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La régulation du partenariat public-privé en irrigation: Cas du projet El Guerdane dans la région du Souss-Massa

La régulation du partenariat public-privé en irrigation: Cas du projet El Guerdane dans la région du Souss-Massa

N. MAATALA1, M. TAOUFIQ CHATI2, M. BENABDELLAH1, P. LEBAILLY3

1 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc
2 Expert en PPP en irrigation, Rabat, Maroc
3 Faculté de Gembloux Agro Bio-Tech, Ulg, Gembloux, Belgique

 

Résumé

Le recours au partenariat public-privé dans le domaine de l’irrigation par le Maroc a été initié en 2005 dans le cadre du projet El Guerdane dont l’objectif est de sauvegarder un périmètre agrumicole de 10 000 ha. L’objectif de cet article est de décrire le rôle du département de l’Agriculture en tant qu’autorité délégante et l’organisation du service chargé du suivi et de la régulation des projets de partenariat public-privé, les différents risques liés à ce projet de partenariat et ses différents indicateurs de performance. Aussi, une comparaison entre les périmètres El Guerdane et Issen en matière de régulation a été effectuée. La méthodologie suivie s’est basée sur les entretiens réalisés avec les différentes parties prenantes du projet. Il ressort de cette analyse que le projet s’est doté de moyens efficaces pour assurer le contrôle, le suivi et la régulation du projet en amont et en aval. En effet, il s’est doté en amont au niveau de l’autorité délégante d’un service exclusivement dédié à ce contrôle et en aval d’une commission qui se réunie annuellement ou siègent les représentants des bénéficiaires. En matière des performances de gouvernance, le partenaire privé a pris en charge une partie des risques d’investissement et d’exploitation pour assurer la pérennité de l’outil d’irrigation. Aussi, la qualité du service de l’eau a été améliorée, la disponibilité de la ressource en eau est devenue meilleure et repose sur la demande, le coût du service de l’eau d’irrigation est pris en charge par les usagers, ce qui a permis d’éviter les transferts du budget de l’État (subventions annuelles) pour la maintenance complémentaire ou le besoin de réhabilitation. Cependant, la délégation d’un service de l’eau ne doit pas se limiter à la mise en place d’un dispositif commercial et contractuel de distribution d’eau d’irrigation, mais plutôt instaurer un système de conseil pour prodiguer aux agriculteurs les messages techniques permettant de gérer au mieux l’eau d’irrigation et leur système de production pour faire face aux exigences de ce nouveau mode de gestion.

Mots-clés: Partenariat Public-Privé, irrigation, régulation.

Regulation of public-private partnership in irrigation: Case of El Guerdane project in the Souss-Massa area (Morocco)

Abstract

The use of public-private partnership in the field of irrigation by Morocco was initiated in 2005 within the framework of the El Guerdane project whose objective is to safeguard a citrus area of 10,000 ha. The purpose of this research is to describe the role of the Department of Agriculture as delegating authority and the organization of the service responsible for monitoring and regulation of public-private partnership projects, the various risks associated with this partnership project and its various performance indicators. Also, a comparison between the El Guerdane and Issen perimeters in terms of regulation was carried out. The methodology followed was based on interviews with the various stakeholders of the project. This analysis shows that the project has developed effective means to control, monitor and regulate the project upstream and downstream. Indeed, it has set up at the level of the delegating authority a service exclusively dedicated to this control and downstream of a commission that meets annually or sit representatives of beneficiaries. In terms of governance performance, the private partner has assumed part of the investment and operating risks to ensure the sustainability of the irrigation tool. Also, the quality of the water service has been improved, the availability of water resources has become better and is based on demand, and the cost of the service of irrigation water is borne by the users. Which made it possible to avoid transfers from the state budget (annual subsidies) for additional maintenance or the need for rehabilitation. However, the delegation of a water service should not be limited to the setting up of a commercial and contractual irrigation water distribution system, but rather establish a system of advice to provide farmers with the necessary services. Technical messages to better manage irrigation water and their production system to meet the requirements of this new management method.

Keywords: Public-Private Partnership, irrigation, regulation.

INTRODUCTION

Le premier projet du partenariat public-privé en irrigation réalisé par le Maroc est le projet de sauvegarde de la zone agrumicole d’El Guerdane dans le Souss (10 000 ha) qui était l’aboutissement d’une étude visant l’examen approfondi de la faisabilité d’une multitude d’options envisagées par le Ministère de l’Agriculture pour l’amélioration du secteur irrigué au Maroc. Les trois options examinées ont été les suivantes: (i) l’autonomie du service de l’eau au sein des Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricole (ORMVA), (ii) le transfert de la gestion aux agriculteurs et (iii) la gestion déléguée dans un cadre privé. L’examen avait conclu à l’opportunité de l’option de la gestion déléguée dans un cadre de partenariat public-privé.

En absence de tout texte de loi réglementant les contrats de partenariat public-privé entre l’État et le privé, et en se référant à la loi 54-05 et des pratiques internationales, une convention de gestion déléguée a été signée en 2005 entre le Ministère de l’Agriculture et un opérateur privé (Société Amensouss) pour cofinancer, réaliser et gérer les infrastructures d’irrigation. Effectivement, la construction a été achevée en juillet 2009 et la gestion par le délégataire a démarré en octobre 2009.

Vu le succès de cette expérience inédite, le Plan Maroc Vert (PMV), initié en 2008 en tant que stratégie nationale visant le développement d’une agriculture performante grâce à son ouverture aux investissements privés, a adopté le partenariat public-privé en irrigation comme réforme institutionnelle importante.

