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samedi, décembre 21, 2024

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La race ovine Sardi: Ses performances en race pure et en croisement

Principaux résultats

Prolificité et productivité de la brebis

La brebis Sardi en race pure ou comme support du croisement simple avec le bélier D’man ou amélioré a enregistré une prolificité faible ne dépassant pas 1,16 agneaux à la mise bas et 1,00 agneau au sevrage (Figure 1, voir fichier PDF). De même, le croisement simple (D’man x Sardi) présente des résultats similaires à l’élevage Sardi pur, indiquant que l’effet de la race prolifique D’man ne s’exprime pas au niveau de la première génération du croisement, mais c’est la femelle croisée  »DS » (50% de gènes D’man et 50% de gènes Sardi) qui exprime le caractère prolificité hérité de la race mère D’man. En effet, la prolificité à la mise bas de la brebis DS est en moyenne de 1,70 agneaux.

Cette supériorité de la brebis DS sur la brebis Sardi pure est également observée pour la taille de la portée au sevrage et pour le poids de la portée au sevrage (productivité pondérale = 30 kg).

Le croisement à double étage qui exploite au niveau de son 2ème étage la brebis croisée DS a montré une supériorité significative de +0,58 agneaux à la mise bas par brebis mise à la lutte, de +0,43 agneaux au sevrage et de +8,76 kg de poids vif sur la brebis Sardi élevée en race pure. En outre, l’utilisation de la race de béliers améliorés implique que le schéma de croisement terminal à double étage (A x DS) a montré une supériorité de la productivité pondérale de 4,92 kg de poids vif par brebis mise en lutte sur le croisement industriel simple (A x Sardi) (Figure 2, voir fichier PDF).

Croissance pré-sevrage et à l’engraissement des agneaux

Durant la période pré-sevrage (naissance-sevrage à 3 mois) la croissance des agneaux Sardi purs ou issus du croisement avec les béliers D’man et améliorés (A), a été significativement plus élevée chez les agneaux issus des schémas de croisements qui intègrent la race améliorée (A x S et A x DS) (Figure 3, voir fichier PDF). En effet, les agneaux issus de pères de races A ont été supérieurs de 40 g/jour pour le GMQ 30-90 sur les agneaux Sardi purs et D’man x Sardi tous confondus.

La comparaison des agneaux issus du croisement (A x DS) avec ceux issus du croisement industriel simple (A x S) ne montre cependant pas de différence significative. Ceci, indique que les 25% de gènes D’man contenus dans le génotype des agneaux (A x DS) n’altèrent pas leur croissance. De même, grâce à un effet d’hétérosis direct favorable, la croissance des agneaux croisés (D x S), avec 50% de gènes D’man, reste comparable à celle des agneaux Sardi de race pure.

A l’engraissement, la comparaison de la croissance des agneaux Sardi purs ou issus du croisement montre que le GMQ à l’engraissement est plus élevée chez les agneaux croisés issus de pères de la race améliorée. En effet, la supériorité de la croissance est de +48 g/jour en faveur des agneaux croisés de type industriel (A x Sardi et A x DS) comparés à celle des agneaux Sardi et D’man x Sardi.

Poids et âge à l’abattage

A l’abattage, les agneaux croisés de pères améliorés (A x S) ou (A x DS) ont été plus jeunes à l’abattage de -11 jours et plus lourds à l’abattage de +3,27 kg de poids vif comparés aux agneaux de race Sardi pure (Figures 4, 5, voir fichier PDF). De même, les agneaux issus des pères A ont présenté des rendements en carcasse supérieurs d’environ 2% sur ceux des agneaux de pères Sardi (Figure 6).

Dépôt de gras dans la carcasse

L’appréciation de l’état d’engraissement de la carcasse des différents génotypes contenant les gènes Sardi a été réalisée par le contrôle des gras dorsal et mésentérique (Figures 7 et 8, voir fichier PDF). Les résultats montrent que les agneaux Sardi purs ont déposé moins de gras dans leur carcasse, soit -295, -36 et -86 g pour le gras mésentérique en comparaison avec les agneaux issus respectivement des croisements (D’man x Sardi), (A x Sardi) et (A x DS). La même tendance a été observée pour le dépôt de gras dorsal. En effet, ce sont les agneaux (D’man x Sardi) qui ont déposé le plus de gras mésentérique (756 g).

