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La race prolifique ovine D’man: Productivité et voies de valorisation en dehors de l’oasis

Au Maroc, le cheptel ovin est principalement constitué de races locales rustiques allaitantes non-prolifiques et avec une faible productivité. La race D’man, atout de l’élevage marocain, est connue par sa forte prolificité, sa précocité sexuelle et son aptitude au déssaisonnement. Elle est aussi connue par son faible développement musculaire et une ossature fine. L’absence de cornes chez le mâle et la variabilité de la coloration de la tête et de la robe (noire, brune, blanche ou la combinaison de ces trois couleurs) différencient également la race D’man des autres races locales marocaines.

Dans les oasis du Sud-Est Marocain, la race D’man est exploitée en race pure dans des élevages de taille très réduite (3 à 8 brebis en moyenne), où elle est maintenue en stabulation permanente avec une alimentation à base de luzerne et de déchets de dattes, caractérisant ainsi l’élevage oasien. Cependant, son exploitation chez les éleveurs des autres régions du Maroc, que ce soit en race pure ou dans des schémas de croisements structurés en vue d’augmenter la productivité des troupeaux, est rare et souvent limitée aux stations expérimentales.

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L’importance économique de la prolificité dans l’augmentation de la productivité des troupeaux des races locales est bien connue. Les études récentres (1996-2002) menées à la station El Koudia de l’INRA, située dans la zone bour atlantique à 30 Km au Sud de Rabat, ont tenté de contribuer à la valorisation de la race D’man en race pure et en croisement avec d’autres races, à la fois en tant que race de mâle ou de femelle et avec différentes proportions de gènes D’man dans le croisement. Les animaux ont été conduits dans des troupeaux de grande taille (200 brebis) et dans des conditions d’élevage qui intègrent le pâturage de chaumes et jachères toute l’année. Les principales conclusions relatives à l’utilisation de la race D’man sont relatées dans ce bulletin.

Dans la zone bour atlantique, la race pure D’man a réalisé une prolificité élevée

La prolificité à la mise bas, caractère d’intérêt, réalisée par la race D’man (D) dans la zone bour atlantique est élevée (2,2 ± 0,2 agneaux). Elle varie de 2,0 chez la brebis primipare à 2,6 agneaux chez la brebis âgées de 42 à 54 mois (Figure 1, voir fichier PDF). L’analyse de cette prolificité montre que 79 % des mises bas sont multiples: 50,9% de doubles, 25,4% de triples et 2,7% de quadruples et quantiles.

Cependant, la productivité numérique et pondérale à 3 mois par brebis mise en lutte est respectivement de 1,3 agneaux et 17,9 kg; et varie de 13,4 à 24,8 kg pour la productivité pondérale (Figure 2, voir fichier PDF). Ces performances restent cependant inférieures aux potentialités de la race D’man et montrent qu’il y a un important manque à gagner, notamment dans le cas des conditions d’élevage améliorées et maîtrisées de l’agneau et de sa mère.

La diffusion de la race D’man, à partir des oasis, par la voie mâle est recommandée pour son utilisation en croisement

L’intérêt de la diffusion de la D’man en dehors de l’oasis réside dans son utilisation en croisement avec une race non-prolifique pour améliorer la productivité numérique. Dans le cas du croisement avec la race locale Timahdite (T), nous avons procédé à la comparaison des deux croisements réciproques: D’man x Timahdite (voie mâle) et Timahdite x D’man (voie femelle) pour déterminer le meilleur mode de diffusion de la race D’man en dehors de l’oasis. Les résultats ont montré que malgré la différence significative de prolificité à la mise bas entre les deux croisements (1,2 contre 2,2 agneaux), la différence pour la productivité au sevrage est faible (21,8 contre 20,9 kg).

Dans le croisement utilisant la brebis D’man comme support, la viabilité des agneaux a été moindre (85% contre 68%) et le poids à la naissance faible (3,3 kg contre 2,7 kg) indiquant que la meilleure voie de diffusion des gènes de la race D’man en dehors de l’oasis serait la voie mâle. Ceci est d’autant plus soutenu que la population de la race D’man dans la zone des oasis est trop peu importante pour pouvoir approvisionner à la fois les élevages de sélection au niveau et les élevages de croisement au niveau des autres régions.

L’utilisation de la femelle demi-sang D’man dans le croisement permet une meilleure productivité

L’utilisation de la race D’man dans un système d’élevage exploitant le pâturage nous interpelle sur le niveau d’intégration des gènes de prolificité dans le croisement. Il est clair que la prolificité à la mise bas s’améliore avec l’augmentation de la proportion des gènes D’man dans le croisement, aussi bien dans le croisement avec la race Timahdite (Figure 3, voir fichier PDF) que dans le croisement terminal avec la race Ile de France (IF) (Figure 4, voir fichier PDF).

Néanmoins, la productivité numérique au sevrage ne suit pas la même tendance et montre, au contraire, un déclin significatif dès que la proportion des gènes D’man dépasse 50% dans le cas du croisement entre les races D’man et Timahdite. Dans le cas du croisement entre les races D’man et Timahdite (Figure 5, voir fichier PDF), la productivité pondérale est significativement affectée quand la proportion de la D’man est de 75 ou 100 %, alors que dans le cas du croisement impliquant une 3ème race “Ile de France”, les différences pour les contributions dans le génotype de 50, 75 ou 100 % ne sont pas significatives (Figure 6, voir fichier PDF). Ceci semble être dû à un effet favorable des gènes de la race “Ile de France” sur le poids à la naissance et la croissance des agneaux qui sont plus vigoureux et donc plus viables.

Il apparaît ainsi que la femelle demi-sang D’man présente une productivité comparable voire supérieure à celle des brebis avec des proportions de gènes D’man supérieures. Ainsi, toute augmentation de la prolificité par des proportions de gènes D’man dépassant 50% a peu d’intérêt dans les conditions d’élevage où les brebis croisées sont conduites sur pâturage

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