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samedi, décembre 21, 2024

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La lutte chimique contre le jujubier

Le jujubier (Ziziphus lotus) est un arbuste épineux appartenant à la famille des Rhamnacées et communément appelé au Maroc « Sedra, Zarb, Azouggar, ou Tazouggart ».

Il forme des touffes de quelques mètres de diamètres pouvant atteindre 2 m de haut. Ses feuilles sont courtement pétiolées, glabres, caduques alternées et ovales à marges entières. Chaque feuille porte à sa base deux stipules transformées en épines inégales et vulnérables. Les fleurs sont jaunes, pentamètres et groupées en inflorescence cymeuses. Les fruits sont des drupes à noyaux soudés. L’endocarpe mucilagineux, appelé « Nbag », est sucré et comestible.

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Du fait de sa capacité à occuper divers habitas et son grand pouvoir colonisateur, le jujubier est devenu la mauvaise herbe la plus préoccupante des cultures, notamment les céréales, les légumineuses et les vergers, dans les zones aride et semi-aride. On le trouve principalement dans la Chaouia, le Haouz, Zear, Rhamna, le moyen Atlas, la région d’Errachdia, la zone côtière de Safi à Sidi Ifni, la région de Khénifra, la région d’Oujda, le Souss, le Maroc Oriental et le Sahara.

Importance économique

Dans les sites infestés, le jujubier gêne la réalisation des travaux agricoles tels que le labour, le semis, le binage, la récolte et surtout la moisson des céréales, aussi bien manuelle que mécanique. Les pertes de rendements pourront aller dans certains cas jusqu’à 100%. Avec le temps, il rend incultes plusieurs milliers d’hectares. Aussi, les touffes de cette espèce constitue un refuge et foyers réservoirs de plusieurs ennemis naturels, en particulier les rongeurs, les insectes, les araignées, la cuscute et certains oiseaux nuisibles à l’agriculture.

Sur les terres agricoles, les touffes de jujubier sont généralement coupées en été et utilisées pour la confection des enclos autours des habitats, des parcelles cultivées et parcs à bétail et comme sources de bois de chauffage. Les fruits sont commercialisés pour la consommation humaine et pour leurs propriétés médicinales.

Importance environnementale

Dans les terrains accidentés et ou exposés à l’érosion, les touffes de jujubier jouent un rôle très important dans l’équilibre naturel. Elles constituent un endroit d’accumulation du sable et des alluvions d’apport éolien. Avec leur monticule, elles forment un gîte de choix pour les rongeurs (mérione, gerboises, rats et lapins), les hérissons, les reptiles (serpents et vipères) et les arachnides (scorpions et araignées). De leur côté, les animaux apportent directement à la plante la matière organique riche en éléments fertilisants et permettent indirectement une économie d’eau disponible grâce à l’écran protecteur constitué par leur terrier.

Aussi, le jujubier à été utilisé pour longtemps comme ceinture verte protectrice contre les courants d’eau, comme clôture épineuse (morte ou vivante) et pour ombrage près des douars.

Biologie

Le jujubier est une plante nanophanérophyte plus rarement phanérophyte. Sa longévité est assez grande, drageonne abondamment, rejette vigoureusement de souches et peut se multiplier par éclat de ces dernières mais beaucoup moins facilement, avec ornithochorie probable. Ceci donne à l’espèce le statut d’envahissante principale des zones cultivées, surtout en céréales.

Le commerce des fruits contribue largement à la dispersion de cette espèce. En effet, les noyaux des fruits consommés par les chèvres, après qu’ils traversent leurs tubes digestifs, ont un pouvoir germinatif particulièrement élevé. Une étude récente que nous avons menée a montré que cette espèce peut se régénérer à partir des boutures de fragments de branches, de fragments de racines, de souches entières, de petits morceaux des souches et de fruits avec de taux respectifs de régénération de 16, 54, 70, 29 et 31 %. Les bourgeons de cet arbuste apparaissent à partir de février-mars et croissent activement au printemps et en été, formant ainsi des rameaux ligneux. La floraison a lieu en été. Les fruits sont murs trois mois et demie plus tard, suivant les régions. En automne, les pousses se dessèchent et les feuilles chutent.

Moyens d’éradication de l’espèce dans les terres agricoles

Bien que la lutte chimique par l’utilisation du glyphosate reste le moyen le plus efficace pour éradiquer le jujubier dans les terres cultivées, la maîtrise des techniques et des conditions optimales de son application reste le plus grand handicap à surmonter.

En effet, l’efficacité de cet herbicide est influencée par les conditions climatiques, notamment l’humidité relative de l’air et la température, la qualité (dureté) d’eau utilisée comme bouillie, le stade du jujubier et par le matériel de traitement utilisé. Les résultats d’une étude que nous avons récemment réalisée à ce sujet, dans la région de la Chaouia, sont présentés dans ce bulletin.

Conditions de traitement

Le moment d’application du glyphosate affecte son efficacité (Tableau 1, voir fichier pdf). Le meilleur moment de traitement est le matin, quand le climat est stable avec une température relativement élevée et une humidité de l’air suffisante favorisant une bonne absorption de l’herbicide.

