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Les Partenariats Public-Privé: Fondement théorique et analyse économique

Les Partenariats Public-Privé: Fondement théorique et analyse économique

N. MAATALA1, M. BENABDELLAH2, P. LEBAILLY3

1 Ministère de l’Économie et des Finance – Rabat, Maroc
2 Institut d’Agronomie et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc
3 Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech – Belgique

Résumé

Le PPP reste un mode de gestion courant dans le monde, notamment dans les secteurs du transport, des services publics et des équipements collectifs. Les intérêts de ce mode de partenariat résident dans le financement hors budget pour le partenaire public, le taux de rentabilité élevé pour le partenaire privé, les délais de réalisation réduits des projets inscrits dans le cadre de ce mode de collaboration et dans la disponibilité et la qualité du service public fourni. La théorie économique voit dans les PPP des avantages et inconvénients liés non seulement au partenariat, mais aussi à la nature de la relation public-privée qui est considérée comme une relation particulière. Dans cet article, nous analysons, dans une première partie, les principaux fondements théoriques dans lesquels s’insèrent le Partenariat Public-Privé (PPP) et nous présentons les hypothèses et les principes de chaque courant théorique. Dans la deuxième partie du présent article, nous présentons une analyse économique de ce mode de partenariat tout en présentant ses avantage, ses inconvénients et les pistes potentiels pour faire face aux limites de cette approche partenariale.

Mots clés: Partenariat Public-Privé, Fondement théorique du PPP, Analyse économique du PPP

INTRODUCTION

Le Partenariat Public-Privé (PPP) est défini comme étant un concept de gestion permettant à l’État de confier à une société privée la conception, le financement, la construction, la gestion et la maintenance d’un équipement public pendant une longue durée limitée qui dépend, souvent, de la durée d’amortissement des infrastructures et des modalités de financement.

Le Partenariat Public-Privé reste un des outils dont les décideurs et les autorités publiques disposent pour encourager l’accroissement des investissements en infrastructure tout en faisant face aux contraintes budgétaires.

Par le passé, le financement, la construction, la propriété et l’exploitation des infrastructures relevaient exclusivement du secteur public. Actuellement, et vu que de nombreux gouvernements n’ont plus les moyens d’exercer ce rôle et d’assumer cette responsabilité, les PPP apparaissent désormais comme une solution de rechange qui peut offrir, parfois, des avantages par rapport aux modes de réalisation classiques.

Les PPP restent des modes de gestion courants dans le monde, notamment dans les secteurs du transport, des services publics et des équipements collectifs. En agriculture, le développement récent des PPP en irrigation répond à des besoins différents en termes d’accélération du rythme des investissements, de soustraction aux problèmes récurrents de gestion non durable des grands périmètres collectifs et de création des conditions favorables du développement de l’agriculture.

Les intérêts de ce mode de partenariat résident dans le financement hors budget pour le partenaire public, le taux de rentabilité élevé pour le partenaire privé, les délais de réalisation réduits des projets inscrits dans le cadre de ce mode de collaboration et dans la disponibilité et la qualité du service public fourni. Le PPP permet d’atteindre un optimum de chaque partie prenante du projet réalisé dans ce cadre: un optimum socio-économique pour le partenaire public, une rentabilité financière pour le partenaire privé et une redevance acceptable pour le consommateur du service fourni.

Les principaux fondements théoriques des Partenariats Publique-Privé peuvent être résumées dans quatre approches théoriques majeures: la théorie des coûts de transaction, la théorie de l’agence, la théorie des contrats incomplets et la théorie des droits de propriété.

Aussi, il est également important de signaler que la théorie économique voit dans les PPP des avantages et inconvénients liés non seulement au partenariat, mais aussi à la nature de la relation public-privée qui est considérée comme une relation particulière. C’est sous cet angle qu’on va essayer d’analyser les partenariats et d’étudier leurs avantages et limites, en les considérant d’abord comme une décision d’externalisation de la part de l’État.

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Analyse technico-économique de la cuisson solaire directe au Maroc

Analyse technico-économique et évaluation de l’impact environnemental de la cuisson solaire directe au Maroc

N. MBODJI1, A. HAJJI1

1  Unité de Recherche du Génie des Procédés et Environnement, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II. BP 6202, Rabat, Maroc

Résumé

L’objectif de cet article est de présenter une méthodologie de dimensionnement des cuiseurs solaires directs, faire l’analyse économique et évaluer l’impact environnemental de la cuisson solaire directe au Maroc. Pour satisfaire les besoins énergétiques d’un ménage de 5 personnes consommant 3 kg de repas à midi pour une durée de cuisson de 2,5 heures, un concentrateur parabolique de 1,4 m de diamètre (surface utile de 1,6 m²) est nécessaire. A l’échelle du ménage, l’analyse financière a révélé que le temps de retour d’un cuiseur solaire direct par rapport au butane varie de 4 à 10 années selon le taux de la subvention publique. Par rapport au bois de feu, le temps de retour varie de 0,6 à 10 années selon le rendement du four et le prix du bois. A l’échelle nationale, pour subventionner à hauteur de 50% les cuiseurs solaires directs avec un taux de pénétration de 50% en milieu rural, l’État doit consentir un budget de 1,61 milliard de dirhams (1$US=10 Dirhams). Cet investissement permettrait de réaliser des économies annuelles sur la subvention du butane d’environ 185 millions de dirhams, ce qui correspond à un temps de retour de 8,7 années et un bénéfice de 1,45 milliard de dirhams sur la durée de vie des cuiseurs estimée à 15 ans. Sur le plan écologique, la surface de forêt épargnée serait d’environ 10.000 ha/an et la quantité de CO2 non émise serait de 1,08 Mt/an.

Mots clés: Cuisson solaire directe, évaluation économique, impact environnemental, subvention, butane, bois de feu, Maroc

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INTRODUCTION

Le bois de feu et le butane sont les principales sources d’énergie utilisées pour la cuisson par les ménages dans de nombreux pays en développement, notamment au Maroc. En raison de sa facture élevée, ces nations ont de plus en plus du mal à maintenir la subvention publique des énergies fossiles.

Dans le monde, près de 3 milliards de personnes n’ont que le bois de feu pour cuire leurs aliments, alors que la quasi-totalité d’entre eux vivent dans les régions ensoleillées. L’organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que chaque année 1,6 millions de personnes meurent de maladies respiratoires provoquées par la pollution de l’air intérieur due à l’utilisation de combustibles solides pour la cuisson (ASDER, 2012). Six cents kilogrammes de bois sont nécessaires par personne et par année, ce qui est équivalent à environ 4 tonnes par famille. Sur un carré de 4 m de côté, le soleil donne plus d’énergie en un an que ces 4 tonnes de bois (ASDER, 2012). Un cuiseur solaire domestique sauve 100 arbres en 15 ans de durée de vie, évite le dégagement de 1,5 tonne de dioxyde de carbone (CO2), donne plus de temps aux femmes et aux enfants qui dépensent 15 heures par semaine pour la corvée des bois (ASDER, 2012) et permet également d’augmenter le pouvoir d’achat. En effet, le budget alloué à la cuisson en bois de feu des ménages à faible revenu à la campagne absorbe une part importante du revenu familial, entre 10-30% selon le pays (Schwarzer, 2004). En ville, le prix de l’énergie de cuisson représente un tiers du revenu familial (ASDER, 2012).

Au Maroc, selon l’agence internationale de l’énergie (IEA) en 2014, l’approvisionnement extérieur des besoins en énergie représente 91%, avec une facture annuelle évaluée entre 90 à 100 milliards de dirham marocain (MMDh). Le Maroc place les énergies renouvelables et particulièrement l’énergie solaire au rang des priorités. Avec un rayonnement solaire incident moyen compris entre 4,5 et 7,2 kWh par jour et par m2, le Maroc a pour objectif d’arriver à une puissance électrique installée en énergies renouvelables dans le mix énergétique de 42% d’ici 2020, dont 14% en énergie solaire, et de 52% d’ici l’horizon 2030. La consommation annuelle du gaz de pétrole liquéfié (GPL) est estimée à 2,4 mégatonnes (Mt), dont le butane et le propane représentent respectivement 90% et 10% (Atouk, 2013). Le butane est utilisé quasi en totalité dans le secteur résidentiel, mais son prix très faible fait que son usage se répand progressivement à d’autres secteurs plus inattendus, comme le pompage de l’eau d’irrigation et le chauffage des serres (IEA, 2014). La subvention publique du butane par l’État coûte actuellement aux alentours de 15 MMDh (IEA, 2014). L’évolution du prix du butane sur le marché international affecte considérablement la part de couverture de subvention de l’État qui a connu une montée vertigineuse entre les années 2009 et 2012 passant de 91 à 224% (Ministère de l’économie, 2014). Le cours moyen de 4 000 Dh la tonne en 2015 représente son plus bas niveau depuis près de 10 ans (Ministère de l’économie, 2015). Toutefois, la contribution de l’État est de 110% et demeure supérieure au prix supporté par le consommateur. La consommation annuelle du bois de feu est évaluée à 11,3 Mt, dont 89% en milieu rural et 11% en milieu urbain (CDER, 2008; Lavieeco, 2012; Atouk, 2013). La moitié du bois de feu consommé (53% ou 6 Mt) provient de la forêt alors que la capacité de production est de 3,25 Mt (Atouk, 2013). Le reste est fourni par les vergers fruitiers (19% ou 2,15 Mt) et les résidus agricoles (28% ou 3,15 Mt) (Atouk, 2013). Les formations forestières boisées (non compris l’alfa) couvrent une superficie d’environ 5,7 millions d’hectares, et sont constituées à 66% d’essences feuillues, 18% d’essences résineuses, 9% de plantations artificielles et 7% de mattorals (Ministère chargé des eaux et forêts, 2000). La déforestation est estimée entre 30 000 à 50 000 ha par année en raison de la sur-consommation de bois de feu et son renouvellement (reboisement) est insuffisant 8% (Atouk, 2013). La collecte s’effectue en moyenne 3 à 4 fois par semaine et dure de 3 à 8 h suivant la disponibilité en bois (CDER, 2008). Le budget énergétique représente 20% des dépenses des ménages liées au logement selon Lahlou (2011) et 24,2% selon Lahlimi (2016).

Toutefois, l’adoption en masse des énergies renouvelables dans le mix énergétique au Maroc n’a pas eu d’impact sur l’utilisation du gaz et du bois de feu, vu la faible part de la cuisson électrique au Maroc. Dans ce sens, une attention particulière est portée sur l’utilisation de l’énergie solaire, en particulier à des fins de cuisson. Son utilisation pourrait être une alternative très intéressante et une solution viable de nature à augmenter le pouvoir d’achat des ménages, à diminuer considérablement l’émission de dioxyde de carbone, la déforestation, et l’érosion des sols, à baisser les mortalités causées par les maladies respiratoires et à participer à la création d’emplois.

