ZONES A VOCATION PISTACHIER AU MAROC
La présente étude a été réalisée dans la partie Nord du Maroc où sont représentées les principales régions naturelles du pays. Les facteurs climatiques et plus particulièrement les températures et les précipitations ont constitué les données de base qui ont servi à la délimitation des zones à vocation pistachier. L’altitude a également été retenue comme critère de séparation.
Compte tenu des exigences climatiques du pistachier, le choix des paramètres a été basé essentiellement sur la satisfaction des besoins en froid tout en assurant des étés chauds pour la maturation des fruits. En ce qui concerne les besoins en eau, les décisions sont à prendre, pour chacune des localités, non seulement en fonction des précipitations mais également selon les possibilités d’irrigation, l’hygrométrie de l’air et le type du sol. Ainsi, les critères retenus ont été les suivants:
- Isothermes 2 et 4°C comme indicateurs des températures minimales moyennes des mois les plus froids.
- Isothermes 30 et 36°C comme indicateurs des températures maximales moyennes des mois les plus chauds.
- Isohyètes 150, 300 et 600 mm des précipitations moyennes annuelles.
Partant du principe que la satisfaction des besoins en froid est primordiale quant à la délimitation des zones à vocation pistachier, et que les autres facteurs tels que les possibilités d’irrigation et le type de sol sont à analyser ultérieurement en fonction des disponibilités, quatre zones ont été retenues sachant que les surfaces utiles sont situées entre les courbes de niveaux altitudinales: 500 et 1500 m (voir carte figure 1).
D’une façon générale, les régions à vocation Pistachier longent la chaîne montagneuse de l’Atlas. Les Zones I et II (Figure 1) semblent être les zones de premier choix pour la plantation du Pistachier étant donné les fortes chances de satisfaction des besoins en froid de cette espèce.
Cependant, les apports complémentaires d’eau restent nécessaires dans le cas des plantations au niveau de la zone II. Les zones III et IV peuvent également être considérées comme zones à Pistachier mais dans ces régions les risques d’insuffisance du nombre d’heures de froid existent. D’ailleurs, dans la région de Aïn Taoujdate, (Zone III) nous avons observé chez les Pistachiers en place, des symptômes caractérisant une insuffisance en froid. Enfin, et comme pour la zone II, la culture commerciale du Pistachier au niveau de la zone IV nécessite un apport complémentaire d’eau.
CONCLUSION
La présente étude montre que le Pistachier peut couvrir de vastes étendues de part et d’autre de la chaîne montagneuse de l’Atlas, partant du Sud-Ouest du pays et allant jusqu’aux frontières Nord du Maroc avec l’Algérie. Il est à noter que les régions de Maghnia et d’El Aouedj (Tlemecen), se trouvant à l’Est d’Oujda au Nord-Est de la frontière algéro-marocaine, et classées comme zones favorables à la culture du Pistachier répondent aux caractéristiques de la zone I délimitée dans la présente étude.
La carte établie permet de distinguer quatre zones au sein desquelles le choix doit prendre en considération les risques de la non satisfaction des besoins en froid ainsi que la disponibilité en eau d’irrigation complémentaire. Un fois que la région est considérée comme favorable, le choix définitif devra encore tenir compte des exigences pédologiques du Pistachier, à savoir des sols légers, perméables et pourvus de calcaire. Il reste à noter que le choix du matériel végétal à planter est d’une extrême importance. Ainsi, la plantation de variétés à faibles besoins en froid permettra non seulement de réduire les risques de la non satisfaction de ces besoins au niveau des zones III et IV mais également de planter à des altitudes encore plus faibles que celles retenues pour la réalisation de la présente étude et par conséquent étendra davantage les zones à vocation Pistachier au Maroc. Enfin, les eaux saumâtres peuvent également être exploitées surtout au niveau des zones II et IV où des irrigations complémentaires sont de toute façon nécessaires.
Pour en savoir plus
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Par Dr. A. Abousalim et E.M. Kalli, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II