Sommaire – REMAV 12(4) Décembre 2024
Nutrition et Technologie Alimentaire
Effet de l’addition de la sauge (Salvia officinalis L.) sous différentes formes sur la qualité nutritionnelle et sensorielle de la viande blanche au cours de la conservation
Naziha AYEB, Hajer HAJJI, Azhar HALAOUI, Sameh KADRI
p. 203-207
L’utilisation traditionnelle des plantes médicinales comme antioxydant naturel a fait l’objet d’une grande attention de la part de la communauté scientifique. Cette étude vise à valoriser des ressources naturelles d’origine végétale à activité antioxydante et antimicrobienne permettant de maintenir la qualité de la viande comme la sauge. Cette étude a été menée pour évaluer l’effet de l’ajout de la sauge (Salvia officinalis L.) sous différentes formes (poudre, extrait et huiles essentielles) sur la qualité nutritionnelle, et sensorielle des viandes blanches au cours de la conservation. Les résultats obtenus ont montré que l’incorporation des différentes formes de la sauge dans la viande n’a pas affecté la valeur de pH de la viande. Par contre, l’oxydation a été retardée par l’ajout de l’extrait, et les résultats de l’analyse sensorielle ont montré que l’introduction de poudre et d’extrait de sauge dans la viande était acceptable pour les consommateurs et (37 et 33 %, respectivement). L’utilisation de la sauge sous diverses formes se caractérise non seulement par le fait qu’elle constitue un moyen efficace de conservation de la viande, mais également par sa contribution au développement et à la formulation d’un produit alimentaire en conserve et à l’innovation pouvant avoir des effets positifs sur la santé humaine.
Production et Santé Animales
Déterminants de la mobilité pastorale et de ses dynamiques spatio-temporelles dans un contexte de changements socio-économiques et environnementaux en Afrique
G. L. DJOHY, J. ALLADATIN, B. SOUNON BOUKO
p. 208-217
La mobilité pastorale attire de plus en plus l’attention et suscite de vives préoccupations en raison de la recrudescence des interactions conflictuelles qui y sont associées ces dernières années en Afrique. Cette synthèse bibliographique analyse les déterminants de la mobilité pastorale et ses dynamiques spatio-temporelles dans un contexte de mutations socio-économiques et environnementales en Afrique. L’analyse repose sur un ensemble de 88 documents dont 43 en langue anglaise et 45 en français. Il s’agit principalement des articles scientifiques (64), des mémoires de recherche (11) et des rapports de groupes de réflexion (13). Ces 88 documents pertinents ont été sélectionnés parmi une liste non exhaustive de 405 documents téléchargés sur les sites Science Direct, HAL Open Science, Web of Science, World Wide Science et Google Scholar. Les documents sélectionnés, couvrant la période de 2014 à 2024, portent sur l’Afrique de l’Ouest (35), l’Afrique de l’Est (22), l’Afrique du Nord (14), toute l’Afrique (6), l’Afrique centrale (5), l’Afrique subsaharienne (4), l’Afrique du Sud (1) et l’Afrique intertropicale (1). Ils évoquent plusieurs formes de mobilité, notamment celles saisonnière (95 %), quotidienne (81 %), itinérante (nomadisme: 23 %), l’émigration (18 %), d’urgence ou forcée (15 %), transfrontalière (11 %), commerciale (9 %), opportuniste (8 %) et semi-nomade (5 %). Ces formes de mobilité illustrent comment les pasteurs adaptent leurs pratiques en fonction des conditions environnementales, économiques et sociales, montrant ainsi la flexibilité et la résilience de leur mode de vie. Concernant les facteurs déterminants de la mobilité, les documents rapportent principalement des facteurs environnementaux (97 %), socio-économiques (88 %), fonciers (47 %), sécuritaires (41 %), politiques et légaux (41 %), techniques et technologiques (15 %) et zootechniques (10 %). Ces facteurs interagissent pour influencer les choix des éleveurs en matière de mobilité, en réponse aux conditions environnementales et socio-économiques changeantes. Dans ce contexte, pour sécuriser la mobilité, les études suggèrent qu’elle devrait être soutenue et renforcée par des actions concertées aux niveaux local, national et international, dans le but d’améliorer la résilience des communautés pastorales et de sauvegarder leur mode de vie traditionnel. Selon les études réalisées, un accent particulier devrait être mis sur l’aménagement des espaces pastoraux, l’intégration des connaissances traditionnelles et des innovations locales et technologiques dans les politiques pastorales, le renforcement des droits fonciers pastoraux, la gestion concertée des ressources pastorales, l’accès à des informations météorologiques fiables, l’intensification de la production fourragère, la diversification des sources de revenus, la conservation et l’amélioration des races locales, le renforcement de la collaboration intercommunautaire, la reconnaissance des droits des pasteurs et l’amélioration des conditions socio-politiques. De futurs projets de recherche et de développement doivent s’orienter dans ce sens afin d’aider les pasteurs et agropasteurs à mieux sécuriser leur mobilité.
