Stratégies de lutte contre le psylle du poirier
Les pratiques culturales influencent grandement l’activité du Psylle et l’importance de ses pullulations. La prise en compte de ces pratiques joue un rôle déterminant dans la réduction des populations lorsque des problèmes de résistance surgissent. Des arbres vigoureux à feuillage touffu et plantés denses sont propices à la pullulation des Psylles. Les principes fondamentaux pour garantir une bonne gestion anti-Psylle du poirier sont:
Fertilisation adéquate
Les populations de Psylles explosent dans des conditions de végétation luxuriante. Une fertilisation azotée riche entraîne souvent une croissance excessive du feuillage, favorisant du coup l’activité des Psylles.
Densité de peuplement convenable
Les hautes densités mettent les arbres en concurrence pour les éléments nutritifs du sol et la lumière. Cette situation peut entraîner une croissance végétative excessive et la production de rameaux étiolés, autant de conditions favorables à l’accroissement des populations de Psylles.
L’enchevêtrement des branches appartenant à différents arbres facilite aussi l’extension des Psylles dans le verger et fait en sorte qu’il devient alors très difficile d’assurer un bon recouvrement lors des pulvérisations. Il faut bien respecter les recommandations de plantation applicables au cultivar et au porte-greffe choisi.
Taille convenable
Les pousses adventices ou gourmands situés dans la partie centrale de l’arbre sont des sites de ponte recherchés par le Psylle. Leur suppression réduit non seulement l’activité de ponte, mais permet aussi une meilleure pénétration des pesticides et une meilleure aération.
Bonne circulation d’air
Les Psylles adultes sont de mauvais voiliers et lorsqu’ils volent c’est sur de courtes distances. La présence de brise-vent denses aux alentours des parcelles peut aussi entraver la lutte contre les Psylles en créant des zones abritées favorables à leur dispersion. En verger, il est judicieux de s’assurer d’une bonne circulation d’air en aérant les haies brise-vent et en orientant les rangées d’arbres convenablement.
Bonne couverture des pulvérisations
Bien des problèmes occasionnés par les Psylles s’expliquent par un mauvais recouvrement de la culture au moment des pulvérisations. La présence d’une importante population résiduelle de Psylles au cœur des arbres après traitements indique une mauvaise application de la bouillie. Pour garantir une bonne couverture insecticide, il est capital de calibrer le pulvérisateur périodiquement.
Au fur et à mesure que la saison avance, ou quand les populations de Psylles pullulent, il peut être indispensable d’accroître le volume d’eau pour que la bouillie pénètre mieux dans la frondaison et atteigne le feuillage et les gourmands en croissance.
Pesticides et périodes de traitements
Les pesticides homologués contre les Psylles sont nombreux et agissent de différentes manières. Le choix d’un produit doit tenir compte de l’importance de la population, du stade biologique de l’insecte et des insecticides déjà employés.
La surveillance au moyen des techniques décrites (en page 4) permet de déterminer l’âge de la population, donc de l’opportunité du traitement. Pour une meilleure efficacité des traitements, on doit s’efforcer d’agir lorsque la majorité des individus se trouve dans les trois premiers stades de développement.
Les deux critères sur lesquels doit reposer la fixation du moment d’intervention contre les populations qui ont résisté aux traitements d’hiver et au froid hivernal ou les populations de début de saison sont:
Des échantillons hebdomadaires de lambourdes et de jeunes pousses renseignent sur le nombre d’œufs présents et de jeunes nymphes formées. Les œufs pondus depuis peu sont blanc crème et prennent avant d’éclore une coloration jaune ou orangée. Pour déterminer à quel moment la moitié des œufs sont éclos, il faut disposer de fiches d’échantillonnage permettant d’établir des comparaisons dans le temps.
Le développement larvaire du Psylle se caractérise par l’évolution des ébauches alaires. Plus les nymphes parviennent à maturité, plus leur élimination par les pesticides devient difficile.
Pesticides de début de saison
La plupart du temps les populations de début de saison évoluent de façon uniforme et sont faciles à combattre à l’aide d’insecticides classiques. Lorsque les deux conditions qui justifient un traitement sont remplies (moitié des œufs éclos et présence des premiers stades nymphaux), on pulvérise un insecticide dit de début de saison (azinphosméthyl, chlorpyriphos éthyl, endosulfan, imidan…).
Par temps doux et ensoleillé, l’utilisation d’huile blanche d’été immédiatement après le débourrement peut enrayer les populations de Psylles en tuant les adultes par contact direct et en réduisant l’attrait que présentent les lambourdes comme sites de ponte.
Pesticides de saison
Vers la fin de mai et au-delà, les populations mal maîtrisées s’accroissent souvent de façon excessive, surtout dans les vergers à forte croissance et où la végétation est dense. Les pesticides recommandés sont le spinosade, l’abamectine et les pyréthrinoïdes.
Rappelons que l’usage répété des pesticides est déconseillé, car ils détruisent les insectes utiles, aggravent les pullulations des acariens et favorisent l’apparition de la résistance. En pleine la saison la lutte contre le Psylle doit être accommodée avec celle conduite contre le carpocaspe.