La cuisson solaire permet de cuire les aliments grâce à l’énergie solaire ou d’assurer des procédés tels que la pasteurisation et la stérilisation. Les cuiseurs capturent les rayons solaires au moyen de surfaces brillantes qui réfléchissent les rayons du soleil et les concentrent sur des récepteurs qui transfèrent la chaleur aux aliments. Les cuiseurs solaires peuvent être internes ou externes avec des tailles différentes: petite (3-4 personnes), moyenne (5 à 2000 personnes) ou grande (2000 à 50000 personnes). Ils peuvent être moins chers (55 à 270 Dh), moyennement chers (960 à 4325 Dh) ou coûteux (5400 à 10800 Dh) l’unité (Götz, 2005; Nandwani, 2005; Loos, 2012). La cuisson peut être classifiée en 4 catégories selon les plages de températures requises: cuisson (85 à 90 °C), ébullition (100 à 130 °C), friture (200 à 250 °C) et grillade (plus de 300 °C) (Mbodji et Hajji, 2016). Cependant, la classification la plus commune distingue les cuiseurs directs et les cuiseurs indirects (Mbodji et Hajji, 2016). Dans les cuiseurs directs, l’énergie solaire est transférée directement du collecteur vers l’ustensile de cuisson qui contient les aliments et leur rendement varie de 2 à 55% (Yettou, 2015; Mbodji et Hajji, 2016). Dans les cuiseurs indirects, l’ustensile de cuisson est physiquement dissocié du collecteur, et ces systèmes utilisent des capteurs plans ou des capteurs à tubes sous vide ou un récepteur qui transfère l’énergie captée à un fluide intermédiaire qui va chauffer l’ustensile de cuisson et possèdent un rendement variant de 20% à 73% (Mawire et al., 2008; Prasanna, 2011). Les deux modèles peuvent intégrer ou non un support de stockage qui sont sous forme de chaleur sensible ou de chaleur latente ou thermochimique ou parfois une combinaison des différents modes (Muthusivagami et al., 2010).

Plusieurs cuiseurs solaires de type boîte ont été conçus, développés et évalués économiquement dans le contexte indien. Kandpal et Mathur (1986) ont constaté que le prix des carburants classiques utilisés pour la cuisson joue un rôle décisif dans leur utilisation. La cause principale de la mauvaise capacité de leur adaptation en milieu rural est l’utilisation des ressources disponibles localement et gratuites (bois de feu, bouse de vache, déchets agricoles etc.). Nahar et al., (1994) ont construit un cuiseur destiné à la cuisson des aliments pour animaux. Le coût de fabrication du cuiseur est d’environ 200 Dh, et le temps de retour est de 0,45 à 1,36 années, selon le combustible qu’il remplace. Panwar et al., (2013) ont développé un cuiseur solaire destiné à l’alimentation animale dans les zones rurales dans l’état de Rajasthan et contribue ainsi à l’amélioration du niveau de vie des agriculteurs ruraux et aussi à la réduction des émissions de CO2. Le cuiseur peut remplacer la biomasse à 100% et économiser environ 424,8 kg de CO2 par année et 3,6 Dh par jour. Al-Saad et Jubran (1991) ont développé en Jordanie un cuiseur à faible coût en utilisant un matériau disponible localement (argile). Le prix du cuiseur est réduit de 56% passant de 530 Dh à 235 Dh. Beaumont et al., (1997) ont rapporté qu’un cuiseur solaire capable de fournir de la nourriture à 10-12 personnes par temps clair avec des repas autour de midi et au crépuscule a été conçu et construit en Tanzanie avec un coût d’environ 100 Dh.

De nombreuses études scientifiques ont montré que le taux de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 31% au cours des 20 dernières décennies (Sims, 2004). Depuis 1800, 20 Gt de CO2 sont rejetés dans l’environnement, du seul fait de la déforestation, engendrant ainsi la concentration du gaz de méthane dans l’atmosphère, responsable de la destruction de la couche d’ozone. La température moyenne de la surface du globe a augmenté de 0,4-0,8 °C au siècle dernier, au-dessus de la ligne de base de 14 °C à cause des rejets de gaz (Sims, 2004). La promotion de technologies propres avec les énergies renouvelables est devenue une nécessité afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Nandwani (1996) a mené une étude comparative au Costa Rica et dans le monde sur les avantages écologiques des cuiseurs solaires par rapport aux cuiseurs conventionnels en bois et électrique. Il a conclu, en considérant un usage du dispositif de 6-8 mois par an, que le temps de retour d’un cuiseur solaire de type boîte est d’environ 12-14 mois. L’utilisation des cuiseurs solaires peut épargner environ 16,8 millions de tonnes de bois chaque année et éviter l’émission de 38,4 millions de tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère. Dans le même sens, Escobar (1996), visant à réduire la consommation de bois comme source d’énergie, a proposé 3 modèles de cuiseurs solaires de type boîte à faible coût, conçus et développés à l’école de physique au Salvador. Selon les statistiques nationales du Salvador, cette source d’énergie représente 53% de l’énergie primaire consommée dans le pays. Pour cuisiner le déjeuner et le dîner, une famille typique dépensera seulement 0,18 Dh pour le cuiseur solaire, 8,3 Dh pour le bois de feu, et 2,0 Dh pour le cuiseur électrique. Hernandez-Luna et Huelsz (2008) ont présenté l’optimisation de la conception optogéométriques d’un cuiseur solaire de type boîte pour la zone intertropicale (Mexique). Ils ont estimé que le cuiseur peut sauver une quantité potentielle de bois 850 kg par an. Alozie et al., (2010) ont indiqué que le potentiel annuel d’économie de bois est de 346 millions de tonnes. Le marché total de cuiseurs solaires à usage domestique, à petite échelle et l’utilisation à grande échelle, se traduira par plus de 921 MMDh d’économies. Panwar et al., (2011) ont indiqué que sur la période 1971-1995, les émissions de CO2 ont augmenté à un taux moyen de 1,7% par an. Les scénarios prévoient un taux de croissance plus rapide des émissions de CO2 jusqu’à 2,2% par an, pour la période allant jusqu’à 2020. Andrianaivo et Ramasiarinoro (2014) ont comparé le cuiseur solaire de type parabolique SK14 par rapport à deux alternatives: le bois de feu et le charbon de bois à Madagascar. Les résultats de l’étude ont montré que le cuiseur solaire est moins utilisable par temps nuageux ou pluvieux et l’impact environnemental est réduit d’environ de moitié. Par contre, une source d’appoint est obligatoire pour cuire les repas à ces moments. Garba et Danmallam (2014) ont étudié un cuiseur solaire passif de type boîte dans le contexte nigérian pour une application durable dans les pays en développement dont le temps de retour est estimé entre 4 et 12 mois selon le nombre d’utilisations. L’utilisation d’un cuiseur solaire assurant 100% des besoins journaliers permet d’économiser annuellement dans le monde 1281 Mt de bois et 346 Mt de CO2. Par ailleurs, des études sont menées durant plusieurs années sur différents modèles de cuiseurs solaires dans les conditions climatiques de l’Inde avec une évaluation du potentiel d’émission de CO2 par Nahar (1998, 2009) et ont estimé que le temps de retour varie entre 1,58 et 4,89 années suivant la source d’énergie primaire à remplacer. Pour les différents cuiseurs expérimentés, l’énergie économisée est estimée à 5 175 MJ par an.

Les ressources énergétiques renouvelables joueront un rôle important dans l’avenir de la planète, le développement de systèmes à cuisson solaire permettra de répondre aux besoins en matière d’énergie de cuisson et de résoudre certains problèmes liés aux cuissons traditionnelles, notamment dans les pays en développement (Panwar et al., 2011).

L’objectif global de cette étude est de présenter une méthodologie de dimensionnement des cuiseurs solaires directs, faire l’analyse économique et évaluer l’impact environnemental de la cuisson solaire directe. La première partie décrit la méthodologie de dimensionnement des cuiseurs solaires directs, les grandeurs de performance utilisées dans l’analyse économique et l’évaluation de l’impact environnemental. La deuxième partie présente les différents résultats obtenus.

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Réalisation d’un pollinisateur du palmier dattier

Réalisation d’un pollinisateur du palmier dattier

A. NOURANI1, A. KADRI2, Z. BENGUIGA1, M. MEHENNI1, A. SALEM1, F. KACI3

1 Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides (CRSTRA), Biskra, Algérie
2 Institut d’Agronomie, Université de Chlef
3 École Nationale Supérieure d’Agronomie

Résumé

Plusieurs chercheurs ont tenté de mécaniser la pollinisation de palmier dattier au vu de son importance. En effet, le présent travail contribue à l’enrichissement de ce sujet mettant à la disposition des phœniciculteurs un nouveau dispositif de pollinisation. Le pollinisateur réalisé est constitué d’une poudreuse montée à la tête d’une perche télescopique. Nous avons mené des tests sur ce pollinisateur à Touggourt et à Biskra (Algérie). Le rendement obtenu par le pollinisateur a été le même que celui obtenu par la méthode traditionnelle. L’appareil a coûté une somme qui est moins que le coût de pollinisation de plus de 25 palmiers par la méthode traditionnelle. De plus la pollinisation par l’appareil a duré la moitié du temps que celle exigée par la méthode traditionnelle. La sécurité de l’agriculteur est bien assurée puisque il ne grimpe plus les palmiers, ce qui est aussi très important. Ce travail propose une alternative efficace, vu les résultats prometteurs obtenus avec le pollinisateur sur les plans économique, sécuritaire et gain de temps. Et lorsque la fonction de ce pollinisateur se base sur la dispersion de pollen, nous avons déterminé que le meilleur pourcentage pollen/farine de blé est de 20%.

Mots clés: Palmier dattier, pollinisation, mécanisation, main d’oeuvre, pollinisateur

INTRODUCTION

La culture du palmier dattier occupe une place importante dans le système de production algérien et constitue une ressource majeure pour la majorité des habitants des régions sahariennes du pays. Les statistiques révèlent qu’il y a plus de 18 millions de palmiers qui occupent une superficie dépassant les 160 mille hectares (Benziouche et Cheriet, 2012). L’Algérie est connue pour sa production de la Deglet Nour, une variété de dattes originaire de la région de Biskra et qui a une grande valeur commerciale. Ceci est dû essentiellement à l’administration coloniale et à l’état algérien qui ont favorisé la culture de ce cultivar, vue la demande du marché international.

Le palmier dattier est une plante dioïque comportant des pieds mâles (Dokkar) et des pieds femelles (Nakhla). Pour une bonne production de dattes, la pollinisation constitue une opération cruciale. Actuellement en Algérie, l’opération consiste à attacher deux ou trois épillets mâles avec les inflorescences femelles. Pour les palmiers les plus hauts, la pollinisation est plus difficile à réaliser car l’opérateur doit monter à plusieurs reprises (jusqu’à cinq fois) selon l’ouverture des spathes.

Plusieurs recherches ont été menées pour mécaniser la pollinisation au vu de son importance et de sa difficulté. A cet égard, Ibrahim et al., (1987) ont développé un pollinisateur mécanique pour le palmier dattier, qu’ils ont appelé Alnahreen Polinator, dont le principe de fonctionnement est le poudrage de grains du pollen sur les inflorescences femelles. Également, Yahia (2009) a conçu un pollinisateur qui se compose d’un moteur électrique de 12V alimenté par une batterie, d’une trémie et d’un tambour vibrant en plastique, qui tourne à une vitesse réduite par rapport au moteur électrique. Mostaan et al., (2010) ont publié une recherche sur un pollinisateur électrique. Ce dernier se compose d’une perche télescopique, d’un distributeur d’air, d’un tuyau de pollen, d’une buse et d’une télécommande. Selon les auteurs, l’étude comparative a montré que l’utilisation de ce pollinisateur est plus avantageuse que la méthode traditionnelle en matière de fécondité.

De ce fait, le présent travail contribue à l’enrichissement de ce sujet mettant à la disposition des phœniciculteurs un nouveau dispositif de pollinisation. Ce pollinisateur a été réalisé et testé au sud algérien, plus exactement à Touggourt en 2014 et à Biskra (El-Outaya) en 2015.