Par ailleurs, la comparaison du dépôt du gras mésentérique des principales races locales pures contrôlées dans nos différents études, et dans les mêmes conditions d’élevage de la station El Koudia, ont montré que ce sont les agneaux de la race Sardi qui ont déposé le moins de gras (461 g) suivis par les agneaux de races: Bouijâad (502 g); Timahdite (790 g) et D’man (900 g).

Il apparaît que le dépôt de gras dans la carcasse des agneaux croisés issus de pères améliorés (A) est supérieur à celui déposé dans la carcasse des agneaux Sardi purs. Ce résultat intéressant pour la race Sardi peut être en partie expliqué par l’effet des 25% de gènes D’man, connus comme favorables au dépôt du gras interne, contenu dans le croisement (A x DS), mais sans doute du aux caractéristiques de l’agneau Sardi qui présente une carcasse plus maigre en comparaison avec celui des autres races locales pures.

Développement musculaire de la carcasse

Le développement musculaire de la carcasse a été apprécié à travers différentes mensurations prises sur la carcasse froide (Figures 9, 10, 11, 12, 13, voir fichier PDF).

La carcasse des agneaux Sardi purs a présenté le développement musculaire le plus faible, puisque elle a été moins conformée, moins compacte. Le gigot des agneaux Sardi a été plus étiré et moins large. La carcasse issue du croisement industriel (A x Sardi) ou à double étage (A x DS) a été plus développée et plus conformée, c.à.d plus courte, plus large et plus compacte. Les agneaux issus du croisement à double étage même avec la présence de 25% de gènes D’man n’ont pas présenté une carcasse significativement différente de celle issue des agneaux du croisement industriel simple. Ceci montre l’avantage de l’utilisation d’une race améliorée en croisement terminal en termes de croissance d’agneaux et de production de la viande maigre de qualité.

Les résultats montrent aussi que la carcasse des agneaux croisés (D’man x Sardi) n’est pas significativement différente de celle des agneaux Sardi purs, voire parfois meilleure. Il apparaît que la race Sardi si elle dépose moins de gras dans la carcasse, elle présente une carcasse moins bien conformée et ses muscles sont moins bien développés.

Conclusion

La race Sardi dont le phénotype et le gabarit son assez appréciée par les marocains, notamment pendant la fête d’Aid Adha, présente en race pure dans les conditions d’élevage semi-intensif en troupeau de grande taille de la station El Koudia, des productivités numérique et pondérale faibles à moyennes. Cependant, son utilisation en croisement industriel et à double étage a permis une amélioration significative de sa productivité pondérale, soit respectivement +18,5 et +42% par rapport à son élevage en race pure.

De ce fait, le croisement à double étage qui exploite à la fois la rusticité de la race Sardi, la prolificité de la D’man et la croissance et la conformation de la race améliorée constitue une alternative intéressante et rapide pour augmenter la productivité des troupeaux Sardi non impliqués dans le programme de sélection, particulièrement dans les exploitations agricoles disposant de ressources fourragères suffisantes. En outre, en race pure, le mouton Sardi bien qu’il présente un moins bon développement musculaire, son aptitude à déposer le gras dans la carcasse tardivement, du moins pour la limite d’âge d’abattage de la présente étude de l’ordre de 5 mois, constitue actuellement une qualité appréciable très recherchée comparée aux autres races locales rustiques marocaines, puisque le consommateur citadin préfère de plus en plus une viande maigre de qualité.

Références
El Fadili, M. 1996. Etudes sur l’amélioration de la productivité des ovins des races locales par croisement à double étage. Convention de recherche entre INRA et la DE/MAMVA (marché n°33/DE/91).
El Fadili, M., Michaux, C., Detilleux, J., Leroy, P.L. 2001. Evaluation of fattening performances and carcass characteristics of purebred, first and second cross lambs between Moroccan Timahdite, D’man and improved meat rams. Animal Science, 72: 251-257.
El Fadili, M. 2005. Facteurs de variation et performances en croisement de la race ovine Boujâad. II Croissance post-sevrage et caractéristiques de la carcasse des agneaux. Revue Awamia, 113.
El Fadili, M. 2005. Amélioration de la production ovine par le croisement in L’élevage du mouton et ses systèmes de production au Maroc. INRA, 2006, chap.14. Pp:237-255.

Dr. Moussa ELFADILI,
Institut National de la Recherche Agronomique, Rabat

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