Elevage bovin
Dans cette partie, on présentera l’ensemble des techniques introduites dans les essais d’engraissement des bovins dans la région de Demnate, et les résultats technico-économiques qui seront présentés seront ceux réalisés dans ces essais conduits sur des taurillons produits dans les troupeaux laitiers de la région.
Conduite technique
La mise à l’engrais des taurillons sera effectuée à un âge moyen d’une année, et la période d’engraissement aura une durée maximale de 4 mois. Afin de réussir cette opération, les taurillons devraient avoir une bonne conformation et un bon état sanitaire.
Conduite alimentaire
L’objectif à se fixer dans cette conduite est d’assurer un meilleur gain de poids vif à un coût réduit, tout en évitant les troubles sanitaires associés à l’introduction d’importantes quantités d’aliments concentrés dans la ration.
Les aliments utilisés seront: le foin de luzerne et la paille de céréales qui seront introduits comme aliments grossiers fournis avant la distribution de la ration concentrée. Cette dernière comportera les grains de maïs aplatis, la pulpe sèche de betterave, le son de blé, le tourteau de tournesol et un complément minéral et vitaminé pour bovins à l’engrais (CMV).
Les quantités d’aliments grossiers consommées seront en moyenne de 1 kg de foin de luzerne et 1 kg de paille de blé, repartis en deux prises par jour. La ration concentrée devra être raisonnée selon les besoins des taurillons en relation avec leur poids vif et leur potentiel de production. Cependant, et afin de fournir aux éleveurs des conseils pratiques pour l’alimentation de leurs taurillons à l’engrais, il est recommandé de distribuer aux taurillons d’environ 12 mois d’âge dans la région, une ration concentrée composée d’un mélange de 30% de maïs aplati, 30% de pulpe sèche de betterave, 22% de tourteau de tournesol, 15% de son de blé et 3% de CMV.
Le raisonnement de la ration concentrée à distribuer sera effectué sur la base d’une quantité moyenne initiale de 5,5 kg par tête et par jour pour un poids initial des taurillons de 200 kg. Néanmoins, la période d’engraissement devra être précédée par une phase d’adaptation d’environ 10 jours où la nouvelle ration sera introduite progressivement dans le régime alimentaire des taurillons. Après cette phase, il faudra veiller à effectuer des contrôles quotidiens des quantités d’aliments (grossiers et concentrés) distribuées et celles refusées par les animaux, et ensuite ajuster les quantités offertes de telle sorte que le refus soit entre 5 et 10% du distribué.
Conduite prophylactique
Avant la mise à l’engrais des taurillons, un traitement antiparasitaire contre les strongyloses intestinales et pulmonaires et contre les parasites externes sera appliqué en utilisant un produit efficace.
En outre, une surveillance quotidienne de l’état sanitaire des taurillons s’impose durant toute la durée d’engraissement, et ce afin de pouvoir contrôler les problèmes sanitaires qui pourraient survenir (diarrhée, acidose,…).
Les taurillons seront logés en permanence dans des locaux bien aérés caractérisés par une bonne exposition aux rayons solaires, et comportant des mangeoires et des abreuvoirs. Le changement de la litière sera effectué deux fois par jour. Un manque d’aération ou d’éclairage ou bien l’accumulation des déjections représentent des facteurs potentiels de maladies et de retard de croissance.
Résultats technico-économiques
La quantité consommée de la ration concentrée, calculée sur la totalité de la période de l’engraissement pour quatre taurillons ayant un poids moyen initial de 213 kg et une tendance croissante de la consommation, est en moyenne de 6,5 kg par tête et par jour, repartis en deux prises par jour (Tableau 8, voir fichier PDF).
Par ailleurs, les performances technico-économiques à atteindre par l’engraissement des taurillons selon les techniques sus-mentionnées pourraient être très encourageantes. En effet, on montre que les taurillons engraissés selon les pratiques introduites ont subi un accroissement de poids vif nettement supérieur à celui des témoins.
Ainsi, les résultats obtenus et relevés sur ces taurillons engraissés pendant une durée de 111 jours ont dégagé un gain moyen quotidien (GMQ) très important de 1.220 g/jour et un indice de consommation de 5,26 UFV/kg de gain de poids vif (contre des valeurs respectives de 680 g/jour et 7,35 UFV/kg de gain de poids vif chez les témoins). Le gain moyen en poids vif pendant cette période a atteint 136 kg, soit une amélioration de 80% par rapport au poids gagné pendant la même durée avec les pratiques des éleveurs (Tableau 9, voir fichier PDF).
Pour ce qui est du coût de cette conduite testée, calculé sur la base de la ration alimentaire totale et des soins prophylactiques, il est de 1.830 dh/taurillon, soit 13,5 dh/kg de gain de poids vif contre 15,1 dh/kg de gain de poids vif engendré par la conduite des éleveurs.
Ainsi, la marge bénéficiaire moyenne dégagée par l’engraissement d’un taurillon pendant 111 jours selon la conduite proposée est estimée aux alentours de 2.250 dh ou 20,2 dh/jour; soit un manque à gagner engendré par la conduite des éleveurs de la région de 10,1 dh/tête/jour par rapport à la conduite proposée (Tableau 9, voir fichier PDF).
Badr BENJELLOUN (1) et Bouchaib BOULANOUAR(2)
(1)Centre Régional de la Recherche Agronomique de Tadla, INRA Béni Mellal
(2)Département des Productions Animales, INRA Rabat