Vers un modèle de Développement durable du Parc national de Sous Massa
Bien que l’objectif de cette étude soit d’estimer le consentement à payer par les visiteurs du PNSM en vue de contribuer à la protection et la préservation du patrimoine arganier du parc, il est opportun de donner quelques éléments de réflexions sur les aspects du développement durable du parc.
Concernant l’écosystème arganier, le modèle de durabilité forte[3] semble plus intéressant pour le développement de l’arganeraie. L’environnement est un élément fondamental non substituable. Les sous-systèmes « société » et « économie » n’ont pas la même valeur que l’écosystème naturel ou environnemental.
La société prend appui sur cette base naturelle et l’économie est un moyen qui permet de satisfaire les besoins de cette société. Le « capital naturel » n’est dès lors pas substituable par un autre capital (matériel ou humain) et il est de ce fait indispensable de préserver les ressources naturelles.
Par conséquence, le scénario de développement du parc présenté aux enquêtés est basé fondamentalement sur la préservation et le développement de la ressource « arganier » en proposant un circuit touristique orienté vers la découverte de la faune et de la flore, des activités culinaires et d’autres aspects de valorisation des produits d’argane. Selon le scénario proposé, Les ressources financière dégagées seront investies totalement dans les activités de protection de l’arganeraie comme la lutte contre sa dégradation et l’amélioration de sa densité.
CONCLUSION
Selon le modèle Logit, les résultats de cette enquête donnent une valeur moyenne de CAP allant de 37 598 Dhs comme estimation au niveau de la province de Tiznit à 76 985 Dhs comme estimation web. Par contre, selon le modèle Probit cette estimation varie entre 55 129 Dhs et 85 031 Dhs.
En supposant que le PNSM reçoit un maximum de 300.000 visiteurs/an et 100.000 visiteurs/an au minimum, et en adoptant le CAP comme un droit d’entrée, les autorités publiques peuvent générer un revenu annuel compris entre 3.759.800 Dhs à 16.538.700 Dhs pour l’estimation basée sur les données collectées au niveau de la province et entre 8.973.343 Dhs et 26.784.143 Dhs à partir de l’estimation via le web.
Le modèle Tobit a permis d’évaluer les facteurs déterminants du CAP, en catégorisant les facteurs positifs et négatifs. Concernant les données collectées auprès des populations de la province de Tiznit, l’âge a eu une influence négative sur le CAP, alors que les revenus, la distance du parc et la « fibre écologique » ont des effets positifs. Par contre, les données web ont permis d’identifier d’autres variables significatives telles que la nationalité, l’état matrimonial, le niveau de scolarité, la taille du ménage, le revenu et la connaissance du parc.
Dans une perspective de développement durable du PNSM orienté vers la préservation de l’arganeraie, cette étude montre que les visiteurs sont prêts à payer pour le visiter et bénéficier des services du circuit proposé. Les résultats montrent également qu’indépendamment de la méthode utilisée pour estimer le CAP, le budget du PNSM pourrait augmenter considérablement, passant de 3,9 à environ 14 fois le budget actuel.
Cette amélioration de budget aura certainement des répercussions positives et contribuera significativement au développement durable du parc qui pourrait, par conséquent, disposer progressivement d’une certaine autonomie financière.
Du point de vue pratique, le parc pourrait collaborer avec l’HCEFLCD et l’ANDZOA pour élaborer un plan de protection et de conservation de la richesse faunique et floristique du parc, de développement durable des localités de la zone de couverture de l’arganeraie. Ceci pourrait se faire à travers des projets de protection de l’écosystème d’arganier alliant l’écotourisme, le bien-être des populations et l’exploitation raisonnée de la ressource « arganier ». Cette relation Win-Win-Win est à développer au sein du parc et à généraliser sur tout le territoire de l’arganier si cette expérience pilote s’avère une réussite.
Enfin, faut-il préciser que si les efforts de gestion et de planification ne sont pas correctement conduits, l’écotourisme peut avoir des impacts dévastateurs sur la végétation, la faune, la flore et les communautés locales. En témoigne, la forêt tropicale entourant les chutes d’eau Victoria au Zimbabwe qui est irrémédiablement endommagée en raison de la foulée de milliers de visiteurs sur son sol.
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https://www.agrimaroc.org
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[1] SATREPS est un programme du gouvernement japonais. Le programme est structuré comme une collaboration entre la nouvelle fenêtre de la Japan Science and Technology Agency (JST), l’Agence japonaise pour la recherche médicale et le développement (AMED) et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
[2] The Alliance for Research on North Africa, centre de recherche universitaire au sein de l’Université de Tsukuba
[3] Cette hypothèse est défendue par Herman Daly (1990). Selon lui, seuls les flux matériels de l’économie qui remplissent les trois conditions suivantes peuvent être considérés comme durables:
- le rythme de consommation des ressources renouvelables ne doit pas excéder le rythme de régénération de ces mêmes ressources;
- le rythme de consommation des ressources non renouvelables ne doit pas excéder le rythme auquel des substituts renouvelables et durables peuvent être développés;
- le rythme d’émission de pollution ne doit pas excéder la capacité de l’environnement à absorber et assimiler cette pollution.
Dans cette hypothèse, le stock de capital naturel ne doit pas baisser. Daly soutient que le capital naturel et capital artificiel sont complémentaires et non substituables contrairement à l’approche néoclassique.
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