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Changements climatiques au Maroc: quels systèmes de culture et quelles biotechnologies pour s’y adapter ?

Changements climatiques au Maroc: quels systèmes de culture et quelles biotechnologies pour s’y adapter ?

AIT HOUSSA1, S. DRISSI1, A. ASEHRAOU2, A. ASFERS1, L. OUBAKI1, H. CHRAIBI1

1 Centre de Formation et de Recherches, Louata, Providence Verte, Maroc
2 Faculté des sciences, Université Mohammed Premier, Oujda, Maroc

Résumé

On présente une étude prospective concernant l’impact probable des changements climatiques sur les systèmes de culture et d’élevage au Maroc. D’après le constat de terrain et dans les limites de ce que signifie ce genre d’étude, l’effet direct du réchauffement climatique peut conduire à terme (et c’est déjà le cas dans certaines contrées) à la nécessité d’une redistribution variétale pour des espèces exigeantes en froid comme les rosacées. Des variétés de pomme, telle que le groupe des Golden, risquent de disparaître des montagnes pour laisser la place à d’autres moins exigeantes comme le groupe des Gala. Le bananier et l’avocatier risquent de migrer vers les régions un peu plus continentales, l’olivier et les agrumes un peu plus vers le pied de la montagne. Le réchauffement climatique peut aussi obliger à faire évoluer les systèmes d’élevage et de culture en faisant déplacer la frontière de la sécheresse un peu plus vers le centre et le nord du pays; l’aride serait peut-être envahi par la désertification, le semi-aride passerait en partie à l’étage aride et le Bour dit favorable en partie dans le semi-aride. Comme corollaire à ce changement, il faudrait s’attendre à une perte de potentiel de ressources en eau qui obligerait probablement à abandonner les cultures pour le grain dans l’étage aride où il n’y aurait plus suffisamment de pluie, au profit de l’élevage, et à revoir les systèmes de culture en introduisant un peu plus d’aridoculture et de variétés plus précoces dans les autres étages d’agriculture pluviale. Dans les grands périmètres irrigués, par manque d’eau l’on serait dans l’obligation de soustraire de ces périmètres toute culture grande consommatrice d’eau telles que le riz et la canne à sucre et, pour des impératifs d’une meilleure valorisation de ce qui va rester, à ne garder que des cultures à forte efficience et fortement rémunératrices. La sécheresse excessive prévisible par certains modèles récents suggère aussi un besoin plus important en barrages dans les plus brefs délais possibles afin de profiter des années très pluvieuses à apports d’eau exceptionnels. Mais, il faudrait aussi optimiser la gestion de cette eau en évoluant rapidement vers la généralisation de l’irrigation localisée et en transférant l’excédent d’eau vers les autres régions déficitaires. Quoi que cela puisse paraître encore lointain, l’eau de mer en tant que ressource inépuisable pour l’irrigation est la vraie solution à terme à condition de lui trouver le déclic technologique pour un usage en grande agriculture à l’instar de l’eau conventionnelle ou de découvrir des variétés permettant de l’utiliser en l’état. Au Maroc, il faudrait penser au dessalage au moyen d’énergies renouvelables (solaire, éolien) et à l’utilisation de cette eau dans une première phase, dans les zones côtières où climat, qualité des terres, soleil et vent sont très favorables à ces projets. Pour anticiper l’avenir au plan sécurité alimentaire du pays, il faudrait envisager l’emploi de ressources facilement mobilisables pour combler le déficit structurel en amidon de blé et en protéines animales. L’étude suggère le recours à d’autres sources d’amidon que le Maroc peut produire aisément comme la pomme de terre, et pour le déficit en protéines, une plus forte consommation de ressources halieutiques encore largement sous utilisées par la population.

Mots-clés: Changements climatiques, système de culture, systèmes d’élevage, biotechnologies, Maroc.

INTRODUCTION

Le climat du Maroc est de type méditerranéen à dominante aride. Il est caractérisé par deux saisons plus ou moins d’égale durée, en perpétuelle alternance. La première, humide et un peu froide, s’étalant de novembre à avril et la seconde sèche et chaude, allant de mai à octobre. Au plan géographique, ce climat peut également être caractérisé par deux axes d’aridité progressive, de pluviosité dégressive en fonction de la latitude. Un axe majeur de plus de 1600 km reliant Tanger à Dakhla et un axe mineur d’un peu plus de 400-500 km, pouvant en première approximation, être représenté par la ligne Rabat – Oriental ou Rabat-Bouarfa. Du fait du rôle vital de l’eau en agriculture, à ces axes est associée une notion corrélative de degré de vulnérabilité des systèmes d’élevage et de culture et, depuis l’avènement des nouveaux changements climatiques, une notion additionnelle de risque de basculer dans le «pire», fonction entre autres mais surtout, de l’aggravation de la sécheresse à laquelle on s’attend dans chaque étage d’aridité. Étant donné les conditions de sécheresse déjà très graves héritées du passé, indépendamment de tout changement nouveau, le «pire» est ici défini comme une forme de bouleversement climatique-surprise ou s’installant à terme, qui déstabiliserait totalement le système d’élevage et agricole en place et/ou qui en affecterait irréversiblement la durabilité. Pour ne pas rester vague, disons par exemple l’apparition d’épisodes de sécheresse de durée et d’intensité jamais vue dans l’histoire récente du Maroc, plus grave que celle des années 80. Un scénario qui aura comme conséquences une perte de potentiel drastique et irréversible de ressources tributaires de la pluie, par rapport à un potentiel de référence. Par exemple le volume d’eau régulé par les barrages eu égard à un volume de référence conventionnel égal à 15 milliards de m3 quand le Maroc aura terminé son programme de construction des barrages (Bouaicha et Benabdelfadel, 2010), ou encore le volume en céréales produit par rapport à un volume de référence égal à 100 millions de qx quand il aura mis à niveau l’ensemble de son secteur céréalier (Aït Houssa et al., 2016).

Un changement climatique sous-entend la mise en évidence statistique, d’une différence significative de la variation observée ΔV sur la grandeur G utilisée pour caractériser ce climat (température, pluie, grêle, gelée,…), sous l’effet d’un facteur (ici le réchauffement climatique) qui la fait passer de la valeur G0 à la valeur G. En climat méditerranéen, la mise en évidence de cette variabilité pour la pluie n’est malheureusement pas chose aisée, du fait de la variabilité intrinsèque très importante ΔV0 qui caractérise déjà cette grandeur, indépendamment de tout changement climatique nouveau (Aït Houssa et Benbella, 1981; Aït Houssa et al., 2014). C’est un inconvénient d’importance majeure et il n’est pas le seul. Il faudrait aussi disposer de bases de données suffisantes et représentatives d’un réel cycle climatique très long pour opérer les calculs (Aït Houssa et al., 2016).

En dépit de la marge d’incertitude qu’elles comportent, les études effectuées sur le Maroc restent dans l’ensemble cohérentes avec les conclusions obtenues dans d’autres régions du monde par divers groupes de travail, notamment le GIEC/IPCC (1995, 1997). Selon les modèles les plus récents, à l’horizon 2050, le réchauffement climatique en cours, conduirait selon toute vraisemblance, à un accroissement de température entre 2,3°C et 2,9°C, à une baisse des précipitations entre 13% et 30%, avec comme conséquences évidentes une baisse de la ressource en eau globale entre 16 et 22 % et des rendements des cultures (Senoussi et al., 1999; Sinan et al., 2009; FAO, 2014).

Dans cet article, on rappelle le degré de vulnérabilité spécifique à chaque étage climatique au Maroc (1), les risques potentiels additionnels que les changements en cours présentent pour les systèmes d’élevage et de culture dans chaque étage (2), puis l’éventail de solutions s’il y en a, que l’agronomie et la biotechnologie peuvent leur apporter (3).

Pour le besoin de l’étude, on subdivisera le Maroc, comme le proposent les agronomes de terrain, en sept zones qui sont l’étage climatique désertique avec ses oasis (isohyète P <100 mm), l’étage aride (200<P<300 mm/an), le semi-aride (350-450 mm/an), le Bour favorable (P> 450 mm), les zones de montagne, les grands périmètres irrigués et enfin la ceinture littorale.

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Gestion du Bayoud du palmier dattier dans les oasis marocaines

Gestion du Bayoud du palmier dattier dans les oasis marocaines

A. ESSARIOUI1, H. BEN-AMAR1, S. KHOULASSA1, R. MEZIANI1, A. AMAMOU2, F. MOKRINI3

1 Centre Régional de la Recherche Agronomique, Errachidia
2 Centre Régional de la Recherche Agronomique, Settat
3 Centre Régional de la Recherche Agronomique, Agadir

Résumé

Le «Bayoud», fusariose vasculaire du palmier dattier, est une maladie séculaire sévissant dans les oasis marocaines. L’importance stratégique de la phoeniciculture dans l’agriculture oasienne amorce son intensification par la création de nouveaux projets d’investissement sur des terrains potentiellement indemnes du Bayoud, mais proches de zones contaminées. La réussite de ces investissements requiert des mesures drastiques de prophylaxie et d’exclusion de l’agent pathogène. Dans ce travail, nous résumons les principaux acquis de recherche pouvant étayer cet effort. Nous faisons une analyse de la situation épidémiologique du Bayoud au Maroc et nous apportons une vision de gestion intégrée basée sur la détection précoce, la cartographie, et la résistance génétique pour limiter l’expansion de la maladie et sécuriser les investissements dans les nouvelles aires d’extension de culture du palmier dattier.

Mots-clés: Palmier dattier, Bayoud, détection précoce, cartographie, résistance génétique.

Management of date palm Bayoud disease in Moroccan oases

Abstract

«Bayoud», a vascular wilt disease, has become for more than a century a serious threat to date palm in Moroccan oases. The strategic importance of date palm cultivation to oasis agriculture drives the intensification of date production through new investment projects on soils that are potentially healthy, but very close to infested areas. The success of these investments requires drastic prophylactic and pathogen exclusion measures. In this work, we summarize the main research results to underpin this effort. We analyze the epidemiological situation of Bayoud disease in Morocco and we bring insight to integrated management based on early detection, cartography, and genetic resistance to wall-off the disease and secure the investments in the new date palm growing areas.

Keywords: Date palm, Bayoud, early detection, cartography, genetic resistance.

INTRODUCTION

Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) est une angiosperme pérenne dont la culture se localise principalement dans l’hémisphère nord du globe entre les parallèles 9° et 33° (Toutain, 1967; Munier, 1973). C’est une espèce monocotylédone dioïque (inflorescences mâles et femelles portées par des individus séparés) et diploïde (2n=36), bien que certaines variétés soient polyploïdes. Taxonomiquement, le dattier est classé dans le groupe des spadiciformes, l’ordre des palmacées (arecaceae), la sous-famille des coryphoïdées, et la tribu des phoénicées.

Dans l’immensité hostile du désert marocain, le palmier dattier a été depuis des temps l’échine qui supporte la vie dans un climat cruel. La palmeraie marocaine, auparavant constituée principalement de plantations traditionnelles le long des oueds et autour de points d’eau éparpillés du Sud-est au Sud-ouest, connaît actuellement une nouvelle dynamique. Pour atteindre ses objectifs de modernisation du secteur phoenicicole et d’intensification de la production dattière, l’état subventionne la création de nouvelles plantations. Grâce à cette politique, des milliers d’hectares de palmiers dattiers ont été plantés et de grands projets modernes ont vu le jour dans des zones à l’extérieur, mais proche, des oasis traditionnelles.

