La culture de tomate de primeurs, produit leader à l’exportation, a connu de fortes mutations technologiques au cours des dix dernières années pour s’adapter aux exigences de qualité et de calendrier imposés par les marchés, et permettre de relever le défi de la compétitivité par rapport aux autres origines concurrentielles.
Ces mutations se sont manifestées sur le plan de la production, notamment par la reconversion d’une grande partie des cultures de plein champ, qui ont été réduites de 70 % en l’espace de 10 ans, passant ainsi de 4.850 ha en 1988-89 à 1.500 ha en 1998-99. La culture de la tomate sous abris-serres, qui permet l’adoption de techniques culturales plus appropriées, a été multipliée par 2,2 fois pendant la même période pour atteindre 3.700 ha en 1998/99 contre 1.680 ha en 1988/89.
La production globale de tomate de primeur est passée de 307.000 t en 1988-89 à 560.000 t en 1998-99 enregistrant ainsi une augmentation de 85 %. La tomate sous serre intervient actuellement pour 85 % dans la production globale contre 47 % en 1988/89.
Les efforts d’adaptation et de modernisation en matière de techniques de production, de conditionnement et de commercialisation ont permis un doublement des exportations entre la période 1980-90 (100.000 t/an) et la période 1996-99 (200.000 t/an).
EXIGENCES PÉDO-CLIMATIQUES
La tomate « Lycopersicum esculentum Mill » appartient à la famille des solanacées, d’origine tropicale (Amérique latine). Elle a des exigences particulières: sensible au froid, craint beaucoup le gel et les vents chauds (chergui) et très exigeante en température.
Température
La température est le facteur le plus déterminant dans la production de la tomate. Celle-ci réagit énormément aux variations thermiques.
Les basses températures (<10°C) ralentissent la croissance et le développement des plantes, entraînant un raccourcissement des entre-noeuds et la formation d’un feuillage abondant au détriment de la production. Une température basse peut entraîner aussi des ramifications des bouquets, difficultés de nouaison et formation des fleurs fasciées. Au dessous de 17°C, le pollen germe mal, surtout si l’humidité est faible.
Par contre, les températures élevées favorisent la croissance de la plante au détriment de l’inflorescence qui peut avorter. La persistance d’un temps chaud et sec (chergui) peut entraîner un allongement anormal du pistil, rendant ainsi une auto-pollinisation difficile.
Au dessus de 30°C, le lycopène, pigment responsable de la couleur rouge de fruit ne se forme plus. C’est le pigment b carotène qui se forme donnant ainsi une coloration jaune-orange au fruit. Les températures optimales sont:
Températures diurnes: 20-25°C
Températures nocturnes: 13-17°C
Température du sol: 14-18°C
Cependant, sous les conditions marocaines, ces valeurs sont difficiles à réaliser, malgré l’utilisation des abris-serres. La culture de tomate qui s’étale sur une période de production d’environ 10 mois passe au minimum 3 mois sous des conditions défavorables (températures basses). Une mauvaise aération et le manque d’étanchéité peuvent accentuer la mauvaise maîtrise de la température à l’intérieur des abri-serres.
Humidité relative (HR)
Une humidité relative de 75 % est jugée optimale. Elle permet d’avoir des fruits de bons calibres, avec moins de gerçures et sans défaut de coloration.
Une HR trop élevée, couplée à une température élevée, entraîne une végétation luxuriante avec un allongement des entre-noeuds. Elle favorise aussi le développement des maladies, notamment le botrytis et le mildiou. L’aération matinale permet de réduire l’humidité de l’air et élimine les petites gouttelettes de condensation qui se forment sur la paroi du plastique.
En cas de temps sec, l’irrigation peut augmenter l’HR. En période de production (Oct-Mai), l’HR diurne reste généralement proche de l’optimum sauf dans le cas de chergui à Agadir où l’HR baisse en dessous de seuil.
Lumière
La lumière est un facteur écologique fondamental. Elle intervient dans de nombreux phénomènes physiologiques, notamment la photosynthèse.
La tomate est une culture neutre à la photopériode. Cependant, elle est exigeante en énergie lumineuse et un manque peut inhiber l’induction florale. La réduction de la lumière baisse le pourcentage de germination du pollen.
En temps couvert, la déhiscence des anthères est mauvaise. En revanche, le déficit de lumière est compensé par les températures élevées sous les serres (effet serre).
La transmission de la lumière est fonction du type de plastique utilisé. Elle est de 70 % pour le plastique anti-UV (2 étoiles) et de 65 % pour le plastique infra-rouge (thermique). Cette transmission diminue lors de la 2ème année d’usage, en raison des saletés et des dépôts de poussières. Dans ce cas, un lavage du plastique en 2ème année est conseillé pour améliorer son efficacité.
Structure et texture du sol
En général, la tomate n’a pas d’exigences particulières en matière de sol. Cependant, elle s’adapte bien dans les sols profonds, meubles, bien aérés et bien drainés. Une texture sablonneuse ou sablo-limoneuse est préférable.
Ph
La tomate est une culture indifférente au pH du sol. Le rendement varie peu avec la variation du pH. Cependant, sur des sols à pH basique (pH>7), qui sont d’ailleurs les plus rencontrés au Maroc, certains micro-élèments restent peu disponibles à la plante (Fe, Mn, Zn, Cu). La carence la plus fréquente est celle de fer, elle apparaît en général à un stade avancé de la culture. Dans ce cas, une correction ferrique par un apport d’engrais foliaire ou en fertigation est nécessaire.
Salinité
La tomate est classée parmi les plantes à tolérance modérée vis à vis de la salinité. Lorsque la conductivité électrique (CE) est de 4 mmhos/cm, soit 2,5 g/l de sels totaux, le rendement baisse de 10 %. Cependant, la baisse du rendement peut atteindre 25 % à une salinité de l’ordre de 4 g/l. L’impact de la salinité est plus grave sur le rendement export, suite à la réduction du calibre du fruit. A cet effet, un contrôle de la CE durant tout le cycle de la culture est indispensable. Le contrôle se fait au niveau des goutteurs (solution fille) à l’aide d’un conductimètre et elle doit être maintenue entre 1 et 2 mmhos/cm en fonction du stade de la culture et de la saison.