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Ravageurs de l’amandier dans la région de Tafraout

L’Amandier occupe une place très importante dans l’économie de la région de Tafraout au sud marocain, tant par la superficie occupée (72% de la sole arboricole) que par la valeur du produit. La région constitue un secteur dit de « Cueillette » dont la majorité des arbres, issus de semis non greffés, sont plantés en DRS (Défense et restauration des sols). Depuis 1979, plusieurs d’entre eux ont fait l’objet de sélections de clones à caractères intéressants tels que la précocité ou la tardiveté de la floraison, la productivité, la régularité de la fructification, et la résistance à certaines maladies ou ravageurs. Bien que la production soit généralement irrégulière et insuffisante, le sud marocain est considéré comme un réservoir de gènes assez riche pour l’amandier au Maroc.

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Les scolytides (Scolytus amygdali)

Le scolyte de l’amandier s’est manifesté depuis toujours comme un facteur alarmant de mortalité d’arbres, ce qui a motivé une étude détaillée de sa bioécologie, en vue notamment de définir les possibilités de lutte. L’espèce se reproduit à raison de trois générations par an:

– une génération hivernante (novembre- février) dont les adultes émergent de mi- février à fin avril-début mai (1er vol);
– une génération printanière (février-mai) dont les vols s’échelonnent de fin mai à fin août (2ème vol);
– une génération estivale (mai-fin d’été) dont les adultes apparaissent de mi-Juillet à début-novembre, (3ème vol) avec possibilités d’apparition en fin de saison de l’ébauche d’un quatrième vol dont l’incidence est négligeable.

Les femelles forent sous l’écorce une galerie de ponte. Les larves issues des œufs, se nourrissent en forant à leur tour chacune une galerie et se nymphosent, toujours sous l’écorce donnant de nouveaux adultes, lesquels prennent leur vol pour aller attaquer de nouveaux arbres. Les adultes des derniers vols donneront naissance à la génération hivernante dont les larves du dernier stade entrent en totalité en diapause dans des logettes profondes à partir du début octobre.

La majeure partie du cycle se déroule donc sous les écorces où l’insecte étant protégé, il est donc impossible de l’atteindre par des traitements chimiques. Il est toutefois possible de protéger les arbres des attaques de scolyte par traitements « préventifs » visant à détruire les insectes adultes dès leur arrivée sur l’arbre et avant le début du forage des galeries. Un essai effectué à Tafraout avec la Deltaméthrine à la dose de 1,75 g de matière active par hectolitre d’eau a donné de très bons résultats protégeant les arbres des attaques pour au moins 40 jours.

Les observations effectuées dans la région de Tafraout ont mis en évidence d’autres problèmes phytosanitaires importants que nous développons dans ce bulletin.

Le faux tigre de l’amandier (Monosteira Unicostata)

C’est une espèce très nuisible aux rosacées. Ses pullulations sont constatées surtout dans les zones les plus chaudes, et les plus arides de son aire d’extension. Son activité débute dès le mois d’avril. Les premières pontes (70 œufs par femelle) ont lieu fin avril et durant la première quinzaine de mai. La durée d’incubation est de 15 à 18 jours au printemps et 10 à 12 jours en été. La durée du développement larvaire (5 stades) est de 10 jours. Au Maroc 3 à 4 générations peuvent se succéder avec des chevauchements importants si bien qu’à partir de juin et durant tout l’été on peut rencontrer tous les stades de l’insecte. En hiver les adultes se refugent sous l’écorce et dans les excavations du tronc et du collet, ils restent inactifs sans alimentation jusqu’au printemps.

Quoi qu’il en soit, l’espèce se multiplie très rapidement en été, et pullule à tel point que les amandiers attaqués perdent leurs feuilles. Ces dégâts sont engendrés directement par les piqûres nutriciales sur les feuilles, et d’autre part indirectement par les déjections qui dans le cas de multiplications massives forment une couche de taches noires sur le limbe foliaire, et entravent la fonction chlorophyllienne. Dans ce cas, les feuilles jaunissent à leur face supérieure, elles chutent, la lignification des rameaux peut être compromise et par conséquent la récolte suivante peut être amoindrie. Jusqu’à présent, le ravageur n’a fait l’objet d’aucun essai de lutte dans le sud marocain, mais les traitements chimiques dirigés contre d’autres déprédateurs doivent pouvoir limiter sa pullulation.