La protection contre le risque d’attaque par la maladie du Bayoud constitue un premier pas vers la réussite de ces investissements. Le Bayoud est une trachéomycose (maladie vasculaire) destructive et mortelle causée par le champignon tellurique Fusarium oxysporum f. sp. albedinis (Foa). Le Foa vit dans le sol et s’attaque par les racines aux palmiers de tout âge. Après une période plus ou moins longue le cœur de l’arbre fini par flancher causant sa mort. Depuis son apparition vers la fin du 19ème siècle (Djerbi, 1988), la maladie sévit dans toutes les principales oasis marocaines y causant des pertes économiquement considérables et une érosion génétique ayant fait disparaître un certain nombre de génotypes de qualité. Nos investigations sur le terrain montrent que le Bayoud est très répandu dans les palmeraies de Drâa, ziz, Tata et Figuig. La maladie existe aussi dans des oasis de moindre importance, comme celles d’Akka, Fom Elhisn, Fom Zguid, Taghajijte et Guelmim. Dans toutes ces contrées, des arbres moribonds et d’autre atones jonchant le sol sont le résultat de dégâts infligés par la maladie des années durant. Les causes qui ont mené à cette situation déplorable sont multiples, notamment:

  • La période relativement longue qui s’est étalée entre l’apparition de la maladie (fin 19ème siècle) et l’identification scientifique de l’agent causal (Malençon, 1934). La cause et les moyens de dissémination du pathogène ayant été ignorés, les précautions nécessaires pour freiner la progression de la maladie ne pouvaient être prises.
  • La pratique de l’irrigation gravitaire, basée généralement sur l’inondation des parcelles par les eaux de crues durant les périodes pluvieuses. À cause de cette méthode d’irrigation, l’eau est considérée comme le vecteur principal de distribution de la maladie à grande échelle en entraînant des particules de sols contaminés vers des zones indemnes.
  • Les échanges entre agriculteurs de matériel végétal de qualité (rejets de variétés sensibles comme la Mejhoul, Boufeggous etc.), mais contaminé.

Devant l’incurabilité de la maladie, un important corpus de recherche et d’études ont été menées au Maroc pour la mise au point d’un paquet technique en mesure de limiter son impact. Les travaux de recherche ont visé le renforcement de tous les maillons dans la chaîne de lutte pour une gestion efficace de la maladie. Nous présentons ici l’état de l’art et les principaux acquis de recherche en matière de lutte contre le Bayoud. Ensuite, nous analysons le risque de dissémination du Foa de zones infestées vers d’autres encore indemnes. Enfin, nous proposons une vision intégrative de plusieurs outils scientifiques et techniques (détection précoce, cartographie et résistance variétale) pour contenir la maladie dans les zones déjà infestées et prévenir son expansion vers les plantations indemnes nouvellement installées.

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Conduite technique et inventaire des variétés marocaines locales de figuier

Conduite technique et inventaire des variétés marocaines locales de figuier (Ficus carica L.) dans quatre principaux sites de production, provinces de Chefchaouen, El Jadida, Ouezzane et Taounate

A. EL HAJJAM, A. EZZAHOUANI, E.A. SEHHAR

Département Production, Protection, et Biotechnologie Végétale, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat

Résumé

Les objectifs du présent travail, mené dans quatre sites de production des figues relevant des provinces de Chefchaouen (Beni Ahmed), El Jadida (Ouled Frej), Ouezzane (Zoumi) et Taounate (Bouhouda) consistent en premier lieu à caractériser les variétés de figuiers plantées dans ces sites, à faire une typologie des exploitations, à décrire la conduite technique adoptée et à identifier les variétés potentielles pour les nouvelles plantations. Pour ce faire, nous avons réalisé des enquêtes sur un échantillon de 72 exploitations dans différents sites. La caractérisation variétale a été complétée par le prélèvement et l’analyse d’échantillons de fruits et de feuilles au laboratoire. Les résultats relatifs à la typologie montrent que les exploitations dont la SAU dépasse 5 ha représentent 20% à Ouled Frej, 11% à Bouhouda et à Beni Ahmed et seulement 5% à Zoumi. L’âge moyen des plantations est de 15 ans à Ouled Frej, 37 ans à Zoumi et Beni Ahmed, et 43 ans à Bouhouda. La conduite technique dans le site d’Ouled Frej se distingue par la pratique de l’irrigation des vergers et l’apport d’engrais et de produits phytosanitaires justifiés par la commercialisation basée sur la vente des figues fraîches. Dans les autres sites, la conduite est généralement traditionnelle, les figues sont vendues séchées à cause de l’enclavement. Le profil variétal se compose de 43 variétés dont 4 sont de type Smyrne, 18 de type Commun et 21 de type San Pedro. Le profil variétal par site est de 3 à Ouled Frej, 11 à Beni Ahmed, 11 à Bouhouda et 19 à Zoumi. Les analyses statistiques (ACP et CHA) ont montré un rapprochement entre certaines variétés qui portent des appellations différentes (synonymie). Les variétés recommandées par ordre de priorité, pour les programmes de développement futurs du figuier, sont Messari (Homran/ Lamtel/Mtioui), Fassi, Ghouddane, Ghani et Lamdar pour la production des figues fleurs fraîches, Messari, Ghouddane, Fassi, Lassoune, Masfah, Aouad et Hamri pour la production des figues d’automne à l’état frais et Nabout, Koté, Masfah, Messari, Ghouddane et Fassi pour la production des figues d’automne séchées.

Mots-clés: Figuier, variété, séchage, conduite technique, commercialisation, caprifiguier.

Orchard management and inventory of moroccan local varieties of fig (Ficus carica L.) in four main production sites, Chefchaouen, El Jadida, Ouezzane and Taounate provinces

Abstract

The present study conducted in four production sites belonging to the provinces of Chefchaouen (Beni Ahmed), El Jadida (Ouled Frej), Ouezzane (Zoumi) and Taounate (Bouhouda) aims to characterize the local fig varieties, to explore typology of farms, training orchard management and to identify varieties of value for future projects. To achieve these goals, we conducted a field survey and prospection on a sample of 72 farms in the sites considered. The characterization of varieties was supplemented by laboratory analysis of leaf and fruit samples. Results showed that farms having more than 5 ha represented 20% in Ouled Frej, 11% in Bouhouda and Beni Ahmed and only 5% in Zoumi. The age of fig-tree orchards averaged 15 years in Ouled Frej, 37 years in Zoumi, and Beni Ahmed and 43 years in Bouhouda. Orchard management is more intensive in Ouled Frej by the practice of irrigation and the use of fertilizers and other chemicals for plant protection because almost all fruit is destined for fresh market. However, in the other sites located in mountainous areas, figs are mostly marketed as dried fruit because orchards are landlocked. There were 43 varieties identified, 3 in Ouled Frej, 11 in Beni Ahmed, 11 in Bouhouda and 19 in Zoumi. The Principal component analysis (PCA) and agglomerative hierarchical clustering (AHC) have shown similarities between some varieties (synonymous). The varieties recommended for future fig tree development programs are Messari (Homran / Lamtel / Mtioui), Fassi, Ghouddane, Ghani and Lamdar for the production of the first crop fresh figs; Messari, Ghouddane, Fassi. Lassoune, Masfah, Aouad and Hamri for the production of fresh autumn figs and Nabout, Koté, Masfah, Messari, Ghouddane and Fassi for production of autumn dried figs.

Keywords: fig tree, variety, drying, cultural practices, marketing, common fig.

INTRODUCTION

Selon les statistiques de la FAO (2014), la majorité des superficies de figuier se trouvent dans la zone du bassin méditerranéen et du Moyen Orient. La plus grande superficie de figuier se trouve au Maroc avec 54 771 ha suivi par la Turquie avec 49 464 ha, l’Algérie avec 44 395 ha et l’Égypte avec 28 501 ha. Cependant, les données relatives à la production montrent que le Maroc se place en quatrième position (126 554 tonnes) alors que la Turquie se trouve en première position (300 282 tonnes) avec une production dépassant le double (2,37) de celle réalisée par le Maroc. Ceci est le résultat de rendements moyens de l’ordre de 6,07 t/ha en Turquie et 2,31 t/ha au Maroc. Notons que le rendement maximal, selon les statistiques de la FAOSTAT (2014), avoisinant 10 t/ha a été enregistré au Brésil.

Au Maroc, la majorité des plantations (85 % de la surface totale) se trouvent localisées au niveau de cinq provinces: Taounate (22 230 ha); Chefchaouen (7 050 ha) ; AI Hoceima (5 000 ha); Ouezzane (3 150 ha) et Tétouan (2 000 ha). Après une faible régression en termes de superficie entre 2007 et 2008 allant respectivement de 44 441 à 42 381 ha, la superficie ne cesse d’augmenter après le lancement du Plan Maroc Vert (PMV) pour atteindre une superficie avoisinant 69 000 ha en 2017. Le PMV englobe des projets de plantation du figuier et de valorisation des figues. Malgré les efforts déployés, certains vergers sont très âgés et conduits d’une manière traditionnelle d’où la nécessité de travaux de réhabilitation des anciennes plantations.

Une grande diversité variétale existe au Maroc et probablement beaucoup d’homonymies et/ou de synonymie d’appellation générant une situation extrêmement confuse dans la nomenclature du figuier. Certaines variétés sont communes à plusieurs régions, d’autres sont cultivées avec des noms différents et d’autres sont spécifiques à certaines régions. Comme exemple, 36 variétés/dénominations ont été dénombrées à Taounate, 29 à Ouezzane, 26 à Tétouan, 20 à Chefchaouen et 8 à Zerhoun, 3 à 5 variétés sont prédominantes dans chaque région. Certaines variétés se trouvent dans plusieurs régions, d’autres sont cultivées avec des noms différents et d’autres sont spécifiques à certaines zones (El Khaloui, 2010).

Le figuier produit une ou deux récoltes: variétés bifères à deux récoltes (figues fleurs et figues d’automne) et variétés unifères (figues d’automne) produisant une seule récolte (Vidaud, 1997). Au Maroc, les variétés bifères sont représentées essentiellement par Ournakssi, Ghouddane, El Khal, Embar El Khal, Fassi, Filalia, Jeblia, Hamra, Aounq El Hmam et Beida. Les variétés unifères concernent principalement: Embar Lebied, El Quoti Lebied, Hafer El Brhel, Chaari, Ferquouch Jmel, Nabout et Ferzaoui (MAPM, 2017). D’après l’étude de Tayou (1985) et Walali et al., (2003), six variétés sont cultivées à grande échelle au Nord du Maroc: El Messari ou Homrame ou Johri, Lembdar Labiad, Lembdar Lakhal, Rhouddane, El Koté et Aounq Hmam.

Au Maroc, de nombreux efforts ont été déployés pour développer la filière du figuier, surtout avec les projets pilier II du Plan Maroc Vert. À travers ces projets, l’État vise à augmenter la superficie des figuiers et à introduire des techniques de séchage plus performantes que le séchage traditionnel. Cependant, les variétés nationales plantées lors des réalisations de ces projets restent faibles par rapport à la diversité nationale des variétés de figuiers ainsi qu’un manque d’informations sur ces variétés et leurs caractéristiques qualitatives et quantitatives. En effet, Le souci majeur du développement des plantations du figuier réside actuellement dans le choix des variétés adaptées aux objectifs de production et de valorisation du produit dans son état frais ou sec. Les objectifs du présent travail, mené dans quatre sites de production relevant des provinces de Chefchaouen, El Jadida, Ouezzane et Taounate, consistent à identifier et caractériser les variétés de figuiers plantées dans ces sites; faire une typologie des exploitations et de la conduite technique dans chaque site; et répertorier les variétés potentielles pour les nouvelles plantations.

