Introduction
Le câprier est une plante vivace arbustive très répandue dans les pays du bassin méditerranéen. Il est cultivé pour ses boutons floraux appelés câpres. Au Maroc, les trois principales régions où le câprier est cultivé de façon traditionnelle sont: Taounate, Safi et Taroudant. Mais, il existe dans plusieurs autres régions l’état spontané. En Espagne et en Italie sa culture a été modernisée depuis les années soixante-dix. Le Maroc est actuellement le premier producteur et exportateur de câpres dans le bassin méditerranéen et dans le monde.
Caractéristiques botaniques
Le câprier appartient à la famille des Capparidacées et au genre Capparis qui contient plus de 350 espèces utilisées pour différentes fins (Alimentation, médecine, ornementation, cosmétique).
C’est un arbuste qui mesure, à l’âge adulte, 50 à 80 cm en hauteur et 1 à 1,5 m en largeur. Il présente un tronc court avec plusieurs rameaux caractérisés par un aspect ascendant, une couleur verte ou rougeâtre selon les variétés et la présence d’épines stipulaires (Tableau 1). Les feuilles ont généralement des formes ovales à arrondies avec une grande variabilité entre individus portant sur la longueur du pétiole ainsi que sur la largeur et la forme du limbe.
Le développement des rameaux est caractérisé par deux phases, une première phase de croissance végétative pendant laquelle il n’y a pas d’initiation florale et une seconde phase qui commence une fois que le rameau forme dix nœuds et pendant laquelle on assiste à l’initiation des boutons floraux. Seule la partie terminale des rameaux initie les bourgeons floraux. Tant qu’ils ne sont pas ouverts, ces bourgeons floraux, appelés également câpres, constituent la partie de la plante la plus recherchée pour la consommation humaine.
Les fleurs sont de couleur rosâtre, à quatre sépales, 4 pétales et plusieurs étamines groupées en touffes. Le fruit est une baie déhiscente, de 2 à 4 cm de long, de forme ovoïde et d’une couleur verte au début du grossissement et rougeâtre à maturité. Le nombre de graines par fruit est en moyenne de 130 avec un minimum de 15 graines pour les petits fruits et 400 graines pour les gros fruits. Les racines sont peu ramifiées et très profondes.
Les deux espèces les plus cultivées en Méditerranée sont C. spinosa et C. ovata. Ces deux espèces contiennent les variétés suivantes: Spinosa, Inermes, Parviflora, Aegyptia, Aravensis, Pubescence pour C. spinosa et Ovata, Sicula, Herbacea, Palaestina, Mycrophylla, Kurdica pour C. ovata.
La différence entre les deux variétés porte sur la forme et les dimensions des feuilles, la couleur des troncs et la forme des boutons floraux.
Exigences écologiques
Le câprier est une plante xérophyte qui présente des caractéristiques morphologiques et physiologiques lui permettant de tolérer les conditions climatiques des zones arides et semi-arides. Au Maroc il est rencontré dans plusieurs régions allant des régions côtières jusqu’aux zones continentales à plus de 1000 m d’altitude. Ses exigences en température sont assez larges, on le rencontre même dans les zones ou les basses températures atteignent des niveaux très bas (Tableau 2).
Quant à la pluviosité, les zones du câprier reçoivent en moyenne 200 à 550 mm. Il faut noter que vers le sud, il est surtout limité à la zone côtière sur les embouchures des oueds qui donnent directement sur la mer (Cas de l’oued Aglou). Dans ces sites, qui sont généralement très ventés, le câprier tolère parfaitement les vents marins chargés de sels, ce qui signifie que le câprier doit manifester également une certaine tolérance à la salinité, un tel aspect n’a encore jamais fait l’objet d’étude.
Dans la région de Safi, le câprier se développe normalement sur des collines exposées aux vents pendant plusieurs mois de l’année. Sur ces mêmes plantations, des dégâts considérables dus au vents sont observés sur le grenadier et l’olivier (dénuement des rameaux, inclinaison, etc…).
Pour ce qui est des exigences édaphiques, le caprier semble préférer les sols légers, bien drainants avec un pH neutre à alcalin. A Safi et dans les régions avoisinantes on le retrouve sur des sols légers sablonneux limoneux à pH alcalin (6 à 9) (Tableau 3). Dans la région de Fès, on le rencontre sur des sols Hamri argileux et peu drainants. L’analyse de certains échantillons de sol prélevés sur des sites naturels et sur des exploitations traditionnelles a montré que les sols des caprairies sont pauvres en éléments minéraux et moyennement riches en matière organique (Tableau 4). Ce sont également des sols très riches en calcaire et à pH alcalin. Il est fréquent de rencontrer des câpriers sur des roches composées presque exclusivement de calcaire (plus de 90% du calcaire total).
