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dimanche, décembre 22, 2024

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Le cerisier: Une culture de zones d’altitude

Contraintes limitant le développement du cerisier

Bien que des actions de développement de la culture du cerisier ont été entreprises par l’Etat, en distribuant plusieurs milliers de plants, cette espèce reste cependant confrontée à divers problèmes l’empêchant d’atteindre ses potentialités de production dans ces écosystèmes de montagne. Ces contraintes sont d’ordre climatique ou relatives au matériel végétal.

Aléas climatiques

Par son époque de floraison (mi-mars/ début avril), les risques de gelée des fleurs et des jeunes fruits sont fréquents. Ces stades phénologiques se déroulent souvent sous des conditions de températures critiques de gel qui sont -1.7 °C à la pleine floraison et -1.1 °C au stade petit fruit. Les basses températures gênent aussi l’activité des abeilles et ralentissent la progression des tubes polliniques dans le style.

La grêle est également redoutable et occasionne parfois des dégâts importants sur les fruits. Quoique ces deux facteurs constituent un risque aléatoire, ils ne sont pas cependant limitants pour la production des cerises dans plusieurs régions.

Réduction des ressources en eau d’irrigation

Comme pour les autres espèces fruitières, le cerisier exige des quantités importantes en eau (3000 à 5000 m3) pour une croissance et un développement régulier. Dans plusieurs exploitations, les ressources hydriques sont souvent limitantes et les apports d’eau sont réduits après la récolte. Les arbres sont alors soumis à des stress hydriques qui affectent la mise à fruit et la fructification durant le cycle suivant.

Problèmes phytosanitaires

Les problèmes phytosanitaires connus sur cette espèce sont essentiellement liés aux dépérissements bactériens et au capnode. Le premier fléau affecte les vergers adultes, qui après plusieurs années de vie normale, cesse de produire, les rameaux et les branches se dessèchent progressivement (Photo). Les contaminations peuvent être limitées par l’application de traitements cupriques pendant la période de chute des feuilles.

Les larves du capnode sont également redoutable sur les racines et causent des dégâts importants dans les vergers qui soufrent du manque d’eau.

Marché étroit

La cerise est un fruit périssable qui supporte très mal le transport. Son écoulement sur le marché doit se faire sans délai. Si certains marchés (Casablanca, Rabat, Fès) sont porteurs, leur éloignement par rapport aux zones de culture pose problème. Les autres marchés sont relativement étroits et le prix pratiqué n’est souvent pas à la portée des ménages moyens.

La production des cerises est consommée en frais et les quantités produites ne semblent pas concerner l’industrie de transformation. L’infrastructure existante, la taille et la structure des vergers ne sont pas adaptées à ce mode de transformation.

Gamme variétale réduite

La gamme variétale en culture reste dominée par le groupe des Bigarreaux et surtout les variétés B. Burlat, B. Hedelfingen. La variété B. Napoléon existe également et n’a d’intérêt que pour la pollinisation. Leur maturité est relativement groupée et l’écoulement de la production peut connaître des difficultés, surtout en l’absence d’une industrie de transformation. L’établissement de nouveaux vergers doit être basé sur de nouvelles variétés pouvant étaler le calendrier de production, surtout dans le sens de la précocité.

Comportement phénologique et fructifère de nouvelles variétés

La floraison du cerisier s’observe à partir de la mi-mars et les fleurs sont essentiellement localisées sur les bouquets de mai et sur les rameaux d’un an. L’abondance des fleurs dépend de la densité des bouquets de mai, dont la production devient de plus en plus importante avec l’âge des arbres. La connaissance des périodes de floraison est nécessaire pour optimiser la pollinisation sur la base du choix d’associations compatibles et de mêmes époques de floraison. Certaines combinaisons variétales sont incompatibles comme par exemple Marmotte avec Napoléon et Précoce de Bernard avec Burlat.

Il est à signaler que si la plupart des variétés de cerises douces sont auto-incompatibles, certaines sont autofertiles comme Lapins, Sunburst, Summit et Sweetheart et n’ont pas besoin de pollinisateurs pour fructifier.

Le rendement et les caractéristiques pomologiques du fruit constituent aussi des critères économiques importants pour le choix variétal. Un fruit d’une couleur attrayante, d’un calibre important (supérieur à 7 g), sucré, à chaire ferme et résistant au transport garantit le succès de la variété. La longueur du pédoncule est également importante pour faciliter la récolte de ce fruit, dont la maturité commence bien avant l’arrêt de sa croissance végétative.

Les dates de maturité des variétés étudiées par l’INRA permettent d’étaler la production sur une période d’un mois. Celle de la variété Précoce de Bernard se situe pendant la première semaine du mois de mai et offre par conséquent un gain de précocité de 10 à 14 jours par rapport aux variétés Napoléon, Hedelfingen et Rainier qui sont les plus tardives.