Le partenariat public-privé en irrigation a consisté à intéresser les opérateurs privés à investir et gérer les infrastructures hydro-agricoles dans les périmètres irrigués dans le cadre de contrats de gestion déléguée/concession. Le service de l’eau d’irrigation dans ces périmètres étant un service public pouvant être délégué en vertu de la loi.

L’objectif de ce mode de collaboration est d’améliorer les conditions techniques, économiques et financières de la gestion du service de l’eau d’irrigation dans ces périmètres, en l’occurrence:

  • Une meilleure efficacité hydrique et énergétique.
  • Une optimisation de l’utilisation des ressources en eau et des coûts d’exploitation et de maintenance.
  • Une durabilité des aménagements réalisés.
  • Une amélioration du service de l’eau.
  • Une réduction des transferts budgétaires de l’État pour la gestion des périmètres d’irrigation.

Dans ce contexte, l’État marocain a pris des mesures d’accompagnement des projets de partenariat public-privé en irrigation dans le cadre de la restructuration du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts dans le cadre du PMV. Il a ainsi institué une division dédiée exclusivement à la promotion et la régulation des projets d’irrigation réalisés sous cette forme institutionnelle. La mission du suivi et de régulation a été confiée à l’un de ses services. Il intervient dans le cadre de sa mission de suivi et de régulation depuis le démarrage de l’étude de faisabilité du projet au terme de laquelle le choix du mode de partenariat à adopter et la conception des infrastructures sont effectués. Il entame les négociations pour la conclusion du contrat ; sa mission continue pour le contrôle et la régulation du projet au cours de la réalisation des infrastructures et l’exploitation du projet par l’opérateur privé.

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Dans cet article, nous allons pouvoir cadrer les concepts à la fois généraux et spécifiques de la régulation étant donné que le terme prend plusieurs sens selon les domaines. Nous devons définir le terme «régulation» dans le sens de la réglementation incluant la supervision active dans le domaine du partenariat public- privé en irrigation dans le périmètre d’El Guerdane, qui a pris au cours de l’exécution du contrat et l’exploitation du projet une forme définissant une régulation ex-ante et ex-post spécifique à ce projet et qui a constitué un modèle de référence pour les autres projets de partenariat public-privé réalisés au Maroc dans le domaine de l’irrigation.

Les résultats d’enquêtes auprès des services du Ministère et de l’opérateur vont nous permettre de décrire le rôle du Ministère en tant qu’autorité délégante et l’organisation du service chargé du suivi et de la régulation des projets de partenariat public-privé. Au fur et à mesure de cette description certains concepts seront définis et détaillés concernant les rôles joués par le partenaire privé et les usagers.

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Multiplication végétative de l’arganier (Argania spinosa) par bouturage et par greffage

Multiplication végétative de l’arganier (Argania spinosa) par bouturage et par greffage

M.L. METOUGUI1, M. MOKHTARI2, I. MACHATI2, I. AZEROUAL2, O. BENLHABIB1

1Département de Production, Protection et Biotechnologies Végétales, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

2Département d’Horticulture, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Complexe Horticole d’Agadir, Maroc

Résumé

L’arganier (Argania spinosa L. skeels) est un arbre oléifère endémique au Maroc et qui joue un rôle socio-économique important vue la valeur de son huile. Malgré l’importance de l’arganier, il est principalement multiplié par semis. Cette méthode de multiplication présente plusieurs inconvénients dont une longue phase de juvénilité et une variabilité génétique élevée entre les plants. Le but de ce travail est d’étudier (1) l’effet du génotype et de sources de calcium (CaCl2 et Ca(NO3)2) sur le bouturage, (2) l’étendue de l’effet du génotype, du porte-greffe et du greffon sur le greffage et enfin comparer entre les deux méthodes pour la production de plants d’arganier. Les résultats ont montré l’existence d’un effet génotype important sur le bouturage. En effet, chaque génotype a présenté un taux de multiplication différent. L’apport du calcium n’a pas apporté d’amélioration à l’enracinement des boutures pour l’ensemble des génotypes multipliés, alors que son pouvoir désinfectant s’est révélé dépendre du génotype. Les résultats ont montré aussi que la réussite du greffage dépendait principalement de la compatibilité greffon/porte-greffe, mais peu du génotype du greffon et pas du tout du génotype du porte-greffe. La comparaison entre les deux méthodes de multiplication a montré que le greffage serait mieux adapté que le bouturage pour la production de plants d’arganier. Le meilleur taux d’enracinement obtenu par bouturage était de 66,7 %, alors que le taux de reprise par greffage a atteint 95,8 % pour les meilleures combinaisons.

Mots clés: Arganier, Argania spinosa, multiplication végétative, bouturage, greffage.

Abstract

The argan tree (Argania spinosa L. skeels) is an endemic species of Morocco that plays an important socioeconomic role through the value of its oil. Despite the importance of the species, the main propagation method is still by seeds, which presents several disadvantages, including a long juvenile phase and high genetic variability between plants. The aim of this work is to study from one side the genotype and source of calcium (CaCl2 and Ca(NO3)2) effects on the cutting yield, and from the other side the effect of the rootstock and the graft genotype on the grafting method’s success and finally compare between the both methods for argan massive propagation. The results exhibited an important genotype effect on the cutting; in fact, each of the four propagated genotypes reacted differently to this propagation method. The calcium treatment did not improve the cutting rooting, whereas its disinfectant effect depended on the genotype. From the other side, the grafting success depended mainly on the graft/rootstock compatibility, but little on the graft genotype and not at all on the rootstock genotype. The comparison between the two propagation methods showed that grafting is more suitable for argan tree propagation. The highest success rate reached through the cutting was 66.7 % with the best genotype, whereas by grafting the best rate was off 95.8% attended by two of twelve graft/rootstock combinations tested.

