RÉSULTATS ET DISCUSSION
Le traitement des résultats de l’autonomisation est fait par catégories d’âge et en fonction du statut marital.
La distribution des scores selon les degrés d’accomplissement par catégorie d’âge montre que les individus se répartissent avec une tendance forte vers les valeurs de fort à très fort degré d’accomplissement (Figure 1). Les femmes âgées de moins de 35 ans ont, en moyenne, le taux d’accomplissement le plus élevé (76), suivies des femmes dont l’âge est entre 36 et 55 ans (68). Les femmes âgées de plus de 56 ans ont les taux les plus bas (66).
De même, nous constatons que les catégories maritales n’affichent pas des grandes différences entre les femmes mariées (68) et les non mariés (67), les scores sont en moyenne de l’ordre de 67,5 (Figure 2).
Quant aux écarts entre aspirations et réalisations, la distribution des scores tend à se concentrer dans les degrés de satisfaction totale, n’affichent pas de grande différence entre les catégories d’âge, et sont en moyenne de l’ordre de 79, ce qui est relativement élevé (Figure 3).
Pour ce qui est du statut marital, nous remarquons que, la moyenne des scores des femmes mariées (78,8) dépasse, de presque 10 points celui des non mariés (67,3).
Pour toutes les catégories de femmes confondues, la distribution des fréquences des scores standardisés de l’implication collective est décalée vers les valeurs élevées de l’échelle. La majorité des sujets présente des scores de 75 à 95, avec une moyenne de 80,4. Cette distribution tend à montrer que les sujets affichent vis-à-vis des objets d’attitude un comportement plutôt collectif qu’individuel. La moyenne des scores de l’implication individuelle reste toutefois significative avec 55 points (Figure 4).
Nous avons considéré par la suite un score global standardisé de perception de l’autonomie. Il englobe tous les aspects de l’autonomie pris en compte dans l’étude. Les résultats affichent un indice d’autonomie égal, en moyenne à (69,5). Cette valeur signifie que les femmes, toutes catégories confondues (âge, statut marital), se situent à un niveau d’autonomie au-dessus de la moyenne. A l’exception des jeunes femmes âgées de moins de 35 ans qui ont un indice d’autonomie perçue sensiblement plus élevé, les autres catégories s’équivalent à peu près.
Nous avons calculé également cet indice en faisant la distinction entre les femmes dirigeantes et les femmes salariées. Les résultats affichent un indice plus élevé des membres du bureau (82,6). Ceci peut en grande partie s’expliquer par le fait que leur position leur permet d’avoir plus de contrôle, de pouvoir et d’implication.
Pour ce qui est de l’analyse de rentabilité des coopératives, en environnement déterministe, la VAN minimale enregistrée est de l’ordre de -54 801 Dhs. Cette valeur correspond à la coopérative de Sidi Ouaggag qui affiche également un TRI inférieur au taux d’actualisation (7 %) et un RBC de 0,36 inférieur à 1. Ce qui traduit le non rentabilité de cette coopérative. Le DRC est par ailleurs de 12 ans.
Tandis que les autres coopératives s’avèrent rentables avec une VAN positive allant de 4212 Dhs à 47 891Dhs, et un TRI supérieur ou égale au taux d’actualisation allant de 7 à 12 %.
Quant aux délais de récupération du capital (DRC), ils vont de 7 à 10 ans.
Concernant les résultats des indicateurs calculés, nous constatons que les coopératives ne réalisent pas les mêmes performances. Ceci s’explique en partie par les différentes stratégies de commercialisation adoptées par ces coopératives. Si on prend l’exemple de la coopérative Tiwizi Wargane affichant la VAN la plus élevée, ceci étant grâce à l’appui du président de la commune qui prend en charge la commercialisation d’une très grande partie de leur production, il s’occupe de la recherche des clients au milieu urbain et s’assure de la présence de la coopérative dans les expositions vues qu’elle est la seule coopérative féminine d’argane au niveau de la commune. D’autres comme Spinoza, génèrent des bénéfices relativement élevés en visant une clientèle composée principalement de touristes puisqu’elle s’associe à des bus touristiques afin qu’ils leur fassent visiter la coopérative pendant leur circuit à Aglou.
