Contraintes au développement de l’ULM au Maroc
L’obstacle majeur au développement de l’ULM au Maroc reste la réglementation qui régit son utilisation (B.O n°2598; 1962). Tandis que dans certains pays, qui ont choisi d’en encourager l’usage, le montage de l’appareil même, son immatriculation, l’obtention de la licence de pilotage, les conditions de navigabilité…, sont régis par des textes spécifiques très allégés et adaptés à l’usage très diversifié fait de cet appareil (sport, loisirs,…). Au Maroc, cet aéronef continue d’être assimilé à un avion VFR classique.
Ailleurs, l’entretien par exemple en est entièrement confié à l’usager, sans la moindre restriction, tandis que dans la réglementation marocaine, il doit être obligatoirement réalisé par un mécanicien avion confirmé. L’appareil est en outre soumis à des contrôles avion périodiques classiques par le bureau Veritas: maintenance préventive à 25 h, 50 h, 100 h,… ce qui demande un convoyage fréquent de l’appareil (très gênant en période de forte activité), depuis son lieu de travail, sur Casablanca; le seul centre urbain abritant pour le moment des ateliers de contrôle avion agrées.
La difficulté de second niveau concerne la pièce de rechange. Faute justement d’efforts pour en promouvoir l’utilisation, le nombre d’ULM circulant dans la pays étant pour le moment très limité pour justifier aux entreprises étrangères de créer des succursales pour la pièce de rechange ou de s’installer au Maroc.
Conclusion
Au Maroc, sur le plan théorique du moins, d’importantes possibilités pour le développement de l’ULM existent, aussi bien dans le secteur agricole que dans les autres secteurs de l’économie. Mais un tel développement reste tributaire de la volonté de l’Etat de réellement promouvoir cet aéronef, notamment par la promulgation de textes de loi sur les conditions de son importation, d’obtention de la licence professionnelle de pilotage, d’entretien, de navigabilité, moins contraignants et plus adaptés à ce type d’appareil.
Dans le domaine agricole qui nous préoccupe le plus ici, une telle promotion permettra d’ouvrir des horizons pour la création d’entreprises aux jeunes ingénieurs et techniciens aujourd’hui en quête de la moindre occasion du travail.
L’appareil lui-même n’étant pas coûteux et peut même être importé en kit et assemblé localement, l’obtention de la licence non plus, à condition d’alléger les textes à la manière de certains pays de l’Europe. Avec de telles facilités, dans chaque grande région agricole du Maroc, (Gharb, Tadla, Doukkala, Saïs…), il y aurait moyen de créer des sociétés d’ULM- services. Pour autant que les candidats acceptent de relever le défi, la double fonction de pilote et de conseiller agricole, devrait pouvoir jouer largement en faveur des jeunes agronomes qui désirent s’installer à leur propre compte.
Bien sûr, en conditions d’agriculture à dominante Bour, le traitement aérien demeure une activité à rentabilité aléatoire, très dépendante du climat. Mais l’usage multitâches de l’ULM, avec comme activités annexes l’avertissement agricole, la surveillance pour le compte du public ou du privé, la banderole, le baptême de l’air, la photo professionnelle ou la photo tout court,…est sans doute un système plus complet et plus sécurisant que de se cantonner dans l’épandage.
Enfin, il ne faudrait pas perdre que cet effort de promotion de l’ULM qui ne coûterait rien à l’Etat, si ce n’est de créer un environnement réglementaire permettant de s’affranchir des dispositifs sophistiqués réservés aux avions, va procurer au Maroc, le double avantage d’introduire sur le terrain:
une nouvelle technologie forcément source de progrès, comme toute autre technologie moderne;
un potentiel supplémentaire en ingénieurs-conseils privés (plus opérationnels ceux-là pour des raisons de compétitivité) pour accroître les ratios d’encadrement, en particulier de l’agriculture.
Aït Houssa A1., Ouknider M(1).,
Safine M(2).
(1) ex-Consultants aux Domaines Agricoles
(2) Direction des Domaines Agricoles, Casablanca
Remerciements: Les auteurs remercient vivement MM. Agnaou K et Yahyia A pour leur collaboration technique.
Références bibliographiques
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