Recommandations
Conclusion générale et recommandations
Le coût élevé des systèmes d’engraissement des bovins à base de féverole et de sous produits classiques commence à mettre en question les avantages techniques de ces systèmes. Une valorisation des ressources nationales qui pourrait être économiquement intéressantes constitue une alternative à ces systèmes. Dans cette optique, le bon sens dicte la valorisation des aliments les plus disponibles à l’échelle nationale et qui permettent des performances zootechniques satisfaisantes et à moindre coût.
Dans ce sens, deux types d’aliments peuvent gouverner les systèmes alternatifs d’engraissement:
- Les sous produits conventionnels (ex: mélasse) ou non conventionnels (ex: fiente de volaille)
- Une substitution partielle ou totale du maïs grain ou autres concentrés par l’orge grain.
Ce travail a été réalisé pour répondre à la deuxième alternative.
A l’issu des deux essais réalisés, il s’est avéré que l’orge grain peut être très bien utilisée par les bovins à l’engraissement. Les deux rations à forte proportion d’orge (60 et 80% MS) semblent permettre des vitesses de croissance équivalentes à celles obtenues avec la ration moitié maïs moitié orge (40% MS pour chaque céréale). Les GMQ réalisés sont de 1,13; 1,15 et 1,23 kg/j respectivement. Les trois rations ont été consommées en quantités égales. Il s’en suit une efficacité d’utilisation des deux céréales comparable: 6,38; 7,57 et 6,96 kg MS/kg de gain pour les rations à 40, 60 et à 80% d’orge respectivement.
Concernant les carcasses produites, aucun effet significatif n’est trouvé sur les rendements. A part le gras de couverture qui a été plus abondant chez les animaux recevant de grandes quantités d’orge, l’état d’engraissement des carcasses est similaire entre lots sans qu’il soit excessif.
Du fait des prix élevés de l’orge (prix supérieur à celui du maïs) lors de l’accomplissement du présent essai, il s’est alors avéré que les rations les plus riches en orge engendrent les coûts alimentaires les plus élevés (statistiquement, la différence entre lots concernant les coûts alimentaires est non significative). Cependant, du fait que les performances des animaux sont similaires quelque soit le ratio orge: maïs étudié, l’éleveur sera recommandé d’introduire la céréale la moins chère.
En définitive, les résultats obtenus mettent bien en évidence et confirment l’intérêt qu’on doit porter à l’orge pour la finition des bovins surtout que l’intérêt économique est évident, du moins quand la production nationale d’orge est importante suite à une année pluvieuse et quand il s’agit aussi de substituer un ingrédient importé en devises (maïs).
Nous adoptons ces conclusions sous réserve d’une bonne maîtrise des conditions développées ci-après:
• L’introduction de l’orge dans une ration doit se faire progressivement. Une période d’adaptation de 15 jours est recommandée. Une telle recommandation est générale quelle que soit la ration à introduire; mais son importance est plus particulière dans le cas de l’utilisation de l’orge grain comme principale source d’énergie dans la ration;
• L’addition d’une substance tampon pour améliorer l’environnement ruminal et par la suite favoriser les phénomènes digestifs. Du fait que l’utilisation d’additifs alimentaires par l’éleveur marocain n’est pas encore développée, il serait alors convenable de distribuer la ration en deux ou trois prises par jour pour alléger la charge des sucres rapidement fermentescibles dans le rumen et stabiliser son environnement. Néanmoins, il est recommandé d’établir une stratégie d’utilisation des additifs (tampons, rumensin) dans les élevages d’embouche performants en vue d’améliorer les performances d’engraissement (amélioration de l’efficacité alimentaire de l’ordre de 10%);
• Equilibrer la ration en matières azotées et apporter suffisamment de grossier (10 à 12% MS au minimum).
En effet, il s’est avéré lors de cette étude que quelques taurillons ont cherché à consommer la paille avoisinant les mangeoires. Ceci est probablement dû au faible pourcentage de paille dans les rations utilisées (6% MS). Cette proportion de paille a été adoptée pour nous permettre d’introduire une grande proportion de céréales grains (orge et maïs), le tourteau, le CMV et le tampon. Les 4 ou 6% de paille à ajouter seraient à défalquer du pourcentage de céréale.
• Quant à la source protéique, elle peut être le tourteau (de tournesol ou autre), la féverole, etc., selon leur prix sur le marché. La quantité à introduire doit permettre d’obtenir une ration qui contient au moins 13% de MAT.
• Par ailleurs, il est aussi connu que l’éleveur marocain n’apporte pas de complémentation minérale. Pour le cas de rations riches en orge, il est conseillé d’apporter beaucoup plus un supplément de calcium pour limiter les risques de calculs urinaires, possibles quand les rations sont riches en céréales (les céréales étant riches en phosphore). Dans les conditions marocaines, l’utilisation de la poudre d’os serait l’une des sources de calcium les moins chères.
• Au terme de cette étude, il est apparu, du point de vue technique et économique, que l’incorporation de l’orge, de 40 à 80% de la ration, permet aux taurillons de réaliser des performances zootechniques satisfaisantes et similaires. La qualité de la viande n’est en général pas altérée. Le choix d’adopter un système alimentaire riche ou pauvre en orge ne doit être gouverné que par des raisons de disponibilité et de prix de cette céréale sur le marché.
Par Dr. Abdelilah ARABA et Boujemaâ IFKIRNE, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II