Étude séro-épidémiologique des principales maladies infectieuses abortives chez la vache laitière au Maroc
Zaid ZOUAGUI, Ikhlass EL BERBRI, Maria EL GOURANY, Jaouad BERRADA
p. 218-222
Dans le but de déterminer l’importance des avortements et la séroprévalence de six infections abortives à savoir la brucellose, la leptospirose, la néosporose, la fièvre Q, la salmonellose et l’infection par l’herpèsvirus bovin 4 (BoHV-4) chez les vaches laitières au Maroc, une enquête séro-épidémiologique a été menée au niveau de cinq grands élevages des régions de Fès et du Gharb au Maroc, où des avortements ont souvent été signalés. Un total de 252 sérums a été collecté à partir de femelles de différents âges et une enquête rétrospective, se basant sur des questionnaires et sur les registres des exploitations, a été réalisée sur un total de 4144 femelles entre 2018 et 2022. Des anticorps dirigés contre les agents pathogènes étudiés ont été détectés par des tests ELISA indirecte dans 75,7 % des échantillons testés, avec une séroprévalence globale de 46% pour Leptospira hardjo, 25% pour Neospora caninum, 43% pour Coxiella burnetii, 50% pour le BoHV-4. Quant à Salmonella, des anticorps contre le sérovar Dublin ont été identifiés dans deux élevages avec une séroprévalence moyenne de 2%. Les indicateurs sérologiques de co-infections étaient fréquemment observés. L’absence d’évidence de facteurs non infectieux épidémiologiquement liés aux avortements suggère que les agents étudiés doivent être considérés comme des facteurs de risque importants dans la dynamique du syndrome observé, même si des investigations complémentaires sont nécessaires pour identifier les causes de l’avortement.
Estimation de l’impact économique des principales pathologies bovines dans les troupeaux de la commune de matéri au Bénin
Evelyne HOUNDJE, Gilles GNAMMI, Eric YESSINOU, Cyrille BOKO, Serge AHOUNOU, Souaibou FAROUGOU
p. 223-226
La présente étude a consisté, sur la base d’une enquête chez les éleveurs de bovins, à répertorier les pathologies dominantes en vue de l’estimation monétaire de leur impact sur la production bovine. Cette étude a été effectuée dans cinq arrondissements sur six que compte la commune de Matéri. Il ressort de ces résultats que 55,6 % des enquêtés ont un âge compris en 30 et 49 ans et sont majoritairement Peuls. L’élevage est l’activité principale (88,9 %) des enquêtés, le niveau d’instruction est quasi nul (97,2%). La fièvre aphteuse et la trypanosomose sont les dominantes enregistrées avec des prévalences respectives de 0,07. L’estimation dans cette étude a concerné la pathologie dominante qu’est la fièvre aphteuse. A cet effet, le prix de cession des animaux est plus élevé avant l’apparition de la pathologie, puis diminue significativement pendant la pathologie pour augmenter après la pathologie sans pour autant atteindre les prix d’avant. Ce constat est le même quel que soit le stade de développement du bovin et sur le prix du lait. En conséquence, il serait important de mieux évaluer l’impact de cette pathologie avec des analyses sérologiques associées à des méthodes récentes d’évaluation économique.
