INSTALLATION PRÉCOCE DES CÉRÉALES
En se plaçant dans les zones de production des céréales, le système d’installation précoce d’un peuplement à la levée doit prendre en considération les composantes suivantes:
Exigences des céréales en matière de préparation du sol
La structure du lit de semences doit favoriser aussi bien l’imbibition que l’aération et le transfert de chaleur (température). L’imbibition des semences se fait par contact entre les semences et les éléments structuraux du sol. Cette surface de contact terre-graine dépend de la taille des semences et celle des agrégats. En effet, elle est faible dans une structure grossière, et elle tend vers un maximum dans une structure fine.
En ce qui concerne l’aération, on retrouve une situation antagoniste, d’où la recherche d’une structure optimale. De nombreux chercheurs ont tenté d’évaluer cet état structural optimal qu’ils ont généralement exprimé par une typologie des agrégats selon leur taille comparée à la taille des semences. En général, c’est le pourcentage des éléments structuraux ayant au plus la taille des semences qui détermine l’état structural recherché au niveau du lit de semences. Un lit de semences contenant 30% d’agrégats de taille inférieure ou égale à celle de la semence, crée un «bon» contact sol-graine. Pour d’autres chercheurs, c’est plutôt 50% d’agrégats ayant la même taille que la semence qui favorise la première phase d’installation. Nos travaux ont montré que la germination est maximale quand 60 à 70% des éléments structuraux du lit de semences ont les mêmes dimensions que celle de la semence. Les 30 à 40% qui restent, peuvent être constitués par des mélanges de terres fines (< 2 mm) et des agrégats de taille pouvant aller jusqu’à 2 à 3 fois la taille de la semence.
Ces résultats montrent qu’en général, la structure optimale est représentée par un «noyau» de 30% à 70% d’agrégats ayant des dimensions proches de celle de la semence ayant un noyau important de 50 à 70% formés d’agrégats ayant les mêmes dimensions que les graines des céréales (10 mm sur 3 mm), mélangée à des structures relativement grossières (10 à 30 mm) et des terres fines (< 2 mm).
En ce qui concerne la levée, la structure optimale du lit de semences adéquate pour la germination, permet également de combler les exigences pour la phase levée. En effet, un lit de semences grossier va créer une porosité d’aération importante favorisant la circulation de l’air et du flux d’énergie, dans certaines situations beaucoup plus qu’il est nécessaire, d’où le risque de dessécher le lit de semences.
Par contre, un lit de semences très fin favorise l’alimentation hydrique, mais risque de créer une asphyxie du coléoptile et des petites racines encore fragiles. Parallèlement, la préparation du lit de semences doit prendre en considération une autre condition très imputante qui est l’absence d’obstacle aussi bien pour la sortie du coléoptile que pour la pénétration des racines. La structure optimale doit minimiser le risque de former des agrégats grossiers (mottes) et le risque de créer une structure favorisant la prise en masse (battance, tassement).
En général, ces 2 types d’obstacles allongent la période d’émergence et peuvent arrêter la croissance du coléoptile lorsque la taille des éléments structuraux ou la cohésion entre les agrégats est supérieure à la force d’émergence. Le comportement du coléoptile devant ces obstacles, caractérise l’émergence hypogée des céréales.
En effet, après sa germination, la semence reste sur place (profondeur du semis) et c’est le coléoptile qui, par son anatomie et sa morphologie va, soit déplacer les mottes ayant un poids au plus égal à 25 à 30 g, soit les contourner pour ouvrir son chemin vers la surface. Ce n’est qu’en présence des grosses mottes ou de croûte de battance, ou en cas d’un semis relativement profond que cet organe peut ne pas atteindre la surface. La cause pourrait être l’épuisement du stock nutritif, la sécheresse, l’asphyxie ou les attaques parasitaires.
Cependant, comparées à d’autres espèces comme certaines légumineuses qui ont une levée épigée, les céréales peuvent être considérées comme relativement tolérantes aux lits de semence relativement grossiers à conditions que l’humidité ne soit pas limitante.
La réussite de l’installation des céréales doit donc combiner les exigences de la germination et celles de la levée. La structure optimale recherchée au niveau du lit de semences doit être suffisamment affinée avec 60 à 70% d’agrégats ayant des dimensions de l’ordre de 3 sur 10 mm (selon les dimensions de la semence utilisée) et 30 à 40% composés de terres fines (10%) et d’éléments structuraux ne dépassant pas 2 à 3 fois la taille de la semence. Un léger tassement doit être appliqué (par un rouleau) à ces mélanges structuraux pour assurer un meilleur contact sol-graine. Les obstacles mobiles (les mottes) ayant le volume ou la masse critique, ainsi que les obstacles non-déplaçables (battance, tassement) sont à éviter.