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dimanche, décembre 22, 2024

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Valorisation de l’eau en agriculture et ses applications à l’élevage bovin laitier

De l’eau aux fourrages

La part des fourrages dans la SAU totale des six exploitations étudiées varie de 6 à 46 %. Avec 60 à 96 % de la superficie fourragère totale (SFT), la luzerne constitue l’ossature du système fourrager. Cette culture, qui nécessite un grand nombre d’interventions culturales tout au long de l’année (Figure 2, voir fichier PDF), fournit la base alimentaire des bovins.

Les périodes de faible disponibilité de la luzerne, de décembre à mars, imposent le recours à des ressources alimentaires alternatives: bersim, ensilage de maïs et concentrés. Le maïs, destiné à l’ensilage, d’introduction récente sur le périmètre, est ainsi présent dans 4 exploitations où il constitue au maximum 25 % de la SFT. Le bersim ou trèfle d’Alexandrie complète cet assolement dans trois exploitations.

La luzerne est de loin la culture la plus consommatrice en eau (Tableau 2, voir fichier PDF) en raison de la longueur de son cycle et de ses caractéristiques phénologiques. Sa production est en effet maximale en été, alors que les températures dépassent les 45°C à l’ombre. La consommation moyenne observée sur l’échantillon s’élève à 18.840 m3/ha; relativement homogène d’une exploitation à l’autre.

En appliquant le même ratio de 40 % de perte à toutes les exploitations, la consommation effective par la plante serait d’environ 11.000 m3/ha. Cette valeur est légèrement inférieure aux 12.000 à 13.000 m3/ha considérés comme nécessaires à la couverture des besoins de la culture dans les conditions arides du Maroc.

Le cycle plus court du maïs (Figure 2, voir fichier PDF) se traduit par une consommation en eau nettement inférieure. Mais il repose beaucoup plus sur les eaux souterraines, avec des dotations estivales du périmètre insuffisantes pour couvrir les besoins. En effet, toutes cultures confondues, le réseau collectif ne fournit en moyenne que 57 % des volumes totaux utilisés, les 43 % restant se répartissant, pour une année relativement pluvieuse comme 2005/2006 (310 mm), entre les eaux souterraines (24 %) et les précipitations (19 %).

La consommation moyenne du maïs observée sur l’échantillon s’établit à 5.270 m3/ha, soit 3.200 m3/ha théoriquement utilisés par les plantes. Cette valeur est inférieure aux 5.500 m3/ha représentant les besoins théoriques de la culture.

Les résultats du suivi montrent une faible corrélation positive entre les volumes d’eau, à l’entrée des parcelles cultivées, et la biomasse fourragère de la luzerne. La corrélation est même négative pour le maïs. Ces observations traduisent plusieurs phénomènes que le protocole d’étude n’a pu préciser. D’une part, les consommations en eau demeurent dans un intervalle étroit et sous optimal, qui peut expliquer les différences entre les rendements moyens observés et potentiels, comme par exemple 26,8 tonnes de matière verte (TMV) par hectare pour la luzerne comparés aux 58 TMV/ha observés en conditions irriguées au Maroc. Cet intervalle ne permet pas d’exprimer des différences marquées de rendements, alors que la variable « consommation en eau » recouvre des pratiques et mécanismes plus fins liés à la fréquence et à la qualité des irrigations.

La plus importante variabilité des rendements (respectivement 31,5 % et 28,2 % pour la luzerne et le maïs) confirmerait l’intervention d’autres facteurs, observés pour certains lors des suivis d’exploitations, tels que (i) des efficiences variables d’application de l’eau à la parcelle, (ii) des décalages entre les irrigations fixées par les tours d’eau et les besoins des cultures (par exemple après une fauche de luzerne), (iii) l’absence de fertilisation différenciée en fonction de la culture, et (iv) les dégâts variables causés par les attaques parasitaires.

Les choix stratégiques des exploitations ont également un impact marqué sur les volumes d’eau distribués, surtout pour la luzerne et le maïs. En revanche, le bersim, culture d’automne, conduite surtout en pluvial, repose beaucoup plus sur les précipitations, et reçoit de facto des quantités d’eau plus homogènes. Les petites exploitations 5 et 6 allouent un maximum d’eau à la luzerne à partir du réseau, et obtiennent les meilleurs rendements de biomasse à l’hectare dans l’échantillon. Leur assolement étant entièrement consacré aux céréales vivrières et aux fourrages, ces cultures y sont logiquement bien soignées. En revanche, les grandes exploitations 1 à 4, laitières ou diversifiées, accordent moins d’eau aux luzernières et y obtiennent des rendements en biomasse plus variables. Elles semblent néanmoins mieux maîtriser la production de maïs, avec les meilleurs rendements.

La valorisation moyenne de l’eau par le maïs est quasiment double de celle de la luzerne, avec respectivement 0,39 et 0,78 m3 d’eau « entrée parcelle » par kg de matière verte produite. Le maïs, comme toutes les plantes en C4, se caractérise par un meilleur rendement photosynthétique et une meilleure utilisation de l’eau que les plantes en C3, comme la luzerne.

Ces valeurs justifient le début d’engouement, que connaît l’intégralité du périmètre du Tadla, pour la culture du maïs fourrager, aussi bien au niveau des dotations hydriques de l’ORMVAT, où un surplus d’eau commence à lui être alloué ces dernières années (moins de 500 ha en 1999/2000 à 5.000 ha en 2006/2007), que dans les exploitations disposant d’équipements d’exhaure d’eau souterraine.

Cependant, le prix de revient de l’UFL est plus favorable à la luzerne avec 1,33 Dh comparé au 1,88 Dh du maïs (Tableau 3, voir fichier PDF). Ceci est surtout issu de ses moindres coûts annuels d’installation (travail du sol, semences et fertilisation de fond), puisqu’il s’agit d’une culture pérenne, et dont l’exploitation (fauche manuelle) est bon marché, alors que l’implantation de la culture de maïs et son chantier d’ensilage sont beaucoup plus onéreux.

La luzerne fournit également pour ce prix un apport de protéines, ce qui en fait une excellente ressource alimentaire pour le cheptel laitier alors que le maïs représente un apport alimentaire essentiellement énergétique. Mais le prix de revient de la luzerne est très lié aux coûts de l’irrigation, qui représentent près de 70 % des charges totales. Ceci étant, luzerne et maïs s’avèrent très économiques par rapport aux aliments concentrés utilisés dans la région, surtout dans l’actuelle conjoncture de sécheresse couplée à l’envolée des cours mondiaux des matières premières alimentaires importées; l’UFL des pulpes sèches de betterave (PSB) revenant à près de 3,50 Dh (3,30 Dh/kg et 0,95 UFL/kg) et celle du son de blé à 4,10 Dh (3 Dh/kg et 0,71 UFL/kg). En revanche, le bersim affiche un prix de revient peu compétitif dans les exploitations étudiées, en raison de sa très faible productivité (moins de 20 TMV/ha).

Activités du projet ConserveTerra

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