Trois agnelages en 2 ans
C’est un système intermédiaire aux deux systèmes précédents. Son principe consiste à diviser le troupeau en deux sous-troupeaux A et B et à choisir trois périodes de lutte en fonction de la race exploitée, des activités menées au niveau de l’exploitation, du climat de la région, etc., de façon à maximiser la rentabilité du troupeau. À titre d’exemple, les périodes de lutte qui peuvent être adoptées sont mars, juillet et novembre, auxquelles correspondent respectivement les périodes d’agnelage d’août, décembre et avril.
Ainsi, pendant que le sous-troupeau A est en lutte, le sous-troupeau B est en fin de gestation et vice versa. Si le sous-troupeau A est mis en lutte en juillet, l’agnelage aura lieu en décembre et il sera remis en lutte en mars, etc. (Tableau 2)(voir fichier pdf). Si une brebis du sous-troupeau A n’a pas été saillie en juillet, elle change de troupeau et passe dans B. De cette façon, elle sera remise en lutte en novembre après 4 mois et non pas attendre la lutte prochaine du sous-troupeau A auquel elle appartient, qui aura lieu au mois de mars après 8 mois.
Au sein du troupeau, on assiste au cours d’une même année à 3 périodes de lutte et à 3 périodes d’agnelage. Ainsi pendant la 1ère année, les brebis du sous-troupeau B agnellent deux fois (avril et décembre), alors que celles du sous-troupeau A mettent bas une seule fois (août). L’année suivante le rythme est inversé (Tableau 2)(voir fichier pdf).
Si la brebis est saillie à chaque période de lutte, elle réalise un agnelage tous les 8 mois, 3 agnelages en 2 ans et donc 1,5 agnelages par an. Si elle n’est pas saillie à une lutte, elle effectue 1 agnelage par an (Tableau 1)(voir fichier pdf).
Pour réussir le système de 3 agnelages en 2 ans, les conditions suivantes doivent être respectées:
– La durée de la lutte est de 1 mois.
– Le sevrage des agneaux est fait deux mois après l’agnelage.
– La lutte suivante a lieu 1 mois après le sevrage, c’est-à-dire 3 mois après l’agnelage.
Il va de soi que chacune des périodes de lutte proposées a des avantages et des inconvénients. Ainsi, la lutte de juillet a lieu en pleine saison sexuelle des brebis de races locales. Si les brebis et les béliers ont été bien préparés à la lutte et si le sex-ratio (nombre de brebis/bélier de lutte) est optimisé, le taux de fertilité sera proche de 100%. Les brebis doivent être supplémentées en fin de gestation car la poussée de l’herbe peut tarder. De même, le taux de prolificité des brebis à l’agnelage est normal. Les agnelages ont lieu en période de froid (décembre). On doit s’attendre à un taux de mortalité des agneaux légèrement élevé surtout si les précautions nécessaires ne sont pas prises. C’est la saison d’agnelage la moins coûteuse car la croissance de l’agneau se fait à l’herbe. Mais paradoxalement, elle est la moins rentable car l’agnelage coïncide avec la période d’agnelage normale au niveau national. L’offre est grande, les prix diminuent.
La lutte de novembre a lieu à la fin de la saison sexuelle normale des brebis de races locales. Le taux de fertilité est légèrement faible que celui enregistré à la lutte de juillet, surtout chez les antenaises qui ont, généralement, une saison sexuelle plus courte que celle des brebis adultes. Si les pluies sont tardives, l’herbe ne sera pas disponible, une préparation des brebis à la lutte est recommandée. La gestation se fait en pleine période d’herbe. L’agnelage a lieu dans de bonnes conditions climatiques. Le poids à la naissance des agneaux est élevé, la production laitière des brebis est bonne, la mortalité des agneaux est faible. Si la lutte est faite alors que les brebis sont en bon état, la prolificité sera élevée. La croissance des agneaux nés au début de la saison d’agnelage se fait sous la mère. Les agneaux tardifs nécessitent un apport alimentaire car la fin de leur croissance coïncide avec la période du début de l’été où les parcours sont secs.
La lutte de mars a lieu en pleine période d’anœstrus saisonnier. Il faut s’attendre à un taux de fertilité faible car de nombreuses brebis sont en repos sexuel et la libido des béliers est relativement faible. Le nombre de brebis par bélier ne doit pas dépasser 20. La lutte a lieu en période d’herbe, les brebis n’ont pas besoin d’être préparée à la lutte. La fin de gestation a lieu en été. Un apport alimentaire pour les brebis gestantes est nécessaire. L’agnelage a lieu en période sèche. En principe, le taux de prolificité est élevé en raison d’un taux d’ovulation élevé. Les agneaux nés en cette période sont faibles et légers à cause du stress de la chaleur durant la période de gestation d’été. La croissance des agneaux peut être ralentie. Les parcours sont secs, la croissance est faite à coût de concentré. C’est la période d’agnelage la plus coûteuse car il y a moins d’UF gratuites. Mais c’est également la période la plus rentable car les agneaux atteignent l’âge à la vente au moment où l’offre sur le marché est très réduite.
La figure 1 (voir fichier pdf) illustre le changement de la taille de la portée à la naissance des brebis Timahdite, D’man x Timahdite (DxT) et Lacaune x Timahdite (LxT) en fonction de la saison d’agnelage (automne (lutte de juillet – août), printemps (lutte d’octobre – novembre) et été (lutte de mars – avril)).