DÉPENDANCE DU SECTEUR HALIEUTIQUE MAROCAIN DU MARCHE INTERNATIONAL
Tendances mondiales de la demande des produits halieutiques
Le commerce international du poisson et des produits de la pêche a augmenté ces dernières années pour atteindre 143 milliards USD en 2016. Les projections jusqu’en 2026 indiquent que le commerce du poisson continuera de croître. Environ 35,5% de la production mondiale de poisson (équivalent poids vif) est exportée. Les pays développés dominent les importations de poisson, bien que leur part ait diminué ces dernières années passant de 80% en 2006 et 84% en 1996 à 71% des importations mondiales en 2016 (FAO, 2017). Le développement du commerce international des produits de la pêche est surtout soutenu par une production croissante grâce au développement de l’aquaculture. En effet, depuis la fin des années 1980, l’aquaculture est responsable de la croissance impressionnante de l’offre de poisson destinée à la consommation humaine, tandis que la production de la pêche de capture est restée pratiquement stable. Alors que l’aquaculture ne représentait que 7 % de l’offre en 1974, sa part est passée à 35 % en 2007 et à 44 % en 2014 (FAO, 2016) (Figure 1).
La Chine est le premier producteur mondial de produits halieutiques. Elle garantit 60% de la production aquacole mondiale et est le premier producteur mondial de poisson de capture, avec un tonnage de plus de 14,8 million de tonnes en 2014. Les 50 dernières années ont été marquées par une augmentation plus importante de l’offre mondiale de poisson destinée à la consommation humaine. Le rythme de croissance de cette offre dépasse celui de la population mondiale. En effet, au cours de la période 1961-2013, cette offre a augmenté en moyenne de 3,2 % par an, soit le double de la croissance démographique, ce qui s’est traduit par une amélioration de la disponibilité annuelle moyenne des produits de la pêche par habitant de 17,6 kg en 2007 à 20,1 kg en 2014 (FAO, 2014 et 2016). En effet, durant la période 2007-2014, en moyenne 86 % de la production mondiale halieutique était destinée à la consommation humaine. Ce pourcentage est passé de 83 % en 2007 à 88 % en 2014 (Figure 1).
Selon la FAO, outre l’augmentation de la production, les autres facteurs qui ont fait progresser la consommation sont notamment: la réduction du gaspillage et une meilleure utilisation, l’amélioration des circuits de distribution, la hausse des revenus, la croissance démographique et à l’urbanisation. Le commerce international a également joué un rôle important en fournissant une large gamme de produits aux consommateurs. Toutefois, en plus des mesures tarifaires, le développement du commerce mondial des produits de la pêche est entravé par les mesures non tarifaires appliquées aux produits de la pêche en raison de leur caractère périssable. Ces mesures affectent le commerce du poisson, notamment par le biais de normes techniques, de mesures sanitaires, de procédures de licences d’importation et de règles d’origine. En particulier pour les pays en développement, de telles mesures non tarifaires peuvent considérablement réduire ou empêcher l’accès effectif au marché dans les pays développés. Selon la FAO (2017), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement indique qu’en moyenne, les mesures techniques appliquées aux produits de la pêche sont deux fois et demie plus élevées que celles appliquées aux produits manufacturés.
Tendances commerciales des produits halieutiques Marocains
En plus du marché intérieur des produits de la pêche, le Maroc a d’importantes opportunités d’exportation, en particulier liées à l’expansion remarquable de la demande mondiale de produits de la pêche. En outre, la proximité des marchés demandeurs, en particulier le marché de l’Union européenne, premier importateur mondial de poisson et principal partenaire commercial du Maroc, est un atout fondamental puisqu’il permet des économies importantes en termes de coûts de transport. De même, la demande du consommateur européen de poisson converge favorablement vers les spécialités à forte intensité de main-d’œuvre (notamment les plats cuisinés), dont le Maroc détient un avantage certain.