Pour ce qui est de la lumière, le câprier est une plante héliophile qui fleurie abondamment si elle est bien exposée au soleil. L’exposition des plants au versant sud est une pratique qui est très respectée par les paysans des zones montagneuses au sud de Marrakech.
Le câprier joue un rôle écologique très important. Il occupe des sols sur lesquels peu d’espèces végétales peuvent survivre, en plus il tolère des températures extrêmes allant de -4 à plus de 40°C. Il n’est pas exigeant en eau et tolère parfaitement les vents violents. La plante du câprier restitue annuellement au sol quelque 211 g de matière organique, ce qui permet d’améliorer aussi bien la fertilité que la structure des sols. En conclusion, il s’agit d’une plante bien adaptée et très utile pour les régions arides et semi-arides.
Conduite de la culture
Historique
La culture du câprier est une pratique très ancienne dans les pays du bassin méditerranéen. Les italiens ont été les premiers à parler de la culture du câprier et ce, dès le 13ème siècle. Les français l’ont connue vers le 17ème siècle. Quant aux Espagnols, c’est en 1875 qu’ils avaient commencé la production et l’exportation des câpres vers la France et certains autres pays de l’Amérique Latine. Au Maroc, la collecte des câpres et leurs exportations sur le marché français a commencé vers 1920. D’après le Professeur Barbera (1991), la première mise en valeur de la culture au Maroc a été lancée par l’Italien Francesco Bongiovani. Les plus anciennes plantations traditionnelles du câprier se trouvent dans la région de Taounate, Safi et Taroudant.
La modernisation de la culture a commencé vers les années soixante en Italie et en Espagne. En 1983, un vaste programme de recherche et de développement financé par la CEE a été lancé en Italie à « l’Istituto di Cultivazioni Arbore ». Des variétés inermes, hautes et productives ont été sélectionnées et font l’objet actuellement de plusieurs études agronomiques. En 1970, l’Espagne était le principal producteur européen des câpres. Actuellement, c’est le Maroc qui est le premier producteur et exportateur des câpres dans le monde.
La culture traditionnelle du câprier est très simple, elle ne nécessite que peu d’interventions. Les trois principales opérations qui nécessitent un investissement et un minimum de connaissances techniques sont la propagation-plantation, la taille et la récolte. Ces deux dernières opérations ne posent pratiquement pas de problèmes pour les agriculteurs traditionnels, seule la propagation est encore mal maîtrisée.
Propagation
Il existe trois modes de multiplication du câprier: le semis, le bouturage et la culture in vitro. Les procédés techniques ainsi que les avantages et les inconvénients de chacun de ces trois modes sont développés dans ce qui suit.
Semis: C’est le mode de multiplication le plus utilisé aussi bien au Maroc que dans les autres pays méditerranéens. Il peut être direct ou indirect.
L’opération commence par la récolte des fruits qui a lieu à partir du mois de Juin et s’étale jusqu’au mois d’Août. Les fruits déhiscents sont récoltés et séchés pendant quelques jours, puis les graines récoltées et mises en sachet jusqu’à leur utilisation. Un fruit mûr peut contenir en moyenne 130 graines. Le poids de 1000 graines est d’environ 6 grammes (1 g=150 à 160 graines). Les graines du câprier peuvent être utilisées immédiatement après leurs récoltes, elles n’ont pas de problème de dormance mais leurs enveloppes sont durs et nécessitent des prétraitements au préalable. Le pouvoir germinatif des graines reste constant pendant deux ans, au-delà de cette période il chute progressivement.
Compte tenu des difficultés liées à la germination, le semis direct est pratiquement abandonné même dans les exploitations traditionnelles. C’est le semis indirect qui est le plus pratiqué. Au Maroc, les paysans ne font subir aucun traitement pour les graines avant le semis. Ils sèment directement dans des sachets remplis de sol ramassé sur la parcelle, ce qui fait que la germination est très lente et le pourcentage de germination obtenu est très faible et ne dépasse pas les 50% dans le meilleur des cas.