Alors que la coopérative Sidi Ouaggag affichant les indicateurs de rentabilité les plus bas, souffre de beaucoup de problèmes structurels, principalement dû à l’absence de l’électricité et de l’eau et aussi la désertion des adhérentes, même si elle dispose des machines acquises depuis très longtemps, ce qui minimise sa production et influence négativement la santé de son activité économique.
Le problème de commercialisation pèse lourdement sur les autres coopératives. Ce problème peut s’accentuer par l’entrave de la conformité des normes d’hygiène des produits et de sécurité alimentaire, c’est-à-dire la non disposition d’un certificat de l’ONSSA qui leur permet d’écouler leur production dans des expositions de renommée (SIAM par exemple), voire même acquérir le marché international.
L’analyse en environnement probabiliste nous a permis de comprendre, comment ces résultats peuvent changer en cas de changement des variables d’entrées dans l’analyse.
Dans ce sens, une analyse de sensibilité nous a permis de détecter les variables qui ont le plus de poids sur les indicateurs de rentabilité calculés. L’analyse de sensibilité uni variée a révélé que les indicateurs de rentabilité des 14 coopératives sont quasiment sensibles aux mêmes variables. En prenant les résultats pour la VAN de la coopérative Tiwizi Wargane, le graphe en tornade montre que : les achats de matière première, les coûts d’investissement en matériel et en équipement et la quantité et le prix de l’huile alimentaire sont les variables les plus influentes sur sa rentabilité. Le deuxième graphe en araignée montre le sens et l’importance des variations de la VAN en fonction de la variation des inputs. L’exemple de l’augmentation des achats de matière première de 20%, entraîne une diminution de la VAN de 100% (Figure 5).
La simulation Monte Carlo nous a permis d’appréhender l’incidence d’une éventuelle fluctuation des variables déclarées redoutables par l’analyse de sensibilité.
En prenant l’exemple de la coopérative « Tiwizi Wargane », affichant la plus grande VAN en environnement déterministe, la probabilité d’enregistrer une VAN négative ne dépasse pas 15 %. Elle affiche, par ailleurs, une probabilité de 12 % d’enregistrer une VAN supérieure à 100 000 Dhs (Figure 6).
CONCLUSION
En guise de conclusion, les scores obtenus pour les accomplissements de toutes les femmes confondues sont en moyenne de l’ordre de 68, et les scores obtenus pour les écarts entre les réalisations et les aspirations sont en moyenne de l’ordre de 79. Elles affichent vis-à-vis des objets d’attitude un comportement plutôt collectif (80,9) qu’individuel (55). Toutes catégories confondues de femmes (Ages, statut marital, fonction dans la coopérative), se situent à un niveau d’autonomie au-dessus de la moyenne, avec un avantage des femmes âgées de moins de 35 ans, des femmes mariées et des femmes dirigeantes.
Il s’est avéré nécessaire de compléter ce travail par l’évaluation des performances économiques de ces coopératives car elles sont structurées et démarrées principalement par des intervenants externes d’appui en partenariat avec les femmes coopératrices. Graduellement, ces intervenants se retirent et ce sont les femmes adhérentes et membres du bureau qui en assument la gestion et le développement de telle sorte à s’approprier leurs coopératives et les faire fonctionner de façon autonome, et d’en faire des organisations viables financièrement, pour assurer la durabilité du projet.
À l’issus de l’évaluation de rentabilité, il ressort que les coopératives féminines d’huile d’argane enquêtées dans la province de Tiznit, nous ont affichées des VAN positives, ce qui traduit une rentabilité et viabilité des activités financières de ces coopératives, mis à part une seule coopérative. Les achats de MP, les coûts d’investissement en matériel et en équipement et la quantité et le prix de l’huile alimentaire sont les variables les plus influentes sur leur rentabilité. Pour toutes les coopératives La Probabilité d’enregistrer des valeurs de non rentabilité demeure relativement faible
Un renforcement les capacités de commercialisation pour combler les lacunes en gestion et en stratégies de marketing de ces femmes, par un encadrement et soutien des organisations d’appui serait bénéfique à la durabilité de ces coopératives. Et assurer également des points de distribution et de vente de produits fixes durant toute l’année pour éviter les ventes saisonnières et garantir un revenu minimum.
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