La nature des problèmes agronomiques
L’évaluation des écarts aux potentialités de production a montré que le principales contraintes agronomiques sont:
La non-maîtrise des techniques d’installation des cultures: presque la moitié des semences sont perdues (faibles taux de levée) à cause des lits de semences grossiers et de la non utilisation de semoirs et de rouleaux. Les agriculteurs ont trouvé la solution de facilité, qui est de forcer la dose de semis. Cependant, l’utilisation de semences sélectionnées est largement répandue (80 % des agriculteurs).
Une fertilisation non raisonnée en fonction des possibilités offertes par les sols et les précédents culturaux: richesse en minéraux (N, P et K) et dynamique de leur libération, pour l’azote notamment. Ceci se manifeste par des réponses assez variables et des dépenses parfois inutiles. Rappelons que le poste des engrais correspond à peu près au 1/3 des charges.
La non généralisation des traitements phytosanitaires: lutte chimique contre les mauvaises herbes et les maladies cryptogamiques. Il y a en moyenne une différence de 9 qx/ha entre ceux qui désherbent et ceux n’effectuent pas cette opération; et on peut gagner en moyenne 7 qx/ha si on applique des fongicides foliaires au bon moment.
Les attaques des moineaux posent d’énormes problèmes dans les Doukkala et la DPVCTRF devrait entreprendre un programme de lutte raisonnée et intégrée pour enrayer, ou du moins diminuer l’impact négatif de ce fléau.
L’amélioration de tout l’itinéraire technique constitue la clé de la réussite. Il s’agit de raisonner les techniques en fonction des objectifs de rendement à atteindre, en le décomposant en plusieurs étapes, par le biais des composantes de rendement et en tenant compte des interactions entre techniques et des compensations entre composantes. Exemple, si l’on dépasse une certaine densité de peuplement, de l’ordre de 350 à 400 pieds/m2, il faudra non seulement penser aux traitements fongicides et herbicides mais aussi, aux régulateurs de croissance pour éviter la verse.
L’apport des expérimentations par technique
Les expérimentations relatives à la fertilisation azotée
L’objectif de cette partie est l’élaboration de stratégies de fertilisation azotée du blé dur dans les Doukkala par: (i) Le suivi des états du peuplement végétal en vue de dégager les modèles d’élaboration du rendement, et (ii) la détermination de la dose d’azote à apporter pour atteindre un rendement visé donné.
Pour cela, on a installé huit essais en 1992-93 sur des parcelles d’agriculteurs ayant des fertilités initiales contrastées. La variété de blé dur MARZAK à été sujette à quatre traitements azotés: 0, 60, 120, et 180 kgN/ha.
L’effet « site » a été constaté sur l’ensemble des variables étudiées, notamment le rendement grain (Figure 1, voir fichier PDF). Les sites S1 (Zemamra) et S5 (Bennour) se sont distingués, en extériorisant les meilleures performances. Les rendements réalisés en moyenne, varient de 13 qx/ha sur S3 (Zemamra) à 71 qx/ha sur S1 (Zemamra). L’effet de l’azote à été très hautement significatif sur tous les sites excepté S1.
La décomposition du rendement en ses deux principales composantes a montré qu’une large gamme de variation du rendement grain (99%) peut être associée à la variabilité du nombre de grains/m2. Le poids de 1000 grains est peu variable et marque une diminution à des nombres de grains/m2 élevés. L’estimation du rendement à partir de la matière sèche au stade B est satisfaisante.
L’azote absorbé à la maturité a fortement varié entre sites de 46 kgN/ha sur S3-NO à 284 kgN/ha sur S1-N3 (Zemamra). Il permet d’expliquer 88% de la variabilité du rendement grain. L’efficience d’utilisation et le coefficient d’utilisation apparent de l’engrais sont respectivement 3,4 kgN/ql de grain et 67%.
La fourniture du sol, calculée par la méthode des bilans, se trouve fortement corrélée à l’azote absorbé par le témoin et à l’azote minéralisable par la méthode d’incubation anaérobique (NAN).
L’azote minéralisable (NAN) et l’azote nitrique initial sur une profondeur de 60 cm semblent de bons indices de la fertilité du sol, corrélés aux rendements. La teneur en matière organique liée à ces deux indices a été retenue comme critère simple de prévision de l’azote minéralisable au cours du cycle de la culture. C’est un bon indicateur pour la prévision de la dose d’azote optimale à apporter.
Le peuplement optimal et son obtention
Les travaux ont été menés dans deux stations expérimentales du périmètre irrigué des Doukkala: Zemamra et M’Touh. L’objectif est la recherche d’un peuplement optimal du blé dur ainsi que les modalités de son installation. A Cette fin deux essais ont été conduits en 1992-93 sur chacun des deux sites.
Les facteurs étudiés sont la densité de semis, avec les niveaux: 75, 150, 300, 450 et 600 graines/m2, et les modalités d’application du régulateur de croissance (Cycocel): (i) un témoin non traité, (ii) application au stade mi-tallage, (iii) application en début montaison, et (iv) Cycocel appliqué à la mi-tallage et en début montaison.
Les résultats obtenus montrent qu’à Zemamra, le peuplement optimal est d’environ 350 pieds/m2 (Figure 2, voir fichier PDF). Les rendements grains réalisés sont très élevés et hautement corrélés au nombre de grains/m2, au peuplement épi et au nombre de pieds/m2. A M’touh, les rendements obtenus ont été faibles à cause des conditions du milieu qui ont été défavorables. Ainsi, on n’a pas pu dégager une densité de semis optimale. Néanmoins, les rendements réalisés ont été hautement corrélés au nombre de grains/m2, au peuplement épi et au peuplement pieds.
La verse a été observée à Zemamra lorsque la densité dépasse 450 épis/m2. Elle a touchée 12% de la surface des parcelles non traitées. Les trois modalités d’application des régulateurs de croissance ont montré des efficacités comparables. Elles ont réduit la surface versée de 48 % et ont permis un gain de rendement de 2,8 qx/ha par rapport au témoin non traité. Nous considérons cependant que ce traitement ne vaut le coût que pour les agriculteurs très performants, qui visent des rendements de 75 à 80 qx/ha.
Pour le second essai, neuf séquences de travaux du sol ont été testées en 1992-93. Les résultats obtenus montrent que la réussite du semis dépend de la structure du lit de semence, de l’état sanitaire et de la profondeur de semis.
Les meilleurs taux de levée ont été réalisés par les séquences « CD + CC + rotavator + semoir + rouleau » et « CD + CC + herse alternative + semoir + rouleau » à Zemamra et par les séquences « Sous soleuse + CC croisé + semoir + rouleau », « CD + CC + rotavator + semoir + rouleau » et « CD + CC + herse alternative + semoir + rouleau » à M’touh.
Les taux les plus faibles ont été obtenus par la séquence « CC croisé + semis à là volée + CC » sur les deux sites. Les rendements réalisés par les différentes séquences ne sont pas statistiquement différents mais on note qu’à Zemamra, les séquences qui ont réussi un peuplement pieds élevé « Sous soleuse + CC croisé + semoir + rouleau », « CD + CC + rotavator + semoir + rouleau » et « CD + CC + herse alternative + semoir + rouleau » ont réalisés des rendements relativement élevés.