En Espagne, le semis indirect est effectué en pépinière dans des carrés de semis en février-mars. La densité utilisée est de 2 g/m² (200-600 graines). Le pourcentage de reprise obtenu dans ces conditions est généralement de 40 à 50%. La couverture des carrés des semis permet d’augmenter le pourcentage de germination à 60-70%. Au printemps, on procède à un éclaircissage pour éliminer les plants chétifs. La transplantation est exécutée en automne de l’année suivante, seuls les plants ayant une hauteur de 10-15 cm sont transplantés, les autres sont laissés pour l’année suivante. À part les irrigations en temps chauds, aucun soin particulier n’est donné à la pépinière.
En Italie, les graines sont scarifiées à l’aide de traitement à l’acide sulfurique concentré pendant 10 à 30 min. Ce traitement permet un pourcentage de germination de 40%, le trempage à l’acide gibbérellique à des concentrations de 50 à 100 ppm pendant 1 heure permet d’augmenter le pourcentage à 80%. L’autre technique pratiquée en Espagne consiste à stratifier les graines dans du sable à la température ambiante pendant 20 à 25 jours ce qui permet un pourcentage de germination de 30 à 40%. Une étude effectuée à la station de recherche forestière à Shimla en Inde a montré que la dormance tégumentaire des graines peut être levée aussi par une scarification manuelle des graines, le pourcentage de germination obtenu est de 100%, mais c’est une opération qui est difficilement réalisable sur le plan pratique.
Avantages
Ils peuvent être résumés aux point suivants:
1. Les graines sont plus faciles à manipuler, à transporter et à conserver que les boutures ou les vitro-plants,
2. Le coût de production est relativement moins élevé,
3. Théoriquement une grande quantité de graines, donc d’unités de propagation, peuvent être récoltées par plants: un plant adulte peut produire en moyenne 45000 graines contre une cinquantaine de boutures (40 à 50 cm de long).
4. Le semis est une opération qui ne nécessite pas un niveau de technicité élevé comme c’est le cas du bouturage ou de la culture in vitro.
Inconvénients
1. Le problème majeur rencontré avec le semis est la grande hétérogénéité des plants. Le câprier est une plante à pollinisation croisée, par conséquent les graines issues de cette pollinisation donnent naissance à des plantes très hétérogènes. Cette variabilité porte sur la forme et la couleur des feuilles et des tiges, la date d’entrée en floraison, la forme et la couleur des fleurs et enfin la forme et la qualité des câpres.
2. La disponibilité des graines n’est pas toujours assurée. Vue que la récolte des boutons floraux (câpres) est échelonnée depuis l’entrée en floraison en Mai-Juin jusqu’à Novembre, très souvent on laisse très peu de boutons floraux qui vont pouvoir fleurir et éventuellement produire des fruits.
3. Le pourcentage de germination, comme mentionné précédemment, est faible. Dans le cas du semis direct il est à peine de 5% et dans le cas de l’indirect il est de 50 à 70% seulement si des prétraitements sont pratiqués. Dans une étude sur le pouvoir germinatif d’un lot de graines récoltés dans la région de Safi on a relevé une différence non seulement entre écotype et entre plants mais aussi entre fruits d’une même plante et entre graines d’un même fruit.
Bouturage: C’est une technique qui devient de plus en plus utilisée par les paysans espagnols et italiens. Au Maroc, elle reste encore mal connue et par conséquent non pratiquée.
Théoriquement, on peut utiliser des boutures ligneuses, semi-ligneuses ou herbacées, mais avec une espèce comme le câprier qui est très difficile à enraciner, seules les boutures complètement ligneuses donnent des résultats satisfaisants. Comme pour les graines, il existe une grande variabilité entre espèces, entre clones et entre rameaux d’un même plant pour ce qui est de l’aptitude à l’enracinement.
L’opération du bouturage peut être pratiquée en Octobre-Novembre, juste après la récolte et l’effeuillaison des arbustes. Seules les boutures basales d’une longueur de 20 à 30 cm sont collectées, elles sont ensuite mises en stratification pendant toute la période hivernale soit dans du sable humidifié soit dans des chambres froides pour garder la température constante autour de 3 à 4°C. En général, les boutures forment suffisamment de racines adventives après 4 à 5 mois et la plantation a lieu vers le mois de Mars.
Une autre pratique assez courante en Espagne consiste à choisir une dizaine de rameaux sur l’arbuste parmi les plus vigoureux, les défeuiller complètement et les laisser sur la plante jusqu’en Décembre, ensuite on y prélève des boutures de 40 à 50 cm de long et on les place dans un carré d’élevage au début de la saison hivernale. Les boutures sont préalablement pralinées et entaillées à la base afin de stimuler la formation des cals. Le pourcentage d’enracinement obtenu par ce procédé est de 50 à 70%.