Les pucerons

Trois espèces peuvent se développer sur amandier: Myzus persicae, Brachycaudus amygdalinus et Hyalopterus pruni. Seules les deux premières ont été rencontrées dans la région de Tafraout, elles sont susceptibles de causer entre mars et juin-juillet des dégâts importants mais difficiles à évaluer: M. persicae provoque une torsion des rosettes et un jaunissement des feuilles suivi de leur chute, B.amygdalinus entraîne l’enroulement, la crispation et la décoloration des feuilles. Leurs cycles évolutifs n’ont été décrits au Maroc que dans le Saïs (Fès et régions) considéré comme zone tempérée moyenne, alors qu’à Tafraout le climat étant de caractère aride pourrait être à l’origine de cycle différents qu’il faudrait déterminer en fonction de la nature des espèces hôtes secondaires, et des variations climatiques.

Dans les conditions actuelles, il est difficile d’établir un calendrier prévisionnel pour contrôler ces pucerons. Toutefois, des traitements préventifs en février, mars et avril pourraient réduire les populations printanières moyennant un bon choix d’aphicides spécifiques capables de préserver la faune auxiliaire.

Le Bupreste vert (Aurigena Unicolor)

C’est un Bupreste entièrement vert métallique doré, brillant de forme ovalaire, allongé (15 à 30 mm), peu convexe avec une ponctuation forte confluante sur le pronotum et les élytres.

Il détruit à l’état adulte les bourgeons, les jeunes pousses et même les pétioles des feuilles. A l’état larvaire, son corps plat, annulé apode est de texture molle et de couleur blanc crème avec un thorax très large et fortement dilaté: « larves en marteau ». Il semble que l’espèce soit un ravageur secondaire, elle ne fut observée à Tafraout que sur des sujets dépérissants et souffreteux au niveau du tronc, des racines et des branches dans lesquelles elle creuse des galeries plus larges et moins profondes. La biologie de l’espèce n’a pas encore été étudiée en détail.

Les Acariens

Parmi les acariens, ce sont surtout les Tétanyques et les Eriophyides qui sont les plus inféodés à l’amandier.

Les dégâts des Tétanyques sont caractéristiques: décoloration des feuilles qui deviennent brunâtres, jaunes ou gris plombés réduisant considérablement l’assimilation chlorophyllienne; leurs infestations sont le plus souvent repérées par la présence de toiles tissées sur les feuilles. L’espèce la plus courantes dans la région est l’acarien brun Bryobia rubrioculus. Sa femelle (0,65 mm) a un corps brun strié, la partie supérieure est légèrement bombée avec un rebord saillant, elle est ornée de soies courtes et spatulés. L’oeuf est sphérique (0,17 mm), lisse, rouge foncé. La couleur de la forme larvaire varie avec la nutrition du brun clair au vert olive foncé.

L’espèce peut être rencontrée en climat chaud dans toutes les communes de Tafraout; ses dégâts peuvent être spectaculaires en été. Les œufs d’hiver éclosent à partir du printemps selon la température et les nouvelles larves rouges, s’installent sur les feuilles pour se nourrir. A la fin de chaque stade larvaire, elles quittent les feuilles et descendent sur les rameaux pour une courte diapause. Il y aurait plusieurs générations chevauchantes entre mai et août-septembre. La lutte contre cet acarien a pour but de maintenir la population à un niveau économiquement tolérable. Elle n’a donc lieu que lorsque les moyens naturels de limitation sont insuffisants. Une pulvérisation très soignée est alors envisageable dès l’apparition des premières larves issues des œufs d’hiver en diapause.

D’autres Tétanyques peuvent également être rencontrés notamment Tetranychus turkestani (jaune vert avec plusieurs taches noires de grandeur différente sur le dos) et Tetranychus urticae ou acarien tisserand- brun rouge.

Quant aux Eriophyides, ils sont moins répandus dans la région. Ce sont des acariens vermiformes, de petite taille, allongés et striés, avec deux paires de pattes. Deux espèces peuvent attaquer l’amandier: Aceria phloecoptes et Eriophyes padi, dont les piqûres produisent des galles irrégulières autour des bourgeons empêchant leur formation.

Prof. Abdeslam BENAZOUN
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Complexe Horticole d’Agadir

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