Keywords: Argan, Argania spinosa, vegetative propagation, cutting, grafting

INTRODUCTION

L’arganier (Argania spinosa L. skeels) est une espèce forestière endémique qui occupe une superficie d’environ 952.200 ha au sud-ouest supérieur marocain (Lefhaili, 2014). En dehors de ce peuplement, l’arganier est aussiprésent dans la haute vallée de l’Oued Grou, au sud-est de Rabat et sur le versant méditerranéen du massif montagneux des Beni Snassen, au nord d’Oujda (Emberger, 1925). Il est aussi trouvé dans la région de Tindouf en Algérie où cette essence couvre environ 3.000 ha (Kaabèche et al., 2010).

L’arganier est un arbre à usages multiples; ses feuilles et la pulpe de son fruit sont utilisées pour l’alimentation du bétail spécialement les caprins et son bois de qualité supérieure dans la menuiserie et comme combustible (M’Hrirt et al., 1988; Prendergast et Walker, 1992). Cependant, le principal produit de cet arbre reste son huile, dérivée de ses amandes, très prisée pour ses usages médicales, cosmétiques et alimentaires (Lybbert et al., 2011).

Actuellement, les plants d’arganier, principalement multipliés par semis, sont destinés à la foresterie. Cette méthode de multiplication favorise la diversification du patrimoine génétique et entraîne une grande variabilité génétique, vu l’allogamie de l’espèce (Nerd et al., 1998). Les plants issus de semis nécessitent environ ‎sept ans avant d’entrer en production. Cette ‎méthode de ‎multiplication, ne présentant pas les mêmes avantages que la multiplication végétative, n’est ‎pas adaptée pour ‎l’établissement de vergers d’arganiculture. ‎La multiplication végétative, produisant des plants identiques au plant mère avec quasiment pas de période de juvénilité, reste la méthode la plus adéquate à l’installation de vergers de production et à la sauvegarde du patrimoine génétique menacé de disparition.

Les premiers essaies de multiplication végétative rapportés sur l’arganier datent des années 70 et ont porté sur le bouturage (Platteborze, 1976; El Mazzoudi et Errafia, 1977 ). Encore peu maîtrisé à l’époque, les taux de réussite atteignaient à peine 16%.D’autres travaux ont été entrepris sur la multiplication par bouturage (Kaaya, 1998;  Harrouni, 2002; Alouani, 2003), greffage (Mokhtari, 2002; Mokhtari et al., 2011) et marcottage (Bouiche, 2008).Les résultats acquis sur le bouturage des rameaux d’arbres adultes, montrent que les meilleurs rendements sont obtenus sous serre contrôlée (chauffage de fond, système de réfrigération par évaporation d’eau, système de nébulisation) et un traitement à l’acide β-indole butyrique (AIB). Sous ces conditions, les taux de réussite ont dépassé les 60%. Ces travaux ont mis en évidence un effet significatif du génotype sur les taux d’enracinement en plus de la pourriture des explants qui impacte directement le niveau du rendement de la technique.

Le greffage chez l’arganier consiste à réunir entre les performances du greffon et les avantages racinaires du porte-greffe. Cette technique de multiplication est considérée réussie quand le contact entre les tissus vasculaires des deux symbiotes est établi (Mokhtari, 2002). Jusqu’à maintenant, le greffage donne les meilleurs rendements sur l’arganier; son taux de réussite peut dépasser les 90%. La méthode de greffage en fente simple est la plus adaptée à la multiplication de l’arganier; toutefois, l’effet interaction greffon/porte-greffe constitue encore une limitation à la technique (Mokhtari, 2002; Mokhtari et al., 2011; Taoufiq et al., 2011).

Le présent travail a pour premier objectif d’étudier l’effet du génotype et de deux sources de calcium sur la réussite du bouturage. En effet, le calcium est un élément minéral connu par son activité stimulatrice d’enracinement et son rôle structural sur les tissus de végétaux (Eliasson, 1978; Bellamine et al., 1998). Cette étude a aussi pour but d’étudier l’effet du génotype du greffon et celui du porte-greffe sur la réussite du greffage chez l’Arganier, et en troisième lieu de comparer entre les deux techniques de multiplication végétative et proposer celle la plus performante pour la production rapide de plants vigoureux de génotypes sélectionnés destinés à la filière « arganicole ».

