi les campagnes sèches, sont celles de 2002, 2005 et 2008 pendant lesquelles la pluviométrie a été stable, de 12mm par décade, durant la période de novembre à mars. Les campagnes moyennes les plus efficientes en eau  sont celles de 1989, 1991 et 2006 qui ont reçu une pluviométrie stable à un rythme de 14mm à 18mm par décade. En se basant sur l’efficience d’utilisation de l’eau de pluie, il n’y a pas de campagne idéale en général, mais une campagne idéale par type de campagne (pluvieuse, moyenne, sèche). L’efficience d’utilisation de l’eau de pluie durant les campagnes pluvieuses est encore modeste.

La campagne idéale serait celle où la pluviométrie est stable durant la période qui se situe entre le semis jusqu’à la floraison. Même si le volume total est faible, s’il est réparti de façon homogène entre les décades, l’efficience d’utilisation de l’eau de pluie sera élevée.

En général, la pluie de novembre permet l’installation de la culture, et celle de janvier, février et mars, la constitution de la biomasse. En décembre, les températures sont relativement bases et la demande sur l’eau est minimale. La remobilisation des hydrates de carbone vers le grain nécessite moins d’eau, et se fait avec moins de contraintes, surtout après les améliorations génétiques apportées au niveau de la variété.

Analyse du cumul pluviométrique

Le cumul de pluviométrie (Figure 5) donne une courbe lisible, interprétable et même potentiellement modélisable. Les courbes de la figure 5 correspondent aux cumuls de pluviométrie décadaire au Maroc entre septembre et mars pour une série chronologique de 1988 à 2008. Elles peuvent être approchées par des courbes droites, linéaires simples, ou sigmoïdes.

Les périodes d’absence de pluie (segments horizontaux) correspondent aux périodes de sécheresse qu’il est possible de localiser dans le temps et en estimer la longueur. Les stades de développement des cultures peuvent être affichés sur le même graphe, délimitant ainsi la période de sécheresse par rapport au cycle de la culture.

Le cumul journalier de la pluviométrie rapporté sur un graphe montre des pas d’escalier plus fréquents, indicateurs de jours de sécheresse. Cependant, cela ne signifie pas forcément qu’il y a sécheresse, en raison de l’effet tampon du sol.

La sécheresse est moins ressentie dans un sol qui a une capacité à emmagasiner de l’eau que dans un sol à moindre capacité. La période requise pour l’analyse de la pluviométrie dépend ainsi de la nature du sol.

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