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jeudi, novembre 21, 2024

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L’Orobanche: gestion dans la culture des légumineuses alimentaires

Lutte chimique

Des herbicides, des désinfectants du sol, des stimulants de la germination et des anti-transpirants ont fait l’objet d’études et de recherches pour la lutte contre l’orobanche. Des résultats intéressants ont été obtenus et se présentent comme suit:

Herbicides

Depuis une trentaine d’année, plusieurs herbicides appartenant à différentes familles ont été testés pour lutter contre l’orobanche dans différentes cultures. Mais peu ont donné une efficacité acceptable.

Le résultat spectaculaire a été obtenu au Maroc avec le glyphosate, utilisé contre O. crenata dans la culture de fève. Ce produit est un herbicide systématique total transloqué par le xylème et le phloème du feuillage jusqu’aux racines de la plante hôte. L’efficacité de cet herbicide a été confirmée dans plusieurs pays.

Le glyphosate est aussi utilisé dans les cultures de lentille et de petit pois pour lutter contre l’orobanche, mais à des doses réduites que celles appliquées dans les fèves, soit 2 fois 40 g/ha au stade tubercule du parasite.

La technique d’application de cet herbicide sur fève consiste à pulvériser une dose de 60 g matière active dans 500 l d’eau/ha au moment de l’apparition du stade tubercule de l’orobanche, ce qui correspond approximativement au stade floraison de la fève. Ce premier traitement doit être suivi d’un deuxième, 15 jours plus tard. Le produit est plus efficace s’il est utilisé au stade formation des tubercules. Dépassé ce stade, la sensibilité envers le glyphosate est moins forte.

La phytotoxicité du glyphosate a été étudiée dans la culture de fève: le produit est phytotoxique à des doses supérieures à 120 g m.a/ha.

Vu la phytotoxicité du glyphosate dans certaines cultures, le gène donnant tolérance à cet herbicide a été découvert et a été introduit dans certaines cultures sensibles telles que la tomate et le tabac. De ce fait, l’utilisation du glyphosate dans ces cultures sensibles à l’orobanche est devenue pratique.

Les herbicides du groupe des imidazolinones ont donné des résultats satisfaisant pour le contrôle de l’orobanche en application de pré-levée et post-levée. Au Maroc, ces derniers contrôlent O. crenata sur fève par l’utilisation en pré-levée de l’imazethapyr (100 g m.a/ha) ou l’imazaquine (25 g m.a/ha).

Désinfectants du sol

Contrairement aux herbicides, les désinfectants du sol sont onéreux. Cependant, avec cette technique on contrôle aussi d’autres adventices et les nématodes. Parmi les produits qui ont donné des résultat prometteurs on peut citer:  Methylbromide à 350 – 500 kg/ha, Dibromide d’éthyle à 80-160 l/ha et Dazomet à 25- 50 kg/ha.

Stimulants de la germination

Les composés stimulants de la germination de l’orobanche analogues au strigol tels que « GR7 », « GR24 » et l’éthylène, induisent la germination des graines dans le sol. Ainsi, la germination des graines sans la présence de racines de la plante-hôte contribue à la réduction du stock de semence du parasite dans le sol. C’est ce qu’on appelle « la germination suicide ». Actuellement, la technique est au stade de recherche.

Lutte intégrée

Pour un bon contrôle de l’orobanche, il est recommandé de dresser un programme de lutte intégrée introduisant à la fois la lutte culturale, biologique et chimique; car jusqu’à présent aucune méthode de lutte contre l’orobanche, utilisée séparément, n’a donné un contrôle à 100%.  Avec des combinaisons de ces méthodes, dans un même paquet technique, on parviendra à avoir une lutte plus efficace. Cette approche intégrée doit tenir compte des systèmes de production de la région et doit être économiquement rentable.

Des essais de lutte intégrée contre l’orobanche dans la fève ont été réalisés au Maroc. Cette lutte associe l’utilisation d’herbicides tels que le glyphosate ou imidazolinones (notamment l’imazethapyr ou l’imazaquine), un semis légèrement tardif et des variétés ou lignées résistantes. Afin de réduire le stock semencier d’orobanche dans le sol, l’arrachage et l’incinération des tiges émergées est recommandé comme complément aux autres méthodes.

En Syrie, des travaux sur O. crenata sur lentille, le pois chiche et le pois ont permis de développer une approche de lutte intégrée reposant sur l’utilisation d’un herbicide du groupe imidazolinones avec un semis tardif.

Conclusion

Les recherches entreprises sur l’orobanche sont assez nombreuses, notamment sur celles parasitant les cultures les plus importantes. Elles ont permis de mieux comprendre comment gérer cette plante parasite des légumineuses alimentaires.

Au niveau de la lutte chimique contre l’orobanche, le glyphosate n’a pas pu être adoptée par les agriculteurs malgré qu’il a été développé, il y a plus de quinze ans, au Maroc. Une étude récente a montré qu’il y a des contraintes au niveau de la technique d’application et en particulier le stade d’application. De ce fait, la recherche d’autres herbicides performants et dont l’application est simple s’impose pour remédier à cette faille et d’élargir la gamme de choix.

Cependant, la voie génétique et la meilleure méthode de lutte contre ce fléau. Ainsi, la recherche dans ce domaine nécessite de trouver des sources de résistances stables et transférables aux variétés productives.

Enfin, la lutte contre l’orobanche par l’utilisation d’une seule technique de lutte, que ce soit culturale, biologique, physique ou chimique reste une solution insuffisante. Seule une combinaison de différentes méthodes, élaborées dans un programme de lutte intégrée selon les situations, pourrait atténuer voire éradiquer cette plante parasite.

Procédure de lutte chimique contre l’orobanche

Produit et matière active: Glyphosate Produit commercial: Round-up

Dose par traitement: La quantité de bouillie préconisée par hectare est de 500 litres (33 pulvérisateurs de 15 litres) contenant 165 ml de Round-up à 36 % de matière active (soit 5 ml de round-up par pulvérisateur).

Nombre de traitements: Deux traitements espacés de 15 jours.

Date du premier traitement:

– En général, début floraison.

– Pour s’assurer du moment exact du premier traitement, un diagnostic sur le terrain est nécessaire pour déterminer le moment d’apparition des tubercules et/ou des petits bourgeons su les racines de fève ou de féverole, qui correspond à la date du premier traitement.

Examen des racines

Prélever soigneusement des échantillons de plantes avec leurs racines deux fois par semaine avant la floraison de la culture et les rincer avec l’eau dans un sceau. Les tubercules sont de couleur jaune-orange contrairement aux nodosités des légumineuses qui sont blanchâtres. Dès qu’il y a apparition de tubercules sur les racines, il faut déclencher le traitement.

Par  Abdellah ZEMRAG
Institut National de la Recherche Agronomique

Activités du projet ConserveTerra

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