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Contribution à l’évaluation de l’impact de la filière de l’huile d’argane sur l’autonomisation des coopératives féminines de production dans la province de Tiznit

Contribution à l’évaluation de l’impact de la filière de l’huile d’argane sur l’autonomisation des coopératives féminines de production dans la province de Tiznit

 M. BENABDELLAH, H. SALAMAT

Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

Résumé

La dynamique que connaît le Maroc, autour des produits de terroir, notamment l’arganier, nous a poussés à nous intéresser aux coopératives féminines de production de l’huile d’argane, en tant qu’organisations de l’économie sociale et solidaire, qui promeuvent la diversité et l’inclusion économique et sociale des femmes. L’arganier représente une ressource naturelle à haute valeur de solidarité ancrée dans les traditions et coutumes des populations locale, en particulier les femmes. Son exploitation s’inscrit dans une filière où les coopératives féminines occupent une place importante dans sa structure. D’où l’intérêt d’examiner leurs retombées sur la l’autonomisation des femmes impliquées ainsi que d’évaluer leur rentabilité et leur viabilité. Pour atteindre ces objectifs, nous avons réalisé notre étude au niveau des coopératives féminines de production d’huile d’argane dans la province de Tiznit. Nous avons procédé par une décortication de l’autonomisation en plusieurs dimensions, que nous avons évalué chacune à part à travers des scores pour en déduire un indice global regroupant la totalité des dimensions. L’étude a montré qu’à l’exception des jeunes femmes âgées de moins de 35 ans qui ont un indice d’autonomie perçue sensiblement plus élevé, les autres catégories d’âge s’équivalent à peu près. Le score des femmes mariées dépasse un peu celui des non mariées. Les résultats affichent également un indice plus élevé des membres du bureau par rapport à celui des femmes salariées. En parallèle, l’évaluation financière de ces coopératives à l’aide de l’analyse coûts-bénéfices en environnement déterministe affiche des VAN positives, des TRI allant de 7 à 12 % pour un taux d’actualisation de 7 %, des RBC supérieurs à 1 et des Payback de 8 à 11 ans pour toutes les coopératives de l’échantillon à l’exception d’une seule qui affiche des indicateurs justifiant sa non rentabilité. Pour toutes les coopératives, la probabilité d’enregistrer des valeurs de non rentabilité demeure relativement faible.

Mots-clés: Arganier, Autonomisation, Coopératives féminines, Économie sociale et solidaire, Analyse coût-bénéfice, Analyse du risque, VAN, TRI, Tiznit.

Contribution to the evaluation of the impact of argan oil sector on empowerment of women’s production cooperatives in Tiznit province

Abstract

The dynamics Morocco faced, around local products, including the argan tree, pushed us to focus on cooperatives of production of argan oil, as social and solidarity economy organizations, which promote economic diversity and social inclusion of women. The argan tree represents a natural resource of high value of solidarity anchored in the traditions and the customs of the local populations, in particular the women. Its exploitation is part of a chain where the women’s argan cooperatives occupy an important place in its structure. From the need to examine, their effects on the Empowerment of the women involved, as well as to estimate their profitability and their viability. To achieve these goals, we conducted our study at the level of the women’s argan cooperatives in Tiznit. We proceeded by a decortication of the Empowerment in several dimensions, that we estimated each through scores to deduct a global index grouping all of the dimensions. The study showed that with the exception of the less than 35-year-old young women who have an index of autonomy appreciably higher, the other categories are approximately equivalent. The score of the married women exceeds a little the non-married ones. The results also show a higher index of the members of the office to that of the salaried women. In parallel, the financial evaluation of these cooperatives by the cost-benefit analysis in deterministic environment shows positive NPV, Internal Rate of Return from 7 to 12 % for a discount rate of 7 %, Benefits-Costs Ratio superior to 1 and a Payback from 8 to 11 years for all the cooperatives of the sample with the exception of one that shows indicators justifying its not profitability. The probability of recording a negative NPV is low for all the cooperatives.

Keywords: Argan tree, Empowerment, Women’s Argan Cooperatives, Social Economy, Benefits-Costs Analysis, risk analysis, Net Present Value, Internal Rate of Return, Tiznit.

INTRODUCTION

L’arganeraie est traditionnellement habitée par la population Amazigh qui a développé à travers les âges une manière particulière de vie centrée sur l’arganier, arbre endémique au sud-ouest du Maroc. En tant que ressource locale et naturelle, l’arganier joue rôle irremplaçable dans l’équilibre écologique et dans la préservation de la biodiversité, et assure aux populations locales une base d’activité économique et sociale intense. Cette forêt constitue un réservoir foncier, un lieu de collecte et de récolte de divers produits à savoir le bois, les feuilles et fruits de l’arbre pour en produire l’huile d’argane: principal produit issu de l’arganier.

La surexploitation domestique de ce patrimoine unique ainsi que les extrêmes aridités qui ont frappé le Maroc ont contribué à sa réduction.

Préoccupée par cette problématique, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) a déclaré l’arganeraie marocaine Réserve de la Biosphère en 1998, tirant ainsi la sonnette d’alarme pour signaler une diminution significative du parc d’arganier. Depuis lors, un vaste programme visant à sauver l’arganeraie selon un mode de développement durable en associant les préoccupations écologiques et économiques s’est développé, avec le soutien du gouvernement Marocain, de quelques gouvernements étrangers et de nombreuses organisations non gouvernementales (Charrouf et Guillaume, 2009).

C’est dans ce cadre que naît l’idée des coopératives féminines d’huile d’argane comme solution protectionniste en réponse aux problèmes de surexploitation de l’arganier par l’Homme. L’objectif est de valoriser les pratiques ancestrales des femmes rurales de la région et lutter contre leur désenclavement à travers leur organisation dans des coopératives, ce qui va leur faire prendre conscience de sa richesse étant principales protagonistes de la menace de sa dégradation.

Depuis les coopératives féminines d’huile d’argane se sont multipliées. Sur le plan numérique, leur nombre est passé de 157 coopératives en 2009 à 299 coopératives en fin 2014 (ODCO, 2014). Sur le plan économique elles y occupent, en effet le 3ème rang à l’échelle nationale après les coopératives artisanales et agricoles.