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Les Bronchopneumonies Infectieuses Enzootiques (BPIE) des bovins: Approche curative et préventive

Les Bronchopneumonies Infectieuses Enzootiques (BPIE) des bovins: Approche curative et préventive

Z. ZOUAGUI, H. AIT LBACHA

Unité de Pathologie Médicale et Chirurgicale des Ruminants, département de Médecine, Chirurgie et Reproduction, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc
Résumé

Les bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) bovines demeurent l’un des problèmes majeurs de l’élevage bovin moderne. Ce complexe morbide parfois mortel, est responsable de pertes économiques considérables tant en termes de production que de productivité. La multiplicité des agents étiologiques de cette entité pathologique et des facteurs de risque pouvant y être associés rend difficile sa maîtrise. La présente revue bibliographique discute les approches préventives et curatives d’actualité pour la lutte contre les BPIE.

Mots-clés: Bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE), bovins, traitement, prévention.

INTRODUCTION

Les bronchopneumonies représentent l’une des entités pathologiques multifactorielles les plus fréquentes et les plus préjudiciables économiquement en élevage bovin à travers le monde. Ces affections sont essentiellement des broncho-pneumopathies infectieuses qui peuvent toucher plusieurs individus d’un même lot chez les naisseurs et les engraisseurs. Plusieurs nomenclatures ont été proposées pour qualifier ce groupe de pathologies, ce qui dénote de la complexité de la problématique. Les troubles des jeunes bovins en lots, qui feront l’objet du présent article, appelés complexe maladie respiratoire bovine (Le terme anglo-saxon étant «Bovine Respiratory Disease Complex», BRD) ou encore Broncho-pneumonies Infectieuses Enzootiques (BPIE), sont déclenchés par le concours de facteurs extrinsèques, comme l’environnement, les conditions de vie de l’animal, le stress et divers agents pathogènes, et intrinsèques, comme la race, le poids et le statut immunitaire. Ces pathologies, de loin les plus fréquentes chez le jeune après sevrage, entraînent des pertes économiques considérables. L’objectif de cet article, étant donné la diversité des agents pathogènes en cause et la complexité des conditions d’apparition, est de présenter et discuter des stratégies préventives et curatives à même de permettre un meilleur contrôle.

CAUSES DES BPIE

Éléments infectieux

Les agents microbiens agissent en général en interaction pour déclencher ce que l’on appelle les BPIE. Leur capacité de multiplication et de diffusion est très élevée dans des conditions favorables (confinement, promiscuité, affaiblissement des animaux, etc.). Il en résulte une contagiosité souvent élevée via le milieu de vie ambiant ou par le contact étroit entre animaux. Plusieurs catégories d’agents pathogènes peuvent être à l’origine des maladies respiratoires.

Les virus

• Le virus respiratoire syncitial bovin (BRSV) est un paramyxovirus. Ces effets cytopathiques caractéristiques sur les cultures cellulaires (la formation de syncytia) lui ont valu sa dénomination. La durée d’incubation est de 2 à 10 jours. C’est un agent fréquent des BPIE provoquant des dégâts assez importants lors de la primo-infection (Sacco et al., 2014).

• Le virus Para-influenza 3 (PI3V) est un paramyxovirus. Contrairement au pouvoir pathogène intrinsèque du BRSV, le PI3V ne provoque que des infections subcliniques ou relativement bénignes. Le principal risque demeure les surinfections bactériennes après une infection par le PI3 (Newcomer et al., 2017).

• Le virus la Rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) est un herpesvirus bovin de type 1 (BoHV-1) caractérisé par le phénomène de latence chez les animaux porteurs. Les symptômes cliniques sont principalement respiratoires avec une inflammation des voies respiratoires supérieures (Rhinotrachéite) pouvant évoluer en une pneumonie grave et entraîner la mort de l’animal (Newcomer and Givens, 2016).

• Le virus de la diarrhée virale bovine (BVDV) est un pestivirus. Il jouerait un rôle aggravant dans les pathologies respiratoires par l’immunodépression qu’il entraîne ce qui favoriserait le développement d’autres agents pathogènes (Newcomer and Givens, 2016).

• Autres virus: au niveau du tractus respiratoire on peut également retrouver le réovirus, l’adénovirus, le rhinovirus bovin, le coronavirus et le virus influenza D, etc. Il est à noter ici que la circulation du virus influenza D, dont le pouvoir pathogène reste méconnu, a récemment été rapportée au Maroc (Salem et al., 2017).

Les bactéries

• Les pasteurelles Mannheimia haemolytica, capable de provoquer des bronchopneumonies sans intervention virale, est une bactérie habituellement résidente du tractus respiratoire supérieur des bovins cliniquement sains. Mais, suite à des conditions de stress ou à une infection virale primaire, cette bactérie colonise les poumons, se développe et sécrète des toxines. Celles-ci provoquent de sérieuses lésions du parenchyme pulmonaire (Gershwin et al., 2015; Singh et al., 2011). D’autres pasteurelles pathogènes telles Pasteurella multocida et Histophilus somni sont isolées lors de BPIE (Corbeil, 2007; Dabo et al., 2007).

• Les mycoplasmes: la part des mycoplasmes dans l’incidence des infections respiratoires s’avère de plus en plus grandissante. Mycoplasma bovis est un germe qui a montré beaucoup de résistance aux antibiotiques avec un risque considérable de rechutes après la guérison clinique (Lysnyansky and Ayling, 2016). Les infections mycoplasmiques sont souvent associées à d’autres signes cliniques notamment les arthrites, les otites, les atteintes oculaires et mammaires (Gagea et al., 2006).

D’autres bactéries peuvent être à l’origine de surinfections: Mycoplasma autres que bovis, Salmonella sp, Trueperella pyogenes, les pneumocoques, les colibacilles, etc.

Éléments climatiques, environnementaux et ambiance des bâtiments d’élevage

Plusieurs facteurs non-infectieux favorisent le déclenchement des BPIE dont les plus importants sont:

• Le Froid: les microbes se conservent mieux par temps froid et leur transmission est beaucoup plus facilitée ; ce qui explique une plus grande fréquence des pathologies respiratoires en hiver. De même, les grands écarts de températures et le stress thermique, dans des pays comme le Maroc, surtout dans des bâtiments d’élevage inadaptés font qu’un deuxième pic estival est à redouter.

• Les courants d’air: ils assèchent et favorisent l’irritation des voies respiratoires.

• La mauvaise ventilation et le confort thermique: Les germes se multiplient plus rapidement et se retrouvent concentrés en suspension dans l’air des milieux humides d’où l’accélération de la transmission des microbes. Certains gaz (ammoniac), irritent les muqueuses, et donc facilitent les infections. Tous ses facteurs concourent, avec les facteurs infectieux, à l’émergence des BPIE chez des animaux naturellement handicapés sur le plan de la fonction respiratoire (Lekeux, 1988).

Deux autres facteurs d’apparition des bronchopneumonies chez les jeunes bovins sont importants à signaler:

• La cohabitation entre jeune animaux, très sensibles, et les animaux adultes, plus résistants et porteurs de germes potentiellement dangereux,

• Les divers stress auxquels sont soumis les animaux (stress lié au transport, au changement alimentaire, au parasitisme etc..).

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Système agroforestier à cacaoyers en Côte d’Ivoire

Système agroforestier à cacaoyers en Côte d’Ivoire: Connaissances existantes et besoins de recherche pour une production durable

B.T.A.VROH1, N.E.J. ABROU1, Z.B. GONE BI1,2, C.Y. ADOU YAO1,2

1 Laboratoire de botanique, UFR Biosciences, Université Félix Houphouët-Boigny 
2 Centre Suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire
Résumé

La présente étude a fait un diagnostic écologique de la durabilité des systèmes de production de cacao en Côte d’Ivoire. L’analyse de la bibliographie a montré que cette culture, introduite en 1988, a été compatible à divers facteurs pédo-climatiques et de végétation de la Côte d’Ivoire. Cette compatibilité se traduit par l’évolution de la filière du cacao et des pratiques culturales du Sud-est au Sud-ouest du pays. L’étude a fait le constat de l’existence de divergences entre les paysans et les scientifiques au sujet des espèces d’arbres à associer aux cacaoyers. Elle soulève également le manque de preuves suffisantes et scientifiques pouvant guider le choix d’un système agroforestier à cacao, à la fois profitable aux producteurs et écologiquement soutenable. Des investigations futures devront être orientées vers la recherche de compromis sur le choix des espèces à associer aux cacaoyers; ce qui nécessitera la confirmation ou l’infirmation scientifique des perceptions empiriques issues de pratiques traditionnelles. Il faudra également éclairer le producteur, le décideur politique et les structures d’encadrement de paysans, sur la nécessité d’une complémentarité entre la production de cacao et la valeur économique des services écosystémiques produits dans les cacaoyères.

Mots-clés: Arbres d’ombrage, Agroforêt, Front pionnier du cacao, Pratiques agricoles traditionnelles, Services écosystémiques.

Cocoa agroforestry system in Côte d’Ivoire: existing knowledge and future research for sustainable production

Abstract

This study has assessed the ecological sustainability of cocoa production systems in Côte d’Ivoire. The literature has shown that cocoa crop has been introduced in 1988 and the crop has been suitable with various pedoclimatic and vegetation factors in Côte d’Ivoire. This suitability has involved a move of the cocoa area and some changing agricultural practices from the South-east to the South-west of the country. The study has shown the existence of some divergences between farmers and scientists about the choice of tree species to be associated in cocoa agrosystems. Also, insufficient scientific research has been achieved in order to suggest to farmers the most sustainable cocoa agroforest system. Future research should be focused on finding a trade-off about the choice of associated tree species which can be profitable to the farmers and be ecologically sustainable. The research should also approve or deny some empirical perceptions from traditional practices. The future research should also demonstrate to farmers, political decision-maker and management structures the need of a synergy between cocoa production and the economic value from of the ecosystem services produced in the farms.

Keywords: Shade trees, Agroforest, cocoa pioneer front, Traditional agricultural practices, Ecosystem services.