Greffage: C’est une technique qui reste actuellement d’une application restreinte mais elle peut revêtir une grande importance pour le câprier. Le greffage offre la possibilité de profiter des porte greffes qui présentent des qualités intéressantes et de changer les variétés en fonction des besoins du marché.
Les premiers essais de greffage, effectués en Espagne, ont été concluants. Ils ont montré que le greffage est possible soit directement sur des plants adultes ou sur des semis de l’année. La technique utilisée est le greffage en fente de tête, elle est effectuée en Avril en utilisant des greffons ayant un diamètre similaire à celui du rameau porte-greffe et portant au moins deux bourgeons. Si les précautions nécessaires (ligature, protection etc…) sont prises les bourgeons du greffon reprennent en l’espace de 20 à 30 jours.
Culture in vitro: La production de plants par culture in vitro a été réussie au Laboratoire de culture in vitro du Complexe Horticole d’Agadir. L’opération est effectuée en quatre étapes: Initiation, multiplication, enracinement et acclimatation. À partir d’un bourgeon terminal, il est possible de produire en moyenne 25 pousses en l’espace de 4 semaines, ces pousses nécessitent 4 semaines supplémentaires pour développer des racines et 4 autres semaines d’élevage sous serre afin de développer une structure vigoureuse.
Les avantages de la culture in vitro sont les suivants:
1. C’est une technique qui est plus rapide que les autres techniques de multiplication. En l’espace d’une année on peut produire plus d’un million de plants à partir d’un seul arbuste.
2. La culture in vitro est également un puissant outil de sélection et de clonage.
3. Le recours à la culture des méristèmes permet la production de plants indemnes de virus.
4. La culture de tissus peut être pratiquée à n’importe quelle période de l’année.
Inconvénient:
1. Le coût de production des vitro-plants est relativement plus élevé que les semis ou les boutures.
2. La technique nécessite un niveau de technicité élevé.
3. Si la technique n’est pas bien maîtrisée il y a le risque de variations somaclonales.
Plantation
Elle peut être effectuée à partir du mois de Février. Vue la fragilité du système racinaire du câprier il est nécessaire de bien travailler le sol avant la plantation. Les trous de plantation doivent être de 30 à 50 cm de profondeur. Il est également recommandé à ce que les trous de plantations soient placés 15 à 20 cm plus bas que le niveau du sol afin d’assurer une meilleure protection aux jeunes plants.
En Italie, on applique comme fumure de fond, 4 qx de superphosphate, 1-1,5 qx de chlorure de potasse et 1 q de sulfate d’ammoniaque à l’hectare. La densité de plantation varie de 1600 à 2500 plants à l’hectare en fonction de la région et de la vigueur de la variété utilisée. On rencontre des plantations avec des espacements de 2×2, 3×3 ou même 4-5×4-5.
La protection des jeunes plants pendant les premiers mois est indispensable. Au Maroc les paysans ont souvent recours aux pierres ou aux cladoles du figuier de barbarie. Notons enfin, que le câprier est très souvent associé à d’autres cultures fruitières telles que l’olivier, la vigne, l’amandier et les agrumes.
Travail du sol
Les labours superficiels (15 à 20 cm) sont nécessaires à partir de la deuxième année de plantation. On peut les pratiquer 4 à 5 fois par an en fonction des moyens. Le désherbage est pratiqué surtout au jeune âge. Il peut être manuel ou chimique comme c’est le cas des exploitations industrielles au Sud de l’Espagne.
Fertilisation
Peu d’études ont traité de la fertilisation du câprier. Les quelques études faites en Espagne, estiment que les quantités (Kg/ha) d’engrais à apporter en fonction de l’âge de la plantation sont comme suit (Tableau 5).
Irrigation et besoins en eau
Dans la majorité des régions productrices des câpres aucune irrigation n’est pratiquée pour le câprier sauf pendant la première année. En Espagne on apporte 40 à 50 litres d’eau par plant par semaine ce qui permet de tripler la production des câpres. L’irrigation au goutte à goutte a été récemment introduite dans certaines exploitations. Les besoins en eau du câprier sous les conditions marocaines restent inconnues.