Par conséquent, ces coopératives féminines représentent l’une des composantes majeures de l’économie sociale et solidaire du Maroc, du fait qu’elles jouent un rôle primordial dans le développement socio-économique du pays en participant à la création d’emplois, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le milieu rural qui assure leur autonomie.

Leur multiplication a eu lieu en partie grâce à l’appui des organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux autant locaux qu’internationaux en partenariat avec les femmes coopératrices, qui interviennent pour les aider à lancer leurs projets. La conception de ces initiatives de développement se base sur une logique de responsabilisation de ces femmes, autrement dit leur autonomisation. Graduellement, les intervenants se retirent et ce sont les femmes qui en assument la gestion et le développement de telle sorte à s’approprier leurs coopératives et les faire fonctionner de façon autonome.

Il est donc légitime de se demander quels sont les effets des coopératives féminines de l’huile d’argane sur l’autonomisation des femmes impliquées ? Et quelle est la pérennité de ces projets coopératifs féminins non-initiés par leurs membres ?

Source sur Revue Marocaine des Sciences Agronomique et Vétérinaires et ficher PDF
https://www.agrimaroc.org

Évaluation de la contribution de l’arganier dans le revenu du ménage rural et comparaison de sa rentabilité dans différents systèmes de production

Évaluation de la contribution de l’arganier dans le revenu du ménage rural et comparaison sa rentabilité dans différents systèmes de production 

M. BENABDELLAH, N. IBNEZZYN

Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

Résumé

Le présent travail a pour objectifs d’évaluer l’apport de l’arganier dans le revenu du ménage rural et comparer la rentabilité de deux modèles d’exploitation des produits de l’arganier en environnement déterministe et probabiliste. La quantification de l’apport des différentes activités de production, afin de souligner la contribution de l’arganier au niveau micro-économique, a affiché des résultats variables de la part de l’arganier allant de 45 % à 94 %, soit une moyenne de 66 % pour l’année 2016, alors que l’arganier pourrait réaliser une marge brute moyenne de l’ordre de 2807 dhs à l’hectare. Quant à l’évaluation de la rentabilité des modes d’exploitation de l’arganier, les résultats en environnement déterministe ont montré que l’arganier pourrait être rentable même en commercialisant ses produits sans aucune valorisation. Avec deux indicateurs différents, les performances économiques des modèles d’exploitation avec valorisation dépassent de loin celles de vente des produits de l’arganier sans valorisation. En faisant subir aux variables à risque une grande fluctuation, la simulation Monte Carlo à montrer que la probabilité d’enregistrer une VAN négative est de 0 %.

Mots-clés: Arganier, Semi-aride, qualité du sol, analyses physico-chimiques.

Assessment of contribution of the argan tree to rural household income and comparison of its profitability in different production systems

Abstract

The present work aims to evaluate the contribution of the argan tree to rural household income and to compare the profitability of two models of exploitation of argan products (with and without valorization).The quantification of the contribution of different production activities for the study of income, in order to underline the contribution of the argan tree to the micro-economic level, showed variable results from the argan tree ranging from 45 % to 94 %, an average of 66 % for the year 2016. The argan could achieve an average gross margin of about 2807 dhs per hectare. As for the evaluation of the profitability of the argan tree exploitation methods, the results in deterministic environment showed that the argan tree could be profitable even by marketing its products without any valorization. With two different indicators, the economic performances of the exploitation models with valorization far exceed those of sale of argan products without valorization. By subjecting the variables at risk to a large fluctuation, the Monte Carlo simulation shows that the probability of recording a negative NPV is 0 %.

Keywords: Argan, Semi-arid areas, soil quality, chemical analysis.

INTRODUCTION

Seul représentant de la famille des Sapotacées en Afrique du Nord, l’Arganier est une espèce arborescente endémique du Sud-Ouest Marocain (Bellefontaine, et al., 2010). C’est la deuxième essence forestière en termes de superficie, après le chêne vert (Quercus rotundifolio L.) Pendant que certains auteurs signalent une superficie de 550 000 hectares, d’autres avancent que l’arganier couvre pratiquement 828 000 hectares.

En tant que ressource locale et naturelle, l’arganeraie assure aux populations du sud-ouest du Maroc une base d’activité économique et sociale intense. Elle constitue un réservoir foncier, et un lieu de collecte et de récolte de divers produits à savoir le bois, les feuilles et fruits de l’arbre. Elle était, et elle est encore, un élément important du système agraire local basé essentiellement sur la céréaliculture (particulièrement l’orge), l’élevage (surtout les caprins) et l’arganier (Aziz, 2012).

En fait, avec l’augmentation rapide du prix de l’huile d’argane à la fin des années 90, nous assistons, au niveau de la zone d’arganeraie, à de nouvelles dynamiques socio-économiques. La marchandisation des produits de l’arganier a alors eu des conséquences sur les représentations et la vie quotidienne des populations locales : le fruit d’argane est devenu un investissement spéculatif populaire, augmentation des stocks moyens des ménages en ce produits, émergence des marchés des amendons d’argane et la naissance des coopératives assurant aux femmes qui y travaillent dans la production et la commercialisation des produits d’argane un revenu significatif.

Le présent travail a pour objectif de quantifier l’apport de l’arganier dans le revenu du ménage rural et comparer la rentabilité de deux modèles d’exploitation des produits de l’arganier en environnement déterministe et probabiliste.