INTRODUCTION

Les impacts néfastes de l’intensification des pratiques agricoles ont amplifié divers problèmes environnementaux. Il s’agit essentiellement des problèmes de déforestation, d’érosion, de désertification, du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la contamination de l’eau potable (Altieri et Pengue, 2006; FAO, 2006). Le cadre de développement durable qui offre des solutions intégrant les volets écologiques, économiques et sociaux de toute problématique, semble être un des moyens de faire face à ces problèmes (Convention sur la Diversité Biologique, 2010). Ainsi, en quête d’une alternative écologiquement soutenable, socialement acceptable et économiquement profitable à l’agriculture conventionnelle, plusieurs chercheurs ont proposé l’agroforesterie (Rice et Greenberg, 2000; Sonwa et al., 2007; Adou Yao et al., 2016), une activité agricole complexe intégrant les arbres aux cultures et à l’élevage du bétail (Nair, 1993). Cette activité représente aux yeux des chercheurs, une des meilleures solutions pour réconcilier durablement la production agricole et la protection de l’environnement (Agroforestry Systems, 1982 ; Vroh et al., 2017). Cependant, plusieurs points sombres restent à éclaircir quant aux bénéfices écologiques, économiques et sociaux que peuvent tirer les petits producteurs ruraux, des pratiques agroforestières.
Les systèmes agroforestiers à cacaoyers n’échappent pas aux contraintes dont souffrent les pratiques agroforestières. En effet, au début des années 1980, dans plusieurs pays producteurs, il a été constaté des limites liées aux pratiques agroforestières à cacao. Économiquement, ces pratiques ne permettent pas d’espérer un rendement élevé du cacao (Dalliere et Dounias, 1998). Les enquêtes de Ruf (2011) auprès des cacaoculteurs ghanéens par exemple, indiquent que les agriculteurs se plaignent de l’accroissement des dommages des animaux sauvages; la propagation des maladies comme la «pourriture brune» à cause de la forte humidité, le physique des cacaoyers qui, à la recherche de la lumière s’allonge rendant difficile la récolte des cabosses par moment; etc. Socialement, selon Camara et al., (2009), l’extension des agroforêts pourrait fragiliser la sécurité alimentaire des populations rurales soit en réduisant l’espace dévolu aux cultures annuelles vivrières soit, par inadéquation avec celles-ci. Écologiquement, dans les principaux pays producteurs notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, la cacaoculture occupe environ 10 % des terres agricoles (Sonwa et al., 2003; Asare, 2006). L’ensemble des superficies cacaoyères à l’intérieur de ces pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria et Cameroun) a spectaculairement évolué entre 1961 et 2000 passant de 3.096.000 à 5.056.000 hectares. Ainsi, la culture de cacao est perçue de plus en plus, comme étant un agent de déboisement (Bhagwat et al., 2008; Gnahoua et al., 2012). Aussi, ces systèmes agroforestiers souffrent de la faible disponibilité des terres, de l’infertilité des sols et de la réduction des périodes de jachère (Tondoh et al., 2015).
La Côte d’Ivoire, premier pays exportateur de fèves de cacao au monde depuis 1977 avec plus de 40 % de la production mondiale, ne reste en marge des difficultés de conciliation des enjeux environnementaux à la production cacaoyère. En effet, le «miracle ivoirien» des années 1960 et 1970, a reposé sur une exploitation extensive de la forêt au profit des cultures d’exportation parmi lesquelles le cacao est le plus important (Tano, 2012). Ce qui a fait de la culture du cacao, la base de l’économie ivoirienne. Le secteur du cacao représentait jusqu’à la fin de la décennie 1970, à lui seul, 40 % des recettes d’exportation et contribuait à hauteur de 10 % au Produit Intérieur Brut (Léonard et Ibo, 1994). La cacaoculture a donc occupé et continue d’occuper une place importante dans l’économie ivoirienne. Au plan social, avec environ 600.000 chefs d’exploitation à la fin des années 1970, cette culture a continué à mobiliser plus d’un million de paysans dans les années 2000 (Assiri et al., 2009).
Cependant, depuis la fin de la décennie 1980, l’économie ivoirienne souffre d’une crise cacaoyère multidimensionnelle sans précédent. La culture du cacao est accusée de dévorer les forêts ivoiriennes (Aké-Assi, 1998, Konaté et al., 2015). Dans la zone du Sud-ouest par exemple, 2 millions d’hectares de forêt (soit 80 % de la surface forestière totale de la zone), ont été défrichés en 20 ans au profit de la culture de cacao (Tano, 2012). C’est le cas de la réserve forestière de Taï, actuel Parc National de Taï, dans laquelle les producteurs ont ouvert d’importantes exploitations avant d’être chassés en 2014 (Adou Yao et Vroh, 2014). Un autre exemple est celui de la zone du Centre-ouest du pays. Dans celle-ci, un premier cycle de production cacaoyère s’est développé aux dépens des forêts d’Oumé dans les années 1950-1960, un second aux dépens des forêts au Nord de Gagnoa dans les années 1965-1985. Au début de l’année 1990, les défrichements des dernières forêts classées d’Oumé et celles au Sud de Gagnoa, ont marqué la fin du boom dans cette zone, suite à la raréfaction des forêts disponibles (Ruf, 1991). La situation a été exacerbée par la décennie de crise des années 2000, avec les occupations illégales de plusieurs aires protégées en zones forestières de l’Ouest et du Centre-ouest au profit de la culture cacaoyère (Kouakou et al., 2015; Sangne et al., 2015; Barima et al., 2016).
La crise cacaoyère a été exacerbée par la dégradation des conditions de vie des producteurs, la prolifération des ravageurs de cultures, la dégradation des conditions climatiques, les conflits fonciers ainsi que la baisse des prix aux producteurs (Tano, 2012). La diminution des prix influe sur le traitement des vergers et par conséquent sur les rendements. Cette crise a mis en exergue plusieurs problèmes parmi lesquels les questions du verdissement de l’industrie cacaoyère ivoirienne et de la durabilité de la production. Des chercheurs nationaux et internationaux, des politiques et les acteurs de certification de la production de cacao tentent, de plus en plus, de savoir si en Côte d’Ivoire, les pratiques agricoles à base de cacaoyers constituent un outil de développement durable, favorisant les conditions socio-économiques des producteurs, la protection de l’environnement et le bien-être des populations humaines.
La présente étude fait un diagnostic écologique de la durabilité des systèmes de production du cacao en Côte d’Ivoire. Elle se propose de répondre aux questions suivantes: (1) depuis son introduction en Côte d’Ivoire (1888), le cacao est-il produit, de manière durable ? (2) si non, quelles sont les orientations les plus urgentes à donner aux pratiques culturales pour une production durable du cacao en Côte d’Ivoire?
Pour répondre à ces questions, l’étude s’articule autour de quatre sections. La première section présente les grandes zones de production de cacao en Côte d’Ivoire, qui ont été identifiées depuis l’introduction de la culture en 1888, jusqu’en 2017. Dans cette section, une description des conditions pédo-climatiques ainsi que de la végétation dans les zones de production, a été réalisée pour comprendre les raisons de l’expansion de cette culture, l’évolution des fronts pionniers d’une région à une autre du pays. La deuxième section analyse les différentes manières de pratiquer la cacaoculture. Elle aboutit à la description des systèmes agroforestiers à cacaoyers et à la perception des paysans sur ces systèmes. La troisième section synthétise les espèces d’arbres compagnes les plus associées et leurs rôles pour les cacaoyers et les paysans et pour le maintien de la biodiversité. La quatrième et dernière section aborde les besoins de recherche sur les systèmes agroforestiers à cacaoyers en Côte d’Ivoire. Cette section met en évidence des connaissances scientifiques insuffisamment documentées pour le cas de la Côte d’Ivoire dans le domaine de la cacaoculture. Elle a concerné l’état des recherches sur les influences des systèmes agroforestiers sur le rendement, la production et les valeurs économiques des services écosystémiques rendus par la biodiversité associée aux cacaoyers. L’analyse de ces sections a permis de faire des recommandations pour des recherches futures pour une production durable du cacao en Côte d’Ivoire.

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Conservation par réfrigération de la datte marocaine: État des lieux et évaluation des critères physiques et sensoriels de la qualité

Conservation par réfrigération de la datte marocaine: État des lieux et évaluation des critères physiques et sensoriels de la qualité

Y. NOUTFIA1, H. HARRAK2, C. ALEM3, Y. FILALI ZEGZOUTI4

 1 Laboratoire d’Analyse de la Qualité et de la Sécurité des denrées Alimentaires (LAQSDA) – Centre Régional de la Recherche Agronomique d’Errachidia, INRA, Maroc.
2 Laboratoire de Technologie Agro-alimentaire et Qualité- Centre Régional de la Recherche Agronomique de Marrakech, INRA, Maroc
2 Équipe de recherches Biochimie des Substances Naturelles, FSTE-UMI, Errachidia, Maroc
2 Équipe de recherches Biologie, Environnement et Santé, FSTE-UMI, Errachidia, Maroc

Résumé

La production des dattes au Maroc, estimée à près de cent mille tonnes par année favorable, contribue à la génération des revenus, à hauteur de 40 à 60 % pour près de 2 millions de la population oasienne. Cependant, cette production dattière est exposée à des contraintes liées aux bonnes pratiques de récolte, de traitements post-récolte, de conservation et de stockage. Cette étude consiste en un diagnostic (basé sur des enquêtes) des conditions de traitement et de stockage des dattes dans 5 entrepôts frigorifiques installés dans les oasis du Sud-est Marocain. Ces enquêtes ont été complétées par un suivi, au cours du stockage, de la qualité et du taux de déshydratation de deux principales variétés nobles de dattes: Majhoul et Boufeggous. Les résultats des enquêtes ont montré que la capacité de stockage de la majorité des entrepôts est de l’ordre de 400 tonnes. Le traitement des dattes se fait en plusieurs étapes dont les plus importantes sont la fumigation à la phosphine (PH3) pendant 3 à 5 jours à température ambiante et le triage des dattes en trois catégories, en fonction de leur calibre et de la présence de défauts. Après ces traitements, les dattes sont stockées, toutes variétés confondues, dans la même chambre froide à une température variant de 0 à 4°C pendant une période allant de 1 à 10 mois. Les chambres de stockage ne sont pas équipées d’humidificateurs, ce qui ne permet pas une maîtrise de l’humidité relative. Les défauts majeurs observés au cours du stockage sont l’apparition des taches glucosées à l’intérieur de l’épiderme des fruits (57 % en moyenne) et le détachement de l’épicarpe des dattes (20 % en moyenne). La cinétique de déshydratation a montré une similitude entre les variétés avec une moyenne respective, de la perte en eau, de 6,5 % pour la variété Majhoul et 7 % pour la variété Boufeggous après 12 mois du stockage.

Mots-clés: Maroc, datte (Phoenix dactylifera L.), stockage frigorifique, qualité, déshydratation.

Refrigeration preservation of Moroccan date: situation and physical analysis of quality

Abstract

The production of date palm in Morocco, estimated at around one hundred thousand tons per year, contributes to the generation of income, 40 to 60 %, for nearly 2 million of the oasis population. However, this date palm production is exposed to constraints related to good harvesting practices, post-harvest treatments, conservation and storage. This study consists of a diagnosis (based on surveys) of date processing and storage conditions in five cold storage units located in the oases of South-East of Morocco. These surveys were supplemented by monitoring the quality and dehydration rate of two main varieties of date-palm fruits: Majhoul and Boufeggous. Survey results showed that the storage capacity of the majority of cold storage units is about 400 tons. The date-palm fruits are processed in several stages; the most important of which are fumigation with phosphine (PH3) for 3 to 5 days at room temperature and manual sorting of dates into three categories according to their size and the presence of defects. After these treatments, all varieties of dates are stored in the same cold room at a temperature of 0 to 4°C for a period of 1 to 10 months. The storage rooms are not equipped with humidifiers which do not allow a control of the relative humidity. The major defects observed during storage are the appearance of glucose spots inside the fruit epidermis (57 % on average) and the detachment of the date-palm fruit wall (20 % on average). The kinetics of dehydration showed a similarity between the varieties with a respective average of 6.5 % for the Majhoul and 7 % for Boufeggous, after 12 months of storage.

Keywords: Morocco, date (Phoenix dactylifera L.), cold storage, quality, dehydration.

