L’eau: un facteur de production agricole Rare et chère
L’eau constituera la principale ressource limitant le développement dans le bassin Méditerranéen à partir du début du 21ème siècle. Le Maroc, avec le développement économique et social qu’il connaît, sera confronté à un grand défi: la rareté de l’eau.
Les ressources en eau au Maroc sont potentiellement limitées. Les eaux mobilisables par les moyens technologiques actuels s’élèvent à 21 milliards m3. La concurrence sur ces ressources ne cesse de se sentir plus amplement entre les différents secteurs utilisateurs, à savoir l’agriculture, l’eau potable et l’industrie. Le secteur agricole, grand consommateur avec 92% des eaux mobilisées est ainsi appelé à utiliser à bon escient l’eau d’irrigation à travers une meilleure valorisation technique, économique et sociale de cette ressource et, surtout, sa préservation pour les générations futures.
En plus de la rareté imminente de la ressource hydrique, la mobilisation de l’eau agricole (comme d’ailleurs pour les autres secteurs) nécessite de lourds investissements, consentis jusqu’à présent par l’Etat. Pour les mobilisations futures, la contribution des utilisateurs privés ne tardera pas à s’imposer.
Aussi, les sécheresses successives qui ont sévi durant les deux dernières décennies laisse penser que le déficit pluviométrique est une donnée structurelle de notre pays.
Il s’en suit que le sous-secteur irrigué aura un rôle de plus en plus important pour une plus grande participation à la sécurité alimentaire et subvenir aux besoins de plus en plus pressants et importants, en quantité et en qualité, des exportations marocaines. Ce sous-secteur est donc appelé à produire plus et mieux, avec la même quantité d’eau disponible, sinon avec moins, et ce, tout en préservant le patrimoine productif comprenant aussi bien le milieu (la terre avec sa fertilité et sa viabilité) que le principal facteur de production qui est l’eau d’irrigation (disponibilité de la ressource, viabilité des réseaux de transport et de distribution).
Partant de ces considérations, la notion de valorisation de l’eau d’irrigation requiert des dimensions multiples et plus larges: (i) la dimension de l’optimisation et de la fiabilité des systèmes de production actuels; (ii) la dimension de la productivité, de la rentabilité et de la compétitivité; (iii) et la dimension de la durabilité, de la viabilité et de la sauvegarde du patrimoine productif.
La valorisation de l’eau d’irrigation, notamment par les productions végétales constitue un exemple concret qu’il est important d’analyser afin d’en tirer les enseignements utiles pour une redéfinition de la politique agricole dans le sous-secteur de l’irrigué.