Fertilisation azotée des blés en irrigué
Fertilisation en culture irriguée
– La pratique de l’irrigation implique des rendements plus élevés, donc des exportations plus importantes ce qui peut conduire plus rapidement à l’apparition de carences nouvelles auxquelles il faudra veiller.
- La teneur des eaux d’irrigation peut modifier également l’équilibre de la nutrition minérale de la plante (eau riche en Mg par exemple).
- Elle implique souvent des pertes plus importantes par lixiviation.
- Elle accroît la minéralisation de la matière organique (minéralisation moins tributaires des fluctuations saisonnières du climat).
- Elle régularise l’absorption des éléments en maintenant des conditions hydriques favorables et justifie, dans le cas de l’azote surtout, le fractionnement des apports.
- Elle permet de modifier la pratique de la fertilisation par l’emploi d’engrais liquides.
Production de matière sèche
La production de la matière sèche du blé est affectée d’une manière hautement significative par l’apport de l’azote, elle a varié entre 80 et 160 qx/ha (Figure 5, voir fichier PDF). Elle augmente de façon proportionnelle à la quantité d’azote appliquée tant que les conditions ou facteurs du milieu restent favorables. En irrigué au Tadla, un apport supérieur à 160 kgN/ha n’a pas engendré des augmentations nettes de la biomasse aérienne sur les variétés Tegyey 32 et Marchouch 8.
L’élaboration de la matière sèche est aussi très dépendante de la date d’apport de l’azote. Les études menées dans ce sens ont montré que les apports précoces permettent l’obtention d’un rendement élevé en matière sèche totale. C’est ainsi que, généralement, l’apport bloqué au stade A (120 à 160 Kg N/ha) a produit une quantité de matière sèche significativement supérieure à celle produite par la même dose fractionnée en deux apports (au stade A et au stade B). La matière sèche totale est étroitement corrélée aux quantités d’azote apportées jusqu’au stade B. Les coefficients de corrélation sont très hautement significatifs, aussi bien pour Nasma 149 que Tegyey 32.
En irrigué au Gharb, l’apport tardif d’azote n’a pas amélioré le rendement en matière sèche totale. Aussi, la production de la matière sèche totale est très dépendante de la quantité d’azote absorbée, le métabolisme de l’azote et celui du carbone étant deux processus interdépendants. Ceci peut être confirmé par des corrélations hautement significatives entre l’azote absorbé à la maturité et la matière sèche totale (Figure 2, voir fichier PDF).
Assimilation de l’azote
Durant la phase « levée-stade A », l’absorption de l’azote est faible et dépend des conditions de l’environnement et du niveau de fertilité du sol. A partir du début tallage, les besoins augmentent. La phase « stade B-anthèse » est une phase à grand besoin du fait de l’existence d’une certaine compétition entre la croissance reproductive (élaboration des composantes de l’épi) et la croissance végétative (production de matière sèche). Le taux d’accumulation de l’azote durant cette phase est 1,7 à 2,6 Kg N/ha/j pour Marzak et Marchouch 8. La quantité d’azote absorbée avant l’anthèse représente 70% à 80% de l’azote total assimilé (Figure 6, voir fichier PDF).
Les quantités d’azote absorbées sont proportionnelles aux quantités d’azote apportées. La quantité absorbée en irrigué est en moyenne de 150 kg N/ha, elle varie pour le témoin entre 36 et 129 kg N/ha alors que pour les traitements fertilisés, elle est de 62 à 267 kg N/ha. Les quantités moyennes d’azote assimilées sont comparables pour Marzak et Marchouch, soit respectivement 153,9 et 155,5 kg/ha.
Quant à l’effet fractionnement de l’azote, la supériorité de l’apport bloqué au stade A par rapport à la même dose fractionnée en deux apports au stade A et au stade B a été confirmée. Les faibles absorptions réalisées par la dose fractionnée sont dues à la réduction relative de la surface foliaire en début de cycle par rapport à la dose non fractionnée. Des conditions climatiques favorables en fin de cycle s’avèrent déterminantes pour l’assimilation tardive de l’azote par le blé; dans de tels cas, les quantités absorbées pour les fractionnements sont au moins comparables à celles de l’apport bloqué au stade A.
La production de matière sèche plus importante en irrigué fait que la dilution de l’azote des grains est plus grande. Il en résulte des teneurs en N des grains généralement plus faibles en irrigué par rapport à ce qui a été obtenu dans le Bour. Celles-ci ont varié entre 18,0 g/kg au Gharb et 20,2 à 22,0 g/kg au Tadla. En irrigué, la teneur en azote du grain varie proportionnellement aux doses d’azote apportées, les teneurs les plus faibles ont été observées pour les témoins sans azote. La teneur en azote des grains dépend aussi de la date d’apport d’azote, il y a une supériorité de la dose fractionnée (stade A et stade B) par rapport à l’apport bloqué au stade A en matière de teneur en azote des grains.