INTRODUCTION

Au Maroc, la  culture des dattes s’étale sur une superficie de 50 000 hectares correspondant à environ 5 millions de palmiers. Les palmeraies de Tafilalet et de Drâa contribuent à hauteur d’environ 90 % de la production marocaine de dattes (Sidattes, 2017).

La production nationale des dattes, estimée à près de cent mille tonnes par année favorable, occupe une place importante parmi les productions arboricoles et contribue de 40 à 60 % dans la formation des revenus pour plus de 2 millions d’habitants et d’agriculteurs. En matière de commercialisation des dattes, les variétés à haute valeur marchande constituent environ 27 %. Ces variétés nobles sont commercialisées à des prix intéressants qui varient entre 60 à 150 Dirhams/kg (MAPM, 2014).

Cependant, la production des dattes reste insuffisante pour la couverture des besoins qualitatifs et quantitatifs à l’échelle nationale. Cette situation engendre des importations avoisinant 30 % de la production nationale. Plusieurs causes sont à l’origine de cette situation dont en particulier (i) la non-maîtrise (parfois l’inexistence) des techniques de valorisation et de conservation post-récolte, (ii) la non maîtrise des bonnes pratiques de récolte, de fabrication et d’hygiène (iii) l’insuffisance d’entrepôts de conditionnement et de stockage frigorifique des dattes et (iv) la non existence des barèmes optimaux pour le stockage des dattes.

Ce travail propose d’analyser et d’évaluer la situation actuelle en matière de stockage des dattes dans les entrepôts frigorifiques sis aux palmeraies du Sud-est Marocain.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Enquêtes et prospection

Des enquêtes de terrain ont été menées dans 3 palmeraies du Sud-est Marocain, à savoir la palmeraie de Tafilalet, Drâa et de Figuig. Ces enquêtes ont été réalisées au niveau de 5 entrepôts frigorifiques de stockage des dattes. Elles ont principalement portés sur (i) la caractérisation des principales fonctions des entrepôts, (ii) la détermination des différents pré-traitements effectués pour la conservation des dattes, (iii) le mode et barèmes de stockage, (iv) l’application des bonnes pratiques d’hygiène (BPH) et de fabrication (BPF). Ces enquêtes ont été réalisées à travers des entretiens avec les responsables des entrepôts et des visites de terrain sur les lieux de stockage dans les différentes palmeraies.

Évaluation de la qualité des dattes au cours de la réfrigération

Deux variétés de dattes (Majhoul et Boufeggous) ont été conservées dans une chambre froide à température de 4°C pendant 12 mois. Deux modes de conservation par variétés ont été adoptés afin d’étudier leur impact sur l’aptitude au stockage.

A l’issu de la durée de stockage, le taux de dessèchement (exprimé en % d’eau perdue) a été déterminé. En plus, l’analyse sensorielle a porté sur (i) l’évaluation visuelle de l’apparence des fruits et (ii) la détermination des altérations et défauts.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Caractérisation des entrepôts frigorifiques

Au niveau des palmeraies du Sud-est marocain, les principales fonctions des entrepôts frigorifiques sont les pré-traitements des dattes, le conditionnement, le stockage à froid et la commercialisation des dattes. La capacité de stockage de la majorité des entrepôts est de 400 tonnes. Ces entrepôts sont constitués principalement de:

  • 4 chambres froides, chacune de 100 t;
  • 2 salles pour la réception, le pesage et la fumigation des dattes;
  • 1 hall pour le triage manuel des dattes, assuré par une dizaine d’opératrices saisonnières;
  • 1 salle de pré-traitement des dattes. Cette salle est équipée de (i) machine de lavage des dattes, (ii) machine d’hydratation, (iii) machine de séchage, (iv) machine de glucosage, (v) machine de lavage des caisses. A l’exception de la machine du lavage, ces équipements ne sont pas utilisés dans la majorité des entrepôts.

La figure 1 illustre quelques équipements installés dans les entrepôts frigorifiques.

Ces machines installées au niveau de ces entrepôts sont semblables à celles autorisées pour utilisation en Algérie (ANSEJ, 2011). Les mêmes équipements sont imposés par la législation Tunisienne (APII, 2006).

Pré-traitement des dattes

Les différentes étapes du traitement des dattes au niveau des entrepôts de stockage frigorifique sont résumées dans le processus suivant:

  • Réception des dattes: Les dattes réceptionnées dans des caisses et de grands sacs feront l’objet d’un contrôle visuel sur l’infestation, le calibre, la fermentation et l’estimation des écarts de triage. L’acheminent des dattes des lieux de production vers les entrepôts de stockage se fait moyennant des fourgonnettes, des camions ou des tracteurs.

Le tableau 2 rappelle les principales variétés de dattes stockées par palmeraie.

  • Pesage: A la réception, les dattes sont pesées à l’aide de balances électroniques d’une capacité de 100 kg.
  • Fumigation: Un traitement à la phosphine (PH3) sous forme de comprimés est appliqué. Les dattes séjournent trois à cinq jours dans des salles à température ambiante.
  • Triage: Pour éliminer les traces de la phosphine, les dattes sont gardées pendant une durée allant de 4 à 24 h dans un hall bien aéré avant d’être triées. Les dattes sont réparties, selon leur calibre, en trois lots:

– CI: désignant des dattes du 1er calibre;

– CII: désignant des dattes du 2ème calibre;

– Écart de triage: désignant des dattes qui présentent des défauts.

  • Conditionnement: Il comprend les sous étapes suivantes:

– Lavage des dattes à l’eau potable ou de puits dans un laveur;

– Glucosage par pulvérisation d’une solution sucrée sur les dattes; et

– Hydratation ou séchage des dattes dans des machines spécifiques.

A l’exception du lavage, le glucosage et l’hydratation/séchage ne sont pas fréquemment pratiqués.

  • Emballage: Sur des tables en inox, les dattes sont emballées directement dans des emballages en carton, en barquettes ou en film alimentaire sous vide…
  • Stockage à froid: Après emballage, les dattes sont acheminées vers les chambres froides de stockage de 100 T. La température de stockage est de 0 à 4°C. L’humidité n’est pas contrôlée vu l’absence des humidificateurs dans ces chambres. En plus, ces dernières ne sont pas équipées de rayons ce qui engendre un entassement des dattes.

En Arabie Saoudite, le conditionnement des dattes se fait principalement selon les mêmes étapes mentionnées dans la figure 2. Cependant, d’autres traitements sont rapportés par Bakri (2011) dans une étude sur les industries de transformation des dattes. Il s’agit d’une évaporation associée à la fumigation des dattes avant stockage frigorifique et d’un séchage superficiel des dattes avant emballage et commercialisation. D’autre part, le glucosage et le traitement hygrométrique sont des étapes essentielles dans le procédé de conditionnement des dattes (GID, 2011).

Conduite du stockage

Les dattes sont stockées, toutes variétés confondues, dans la même chambre froide à une température de 0 à 4°C pendant une période allant de 1 à 10 mois selon la demande du marché. Si les dattes stockées sont de qualité médiocre (certains cultivars appelés communément ‘Khalts’), il est possible d’augmenter la température des chambres froides entre 8 à 9°C.

Les chambres de stockage ne sont pas équipées d’humidificateur, ce qui ne permet pas un contrôle stable de l’humidité. Cet aspect engendre un dessèchement partiel (perte de poids) pour les dattes molles et demi-molles (Boufeggous et Mejhoul) au cours du stockage. Selon les entrepôts, deux modes de stockage sont pratiqués (Tableau 3).

Dans d’autres pays comme les Émirats Arabes Unis, certaines industries reçoivent les dattes au stade «Tamr» avec des quantités qui dépassent la capacité immédiate des marchés. Ainsi, la plupart des dattes sont stockées à une température de -3°C jusqu’à un an (Ismail et al., 2004). Une autre étude rapporte que la température optimale pour stocker les fruits de dattes est comprise entre 0 et 4°C (Al-Redhaiman, 2005). Des résultats similaires ont été avancés par Hafez et al., (2012) pour le stockage frigorifique de variétés de dattes égyptiennes. Dans ces travaux, un entreposage frigorifique des dattes à une température de 0 et 1°C et  une humidité relative de 85 à 90 % pendant une durée de 40 jours permet de prévenir la prolifération des moisissures.

La figure 3 illustre quelques modes de stockage dans les entrepôts.

Commercialisation des dattes

Les dattes sont d’abord emballées dans un papier sulfurisé et placées dans un emballage en carton de ¼, ½, 1, 2 et 5 kg. La commercialisation des dattes est pratiquée selon deux types de circuits: circuit direct et indirect.

  • Circuit direct: Cette voie de vente des dattes directement au consommateur peut être considérée comme peu fréquente voire absente ;
  • Circuit indirect: C’est le mode de vente le plus répandu au niveau des entrepôts frigorifiques des palmeraies.

La commercialisation se fait (i) à Marjane de Casablanca grâce à un partenariat avec quelques entrepôts frigorifiques, (ii) et placées dans un emballage en carton et (iii) dans des marchés internationaux comme la Belgique et le Canada.

Évaluation de la qualité physique au cours du stockage

Les principaux défauts observés au cours du stockage frigorifique des dattes sont reportés dans le tableau 4 et illustrés dans la figure 4.

Tableau 4: Catégorisation des principaux défauts observés au cours du stockage

Défaut Acronyme
Détachement de l’épicarpe DP
Taches glucosées (Surface) TGS
Taches glucosées (Intérieur) TGI
Filaments de moisissures FM
Traces de fermentations TF
Détachement de l’épicarpe + Taches glucosées (Intérieur) DP+TGI
Taches glucosées (Surface) + Taches glucosées (Intérieur) TGS+TGI
Détachement de l’épicarpe + Taches glucosées (Surface) + Taches glucosées (Intérieur) DP+TGS+TGI
Détachement de l’épicarpe + Taches glucosées (Intérieur) + Filaments de moisissures DP+TGI+FM

Ces défauts peuvent être attribués principalement à:

  1. i) une augmentation de la température ambiante à l’intérieur des chambres de stockage;
  2. ii) une variation de la concentration en oxygène du milieu de conservation dû au mélange de variétés;

iii) une teneur initiale élevée en eau des dattes;

  1. iv) l’inexistence des humidificateurs permettant un contrôle adéquat de l’humidité relative.

Des défauts similaires ont été rapportés; il s’agit d’un noircissement des dattes dû à une température et humidité relative élevées, d’une fermentation des sucres et d’une cristallisation favorisée par des températures basses et une longue durée de conservation (Bensayah, 2014).

Catégorisation et fréquence d’occurrence (%) des défauts observés

Le pourcentage des différents types de dégradation physique de la datte a été calculé. La figue 5 reporte la fréquence d’occurrence de ces défauts par variété et par catégorie du stockage.

Cette figure montre que la première altération des dattes marocaines (toutes variétés confondues) stockées à froid est l’apparition des taches glucosées sur l’épicarpe des fruits (57 % en moyenne), suivi du détachement de l’épicarpe (20 %). Des travaux ont montré qu’une thermisation douce (après réfrigération) peut atténuer le premier type d’altération.

Évaluation de la déshydratation des dattes au cours de la conservation à froid

L’étude de la cinétique de déshydratation des dattes au cours du stockage a permis d’obtenir les résultats du tableau 5.

