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jeudi, décembre 26, 2024

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Comment les producteurs de tomate ont défié le TYLC: Etat des lieux et perspectives d’amélioration

Les types de filets latéraux et faîtiers

Depuis l’apparition du TYLCV, le type de filet a engendré chez les agriculteurs une polémique d’opinions pour protéger la pépinière et la serre de production. En effet, différents modèles de filets ont été commercialisés: le (6×9 càd 6 mailles fois 9 par cm²), le (10×14), le (10×16), le (10×20), le P17 (filet tissu à très petites mailles). Il ressort de notre enquête que 99% des serres étaient équipées par le filet « Insect-Proof » latéral: 40% avec le (10×14), 10% avec le (6×9), 8% avec le (10×16), 5% avec le (10×20) et le reste avec des combinaisons de filets.

En effet, dans certains domaines, des serres de production protégées par des combinaisons de filets qui traduisent à la fois l’esprit d’inquiétude et de rigueur avec lequel les producteurs affrontent le problème du TYLCV. Certains ont équipé leurs serres avec la combinaison (10×14 + 10×20); d’autres ont préféré le (10×14 + P17) lorsqu’ils se sont rendus compte de l’infiltration de la mouche blanche à travers le (10×14). Or, il s’est avéré que pendant l’hiver et avec le froid, le P17 peut entraîner l’augmentation de l’humidité dans la serre par manque d’aération, d’où le risque de développement de Botrytis cinerea, l’agent causal de la pourriture grise de la tomate (sur fruits, feuilles et tiges). En effet, nous avons enregistré – à cause du Botrytis- des taux d’arrachage (10 % à Biougra et 15% à Massa) parfois supérieurs à ceux provoqués par le TYLCV.

A l’issue de cette expérience vécue depuis 2001, les producteurs choisissent les filets (10×20) et (10×22) pour aérer leurs serres et empêcher les aleurodes d’y pénétrer. Cette aération ne peut être assurée que par la bonne gestion du plastique et par l’ajout de bandes de filets au niveau des faîtières et sur les côtés latéraux de la serre (Photos 6 à 7, voir fichier PDF). C’est dans ce sens que l’on joue souvent sur la hauteur des filets latéraux pour répondre aux besoins de la culture en aération.

A titre d’exemple dans les tunnels Delta 9, certains agriculteurs utilisent latéralement des bandes de filets d’un mètre de largeur, d’autres regroupent plusieurs tunnels et ajoutent des bandes communicantes de filets entre deux serres (Delta 9), de manière à pouvoir fermer chaque tunnel quand il fait froid et l’ouvrir quand il fait chaud (Photos 8 et 9, voir fichier PDF).

Quant aux autres types de serres (canariennes, multichapelle…) les hauteurs des filets latéraux sont variables, mais dans certains cas, ils sont utilisés sur toute la hauteur de la serre, alors que dans d’autres ils ne couvrent q’une largeur qui ne dépasse guère deux mètres.

Les portes SAS et ouvertures de protection

A côté des précautions prises sur les côtés latéraux et sur les faîtières de la serre, les agriculteurs procèdent au montage des SAS pour mettre en quarantaine leur production par crainte d’infiltration des aleurodes. Il s’agit d’un système de portes confectionnées en filet et/ou en plastique dans la partie Est à moindre mouvement du vent. Certains producteurs se limitent à un seul SAS, d’autres préfèrent deux SAS qu’ils placent dans les parties Est et West de manière à avoir la possibilité de passer de l’un vers l’autre. Ces SAS peuvent avoir entre 2 à 5 entrées qui revêtissent différentes formes (Photo 10, voir fichier PDF): normales, serrées, en labyrinthes, grandes, petites…).

Dans la région du Souss, 45% des serres sont munies de SAS à deux entrées. En plus de ces SAS, certains producteurs confectionnent sur leurs serres, des ouvertures latérales, qui permettent aux ouvriers d’y entrer pour travailler (désherbage, effeuillage etc.) et déplacer les plateaux et les caisses sans être obligés d’y sortir. Cette disposition aussi modeste qu’elle soit, garantit un bon état sanitaire de la tomate. D’autres sont allés un peu plus loin en fabriquant des filets entre couloirs pour séparer les différentes serres en vue de limiter la circulation de tout vecteur de maladies.

Les arrachages

Le TYLCV peut apparaître dans les pépinières depuis juillet sur la tomate précoce, mais son intensité ne commence à devenir importante qu’en septembre-octobre. A partir de cette période, les producteurs suivent de près l’évolution de la maladie et procèdent -en plus des mesures évoquées précédemment- à l’effeuillage, au désherbage et à l’arrachage des plants infestés. C’est une technique courante et connue dans toutes les d’exploitations de la région, qu’elles soient de petite ou de grande taille.

A Massa, plus de 17,5% de plants sont arrachés; les producteurs exportateurs de tomate y sont très prudents et vigilants vis à vis des risques encourus par la maladie. A Biougra et à Ouled-taima le taux d’arrachage ne dépasse guère 10%.

Toutefois, le rythme et l’intensité des arrachages peuvent dépendre de facteurs liés à la structure de la serre et des techniques culturales. A titre d’exemple, dans les serres Delta 9, Socodam, Tombarello et Multichapelle, les arrachages sont assez faibles (2 à 4%); le contrôle y est plus facile grâce à leur petite taille et à leur bonne étanchéité. C’est surtout dans les serres canariennes en bois où l’on arrache le plus de plants (12% à 18%) à l’hectare; ce type de serre présente souvent des déchirures aux points de sutures du plastique avec le bois qui sert d’armature.

Quant aux serres métalliques, deux cas se présentent: celles conçues pour la tomate, ne présentent pas des taux d’arrachage significatifs et celles destinées à la banane, dans lesquelles plus de 60% des plants peuvent être arrachés. Ce dernier type est souvent déconseillé car la conception de montage de la serre avec de larges bandes de filets s’étendant depuis les faîtières sur les côtés jusqu’au sol, créent pour l’aleurode plus d’espace qui lui permet de se propager sans difficultés.

Ce sont surtout les variétés Gabriela, Daniela, et Durinta conduites en deux brins, qui sont les plus exposées à l’arrachage dont le taux varie de 11 à 18% dans les serres et 30 à 100% en plein champ dans la région d’Ouled-taima. Les producteurs de cet axe optent souvent pour des variétés tolérantes qui ne semblent pas exiger trop de charges phytosanitaires; elles sont moins rentables et vendues à des prix faibles, mais, qui leur couvrent au moins les charges d’entretien et de production.

Sur le plan phytosanitaire, les traitements chimiques ne réduisent pas forcément les taux d’arrachage à cause parfois des maladresses enregistrées dans l’usage des pesticides. Cependant, l’emploi régulier des pièges jaunes englués a bien démontré son efficacité; les utilisateurs de ces pièges comme moyen de lutte n’arrachent pas plus de 2,4%, alors que ceux qui se satisfont des bandes et des plaques jaunes non renouvelées, arrachent jusqu’à 14%.

Activités du projet ConserveTerra

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