Qualité de l’eau de bouille

La qualité de l’eau utilisée comme bouille influence directement l’efficacité du glyphosate (Tableau 2, voir fichier pdf).

Les eaux dures (eau de Sidi El Aydi par exemple), contenant des quantités élevées de calcium, limitent l’absorption du glyphosate par les feuilles. Ceci est du au complexe que peut former le glyphosate avec le calcium et qui pénètre mal dans la plante. Aussi, les sels de calcium tel que le carbonate (calcaire) forment une couche protectrice à la surface des feuilles, ce qui empêche la pénétration du glyphosate.

Effet de l’état végétatif du jujubier sur l’efficacité du glyphosate

L’état végétatif des touffes du jujubier, surtout avant traitement, joue un rôle très important dans la réussite du traitement. Ceci est montré par les résultats présentés dans le tableau 3, voir fichier pdf. Pour obtenir un meilleur contrôle (100 %), il ne faut traiter que des touffes bien développées et non fauchées. Le fauchage avant traitement réduit jusqu’à 40 % l’efficacité de l’herbicide. En revanche, ce fauchage ne diminue que légèrement (5%) cette efficacité lorsqu’il est appliqué au delà d’une période de deux jours après le traitement. Au delà d’une semaine après traitement, cette opération n’a aucun effet.

Effet du stade de traitement sur l’efficacité du glyphosate

Le choix du stade de traitement du jujubier est très important dans la réussite de l’opération d’éradication chimique de l’espèce avec le glyphosate. Les stades les plus sensibles sont fin floraison, début formation des fruits, drupe verte et maturité des fruits (Tableau 4, voir fichier pdf). Selon les régions, ces stades s’étalent du mi-juin à fin août.

Effet du matériel de traitement sur l’efficacité du glyphosate

Le type de matériel de traitement utilisé a une influence remarquable sur les l’efficacité du glyphosate sur le jujubier, surtout à 30 et 60 jour après traitement (JAT) (Tableau 5). Le meilleur traitement, qui montre des symptômes de phytotoxicité très homogènes sur le végétal, est celui du pulvérisateur à dos muni d’une buse à fente. De très bonnes efficacités (98 et 100%, respectivement à 30 et 60 JAT) ont été enregistrées pour ce type de matériel. En seconde lieu vient le pulvérisateur à dos muni d’une buse à miroir avec des efficacités moyenne (73 %) et bonne (95%), respectivement à 30 et 60 JAT. En dernier lieu viennent le pulvérisateur à dos muni de buse à turbulence et l’atomiseur à dos avec des efficacités moyennes (66 et 63 %) et bonnes (85 et 76 %) respectivement à 30 et 60 JAT. A cette période d’évaluation, les résultats confirment les recommandations concernant le matériel de traitement à utiliser pour l’application des herbicides.

Cependant, les résultats obtenus une année après traitement, s’écartent un peu de ce principe étant donné qu’au redémarrage végétatif du jujubier, tous les types de matériel de traitement testés ont donné de très bonnes efficacités (supérieures ou égales à 95 %) avec:

Pulvérisateur à dos muni de buse à fente = pulvérisateur à dos muni de buse à miroir > pulvérisateur muni à buse à turbulence = Atomiseur à dos (Tableau 5, voir fichier pdf).

Conclusion

D’après les résultats présentés, on peut conclure que la réussite de l’éradication chimique totale et complète du jujubier avec le glyphosate (1080 g/hl) est possible mais n’est pas facile et demande de la compétence. En effet, l’efficacité de cet herbicide est influencée par les conditions climatiques, notamment l’humidité relative de l’air et la température, la qualité d’eau (dureté) utilisée comme bouillie, le stade de traitement et légèrement par le matériel du traitement.

Les conditions optimales de son application sont:

Dose de traitement: de 720 g/hl à 1080 g/hl de matière active soit une bouillie 2 à 3 % du produit commercial « Roundup ».

Stade de traitement: fin floraison-début formation des fruits à maturité, correspond à la période de mi-juin à fin août.

Condition de traitement: une humidité relative supérieure à 30 % avec une température élevée (plus de 25°C) sont les conditions idéales.

Le moment du traitement: les heures les plus favorables sont celles du matin, après disparition des rosées, jusqu’à midi.

Etat végétatif du jujubier: il faut traiter des touffes de jujubier bien développées non fauchées et éviter le fauchage au moins une semaine après traitement.

Qualité de l’eau de bouillie: il faut éviter les eaux dures, car le glyphosate est moins efficace lorsqu’il est dissout dans une eau riche en calcaire.

Matériel de traitement: le meilleur matériel de traitement est le pulvérisateur à dos muni de buse à fente. Aussi, les pulvérisateurs portés, munis du même type de buse (à fente), peuvent être utilisés pour les grands chantiers.

Organisation du travail: pour un traitement homogène sur le terrain, il faut s’assurer que l’herbicide atteint toutes les touffes. Pour ce faire, il faut diviser le terrain et les touffes en bande de traitement dans le sens de longueur. Cette division se fait à l’aide de jalons et cordes.

Activités du projet ConserveTerra

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