Source sur Revue Marocaine des Sciences Agronomique et Vétérinaires et ficher PDF
https://www.agrimaroc.org

Application de la méthode d’évaluation contingente à l’arganier marocain: Cas du Parc National Souss Massa (PNSM)

Application de la méthode d’évaluation contingente à l’arganier marocain: Cas du Parc National Souss Massa (PNSM)

I. ARRAHMOUNI1, M. BENABDELLAH1, K. KASHIWAGI2, M. DEHHAOUI1, F. BENCHEKROUN3

1 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat
2 Université de Tsukuba, Japon
3 Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification – Rabat

Résumé

L’un des principaux défis de la filière arganier est de réussir le pari d’une approche de développement durable en protégeant l’Arganeraie. Le Parc National Souss Massa peut avoir un rôle important à cet égard, à travers la promotion de l’écotourisme visant la protection et la préservation du patrimoine Arganier. Dans ce contexte, cette étude vise à estimer le consentement à payer pour visiter le Parc, dans l’optique que leur paiement sera dédié à la protection de l’arganeraie. En appliquant la méthode d’évaluation contingente, les résultats montrent que la population enquêtée dans la province de Tiznit et en ligne sont prêts à payer pour bénéficier des services du circuit proposé. En effet, selon le modèle Logit, les résultats de cette enquête donnent une valeur moyenne de CAP allant de 37 598 Dhs comme estimation au niveau de la province de Tiznit à 76 985 Dhs comme estimation web. Par contre, selon le modèle Probit cette estimation varie entre 55 129 Dhs et 85 034 Dhs. En supposant un nombre de visites allant d’un scénario pessimiste de 100 000 visiteurs à un scénario plus optimiste de 300 000 visiteurs, les autorités publiques peuvent percevoir entre 3,8 Mdhs  à 26,8 Mdhs/ an en établissant ce consentement à payer comme un droit d’entrée au parc. Sur la base de l’enquête réalisée au niveau de la province, la modélisation Tobit a permis d’évaluer les facteurs déterminants de consentement à payer. Le facteur âge a un impact négatif sur le consentement à payer, alors que les revenus, la distance du parc et la fibre écologique ont eu des effets positifs. Par contre, l’enquête web a permis d’identifier des variables significatives différents tels que la nationalité, l’état matrimonial, le niveau d’éducation, la taille du ménage, le revenu et la connaissance du parc.

Mots-clés: Arganier, Argane, Évaluation contingente, Consentement à payer, Parc national Souss Massa.

Application of contingent valuation method to Moroccan argan: Case of Souss Massa National Park (SMNP)

Abstract

One of the main challenges of the Argan value chain is the construction of a sustainable project for the development of the sector and its products while protecting the Argan tree. The Souss Massa National Park can play an important role in this direction, through the promotion of ecotourism aimed at protecting and preserving Argan heritage. In this context, this work aims to estimate the willingness to pay to visit the Park and protect the argan tree, in the perspective that their payment will be dedicated to the protection of the argan tree. Using the contingent valuation method, this study shows that visitors are willing to pay (WTP) for the services of the proposed circuit. According to the Logit model, the results of this survey give an average value of WTP ranging from 37 598 Dhs as estimate at the level of the province of Tiznit to 76 985 Dhs as web estimation. On the other hand, according to the Probit model, this estimate varies between 55 129 Dhs and 85 031 Dhs. Assuming a number of visits ranging from a pessimistic scenario of 100 000 visitors to more optimistic scenario of 300 000 visitors, the public authorities can collect between 3.8 Mdhs to 26.8 Mdhs/year by establishing this willingness to pay as a fee to enter in the park. Based on the survey conducted at province of Tiznit, Tobit modeling was allowed to evaluate the determining factors of willingness to pay. The age factor had a negative impact on willingness to pay, while revenues, distance from the park and ecological fiber had positive effects. On the other hand, the web survey identified different significant variables such as nationality, marital status, educational level, household size, income and knowledge of the park.

Keywords: Argan, contingent valuation, Wiliness to pay, WTP, National Park of Souss Massa.

INTRODUCTION

L’arganier est un arbre endémique du sud-ouest Marocain pouvant vivre jusqu’à 200 ans. C’est un arbre très résistant à la sécheresse et à la chaleur. L’aire géographique de l’arganeraie couvre environ 820 000 Ha et s’étend tout en long du littoral atlantique à partir d’Essaouira, couvrant ainsi la vallée de Souss-Massa-Draa où elle représente 71 % des surfaces forestières.

Cet arbre épineux est parfaitement adapté à l’aridité. Grâce à son puissant système racinaire, il maintient les sols en entretenant leur fertilité et en les protégeant de la désertification. Le bois d’arganier sert à la construction et ses feuilles servent à l’alimentation des chameaux mais aussi des chèvres qui n’hésitent pas à monter à la cime de l’arbre pour y brouter les jeunes pousses. L’affiache, son fruit, est de couleur jaune lorsqu’il est mûr et mesure environ 3 cm. Il cache à l’intérieur d’une coque très dure utilisée comme combustible, des amandons (2 à 3 environ) dont est extraite l’huile d’argane. Aujourd’hui, l’huile d’argane est mondialement connue mais elle reste rare et chère. Ce qui suscite, d’ailleurs, l’intérêt croissant de nombreux acteurs sur la filière argane.

Malheureusement, l’arganier est une espèce menacée. En plus de son usage pastoral, il est défriché pour l’agriculture et on récupère son bois pour le chauffage. En moins d’un siècle, plus du tiers de la forêt a disparu et sa densité moyenne est passée de 100 à 30 arbres/ha.