Évaluation de l’activité acaricide de l’huile essentielle extraite de la plante entière d’Aeollanthus pubescens sur la tique brune du chien, Rhipicephalus sanguineus
Philippe SESSOU, Eric YESSINOU, Mahudro YOVO, Gildas GNANCADJA, Franck MICHELS, Marie-Laure FAUCONNIER
p. 227-232
L’infestation par les tiques Rhipicephalus sanguineus chez les chiens cause de nombreuses maladies, affectant leur bien-être. Les acaricides synthétiques, bien que couramment utilisés, sont de moins en moins efficaces à cause de la résistance croissante des tiques. Pour trouver une alternative, nous avons étudié l’effet de l’huile essentielle extraite de la plante entière d’Aeollanthus pubescens. La composition chimique de cette huile a été analysée par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse. Des tiques prélevées sur des chiens ont été utilisées pour produire des larves, et des tests de trempage ont été réalisés pour évaluer l’activité acaricide de l’huile essentielle. Les larves et les femelles gorgées ont été exposées à des concentrations de 0,0312 à 2 mg/ml. Les résultats ont montré que l’huile essentielle contenait principalement du thymol (58,0 %), de l’acétate de thymol (17,9 %), de l’α-terpinène (9,75 %) et du γ-terpinène (8,97 %). À 2 mg/ml, la mortalité était de 81 % pour les larves et de 69 % pour les femelles gorgées, avec une inhibition de la ponte de 100 %. L’huile a été particulièrement efficace à des concentrations de 1,5 à 2 mg/ml. Ces résultats offrent un nouvel espoir pour le contrôle des infestations de tiques et justifient des recherches plus poussées sur l’huile d’Aeollanthus pubescens au Bénin.
Ressources Naturelles et Foresterie
Progrès relatifs à l’influence des facteurs écologiques et sociaux sur l’évaluation de la dynamique des écosystèmes humides
Marius Hugues DEGLA, Geoffroy KAKE, Laurent HOUESSOU, Toussaint LOUGBÉGNON
p. 233-239
Les écosystèmes des zones humides, essentiels pour la biodiversité et les services écosystémiques, sont menacés par le changement climatique et les activités humaines. Cette recherche évalue les efforts de recherche sur leur dynamique écologique, en se concentrant sur l’impact des facteurs sociaux et la nécessité d’une approche intégrée. Une analyse bibliométrique de 1637 documents Scopus et une revue systématique de 28 publications ont été réalisées. Les résultats montrent une augmentation de la recherche de 1971 à 2023, avec des contributions majeures de la Chine, des États-Unis et de l’Australie. Les chercheurs H. Zhang, X. Li et Y. Liu se distinguent comme influents. L’analyse révèle que les écosystèmes des sites Ramsar sont influencés par des facteurs biotiques (biodiversité, végétation) et abiotiques (hydrologie, géomorphologie). Cependant, les activités humaines, notamment l’urbanisation et l’industrialisation, menacent ces milieux par la pollution et l’utilisation non durable des ressources. Pour une conservation efficace, il est recommandé d’adopter une approche équilibrée incluant la protection de la biodiversité, une gestion durable des ressources et la participation des communautés locales dans la prise de décisions et la mise en œuvre de mesures de conservation.
Les espèces du genre Dioscorea (Ignames) en Afrique tropicale et subtropicale
Mputu Raphaël LOMBE, Jeff Iteku BEKOMO, Odette Kabena NGANDU, Koto-Te-Nyiwa Jean-Paul NGBOLUA
p. 240-251
Une étude a été menée sur les espèces du genre Dioscorea en Afrique tropicale et subtropicale. Elle a couvert la botanique, la dissémination et l’écologie, les données ethno-botaniques, nutritionnelles, phyto-chimiques, pharmaco-thérapeutiques et toxicologiques des ignames de ces régions africaines. L’igname (Dioscorea), est une des espèces végétales très présentes dans les régions tropicales. Elle nécessite des températures élevées (entre 25 et 30 °C) et une pluviométrie élevée (entre 1000 et 1800 mm) pour son développement et pour un rendement adéquat. Près de 27 espèces de ce genre ont été inventoriées dans ces régions, en dépit de leurs caractères morphologiques complexes et de multiples variétés. Elles sont exploitées principalement pour l’usage alimentaire, mais également pour des besoins socio-traditionnels et pharmaco-thérapeutiques variés dans les agglomérations africaines. Les données nutritionnelles enregistrées ont pu montrer suffisamment que les Dioscoréacées possèdent une valeur nutritionnelle non négligeable. Les teneurs en eau, en macro-nutriments (glucides, lipides, protéines), en micro-nutriments (vitamines et sels minéraux) sont satisfaisants. Ils sont aussi une source importante en composés phyto-chimiques bioactifs dont les polyphénols, les stéroïdes, les saponines, les allantoïnes et en particulier les polysaccharides et la diosgénine, qui leur confèrent des activités anti-radicalaires et des propriétés pharmaco-thérapeutiques remarquables. Certaines espèces sont cependant toxiques et demandent une détoxification préalable avant leur consommation, soit par rouissage, par cuisson ou par les deux à la fois.
