Situation actuelle du TYLCV au Maroc
Dans le Souss, les cultures de tomate sous serre ont été infectées par le TYLCV à des niveaux de 5-10 % (automne 1999) et 100% (printemps-été 2000). A l’automne 2000, le taux d’infection de la tomate sous serre par le TYLCV dans le Souss avait déjà dépassé 20% dans beaucoup d’exploitations et beaucoup de serres ont dû être replantées. Il est donc possible d’affirmer que la situation du TYLCV dans le Souss durant la campagne 2000-2001 sera plus grave qu’en 1999-2000, et ce malgré les mesures préventives et curatives prises par les producteurs.
L’intensité de l’inoculum dans le Souss était beaucoup plus importante en été 2000 qu’en été 1999. Évidement, la majeure partie des plantations précoces sont faite pendant l’été, durant une période qui chevauche avec les arrachages de l’ancienne culture, pas nécessairement dans la même exploitation. Les mouches blanches quittent alors les vieilles cultures très infectées par le TYLCV en fin de cycle et arrivent à infecter les nouvelles plantations à un stade jeune de la plante et qui est très vulnérable au virus.
Quelles plantes hôtes pour le TYLCV ?
Outre la tomate (Lycopersicum esculentum), d’autres espèces cultivées ou sauvages peuvent être infectées par le TYLCV. Parmi les cultures hôtes au TYLCV, le piment (Capsicum annum) est très sensible a une certaine espèce du TYLCV. Le TYLCV-IL a été également décrit sur haricot (Pahseolus vulgaris). D’ailleurs, la prolifération de cette maladie sur haricot en Espagne en 1999 a été corrélé avec l’expansion de cette espèce, puisque TYLCV-SAR n’a jamais été identifiée sur haricot.
En dehors des plantes cultivées, le TYLCV infecte un certain nombre de plantes sauvages comme le Datura (Datura stramonium), la morelle noire (Solanum nigrum) et d’autres espèces qui hébergent aussi le TYLCV (Cynanchum acutum, Malva parviflora et Malva nicaensis).
Il ne fait aucun doute que la flore sauvage (Photo 2, voir fichier PDF) dans les zones de production de tomate mérite une attention particulière. En effet, la lutte contre le TYLCV doit intégrer non seulement l’élimination des plants de tomate, de piment ou d’haricot infectés mais aussi des plantes spontanées qui souvent assurent le relais pendant des périodes de vide sanitaire dans certaines régions.
Est ce que les épidémies de TYLCV sont à craindre dans toutes les régions du Maroc ?
Le développement de Bemisia est très dépendant de la température mais ceci ne diminue pas de l’importance des autres facteurs comme par exemple la plante hôte qui agit sur la longévité et la fécondité des adultes. Les potentialités de développement de Bemisia dans différentes zones climatiques du Royaume sont différentes.
Dans les régions du littoral atlantique et principalement dans le Massa, les hivers sont doux et Bemisia arrive à se développer d’une manière continue même à l’extérieur des serres, avec un ralentissement très important du développement pendant les mois les plus froids. Le cycle de développement s’accélère des que les températures s’améliorent à partir du début printemps. D’ailleurs, plus de 80% des générations annuelles de Bemisia sont produites pendant le printemps et l’été dans le Souss. Dans de telles conditions favorables au développement de Bemisia, l’espèce s’installe d’une manière durable dans les différents agro-écosystèmes que ça soit en plein champ ou en sous abri. En présence de sources de TYLCV, la lutte contre le vecteur devient alors difficile car l’éradication du virus devient aléatoire.
Dans les plaines de l’intérieur, où les conditions de températures sont rigoureuses en hiver, le développement de l’insecte ne peut être continu pendant toute l’année. Bemisia passe par une période d’hibernation sur des plantes hôtes capables de garder les feuilles pendant l’hiver. Bemisia n’a pas de stade particulier d’hibernation et peut survivre à des températures supérieures à 0°C. Les températures inférieures à 0°C sont létales pour Bemisia. Dans les conditions des plaines de l’intérieur (Sais et Tadla par exemple) le nombre de générations est beaucoup plus faible que dans les régions du littoral.
Le TYLCV, si il est disséminé vers les plaines de l’intérieur, peut se conserver pendant l’hiver soit dans des pupes de Bemisia en hibernation soit dans les plantes réservoirs. Même dans ces conditions, l’intensité de l’inoculum est significativement amoindrie chaque année en hiver, et donc les épidémies de TYLCV dans ces régions n’atteindront pas les dimensions des épidémies en régions du littoral. Dans ces régions, la lutte contre le TYLCV par des mesures phytosanitaires adaptées est possible.
Dans le cas particulier du Souss, les hivers sont doux et la mouche blanche est active pendant toute l’année, avec des périodes intenses de développement de Bemisia au printemps et en été, et des périodes de développement ralenti en automne et en hiver. Ce développement continu de Bemisia, couplé avec une omniprésence de la culture de tomate pendant toute l’année avec des sources abondantes de virus, risque de compliquer le problème TYLCV/mouche blanche dans la région du Souss. Sur ce seul plan, une stratégie régionale rigoureuse, instaurant un vide sanitaire à l’échelle de ces zones, peut contribuer à une solution durable du problème dans le Souss. Évidement, une telle mesure doit être accompagnée d’une élimination des autres sources de virus que ce soit dans les ad-ventices (Datura, morelle noire, mauves..) ou les plantes cultivées (tomate, piment, et haricot).