En 1999, l’UNESCO a reconnu et classé l’arganier comme patrimoine forestier mondial de l’humanité.  Cet écosystème endémique est, de plus en plus, confronté à plusieurs contraintes dont la sécheresse accentuée par les changements climatiques. Cependant, son impact socio-économique est important et son potentiel de développement est énorme.

L’un des principaux défis de l’arganeraie est de s’inscrire dans une approche durable visant à développer les produits de l’arganier tout en protégeant sa forêt. Les parcs nationaux, comme le Parc National Souss Massa (PNSM), peuvent jouer un rôle important dans la création d’activités écotouristiques, commerciales ou culturelles dans l’objectif de préserver l’écosystème et le patrimoine de l’arganeraie.

A ce titre, cette étude vise à examiner le comportement des consommateurs relatif à l’activité d’écotourisme dans le PNSM, en estimant leur consentement à payer (CAP) pour visiter ledit parc et, pour se faire, contribuer à la préservation de l’arganeraie.

Cette étude a été réalisée avec l’aide du programme SATREPS[1] en partenariat entre l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II – Rabat/Maroc et le Laboratoire de recherche ARENA[2] de l’université de Tsukuba – Japon.

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Effet de l’âge, des têtes de clones, de la position du ramet et du traitement à l’AIB sur l’enracinement des boutures de l’arganier (Argania spinosa L. Skeels)

Effet de l’âge, des têtes de clones, de la position du ramet et du traitement à l’AIB sur l’enracinement des boutures de l’arganier (Argania spinosa L. Skeels)

AIT HAMMOU1,3, S. DAOUD1, M.C. HARROUNI2
1 Laboratoire de Biotechnologies végétales, FSA, Agadir, Maroc
2 Département Paysage et Environnement, IAV Hassan II, Agadir, Maroc
3 Direction des Domaines Agricoles (Les Arômes du Maroc), Agadir, Maroc

Résumé

La multiplication végétative de l’arganier par bouturage a été menée dans une enceinte vitrée dont l’humidité relative et la température moyenne étaient de 80 % et 25°C respectivement. Le premier essai a concerné des boutures herbacées prélevées sur des têtes de clones sélectionnés sur la base de la productivité, de la vigueur et de la capacité de production de boutures à différents niveaux (hauteurs) de l’arbre. Trois facteurs ont été pris en compte, l’âge du pied-mère, la position du ramet sur l’arbre et le traitement à l’acide indole-butyrique (AIB), hormone rhizogène dont les concentrations étaient de 1000 et 2000 ppm comparées à un témoin traité à l’eau distillée. Le deuxième essai avait pour objectif de contrôler les conditions globales du bouturage telles que la lumière, l’humidité relative de l’air et la température du substrat ainsi que la qualité des boutures: herbacées, semi-ligneuses et ligneuses.  Le taux d’enracinement global a été amélioré entre le premier et le deuxième essai. Il est passé de 25 % dans les conditions non contrôlées à 100 % dans les conditions contrôlées chez quelques clones. Les jeunes arbres ont présenté la plus grande aptitude à l’enracinement. L’analyse de la variance a montré un effet hautement significatif du caractère tête de clone et de la position du ramet sur l’enracinement, le poids sec et la longueur moyenne des boutures. Par contre, aucun effet significatif n’a été observé pour le traitement auxinique sur ces variables. Le meilleur résultat (100 % d’enracinement) a été obtenu pour les boutures apicales et médianes des rejets d’arbres jeunes en conditions contrôlées. L’âge des arbres a un effet hautement significatif sur la qualité des racines dans la mesure où les boutures issues de jeunes arbres ont montré une supériorité quant au poids sec et à la longueur des racines.  L’étude comparative entre le système racinaire issu du bouturage et celui issu des semis a montré que les semis se caractérisent par une racine pivotante bien développée alors que les boutures qui développent un amas cellulaire donnent naissance à plusieurs racines orthotropes.

Mots-clés: Arganier, bouturage, âge des pieds-mères, position du ramet, AIB, enracinement.

Effect of age, clone heads, ramet position and IBA treatment on the rooting of Argan tree (Argania spinosa L. Skeels) cuttings

Abstract

The vegetative propagation of the Argan tree by cuttings was carried out in a glazed enclosure whose relative humidity and average temperature were 80 % and 25°C respectively. The first trial involved herbaceous cuttings taken from clone heads selected on the basis of productivity, vigor and ability to produce cuttings at different levels (heights) of the tree. Three factors were taken into account: the age of the root-stock, the branch position on the tree and the treatment with indol-butyric acid (IBA), a rooting hormone whose concentrations were 1000 and 2000 ppm compared to a control treated with distilled water. A second trial was conducted to control the overall conditions for cuttings rooting such as light, relative air humidity and substrate temperature, as well as the type of the cuttings: herbaceous, semi-woody and woody. The overall rooting rate was improved by four folds between de first and the second trial. It increased from 25 % under uncontrolled conditions to 100 % under controlled conditions in some clones. Young trees showed the greatest ability to root. Variance analysis showed a highly significant effect of clone head and branch position on rooting, dry weight and average length of cuttings. On the other hand, no significant effect was observed for auxin treatment on these variables. The best result (100 % rooting) was obtained for apical and median cuttings of sprouts of young trees under controlled conditions. Tree age has a highly significant effect on root quality since cuttings from young trees showed superior dry weight and root length. The comparative study of the root system produced by cuttings with that of seedlings showed that seedlings are characterized by a well-developed taproot while cuttings develop a cluster of cells that give rise to several orthotropic roots.