Études ethnobotanique, phytochimique et pharmacologique de l’hibiscus à feuilles rouges (Hibiscus acetosella)
Colette Ashande MASENGO, Georges Kokanga VULENGA, Monizi MAWUNU, Damien S.T. TSHIBANGU, Pius T. MPIANA, Koto-Te-Nyiwa NGBOLUA
p. 252-261
L’hibiscus à feuilles rouges (Hibiscus acetosella) est une plante utilisée en médecine traditionnelle pour traiter plusieurs maladies, notamment en République Démocratique du Congo (RDC). Parmi ses usages populaires, elle est connue pour ses effets bénéfiques sur l’anémie et d’autres affections. Toutefois, peu d’études scientifiques ont confirmé ses propriétés thérapeutiques. Cette étude vise à évaluer les connaissances de la population sur l’utilisation d’H. acetosella et à tester in vitro ses propriétés anti-drépanocytaires et anti-inflammatoires. L’objectif principal de cette étude est de vérifier l’efficacité d’H. acetosella contre la drépanocytose et l’inflammation à travers des tests in vitro, tout en recueillant les connaissances locales sur son utilisation thérapeutique. Les connaissances de la population ont été évaluées par enquête auprès de 200 personnes, portant sur les maladies traitées par cette plante, les parties de la plante utilisées, les formes pharmaceutiques employées et les modes d’administration. Les propriétés anti-drépanocytaires ont été testées in vitro à l’aide du test d’Emmel, d’un test d’hémolyse et d’un test basé sur la dénaturation thermique des protéines. Les résultats ont montré que la population attribue à H. acetosella la capacité de soigner 11 maladies, dont l’anémie est la plus citée (142 citations sur 200). Les feuilles sont la partie la plus utilisée de la plante, tandis que la décoction est la forme pharmaceutique prédominante. La recette est généralement administrée par voie orale. Les tests in vitro ont confirmé l’activité anti-drépanocytaire de la plante, validant son usage par la population pour traiter la drépanocytose. H. acetosella présente des propriétés anti-drépanocytaires et anti-inflammatoires prometteuses, confirmées par des tests in vitro. Ces résultats soutiennent son utilisation traditionnelle et suggèrent son potentiel dans la nutrithérapie pour la prise en charge de la drépanocytose en RDC.
Variabilité spatiotemporelle des ressources fourragères dans le bassin versant du Zou à l’exutoire de Domé au Bénin: Implications pour la gestion durable des terres
Luc ADETONA, Norbert AGOÏNON, Bio OROU KPERA, J. B. K. VODOUNOU
p. 262-271
La diminution des étendues propices au pâturage dans le Bassin Versant du Zou compromet la disponibilité des ressources fourragères et la mobilité des troupeaux. Cette étude vise à analyser la variabilité spatiotemporelle des ressources fourragères dans le Bassin Versant du Zou à l’exutoire de Domé (BVZD). La méthodologie de l’étude comprend l’utilisation d’images satellites Landsat de 1991, 2003 et 2020, avec une résolution spatiale de 30 mètres. Les données de biomasse sont obtenues via le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), analysées avec l’Analyse Factorielle des Correspondances pour évaluer la disponibilité de fourrage. Les résultats de la classification des images entre la période de 1991 et 2020 révèlent une régression significative avec un taux moyen de conversion supérieur à 50% des formations naturelles comme les forêts et savanes, remplacées par des champs, jachères et plantations. Cette évolution a été caractérisée par une régression significative de 2 901 kg/ha entre 2003 et 2020 de la biomasse disponible, particulièrement dans les zones forestières et marécageuses, avec des implications potentielles sur la disponibilité future de fourrage pour le bétail. La modélisation prédictive suggère une poursuite de cette tendance de dégradation des ressources naturelles jusqu’en 2050, soulignant ainsi l’importance de gérer durablement les ressources pastorales dans le BVZD.
