Les éleveurs laitiers et les industriels se trouvent souvent confrontés à des défaillances au niveau de la qualité physico-chimique du lait cru. Parmi ces défaillances, on peut citer une diminution du taux butyreux du lait. Plusieurs facteurs interviennent dans la détermination de la composition chimique du lait. Ces facteurs sont soit liés à l’animal (facteurs génétiques, stade physiologique, état sanitaire,…), soit au milieu (alimentation, saison, traite).
Ainsi, la modification de la composition du lait nous interpelle à considérer les facteurs dans leur globalité. Le présent bulletin met passe en revue les différents facteurs alimentaires qui jouent un rôle majeur dans la variation de la qualité physico-chimique du lait. Leurs effets se manifestent aussi bien à travers le type d’aliment distribué à l’animal que son mode de présentation et de distribution.
Effet du ratio fourrages/concentrés
Le ratio fourrages/concentrés, qui détermine la teneur en fibres et en glucides cytoplasmiques de la ration, est un important facteur de variation de la teneur en matière grasse du lait. Le taux butyreux (TB) du lait diminue quand la part des aliments concentrés dans la ration augmente. Mais ce n’est qu’avec des proportions très élevées d’aliments concentrés (plus de 40% de la matière sèche de la ration) que le taux butyreux chute de façon nette. Cette chute peut varier de 3 à 10 g/Kg de lait selon le type d’aliments complémentaires et/ou la nature du fourrage utilisé. Simultanément, le taux protéique (TP) est généralement amélioré mais avec une amplitude de variation plus faible (3 à 4 fois moins), en raison le plus souvent de l’augmentation du niveau énergétique de la ration.
Il est alors important d’incorporer du fourrage dans la ration à raison d’au moins 40% de la matière sèche (MS) totale (photo 1, voir fichier PDF) et d’assurer l’équilibre de la ration des vaches laitières en fibres en prévoyant 35 à 40% de glucides non fibreux (amidon, sucres simples) et 28% de NDF (fibres).
Effet de l’apport énergétique
L’augmentation de l’apport énergétique se traduit par une augmentation du taux protéique, sauf lorsque l’augmentation de ces apports est réalisée par adjonction de matières grasses qui, quelle que soit leur origine, ont un effet dépressif. Au contraire, le taux butyreux tend à baisser dans le cas de niveaux énergétiques très élevés en raison de l’arrêt de la mobilisation des réserves corporelles qui entraînent souvent une augmentation du taux butyreux.
Une sous-alimentation qui correspond à un bilan énergétique fortement négatif, entraîne une diminution de la production laitière et du taux protéique et une augmentation du taux butyreux.
Effet de l’apport azoté
Les apports azotés n’ont que peu d’effet sur la composition du lait. L’augmentation de ces apports dans la ration quotidienne entraîne une augmentation conjointe des quantités du lait produit et des protéines secrétées, de sorte que le taux protéique reste peu modifié. Mais une ration riche en protéines brutes (17% ou plus) peut entraîner des laits contenant des quantités importantes d’urée. Ce taux d’urée du lait est très corrélé à celui du sang de la vache et peut être utilisé comme indicateur d’une sur-alimentation azotée.
Par ailleurs, l’amélioration du profil en acides aminés limitants, en particulier en méthionine et en lysine digestible dans l’intestin, permet d’augmenter la teneur du lait en protéines et en caséines sans avoir d’effet significatif sur le volume de lait produit ou sur le taux butyreux.
Effet de l’apport en matières grasses
Le taux butyreux du lait semble diminuer quand la ration est pauvre (<3%) ou riche (>6%) en matière grasse. Ces réponses dépendent du type de régime utilisé et de la nature des sources de lipides. Les réponses les plus fortes s’observent avec les aliments les plus pauvres en acides gras au départ: betterave, pulpe sèche de betterave, etc. Lorsque différents types de matière grasse sont comparés, le taux butyreux est plus élevé avec les matières grasses pauvres en acides gras polyinsaturés qu’avec celles qui en sont riches.
La supplémentation des rations en lipides entraîne toujours une diminution du taux protéique, même lorsqu’ils sont protégés. Celle-ci est cependant moins marquée en début qu’en milieu de lactation.