Contrôles relatifs au pilotage de la ferti-irrigation
Contrôle de l’EC et du pH de la solution fille et du percolat
Le contrôle de la concentration de la solution fille au niveau du goutteur à l’aide d’un conductivimètre portatif (‘EC mètre’) (figure 7)(voir fichier pdf). Le contrôle du pH se réalise à l’aide de papier pH à réactif coloré ou d’un pH mètre portatif. Ces appareils doivent être régulièrement étalonnés à l’aide de solution de référence. Ce contrôle de l’EC et du pH doit se faire une à deux fois par dix jours.
En cas d’utilisation d’un lysimètre, on contrôlera l’EC et le pH de la solution drainée 1 à 2 fois par semaine. Si l’EC du drainât est très supérieure à l’Ec de la solution fille, on effectuera un lessivage (arrosage à l’eau) et on réduira la concentration de la solution fille.
Contrôle des quantités d’eau d’irrigation apportées
La valeur de l’ETo (Evapotranspiration de référence) intervient dans le calcul des besoins en eau d’irrigation de la culture. Elle varie d’une année à une autre. On doit alors obtenir des stations météorologiques des informations sur les ETo du jour si elles existent pour rectifier, en cas de besoin, les ETo utilisées.
Dans le cas où l’ETo a été estimée à partir de données théoriques et quelques mesures météorologiques, d’autres moyens peuvent être utilisés pour contrôler les apports. Il s’agit par exemple de l’utilisation du bac évaporant, de la cuve lysimétrique en sol légers et moyen, et des tensiomètres pour en sols moyens et lourds.
Le bac évaporant le plus utilisé au Maroc est le bac U.S. « Class A » qui est en tôle galvanisée (figure 8) (voir fichier pdf) mesurant 121,9 cm de diamètre et 25,4 cm de hauteur. Il est soulevé du sol, le plus souvent de 15,24 cm. L’eau du bac est maintenue entre 5 à 7,5 cm au dessous du bord limite. Ce bac permet de mesurer le pouvoir évaporant de l’air par le biais d’une surface d’eau libre. L’évaporation de l’eau du bac « Class A » est déterminée soit à l’aide d’une règle spéciale placée à l’intérieur du bac, soit à l’aide d’un repère de niveau (pointe en métal) de l’eau dans le bac.
Les valeurs de l’évaporation du bac (Eb) pourront nous renseigner sur les apports à la plante (ET culture) à condition de connaître le coefficient K’c. ET culture = K’c x Eb avec K’c = Kc x Kb où Kb = coefficient du bac qui varie en fonction de l’humidité relative de l’air, la vitesse du vent et la situation du bac par rapport aux masses végétales et Kc = coefficient cultural fonction du stade de la culture.
Le lysimètre à drainage (figure 9) (voir fichier pdf) est une cuve étanche et enterrée qui a une superficie de 2m² (2m x 1m) et une profondeur de 0,50 à 0,60 mètre dont le sol est à capacité au champ. Il est placé au milieu de la culture. Pour le cas de l’exemple tomate industrielle, la cuve comprendra une ligne de 8 plants irrigués à partir de 8 goutteurs. La connaissance du débit des goutteurs et de la durée de l’irrigation permet de déterminer la quantité (A) d’eau apportée aux plants de la cuve. Le drainât (D) récupérée dans la fosse de drainage peut être mesuré 24 heures après l’apport. La quantité consommée par la plante (mm/jour) peut être estimée par C = A – D. Cette quantité C pourra être comparée aux besoins en eau d’irrigation de 5,8 mm/j utilisés dans l’exemple. Le lysimètre constitue un moyen efficace et peu coûteux pour piloter l’irrigation localisée des cultures maraîchères, surtout en sols légers à moyens.
Le tensiomètre est un moyen de conduire et contrôler l’irrigation localisée en sol lourd. Il est déconseillé en sol sableux car il décroche rapidement. Le tensiomètre est une colonne d’eau qui se termine par une bougie (figure 10) (voir fichier pdf). Celle-ci placée dans un sol humide assurera une connexion entre l’eau du sol et celle du tensiomètre. Donc, en présence de beaucoup d’eau dans le sol, le tensiomètre indiquera une faible tension et en cas de peu d’eau on aura une forte tension. On appelle « tension » la valeur de dépression lue sur le manomètre. La plus forte tension au niveau d’un tensiomètre est de 0,80 bar.
En maraîchage, on utilise des tensiomètres de 30 cm de profondeur, placés sur la ligne de plantation entre deux plants consécutifs et à une distance de 10 cm de la rampe. L’irrigation doit être déclenchée lorsque la tension de l’eau est comprise entre 25 et 35 centibars. C’est un moyen efficace pour contrôler si les besoins en eau d’irrigation sont satisfaits. La lecture des tensiomètres doit se faire tous les jours à la même heure.
Un autre moyen de contrôler si les besoins en eau sont accomplis, est l’observation des plants. Un manque d’eau montre un enroulement des feuilles, un durcissement du feuillage et l’apparition de nécrose apicales sur les fruits.