Production Végétale et Environnement
Effets de différents rythmes de coupe sur le rendement et la qualité de la culture fourragère Maralfalfa (Pennisetum sp.) irriguée à N’Djamena, Tchad
H.A. DJEFIL, D. HONORÉ, M. ABBAS, M.O. KOUSSOU, M. CHAIBOU, A.B. BÉCHIR
p. 272-276
L’amélioration des connaissances techniques pour l’introduction du Maralfalfa (Pennisetum sp.) au Tchad, culture fourragère irriguée à haute productivité d’origine sud-américaine, est cruciale pour l’élevage pastoral. Une étude menée à la station expérimentale de l’IRED (octobre 2021-juin 2022) a comparé le rendement (matière fraîche et sèche) et la qualité du Maralfalfa récolté à cinq intervalles différents: 30, 36, 45, 60 et 73 jours. Les résultats montrent que les coupes tardives, avec une période de développement plus longue, donnent des rendements plus élevés en matière sèche, tandis que les coupes précoces permettent un plus grand nombre de récoltes par an. La coupe à 45 jours a produit le meilleur rendement (85,6 t de MS/ha/an). Les analyses du Spectromètre à Infra-Rouge (SPIR) ont révélé que les fourrages jeunes (36 et 45 jours) ont une meilleure qualité avec plus de matières azotées, plus d’énergie et une meilleure digestibilité, alors que ceux de 73 jours, plus lignifiés, sont de qualité inférieure.
Caractérisation de la chaîne de valeur et de la rentabilité financière des cultures négligées et sous-utilisées en zone sahélienne: Cas de Corchorus olitorius dans la région d’Agadez au Niger
Rahila MAAZOU, Abdourhimou AMADOU ISSOUFOU, Mamadou ADAM, Habou RABIOU, Ali MAHAMANE
p. 277-284
La mise en valeur de certaines espèces sous-utilisées constitue un des moyens palliatifs de la diversification des cultures dans certaines localités du Nord du Niger. Cette étude porte sur la valorisation de produits et sous-produits du Corchorus olitorius dans la région d’Agadez. La méthodologie s’est basée sur l’évaluation rapide de marché (ERM) à travers le calcul de la Valeur Ajoutée (VA), le revenu net et le ratio coût-bénéfice. Nous avons également réalisé des entretiens auprès des acteurs. Les données ont suivi une analyse fonctionnelle et financière. Il est basé sur la collecte de données auprès des acteurs de cette chaîne de valeur notamment la production, la commercialisation, la transformation et la consommation. Les résultats ont montré que les maillons production (100%) et commercialisation sont conduites par les hommes et la transformation par les femmes (100%). La production moyenne est de 272 tonnes de Corchorus olitorius séchés dont la grande partie est destinée à la commercialisation. La valorisation du Corchorus olitorius est rentable pour tous les acteurs de la chaîne de valeur quel que soit la période de l’année. Les résultats montrent que la VAN varie suivant l’année. En investissant 1 FCFA, les producteurs gagneraient 1,5 FCFA pendant la période de grande production et 3,3 FCFA pendant la période de faible production. Cette étude devrait permettre d’amorcer une meilleure politique de valorisation de cette espèce, en impliquant les principaux acteurs de son exploitation.
Mesure de l’efficacité technique des cultivateurs de manioc et d’igname dans la région de Moronou en Côte d’Ivoire
Jean Stanislas CASIMIR TANO
p. 285-293
Le présent article a pour objectif, d’une part d’évaluer le niveau d’efficacité technique des exploitations de cultures vivrières dans la région de Moronou en Côte d’Ivoire et, d’autre part, d’analyser les déterminants de cette efficacité productive. Au terme des investigations, il ressort que les producteurs sont en moyenne techniquement efficaces dans les cultures vivrières considérées (igname et manioc). En effet, les indices moyens d’efficacité technique sont respectivement de 0,89 et 0,81 pour l’igname et le manioc. Quant à l’analyse des déterminants de l’efficacité technique, elle montre que les variables telles que la taille du ménage, l’accès au conseil agricole et au crédit (pour la culture d’igname seulement) et l’appartenance à un groupement économique (pour la culture de manioc seulement) améliorent l’efficacité technique des producteurs dans la zone d’étude.
