Vulnérabilité des terres
La vulnérabilité des terres vis-à-vis de la sécheresse pour la production céréalière est une notion qui commence juste à être prise en compte au Maroc. Or, l’ampleur du risque de sécheresse sur les rendements à l’échelle d’une grande région dépend de la vulnérabilité de terres. Si le risque de sécheresse au niveau des provinces est mesurable par l’effet sur la production ou sur le rendement de la province, il n’en est pas de même pour la vulnérabilité. Aussi, une méthode a été développée à l’INRA et utilise le rapport NDVI/pluviométrie pour mesurer la vulnérabilité des terres. Ce rapport reste stable quelque soit la campagne, exprimant des caractéristiques intrinsèques des terres, indépendamment des fluctuations climatiques.
Les risques de sécheresse sur le rendement national du blé tendre ont pu être évalués, sur la base de la pluviométrie et de la vulnérabilité, selon l’équation:
Rendement = 0,213 x Vulnérabilité2 x Pluviométrie2
où vulnérabilité = NDVI/Pluviométrie.
Des courbes d’iso-risque peuvent être ainsi délimitées, par l’affichage des deux variables (Pluviométrie et Vulnérabilité) sur un même graphe (Figure 8), permettant de classer les provinces selon leur niveau de risque. Ainsi, la province de Larache est celle qui présente le moins de risque de sécheresse pour la production des céréales, suivie de celles de Chefchaouen, Tanger, Rabat, Fès, Meknès, qui sont à faible risque, puis de Tétouan, Taza, Casablanca, El Jadida, Béni Mellal, Settat, Nador, Oujda, à risque moyen, et de Safi, Al Hoceima, Khouribga, Essaouira, Agadir, Taroudant, Tiznit, à haut risque, et de Marrakech à risque maximal.
Changement climatique
Le changement climatique n’est actuellement plus mis en doute, incitant les pouvoirs publics et les chercheurs à se poser des questions sur les mesures à prendre pour s’y adapter. Selon tous les scénarios climatiques, une diminution de la pluviométrie et une augmentation de la température, sont prévues jusqu’à la fin du siècle au Maroc, ce qui entrainera des pertes de rendements considérables, compensées jusqu’à 2030 par la lancée actuelle du progrès génétique. Au-delà, les rendements risquent de baisser dramatiquement, si rien n’est entrepris dès à présent pour contrecarrer cette tendance.
Dr. Jlibene Mohamed et Dr. Balaghi Riad
Institut National de la Recherche Agronomique, Maroc