Organisation des chantiers
Il y a toute une série de décisions dont dépend la réussite des chantiers d’ensilage. Certaines doivent être prises tôt dans la campagne, d’autres font partie des préparatifs d’avant chantier et d’autres enfin, sont des ajustements fonctions d’imprévus du moment, durant la récolte.
Planning semis/récolte
Le schéma de raisonnement de ce planning peut être élaboré à la manière des plannings semis-arrachage en vigueur pour la betterave au Maroc. Dans ce schéma:
la période de semis est étalée en vue d’une récolte étalée, sans discontinuité si possible, afin d’optimiser la période d’utilisation de l’ensileuse;
la date-butoir représentée pour la betterave par le risque de déborder sur la période des fortes chaleurs de début août, est remplacée pour le maïs ensilage, par le risque de déborder sur les périodes de froid de fin d’automne en sols sableux et par le risque du froid doublé du risque d’inaccessibilité en terrain de « marécage » dans le Gharb;
toutes proportions gardées, la capacité nominale de l’usine, qui détermine la quantité journalière de betterave à arracher, est replacée par la capacité de coupe et la capacité journalière d’ensilage de l’entreprise;
là aussi, il faut parler de stade optimal de récolte qui est en général atteint quand la matière sèche de la plante se situe autour de 32-35 %.
D’autre part, toutes les variétés n’ont pas le même ratio grain/tige et la même qualité. Par conséquent, l’assortiment variétal doit être choisi soit suivant la logique une fosse/une qualité soit en considérant la qualité moyenne, ce qui permet de mélanger entre elles les récoltes de variétés différentes.
Il y a un équilibre volume de la fosse/taille de l’élevage à respecter, afin que le rythme de désilage par la suite soit respecté (25 cm/j de front enlevé en été et 15 cm en hiver).
Il faut également récolter selon une logique de risque de pertes de temps et de retard minimum au champ. Si ce risque est faible, la récolte peut être effectuée selon la logique de mitoyenneté des parcelles, à moins que l’assortiment variétal ou les stades ne le permettent pas. Si le risque de casser le bec, que le matériel s’embourbe à chaque fois est grand,… autant sauter ces parcelles et les récolter en dernier.
Planning des moyens de transport et de la main d’oeuvre
Etre équipé en ensileuse ne suffit pas, encore faut-il disposer de remorques de transport en nombre suffisant pour accompagner continuellement la machine, sachant que l’ensilage peut interférer avec d’autres travaux tels que la récolte des céréales, la préparation du sol, voire avec des travaux de terrassement en vue de la rénovation ou la construction d’une nouvelle étable.
D’une manière générale, il faut au moins 2 remorques de 25 m3 quand l’ensileuse travaille à proximité de la fosse, 3 remorques quand la machine se trouve dans un rayon inférieur à 4 km et 4 à 5 remorques au-delà de 5-6 km.
Du point de vue main d’œuvre, un maïs ensilage équipé de goutte à goutte a également des spécificités. La récolte ne peut être effectuée avec les rampes d’irrigation en place, en roulant sur les goutteurs. En outre, il faut garder constamment une longueur d’avance sur la machine et ne pas attendre la veille pour commencer à ramasser les rampes, sinon le travail sera bâclé et les rampes retirées dans le désordre et mal rangées. Ceci posera beaucoup de difficultés par la suite, pour les dénouer et les remettre, particulièrement en cas de parcelle biscornue avec des rampes de longueurs différentes.
Il faut 6 à 10 ouvriers/ha/jour pour retirer les rampes, 5 à 7 ouvriers/jour (dont 2 conducteurs de tracteurs) pour la réception et le tassement de l’ensilage, et 2 tracteurs pour le tassement en cas de grands silos dépassant 5000 t. Là aussi, les autres cultures (tomate industrielle, betterave, céréales, …), interfèrent avec l’ensilage.
Imprévus en cours de chantier
La liste d’imprévus pour laquelle on risque des dysfonctionnements en cours de chantier d’ensilage est très longue. On peut en citer en particulier:
les pannes de remorques mais surtout d’ensileuse, entraînant un arrêt prolongé de coupe alors que la fosse est encore à ses débuts;
des conditions climatiques exceptionnelles (ou forte attaque de maladie grave telle que l’helminthosporiose) entraînant une dessiccation brutale de la plante sur de grandes superficies et un surtravail pour l’ensileuse et l’équipe d’ensilage;
risque élevé d’embourbement ou de casser le bec, obligeant à sauter des parcelles normalement prévues pour être récoltées selon la logique de date de maturité et de mitoyenneté pour compléter la fosse en cours;
erreur de projection entre période de semis et période de récolte ou erreur d’appréciation sur le potentiel réel de certaines variétés, …
terrain boueux obligeant à travailler à des sous capacités de remorques pour faire sortir la récolte.