Conduite technique
Un verger moderne a des spécificités qu’il convient d’intégrer au schéma général de production de l’agrumiculture. Il suppose un plant certifié en conduite intensive avec l’ensemble du cortège technique qui doit l’accompagner.
Sauf dans des terres très fertiles de limons, où l’écartement serré conduit parfois à un excès de vigueur des arbres et à une mauvaise qualité des fruits (peau rugueuse, difficultés de coloration), la haute densité reste la règle dans un verger moderne afin de rentabiliser rapidement les investissements engagés.
Selon le type de sol, le port de l’arbre et la vigueur de la variété, on adoptera des densités de type 5 x 4 (clémentiniers et assimilés), 5 x 5 (Washington Sanguine et assimilés) et 6 x 6 ou 6 x 7 (Salustiana, Maroc Late et assimilés).
Pour les variétés à port érigé ou plantées sur des terrains ne conférant pas un excès de vigueur à l’arbre, des densités encore plus serrées de type 5 x 3 ou 5 x 2,5, voire 5 x 2 sont possibles, à condition d’accepter l’idée de supprimer un arbre sur deux au bout d’un certain temps, si des problèmes de conduite insurmontables apparaissent.
En cas de plantation sur butte, le peu d’expérience disponible au Maroc montre qu’un écartement entre lignes plus large s’impose, par rapport aux structures usuelles ci-dessus, afin de permettre des meilleures conditions de circulation des tracteurs au moment des traitements et de la cueillette.
C’est autour d’une bonne gestion de la micro-irrigation et de la fertigation que se joue la vraie réussite d’un verger intensif. Mais là aussi, des modifications de conduite sont nécessaires par rapport aux habitudes en vigueur dans un verger traditionnel irrigué à la raie et fertilisé à la main. Un arbre équipé en goutte à goutte et fertigué, croit plus vite et entre en production de façon plus précoce. La dose d’engrais requise au stade jeune, doit être fortement revue à la hausse par rapport aux anciennes recommandations de la SASMA et de l’INRA, qui préconisaient autour 50 gr/arbre en première année et le double en deuxième année pour l’azote, 40 et 80 gr/arbre pour K2O, 20 et 50 gr en ce qui concerne le phosphore.
En cas de goutteurs intégrés, la dose d’eau et d’engrais sera pratiquement de l’ordre de celle requise pour une plantation adulte dès la deuxième année, du fait de l’inefficacité des goutteurs éloignés de l’axe du système radiculaire. On pratiquera des cultures intercalaires de melon ou de pastèque (très rentables en cas de bon prix) pour valoriser les excédents d’eau et d’engrais qui ne profitent pas à l’arbre durant les deux premières années.
En plantation vigoureuse sur butte, l’expérience montre que le rôle du brise vent est encore plus primordial qu’il ne l’est pour une plantation normale à plat. S’il n’est pas protégé contre le vent (y compris le vent modéré de fin de journée), le jeune arbre a tendance à se courber et à se déformer sous son propre poids, ce qui lui confère une mauvaise forme de frondaison dès le départ. D’où la nécessité d’inclure comme élément nouveau de raisonnement, au moment de la taille de formation, la bonne circulation de l’air à travers la frondaison.
C’est le cahier des charges cosigné avec les clients (représenté pour sa partie production par les exigences de l’EurepGap), qui aujourd’hui fixe ce que doit être la qualité de l’agrume à commercialiser à l’étranger. La condition clef en est la traçabilité remontante afin de rassurer le consommateur contre les risques sanitaires liés au produit. Sous cet angle, le verger d’avenir sera celui qui garantit un produit avec très peu de traces de résidus de pesticides, en faisant appel à la lutte intégrée pour protéger l’arbre.