Taille
C’est la plus importante opération dans les exploitations familiales traditionnelles. La quantité de câpres produite par une plante dépend du nombre de rameaux formés, par conséquent il est recommandé de pratiquer la taille au début de chaque saison hivernale pour favoriser le départ de nouveaux rameaux. Elle est pratiquée après la récolte et consiste à réduire la taille des rameaux à des éperons d’une longueur de 0,5 à 1 cm. On peut également procéder à une taille en vert sur les jeunes plants pour former les plants futurs. Certains paysans pratiquent également un écimage au printemps pour favoriser les départs des rameaux axillaires.
Récolte
Le câprier entre en production à partir de Mai-Juin, les clones les plus tardifs continuent leur production jusqu’au mois de Novembre. Le rendement par plant dépend des conditions climatiques, de la variété, de la région et de l’âge des plants. D’une façon générale, le rendement lors de la première année est de l’ordre de 0,6 Kg/plant, en deuxième année il est de 1,3 Kg/plant et à partir de la quatrième année il peut atteindre 4 à 5 Kg/plant. Le câprier a une longévité de 30 à 40 ans. Les rendements à l’hectare au Sud de l’Espagne varient de 15 à 30 qx.
La récolte est traditionnellement effectuée toutes les semaines, ce qui fait un nombre total de récoltes variant de 12 à 18 par plant. Il s’agit d’une opération onéreuse qui représente à elle seule 40 à 60% du coût total. Un ouvrier peut cueillir 2 Kg de câpres en une heure de travail.
Après la récolte, les câpres sont classés en différents calibres dont les normes et la dénomination internationales sont fixées comme suit:
Conservation
Les câpres contiennent en moyenne 3% d’un glucoside appelé glucocapparine, qui leurs donnent le goût amer. Il est par conséquent nécessaire de les traiter soit aux sels soit à l’acide pour se débarrasser de ce glucoside. Le traitement et la conservation peuvent être faits soit par l’agriculteur lui-même soit au niveau de la conserverie. C’est une opération qui consiste à submerger les câpres fraîchement récoltés dans une solution de sels (15-20% du poids des câpres). Ce traitement dure une semaine après quoi on peut renouveler la solution une ou deux fois avant de les conserver jusqu’à leur vente. Les paysans
italiens pratiquent un triage des câpres après le traitement au sels. Les câpres peuvent être conservés pendant plusieurs mois ce qui offre l’avantage d’échelonner l’écoulement sur le marché en plusieurs étapes. Notons au passage que les eaux résiduaires des traitements se trouvent chargées en sels et en d’autres produits qui peuvent être néfastes pour l’environnement. A cet effet, les coopératives agricoles dans le Sud de l’Espagne utilisent des épurateurs à effet de serre qui permettent de séparer l’eau des résidus solides.
Importance économique
Le câprier a une importance économique considérable. La collecte et la vente des câpres est l’une des principales activités des populations rurales dans les régions de Fès (Taounate et Karia), Safi et Marrakech. Les câpres sont vendus actuellement à des prix allant de 12 à 14 Dh le Kilo (le prix maximum peut atteindre 25 à 30 Dh dans certaines régions).
Rendement et rentabilité
Au Maroc, le rendement moyen d’un jeune plant est de 1 à 2 kg ce qui fait que pour une densité moyenne de 1.000 plants à l’hectare un rendement de 1.000 à 2.000 kg et donc un revenu brut de 13.000 à 26.000 Dh/ha. À partir de la 4ème année, le rendement atteint 4 kg/arbre ce qui fait un rendement brut de 56.000 Dh/an. Il y a lieu de noter que la récolte constitue à elle seule plus de 50% du coût de production.
Commerce international
La production nationale des câpres a été estimée en 1988 à 5000 tonnes. La majorité de cette production vient de la région de Fès (70%), le reste provient des régions de Safi (20%) et de Marrakech (10%).
Les câpres marocains font l’objet d’un commerce international important. La quasi-totalité de la production nationale est exportée sur les marchés européens et américains, une faible quantité est consommée localement. La moyenne des exportations pendant les cinq dernières années est de 4002 tonnes.
Conclusion
La culture du câprier joue un rôle socio-économique capital dans plusieurs régions du Maroc. Elle offre l’avantage d’être peu exigeante en eau et en investissement et d’être tolérante aux conditions d’aridité (températures extrêmes, vent, faible fertilité). En plus, la production a des débouchés extraordinaires d’exportation. Le Maroc, se trouve très compétitif par rapport aux autres pays européens producteurs de câpres, par conséquent il convient de promouvoir cette culture dans d’autres régions du Maroc, telle que la région de Tensift.
Par Dr. Lahcen KENNY, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Agadir