Les adventices du niébé (Vigna unguiculata) dans la zone nord du bassin arachidier du Sénégal: Degré d’infestation et nuisibilité potentielle des espèces
Modou KA
p. 294-300
Au Sénégal, le niébé est l’une des principales cultures acclimatées à la chaleur et tolérante à la sécheresse qui présente d’énormes potentialités agronomiques et alimentaires. Cependant, sa production est confrontée à de nombreuses contraintes dont les effets de compétition par les adventices. Ainsi, il est nécessaire de trouver des leviers de gestion de l’enherbement pour améliorer la production du niébé au Sénégal. Néanmoins, la proposition de méthodes efficaces de gestion des adventices suppose une bonne connaissance de la nature systémique et du pouvoir invasif des espèces à travers le degré d’infestation et l’indice partiel de nuisibilité. L’objectif de cette étude est de déterminer le degré d’infestation et l’indice partiel de nuisibilité des adventices du niébé dans la zone nord du bassin arachidier. Pour ce faire, des inventaires et des relevés phyto-sociologiques ont été réalisés dans les parcelles de niébé en appliquant la méthode du ‘tour de champ’. Une analyse de l’importance agronomique des espèces de la flore adventices a été effectuée à partir de deux paramètres que sont le degré d’infestation et l’indice partiel de nuisibilité. Cette étude a permis de recenser 92 espèces réparties dans 67 genres et 29 familles. Il a été noté que dans cette flore, les espèces telles que Crotalaria podocarpa, Spermacoce stachydea, Hibiscus cannabinnus, Merremia pinnata, Digitaria horizontalis, Commelina forsskaolii et Phyllanthus pentandrus sont les espèces les plus infestantes de la zone et représentent 7,60% des espèces rencontrées. Il a été aussi noté que plus d’une vingtaine d’espèces de la flore adventice de la zone sont potentiellement nuisibles à la culture de niébé dont font partie les 7 espèces citées. Pour une amélioration de la production de niébé dans la zone Nord du bassin arachidier, une attention particulière doit être portée à ces espèces pour éviter tout dommage que celles-ci peuvent occasionner sur les rendements de cette culture.
Pêche et Halieutique
Écotoxicité de l’exposition des larves du poisson zèbre au mélange EE2/A6: Un accent particulier sur la ligne latérale postérieure, PLL
Ahmed NASRI, Hamouda BEYREM, Ezzeddine MAHMOUDI, Mireille ROSSEL, Véronique PERRIER
p. 301-305
La ligne latérale postérieure ou PLL est un système mécano-sensoriel présent chez les poissons et les amphibiens, qui permet la détection des mouvements de l’eau dans l’environnement. La stimulation de ce système conduit à une réponse comportementale adaptée, telle que la nage contre le sens du courant, la parade sexuelle, la détection des proies et des prédateurs. Il a disparu chez les organismes terrestres et notamment chez la plupart des tétrapodes, où il a été remplacé par une autre structure, l’oreille interne. L’objectif de notre présente étude est d’évaluer les effets des mélanges de perturbateurs endocriniens sur la régénération de la PLL du poisson zèbre. L’exposition des larves âgées de 24 h pendant 6 jours aux composés d’éthinylestradiol EE2 et de biopesticide A6 a provoqué un retard de la régénération de nerf et des cellules ciliées. Ces résultats pourraient conduire à des effets graves à long terme sur la plasticité et la réparation neuronale et suggèrent que la perte de cellules ciliées auditives est irréparable chez les mammifères, plus particulièrement chez l’être humain.
