Dans le présent travail, une carte représentant quatre zones potentielles pour la culture du Pistachier au Maroc a été établie. Ces zones longent la chaîne montagneuse de l’Atlas et couvrent une vaste étendue du territoire national. Les risques de la non satisfaction des besoins en froid ainsi que les disponibilités en eau d’irrigation complémentaire sont à prendre en considération lors de la réalisation des choix des zones et des sites.
INTRODUCTION
Le pistachier est un arbre dioïque appartenant à la famille des Anacardiaceae. L’étude monographique du genre Pistacia montre que ce genre comprend 4 sections et 11 espèces. Pistacia vera est la seule espèce produisant des fruits comestibles. Il est probablement originaire d’Asie centrale. En 1985, la production mondiale de pistache a été de 127.000 t. L’Asie est la principale région de production, elle détient 85% de la production mondiale. Les principaux pays producteurs sont l’Iran (55%) et la Turquie (20%). La pistache est riche en huile (48.3-58.3%), en protéine (19.4-28.9%) et relativement pauvre en sucre (6.1-8.4%). La production moyenne par arbre sur une durée de 12-15 ans varie de 56.5 kg/an (poids frais) pour le cultivar « Kerman » à 11 kg pour « Red Aleppo ».
Au Maroc, le pistachier est présent à l’état spontané sous diverses conditions pédo-climatiques. Il se trouve représenté par des espèces sauvages et en particulier Pistacia atlantica, P. terebinthus, P. Lentiscus. L’aire du P. atlantica au Maghreb, et plus particulièrement en Algérie, a été décrite par Monjauze (1968). Le pistachier fruitier, bien que cultivé depuis des siècles dans la zone méditerranéenne, n’a été introduit au Maroc que vers le milieu du XXème siècle. Ces dernières années on assiste à une expansion de la culture du pistachier à travers le Maroc, répondant ainsi aux objectifs de développement des zones arides et semi-arides ainsi qu’à la préservation des sols contre l’érosion. Actuellement, la superficie plantée est estimée à 200 ha.
La présente étude a pour objet de délimiter les zones potentiellement favorables à la culture du pistachier au Maroc. Cela permettait de mettre à la disposition des horticulteurs et des planificateurs un outil facilitant le choix des sites adéquats pour la plantation de cette essence fruitière, sous réserve que les régions ne soient pas déjà utilisées de façon plus rentable.
EXIGENCES PEDO-CLIMATIQUES DU PISTACHIER
Afin de permettre la levée de dormance des bourgeons il est nécessaire que les besoins en froid du pistachier soient satisfaits. Les valeurs rapportées par la littérature varient selon les cultivars et les régions. Elles sont comprises entre 200 et 1000 heures de froid < 7°C. Considérant qu’au Merbein et au Wagga (Australie) où des minima moyens de 3-4°C ont été enregistrés et où les besoins en froid semblent être adéquats, MAGGS (1973) a recommandé de retenir l’isotherme 5°C comme limite pour la culture du pistachier. Par ailleurs, l’isotherme 2°C est retenue pour la délimitation des zones à vocation pistachier en Algérie. Il faut noter que cette espèce supporterait des températures de -17°C à -30°C. Cependant, cette espèce reste très sensible aux gelées printanières qui détruisent les fleurs.
Plusieurs symptômes semblent résulter d’une insuffisance en froid chez le pistachier. En cas d’hiver doux, le symptôme prédominant consiste en un développement incomplet des feuilles et des folioles. Un retard, une irrégularité de la floraison et de la feuillaison et une apparition de noix sur les pousses de l’année ont également été rapportés en cas d’insuffisance de froid.
En Iran (Kerman), en Turquie (Gazaintep) et en Syrie (Alep) le pistachier est planté respectivement à environ 1800, 900 et 400 m d’altitude. Le pistachier se trouve également planté à 250 m d’altitude en Sicile (Palerme) et même à 100 m en Californie (Fresno). Il semble que des altitudes comprises entre 600 et 1200 m permettent un meilleur développement du pistachier.
L’une des principales caractéristiques du pistachier est sa très grande résistance à la sécheresse. Cependant, la production reste étroitement liée à la quantité d’eau disponible. Au niveau des principales zones de culture où le pistachier est cultivé en sec, les pluviométries annuelles sont de 350 mm à Alep (Syrie) et de 420 mm à Gaziantep (Turquie). Le Pistachier semble également pousser sous une pluviométrie de moins de 127 mm au Sud et à l’Est de l’Iran et de 200 mm à Sfax, au sud Tunisien. En général des cultures très rentables ne sont pas à espérer en dessous de 400 mm de précipitations si des irrigations ne sont pas mises en place sauf en cas des sols légers et de forte hygrométrie. On peut retenir les isohyètes 200 et 500 mm pour délimiter les zones à vocation pistachier en Algérie.
Des étés secs et chauds sont nécessaires pour la maturation des pistachiers. En Syrie (Alep), la température maximale moyenne est de 36°C, avec des exceptions si les mois de Mai et Septembre sont rigoureusement secs. Si les expositions chaudes, ensoleillées et aérées sont considérées comme indispensables à la culture de cette espèce, le Maxima moyen de température recommandé par MAGGS (1973) est de l’ordre de 32°C.
Bien que le pistachier se trouve planté sur une large gamme de sols, cette espèce est réputée être gypso-calcicole préférant des sols profonds et bien drainés. Il faut également noter que le pistachier tolère des conditions de salinité et peut ainsi valoriser de larges zones des régions arides et semi-arides où le problème de salinité se pose avec acuité.
Enfin, il faut retenir que les zones de culture de l’olivier et de l’amandier paraissent être favorables à la culture du pistachier.