Techniques culturales
Propagation de la stévia
A l’état sauvage, la stévia se régénère à partir des semences et des racines des tiges touchant le sol et à partir de la base de la plante. La germination des graines de stévia est très faible, essentiellement en raison de l’infertilité des semences. Certains génotypes produisent des semences non viables en raison de l’auto-incompatibilité de leur fécondation.
En culture, la stévia peut être multipliée par semences et par voie végétative incluant le bouturage des tiges et la culture de tissus (culture in vitro ou micropropagation). Mais, la méthode de semis/transplantation reste la méthode la plus économique.
Multiplication par semences
La germination est un problème chez la stévia. Le taux de germination est très faible et souvent inférieur à 50% en raison essentiellement de la non viabilité des semences (auto-incompatibilité pollinique). Les graines fertiles sont généralement de couleur noire, alors que les graines infertiles sont de couleur pâle, claire. Les graines de stévia sont très petites et très légères. Leurs poids de mille graines se situe entre 0,15 et 0,30 g.
Le semis des graines de stévia se fait sous serre au printemps (Février-Mars), étant donné que le froid limite leur germination et la transplantation au champ est réalisée 6 à 8 semaines plus tard. La germination nécessite au moins une température de 20°C mais elle est meilleure à 25°C. La stévia étant une espèce photo-réactive, sa germination est améliorée par la lumière. Il est recommandé d’assurer une durée de lumière de 14 à 16 heures par jour pour augmenter le taux de germination.
La durée de germination varie en fonction des conditions de semis, notamment la température et la lumière. Elle peut varier entre 2 et 21 jours. En conditions du Sud-Ouest du Maroc, la germination commence à 7 jours après semis et elle dure environ 30 jours.
Propagation par bouturage des tiges
En raison du problème de germination des graines chez la stévia, la multiplication par bouturage des tiges est la méthode la plus souvent utilisée, malgré son coût élevé. Elle permet d’obtenir des plantes uniformes avec des caractéristiques identiques aux plantes mères. En général, les boutures enracinent facilement. La taille (nombre de feuilles) et la durée du jour peuvent également influencer l’enracine-ment et la croissance des boutures.
Les boutures avec quatre paires de feuilles donnent un faible taux d’enracinement, notamment en Février. Durant ce mois, ce sont les boutures à deux paires de feuilles qui enracinent le mieux et en Avril, ce sont celles à trois paires de feuilles qui donnent de meilleurs résultats. Le lieu de prélèvement des boutures sur la plante mère peut également affecter la croissance et l’enracinement des boutures.
En général, les boutures avec quatre inter-nœuds, prélevées sur la moitié haute de la plante, donnent de meilleurs résultats. La longueur des boutures qui donne le meilleur résultat est de 8 à 15 cm.
Des régulateurs de croissance peuvent être utilisés pour stimuler l’enracinement. Le Paclobutrazol à 50 ou 100 ppm est l’hormone de croissance qui donne de meilleurs résultats. Le meilleur moment pour la pépinière des boutures sous conditions contrôlées est l’hiver et la meilleure période de plantation est le début printemps.
Micropropagation par culture de tissus
Différentes parties de la plante peuvent être utilisées avec succès pour la micropropagation par culture de tissus (culture in vitro). Ainsi, on peut utiliser les feuilles, les pousses auxiliaires, les pousses de racines de base de la plante, les pousses primordia et les tissus nodaux et internodaux etc,…
Les techniques de micropropagation ainsi que les milieux de culture sont nombreux, mais le milieu le plus utilisé est celui de Murashige et Skoog, supplémenté par différentes hormones de croissance (AIA, AIB, ANA) pour l’induction des racines et des pousses. Des techniques et des équipements pour une propagation de masse à large échelle ont été développés, notamment au Japon.
Variétés, croisement et sélection
Dans son milieu naturel, les populations sauvages de Stevia rebaudiana présentent une grande variabilité de phénotype et de teneur des feuilles en glycosides. Il existe une variabilité génétique suffisante pour obtenir un gain génétique significatif en terme de rendement feuilles et en teneur en glycosides. Cette variabilité naturelle serait partiellement due à une large auto-incompatibilité naturelle des fleurs de stévia. L’héritabilité pour le rendement feuille, le ratio feuilles/tiges et la teneur en stéviosides est élevée (75-83 %).
Au Maroc, les premiers essais d’adaptation de la stévia montrent que la production de semences viables est possible pour un semis sous serre de fin Mars, une transplantation en fin Mai et une floraison en fin Juillet. La collecte de semences commence en Août et dure jusqu’à Octobre. La viabilité des semences produites est testée naturellement par la germination des graines tombées au sol après les pluies de l’hiver.