Économie Agricole et Rurale
Utilisations et importance socio-économique des cuirs et peaux en Afrique de l’ouest
Omarou GUIRE, Ousseini MOUCTARI, Mahamadou CHAIBOU
p. 306-312
En Afrique de l’Ouest, les cuirs et peaux, sous-produits animaux, représentent une véritable manne économique. Cette synthèse met en lumière l’importance de la filière cuirs et peaux, tant sur le plan socio-économique que culturel. La méthodologie employée a consisté en l’analyse d’articles scientifiques publiés sur le sujet. L’Afrique contribue à hauteur de 8 à 14 % à la production mondiale de cuirs et peaux mais reste marginale dans le commerce international. Cependant, les dépouilles des animaux, au-delà, de leur importance dans les échanges commerciaux, trouvent une multitude d’usages, de la décoration intérieure à l’habillement, en passant même dans l’alimentation humaine dans les sociétés africaines. La production, la collecte, la transformation et l’exportation des cuirs et peaux emploient plusieurs millions de personnes. Bien que souvent menées de manière traditionnelle et informelle, ces activités constituent une source de devises étrangères et un pilier essentiel des moyens d’existence en milieux rural et urbain. Pourtant, ces activités font face à des défis de techniques de production et de collecte archaïques, un manque de formalisation et une pollution environnementale liée aux tanneries. Ces défis entravent le développement de la filière cuirs et peaux.
Le tourisme, alternative pour la durabilité des écosystèmes oasiens au Maroc
Jannate CHEHBOUNI, Nour-Eddine BENAODA TLEMÇANI, Latifa DAADAOUI, Cherif HARROUNI
p. 313-326
Les oasis sont des agro-écosystèmes créés par l’homme et qui ont permis aux populations locales de subsister dans des conditions climatiques particulièrement hostiles. Ceci est dû en grande partie à la gestion de l’eau et à la solidarité sociale. Malheureusement, ces agrosystèmes perdent de leur attractivité auprès des jeunes, qui préfèrent migrer vers les grandes villes à la recherche de meilleures opportunités. Néanmoins, au fil des siècles, les écosystèmes oasiens ont démontré leur capacité de résilience quelles que soient les contraintes environnementales, grâce au développement de judicieux mécanismes d’adaptation. Des solutions alternatives sont nécessaires pour restaurer et revitaliser ces agro-écosystèmes et les rendre plus attractifs, vis-à-vis des jeunes générations. Le tourisme peut être une alternative pour atteindre cet objectif. Dans cet article, nous présentons des idées pour le développement de programmes et de stratégies visant à promouvoir et encourager le tourisme oasien en nous focalisant sur le cas de Fam Al Hisn. Cela contribuera à générer de l’emploi et à maintenir sur place la population jeune, principal garant de la durabilité. Fam Al Hisn est une petite oasis située en plein cœur du Sahara avec un patrimoine culturel et plusieurs atouts paysagers. Historiquement, elle constituait une étape à la croisée des routes caravanières trans-sahariennes, mettant les anciens habitants au contact de différentes ethnies et leur permettant d’acquérir une expertise en commerce. En outre, la présence de gravures rupestres témoigne de l’ancienneté et de la présence humaine durant des périodes de climats plus humides. L’oasis de Fam Al Hisn est située au pied du Jbel Bani, sur les rives d’oued Tamanarte. L’eau qui l’alimente est captée dans le lit de cet oued grâce à 2 khettaras totalisant près de 3 km de longueur, qui deviennent séguia à ciel ouvert à l’entrée de l’oasis. La gestion minutieuse de l’eau permet la culture de plusieurs espèces comme les dattes, les fruits et les légumes qui ont entrainé, par le passé, une certaine prospérité dans cet environnement hostile. Les parcelles de cultures sont jalousement protégées par des murs construits en matériaux locaux. Elles sont accessibles grâce à un dédale de ruelles et de sentiers à la complexité labyrinthique. Toutefois, à l’instar des autres oasis du Maroc, Fam Al Hisn fait face à des contraintes de différents ordres. Le climat, défavorable à la base, est exacerbé par le changement climatique. La rareté de l’eau est aggravée par la baisse du niveau piézométrique et le manque d’entretien des canaux. La fragilité des sols et l’absence de maintenance des parcelles entraînent la dégradation de la palmeraie (maladies fongiques, dessèchement, vieillissement, …). Le morcellement des parcelles agricoles et la subdivision des droits d’eau aboutissent souvent à l’abandon de l’activité agricole par une jeunesse qui préfère émigrer. D’où la nécessité d’envisager des solutions innovantes et durables pour les retenir dans leur milieu.