Les produits de la pêche, qu’ils soient frais, congelés ou transformés sont exportés pratiquement vers tous les continents, avec une dominance du continent européen qui représente 62 % en volume et 71 % en valeur, dont 50 % en volume et 67 % en valeur uniquement au niveau de l’Union européenne. Le marché de l’Afrique occupe la deuxième place avec 20 % en volume et 13 % en valeur. Celui de l’Asie, y compris le moyen orient, vient en troisième position avec 9 % en volume et 11 % en valeur. Le marché américain ne représente que 8 % des volumes exportés, soit 5% en termes de valeurs. Les exportations marocaines sont dominées par les produits de pêche congelés. Ceux-ci ont représentés en moyenne entre 2008 et 2012, 53 % des volumes et 45 % des valeurs exportées. Les conserves et semi-conserves, quant à elles représentent 35 % des volumes exportés (31 % en valeur), alors que les poissons frais ou vivants ne représentent que 8% de ces volumes, soit 14 % en termes de valeurs.
Les échanges marocains montrent une tendance générale à la hausse. Entre 1983 et 2015, les volumes importés ont enregistré un taux de croissance annuel élevé de 25 %, contre seulement 7 % pour les volumes exportés. Pendant cette période, les exportations ont représenté en moyenne 43 % de la production nationale, tandis que les importations n’ont représenté que 3% de cette production (Figure 2).
Le rythme de croissance annuel des exportations des produits halieutiques (entre 1983 et 2015) n’est pas le même pour tous les groupes de produits. En fait, le groupe des sous-produits affiche les taux de croissance les plus élevés, avec 74 % pour l’huile de poisson et 47 % pour la farine de poisson. Les groupes « frais ou vivant » et semi-conserve viennent en deuxième position avec environ 20 %. Les poissons congelés et en conserve occupent la dernière position avec une moyenne de 6% (Figure 2). Le développement du marché de la provende et de l’aviculture durant les années 1980 et 1990 étaient déterminants dans le commerce des sous-produits (FISA[2], 2007). En plus selon la figure 1, depuis la fin des années 1980, le développement mondial de l’aquaculture pourrait être également responsable de la croissance des exportations des sous-produits. En effet, selon la FAO (2014), le secteur de l’aquaculture consomme environ 75 % de la production mondiale d’huile de poisson.
Prix à l’exportation des produits halieutiques
L’analyse des prix à l’exportation des produits halieutiques montre que le groupe de poissons «frais ou vivants» est le groupe ayant le prix à l›exportation le plus élevé au cours de la dernière décennie (58 MAD/kg). Le groupe de poissons en «conserves et semi-conserves» occupe le deuxième rang avec un prix moyen de 35 MAD/kg. Le groupe des poissons congelés se classe troisième avec un prix moyen de 33 MAD/kg. Les prix des sous-produits occupent le dernier rang avec une moyenne de 12 MAD/kg pour l’huile de poisson et de 9 MAD/kg pour les farines de poisson (statistique de la FAO, 2017)[3].
Les indices de prix à l’exportation des produits halieutiques présentent tendance à la hausse depuis les années 1980 en raison de la demande mondiale croissante pour ces produits. Ainsi, avec un taux de croissance annuel moyen de 4% (Figure 3), l’indice des prix à l’exportation des produits de la pêche (base 100=1983) a augmenté de 241 % entre 1983 et 2015. Cette augmentation des prix affecte particulièrement les sous-produits de poisson. En effet, l’indice des prix à l’exportation de l’huile de poisson s’est amélioré de 620 %, avec un taux de croissance annuel moyen de 13 %, et celui de la farine de poisson de 373 %, avec un taux de croissance annuel moyen de 11 %. L’indice des prix à l’exportation des conserves de poisson, des poissons congelés et des poissons frais ou vivants a également augmenté en moyenne d’environ 262 %.
Source sur Revue Marocaine des Sciences Agronomique et Vétérinaires et ficher PDF
https://www.agrimaroc.org