Tableau 5: Évaluation du taux de dessèchement des dattes au cours du stockage frigorifique

Mode de stockage Taux de dessèchement après 12 mois (% d’eau perdue)
BFcnc 9%
BFcc 5%
Mcnc 6%
Mcc 7%

 

Le tableau 5 montre que la conservation à froid des dattes varie selon la variété et le mode de stockage. Aussi, il est clair que le recours à la protection des dattes par des emballages fermés permet de réduire la déshydratation (BFcc et BFcnc).

Par ailleurs, cette déshydratation est attribuée en grande partie à la teneur initiale en eau des dattes et à la non maîtrise de l’humidité relative dans les chambres du stockage. De plus, il a été constaté que des coupures d’électricités sont fréquentes durant le stockage.

Des études ont montrés que la température et l’humidité des lieux de stockage influencent la qualité et la quantité des dattes molles au cours de la conservation à froid (Alhamdane, 2001 et Alhamdane et Alhilal, 2008).

Conclusion

Cette étude de prospection menée dans les principales palmeraies du Sud-est Marocain a permis de décrire la conduite du stockage frigorifique des dattes au niveau des entrepôts installés dans ces palmeraies. Il en ressort que des efforts doivent êtres déployés par les différents acteurs de recherche et de recherche-développement, pour accompagner cette filière de stockage à travers l’optimisation des conditions de stockage, l’amélioration des procédés de conditionnement et le renforcement des capacités pour une gestion rationnelle et intégrée des entrepôts. Des travaux de recherche doivent être entamés afin d’aider les décideurs locaux sur le choix des méthodes adaptées au stockage des variétés nobles de dattes.

Références bibliographiques

Alhamdane, A. (2001) (Article en arabe): دراسة عن بعض الجوانب الهندسية المؤثرة على جودة التمور المخزنة

Ahamdane, A., Alhilal, I. (2008) (article en arabe): تأثير أربع نظم تخزين على الخواص الطبيعية والميكانيكية لتمور الخلاص. بحث رقم (165)، مركز بحوث كلية علوم الأغذية و الزراعة. جامعة الملك سعود

Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) (2006). Portail de l’industrie Tunisienne. Ministère de l’industrie.

Agence Nationale de Soutien a l’Emploi des Jeunes (ANSEJ) (2011). Fiche technique sur le traitement et la transformation de la datte. Algérie.

Bakri, H. H. (2009). مستقبل الصناعات التحويلية للتمور. كتاب ندوة النخلة حياة و حضارة و معرض منتجاته – مركزعيسى الثقافي/مملكة البحرين في 23-24 نوفمبر 2009

Ismail, B., Haffar, I., Baalbaki, R., Henry, J. (2008).  Physico-chemical characteristics and sensory quality of two date varieties under commercial and industrial storage conditions. LWT 41: 896–904.

Al-Redhaiman, K.N. (2005). Modified atmosphere extends storage period and maintains quality of (Barhi) date fruits. V International Post harvest Symposium, Acta Hort. 34: 682.

Hafez, O.M., Saleh, M.A., Naguib, M.M. (2012). Quality Improvement And Storability Of Some Date Palm Cultivars By Safe Postharvest Treatments. Aust. J. Basic & Appl. Sci., 6: 542-550.

GID. (2011). Groupement International des Dattes en Algérie.

Bensayah, F. (2014). Influence des conditions de stockage au froid des dattes sur leur qualité organoleptique dans la région des Zibans (Cas des dattes -variété Deglet Nour). Pp 128. Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du diplôme de magister – Option: aridoculture. Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie. Département des Sciences Agronomiques. Université Kasdi Merbah-Ouargla.

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Le logo nutritionnel Nutri-Score: un outil au service du consommateur marocain

Le logo nutritionnel Nutri-Score: un outil au service du consommateur marocain

AGUENAOU1,6, C. JULIA2,3, A. EL HAJJAB4, P. GALAN2, H. EL BERRI5,6, M. BRAHIMI6, J. BELKHADIR6, J. HEIKEL6, S. HERCBERG3

1 Unité Mixte de Recherche en Nutrition et Alimentation URAC39, Centre Régional Désigné de Nutrition associé à l’AFRA/IAEA, Université Ibn Tofaïl-CNESTEN, Kénitra-Rabat, Maroc.
2 Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle, CRESS U1153 Inserm/Inra/Cnam/UP13, COMUE Sorbonne Paris Cité. 74 rue Marcel Cachin, 93017 Bobigny
3 Département de Santé Publique, Hôpital Avicenne (AP-HP), Bobigny, 9300, France
4 Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires, Maroc
5 Direction de l’Épidémiologie et de Lutte contre les Maladies, Ministère de la Santé, Maroc
6 Moroccan Obesity Task Force

Résumé

Le Plan d’Action National pour la réduction de la consommation du Sel, du Sucre et du Gras 2017-2021 (PANSSG) vise à réduire graduellement, en collaboration avec l’industrie alimentaire, la teneur en sel, sucre et graisses (SSG) des produits transformés et à sensibiliser la population aux dangers sur la santé de l’excès de leurs consommations du SSG. Aussi, l’activité 17 du PANSSG traite de la création d’un label ou logo attestant de la qualité nutritionnelle globale des aliments. La mise en place au Maroc d’un logo nutritionnel sur la face avant des emballages des aliments peut donc contribuer à l’objectif de sensibilisation des consommateurs sur la qualité nutritionnelle globale des aliments (intégrant leurs teneurs en SSG et densité calorique) tout en incitant les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits en réduisant la teneur en ces nutriments pour bénéficier d’un positionnement plus favorable sur le logo nutritionnel. En effet, le logo nutritionnel Nutri-Score est un logo coloriel couplé à des lettres décrivant 5 classes de qualité nutritionnelle, allant du vert (associé à la lettre A, considérés comme ‘favorables’ sur le plan nutritionnel) à l’orange foncé/rouge (associé à la lettre E, considérés comme ‘défavorables’ sur le plan nutritionnel).

 Mots-clés: Logo nutritionnel, aliments transformés, sucres simples, acides gras saturés, sodium et calories

The Nutri-Score logo: a tool for the Moroccan consumer

Abstract

The National Action Plan for Reducing the Consumption of Salt, Sugar and Fat (Saturated and Trans) 2017-2021 (PANSSG-2017-2021) aims to collaborate with the food industry in order to gradually reduce salt, sugar and fat in processed products and to educate the general public about health risks associated with excess consumption of salt, sugar and fat. One of the actions of the PANSSG (number 17) deals with the establishment of a label or a Nutri-Score logo attesting overall nutritional quality of foods and that maximum salt, sugar and fat contents abide by national standards. The Nutri-Score logo is a color logo with letters describing 5 classes of nutritional quality, ranging from green (associated with the letter A, considered as”nutritionally” favorable) to dark orange/red (associated with the letter E, considered as “nutritionally unfavorable”). The establishment in Morocco of a nutritional logo on food packaging can contribute to raise the consumer awareness of the overall nutritional quality of foods (including content levels of sugar, fat, salt and caloric density). It also encourages food industry to improve the nutritional quality of their products by reducing the content of these health risk nutrients so that they can benefit from a favorable positioning on the Nutri-Score logo.

Keywords: Nutritional logo, processed foods, simple sugars, saturated fatty acids, sodium and calories

INTRODUCTION

Depuis plusieurs années, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme de nombreux Comités d’Experts nationaux et internationaux, recommandent aux États d’intégrer, dans le cadre de leur politique nutritionnelle de santé publique, la mise en place sur la face avant des emballages des aliments, d’un logo nutritionnel renseignant les consommateurs de façon simple et compréhensible sur la qualité nutritionnelle des aliments. Cette signalétique à finalité de santé publique vient en complément de l’étiquetage nutritionnel qui fournit de façon factuelle, au travers de tableaux de chiffres difficilement interprétables, les informations de composition nutritionnelle complète du produit.

La justification de cette mesure repose sur la volonté de lutter contre le développement des maladies chroniques, notamment l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires et de nombreux cancers. Parmi les facteurs de risque intervenant dans le déterminisme de ces maladies chroniques, les facteurs nutritionnels font partie de ceux sur lesquels il est possible d’agir en termes de prévention. Ceci implique de mettre en place des mesures fortes permettant d’orienter les choix des consommateurs, notamment les populations les plus vulnérables surtout dans les villes, vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle, tout en incitant les producteurs et transformateurs à améliorer la qualité nutritionnelle des aliments qu’ils mettent à la disposition des consommateurs via des re-formulations de produits existants et/ou des innovations.

Le Maroc, comme l’ensemble des pays du Maghreb, est confronté à des problématiques nutritionnelles majeures en termes de santé publique ayant un coût humain, social et économique considérable. L’OMS estimait en 2017 que les maladies non transmissibles (MNT) au Maroc sont responsables de 78 % du total des décès (WHO, 2017a). En 2014, elle estimait que 55,1 % de la population marocaine était en surpoids et 21,7 % obèse (WHO, 2017b) . Toujours selon l’OMS, des données datant de 2008 considéraient que presque 41 % des marocains souffrait d’hypertension (WHO, 2013). Selon le ministère de la santé en 2016, environ 2 millions de Marocains âgés de plus de 20 ans sont diabétiques (Ministère de la Santé, 2017) et l’enquête prospective réalisée en 2000 par le Ministère de la Santé a retrouvé une prévalence globale de cholestérol élevé de 29 % chez la population de plus de 20 ans (Ministère de la Santé, 2011). La quantité de sel, du sucre et/ou du gras consommée au Maroc est considérée au moins 45 % supérieure à celle recommandée par l’OMS (HCP, 2014). Or, la consommation importante de ces éléments constitue des facteurs de risque vis-à-vis de l’ensemble des maladies chroniques. C’est pourquoi le Ministère de la Santé du Maroc s’est engagé en faveur d’une réduction de la consommation du sel, du sucre et du gras par la population marocaine (Aguenaou et al., 2017).

Le Plan d’Action National pour la réduction de la consommation du Sel, du Sucre et du Gras (saturé et trans) 2017-2021 (PANSSG-2017-2021) vise à réduire graduellement, en collaboration avec l’industrie alimentaire, la teneur en sel, sucre et gras (saturé et surtout trans) des produits transformés et à sensibiliser la population générale sur les dangers sur la santé de l’excès de consommation du sel, du sucre et des graisses. Le PANSSG-2017-2021 s’articule autour de cinq domaines d’interventions complémentaires regroupant 10 actions, 24 mesures et 46 activités. Dans le cadre du Domaine d’intervention 2 (Création d’un environnement propice à la consommation d’aliments et de boissons sains), la mesure 10 fait état de l’instauration d’une perception positive des aliments transformés de bonne valeur nutritive. Aussi, l’activité 17 traite de la création d’un label ou logo attestant le respect des normes relatives à la teneur maximale de sel, de sucre et de graisses (Aguenaou et al., 2017).

La mise en place au Maroc d’un logo nutritionnel sur la face avant des emballages des aliments peut donc contribuer à l’objectif de sensibilisation des consommateurs sur la qualité nutritionnelle globale des aliments (intégrant leurs teneurs en sucre, gras, sel et densité calorique) tout en incitant les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits en réduisant la teneur en ces nutriments pour bénéficier d’un positionnement plus favorable sur le logo nutritionnel.

C’est d’ailleurs sur les mêmes bases de santé publique qu’en France, les Ministres de la Santé et des Solidarités, de l’Agriculture et l’Alimentation et de l’Économie et des Finances ont signé le 31 Octobre 2017, un arrêté officialisant le logo Nutri-Score comme signalétique nutritionnelle officielle pour être mis en face avant des emballages des aliments en France.

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