La Teigne de l’olivier (Prays oleae)
Synonymes: Prays oleaellus
Noms communs: Teigne de l’olivier, Olive Kernel borer, Polilla del olivo, Tignola dell’olivo
Répartition géographique, plantes-hôtes et dégâts
Présent dans toute la zone méditerranéenne, particulièrement dans les régions à forte humidité, Prays oleae tend à se dissiper progressivement dans les régions à climat chaud et sec. Ses hôtes habituels sont l’olivier sauvage et cultivé sur lesquels il développe 3 générations annuelles, reconnaissables par les dégâts qu’il cause sur les feuilles (génération phyllophage), sur les boutons floraux (génération anthophage) et sur les fruits (génération carpophage).
Les conséquences des infestations foliaires se manifestent tardivement par une chute constante des feuilles. Vers la fin de l’hiver, les jeunes feuilles sont souvent broyées et reliées par des fils soyeux.
Comme il est le cas chez Prays citri, les boutons floraux infestés par Prays oleae présentent des orifices de pénétration et de sortie des jeunes larves. Les inflorescences sont rassemblées par des fils dans lesquels s’agglutinent les pétales desséchés, constituant ainsi des amas caractéristiques.
La génération carpophage est la plus menaçante car les jeunes larves pénètrent jusqu’au noyau de l’olive, lésant au passage certains vaisseaux nutritionnels et entraînant une première chute des fruits en période estivale. Une deuxième chute se produit en automne alors que les larves âgées (L5) commencent à quitter les fruits après s’être nourries de leur amande.
Biologie
De mœurs crépusculaires et nocturnes, les papillons restent immobiles dans la journée en s’abritant sous divers organes de leur hôte. Les femelles attirent les mâles en émettant une phéromone sexuelle qui intervient dès les premières heures qui suivent leur émergence. Elles s’accouplent 1 à 3 fois dans leur vie et pondent jusqu’à 250 œufs. La ponte est optimale au cours des premiers jours puis décroît ensuite avec le vieillissement. La durée d’incubation, de 5 jours à 25°C dépasse 35 jours à 1O°C. Le seuil thermique inférieur de développement est estimé à 9°C.
Dès le début de l’automne, des galeries, de formes variables, apparaissent dans les feuilles.
Les œufs, difficiles à voir mais dont la présence peut être trahie par des chorions de jeunes larves remplis de déjections, sont déposés essentiellement sur la face supérieure des feuilles.
À l’éclosion, les chenilles perforent les feuilles, y aménagent des galeries sinueuses qu’elles élargissent au cours de leur développement. Elles creusent dans la partie distale de la galerie une chambre de 3 à 5 mm de diamètre dans laquelle s’effectuera la mue donnant lieu aux L2.
Celles-ci aménagent à leur tour de nouvelles galeries de forme semi-circulaire, le plus souvent dans de nouvelles feuilles. Les larves du 3ème stade dévorent partiellement ou totalement le parenchyme inférieur. Quant aux larves des 4ème et 5ème stades, elles évoluent dans les bourgeons axillaires et terminaux, parfois dans le sol ou dans des galeries de l’écorce où se déroule la nymphose.
Les boutons floraux sont attractifs pour les adultes de la génération phyllophage. Les femelles pondent abondamment sur les calices et plus rarement sur les pétales. À cette époque, l’incubation dure une semaine et le développement larvaire s’étale sur 3 à 4 semaines environ, au terme duquel les chenilles tissent un cocon nymphal. La métamorphose prend 2 semaines au bout desquelles apparaissent les imagos. Ceux-ci pondent sur les fruits récemment noués donnant ainsi naissance à la génération carpophage. Pour compléter leur développement, les œufs exigent une humidité relative proche de 70% et des températures n’excédant guère 35°C. En conséquence, les étés chauds et secs assujettissent les populations.
La présence de larves dans le fruit se révèle par des déjections brunâtres, infimes au début puis plus importantes et bien visibles au dernier stade larvaire. La larve du 1er stade chemine par les canaux fibro-vasculaires causant la chute estivale des fruits. Arrivée à l’endocarpe, elle dévore la paroi externe de l’amandon et s’y installe. Dans sa progression, elle trace une voie hélicoïdale dans l’endocarpe encore tendre à cette période. Pour se nymphoser, elle quitte le fruit par une sortie qu’elle aménage à la base du pédoncule, ce qui provoque la chute automnale. Les premières nymphes apparaissent dès la fin de l’été. La nymphose se fait essentiellement dans le sol.
Stratégie de lutte
À présent, la lutte contre la teigne de l’olivier est dirigée contre les stades larvaires des deux premières générations coupables des premiers dégâts. Les traitements des chenilles anthophages, plus fréquents dans la pratique, se situent habituellement au début de la floraison.
La lutte contre les chenilles carpophages, déjà bien protégées par les fruits, nécessite un bon mouillage de la frondaison. Ce traitement doit être entrepris à la nouaison ou plus exactement lorsque les fruits ont atteint la taille d’un grain de blé. On peut considérer toutefois que si le premier traitement est correctement réalisé, la réduction des populations qui en résulte rend inutile une seconde application. Ceci nous conduit à réitérer qu’avant toute intervention il y a lieu d’observer les règles suivantes:
la délimitation des zones où l’infestation dépasse le seuil de tolérance (2 à 4 chenilles par 100 feuilles pour la génération anthophage) d’où l’importance des piégeages sexuels pour déterminer les dates de vol et avertir sur le risque encouru par la culture (le seuil étant de 5 captures/piège/jour);
le produit à utiliser doit être non seulement apprécié du point de vue de son efficacité mais aussi sous l’angle de la préservation de la faune utile vigoureusement active en oliveraie.
Précisément, en matière de faune auxiliaire, près de 30 espèces d’Hyménoptères ont été identifiées comme parasites de Prays oleae dont deux sont spécifiques: Ageniaspis fuscicollis (Encyrtidea), endophage très actif puis commode par son voltinisme et Chelonus eleaphilus (Braconidae) endophage, ovolarvaire agissant sur toutes les générations de la teigne. Crysoperla carnea demeure aussi un bon auxiliaire à sauvegarder lors des traitements.