Les valeurs de l’indice réfractométrique se situent entre 14 et 18, les faibles valeurs caractérisent les variétés précoces. Les fruits sont donc généralement assez sucrés et conviennent parfaitement à la consommation en frais. A l’approche de la récolte, un éclatement du fruit peut se produire à la suite d’une absorption directe de l’eau à travers l’épiderme. L’indice d’éclatement est fortement lié au poids et à la fermeté de la chaire du fruit. Les variétés Stella, Rainier, Van, Stark Hardy Giant, Ulster, Vista et Burlat présentent une légère sensibilité à ce phénomène; la variété Napoléon dont le taux d’éclatement est inférieur à 20 %, est considérée comme résistante.

Problèmes d’adaptation variétale

L’introduction du cerisier dans certaines zones, sans étude préalable de comportement, a enregistré des échecs après plusieurs années de plantation. Le manque d’adaptation variétale est à l’origine de ce problème qu’il convient d’élucider pour aider les arboriculteurs et les techniciens à mieux connaître la réaction du matériel végétal à un environnement inconvenable.

Charge réduite en bouquet de mai

Le bouquet de mai (BM) est le support essentiel de production chez le cerisier. Il se développe sur le bois âgé de 3 à 5 ans et peut fructifier pendant plusieurs années selon les conditions de culture (éclairement, porte-greffe, niveau d’alimentation minérale et hydrique, disponibilité en froid). En conditions difficiles, la charge en BM est faible et une diminution de leur nombre peut avoir lieu sur les bois porteurs, à partir de celui de 3 ans. Les variétés ont généralement besoin de périodes de végétation plus longues pour atteindre un potentiel important de production de bouquets de mai. L’abondance de cet organe sur vieux bois constitue un indice d’adaptation au milieu. Une déficience en ce support peut être un indicateur d’un manque adaptation.

Dormance perturbée

La chute des feuilles s’effectue entre novembre et décembre et est liée à l’arrivée des premiers froids d’automne. L’effet de leur inhibition corrélative s’efface progressivement et les bourgeons entament une période de dormance plus ou moins intense. La sortie de cette période se déroule d’une manière différente selon les variétés. L’acquisition des capacités de débourrement des bourgeons est relativement rapide pour certaines variétés comme Rainier et Précoce de Bernard mais lente pour Burlat et très lente pour Tragana d’Edessa. La difficile élimination de la dormance apparaît bien liée au manque de froid, d’autant plus que les premiers froids d’automne ont un rôle d’intensification de la dormance.

Sur le plan physiologique, lorsque la dormance est incomplète et perturbée, le débourrement est donc déficient et étalé et une forte dominance apicale caractérise la croissance végétative des arbres.

Évocation florale inachevée

L’examen anatomique des structures internes des bourgeons floraux de la variété la plus répandue B. Burlat, au stade débourrement, a montré que les organes reproducteurs se caractérisent par différentes anomalies. Le gamétophyte femelle présente un ovaire atrophié et isolé au niveau de la cavité ovarienne. Les fleurs sont mal constituées avec l’absence parfois de pistil. Lorsque ce dernier est présent, l’ovaire est souvent de petite taille, sans élargissement de leur partie basale. Le tissu nucellaire est séparé des téguments ce qui constitue un signe de dégénérescence ovulaire.

Les anthères renferment des sacs polliniques qui n’ont pas encore éclaté. Les assises sont séparées et les sacs referment des cellules au stade tétrade. Le nombre de cellules mâles est cependant réduit. La micro-sporogenèse est faible et déjà au débourrement, des cellules mères des grains de pollen ne sont pas encore mures. Plusieurs de ces cellules montrent des signes d’avortement en présentant des parois désorganisées. Si la méiose a eu lieu, même en condition de manque le froid, la maturation et l’abondance des grains de pollen limite cependant les possibilités de pollinisation de cette variété auto-incompatible.

Sur le plan histologique, les observations effectuées au niveau de la base du bourgeon et des primordia foliaires, ont montré la présence des éléments du faisceau xylématique, notamment dans les filaments d’anthères et le style. La connexion vasculaire est établie durant la phase de dormance, pour être entièrement fonctionnelle en période de floraison. La conductivité hydraulique est donc assurée pour un débourrement normal des bourgeons dont l’évolution ultérieure est erratique.

L’avortement ovulaire et pollinique réduisent donc les chances de fructification, même si la floraison est abondante lorsque la variété est placée dans des conditions de manque de froid avec des régimes de températures alternants.

Activités du projet ConserveTerra

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