Keywords: Argan tree, cuttings, age of root-stock, branch position, IBA, rooting.

INTRODUCTION

L’arganier est un arbre endémique du Maroc qui couvre une superficie d’environ 871.000 ha (HCEFLCD, 2017). Au cours du XXème siècle, plus de la moitié de l’arganeraie marocaine a disparu, principalement dans les plaines et sa densité moyenne est passée de 100 à moins de 30 souches/ha (Charrouf et Guillaume, 2007).

La propagation par semis a montré une hétérogénéité considérable au niveau de la vitesse de croissance, de l’architecture du plant, de la floraison et de la production de biomasse utile (El Mousadik, 1997). Théoriquement, la propagation par bouturage de clones sélectionnés est une alternative qui pourrait améliorer la qualité des plants (Ferradous, 1995; Bani-Aameur et al., 1999; Bellefontaine, 2010). En effet, le bouturage permet de produire des plants identiques aux pieds-mères. Cependant, la difficulté de l’enracinement des boutures limite l’utilisation de cette technique (Alouani, 2003). Le taux d’enracinement dépend du génotype et les meilleurs résultats ont été obtenus à partir de bois tendre désinfecté pour éviter la contamination fongique (Nouaim et al., 2002).

Les travaux menés sur le bouturage (Mokhtari et Zakri, 1998; Harrouni et al., 1999; Mokhtari et al., 2013) montrent que les meilleurs résultats pour cette technique se réalisent sous conditions de serre à climat contrôlé.

Les racines issues des boutures sont fragiles, ce qui risque de constituer un facteur limitant pour la reprise des plants à la transplantation.

L’arganier est une plante qui requiert des conditions particulières pour sa multiplication par bouturage. Il s’agit tout d’abord de disposer de matériel végétal vigoureux et de le placer par la suite dans des conditions d’hygrométrie et de température adéquates (humidité relative supérieure à 70 % et température aux alentours de 30°C (Harrouni, 2002)). Les conditions d’humidité relative élevée sont nécessaires pour maintenir les boutures vivantes jusqu’à l’émission des racines. En effet, l’enracinement ne commence chez les boutures qu’après 45 jours même chez les sujets les plus aptes à la rhizogénèse. La saison du bouturage a également un effet sur l’enracinement avec une augmentation du taux d’enracinement et une réduction des pourritures (Harrouni, 2002).

Le présent travail a pour objectif l’étude de l’effet de certains facteurs sur le bouturage de l’arganier, à savoir : l’âge du pied-mère, la position du ramet sur l’arbre, le traitement à l’acide indole-butyrique (AIB) et le contrôle des conditions de multiplication (température du substrat, humidité relative de l’air et saison de prélèvement).

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Effet de l’irrigation sur la reprise des jeunes plants d’arganier après transplantation au terrain

Effet de l’irrigation sur la reprise des jeunes plants d’arganier après transplantation au terrain

A. WIFAYA, A. MIMOUNI, F. MOKRINI

Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), UR-Production intégrée des cultures, CRRA-Agadir-Maroc

Résumé

Le présent travail de recherche s’inscrit dans le cadre du programme de recherche d’appui au ‘’Projet Arganier’’. Il est coordonné par l’association Agrotechnologies du Souss-Massa-Draa (Agrotech) en partenariat avec un consortium de chercheurs sur l’arganier. Ce travail a pour objectif de déterminer les doses et fréquences d’irrigation favorables pour une meilleure reprise des plants d’arganier après transplantation sur trois sites appartenant à des zones agro-climatiques différentes; Taksbite sur un plateau à climat océanique, Anzad sur un piémont de montagne à climat continental et Tinzert à géographie et climat montagneuse. Les résultats de ce travail ont montré que la dose de 16 L/plant et la fréquence d’un mois sont recommandées sur le site de Taksbite. Cependant, sur le site d’Anzad, ces résultats ont démontré que la dose de 36 L/plant et les deux fréquences; 1 et 2 mois sont conseillés. De même, la dose de 35 L/plant et la fréquence de 2 mois se sont montrées plus efficientes sur le site de Tinzert. Enfin, cette expérimentation a mis en évidence l’existence d’une grande hétérogénéité au sein de cette population, due principalement à sa grande diversité génétique et son adaptation aux conditions agro-climatiques de chaque site de plantation.

Mots-clés: Arganier, irrigation, régénération.

Effect of irrigation on recovery of young argan plants after transplanting to field

Abstract

This work is part of the research program supporting the ‘’ Argan Project ‘’. It is coordinated by the Agrotechnologies Association of Souss-Massa-Draa (Agrotech) in partnership with a consortium of researchers on the argan tree. The purpose of this work is to determine the favorable doses and frequencies of irrigation for a better recovery of argan plants after transplantation in three sites belonging to different agro-climatic zones; Taksbite on an ocean climate plateau, Anzad on a mountain foothill with continental climate and Tinzert with a mountain geography and climate. The results of this work showed that the dose of 16 L/plant and the frequency of one month are recommended for the Taksbite site. However, on the Anzad site, results demonstrated that the dose of 36 L/plant and both frequencies, 1 and 2 months, are recommended. Similarly, the dose of 35 L/plant and the frequency of 2 months were more efficient at the Tinzert site. Finally, this experiment revealed the existence of a great heterogeneity within argan population mainly due to its great genetic diversity and its adaptation to the agro-climatic conditions of each plantation site.

Keywords: Argan tree, irrigation, regeneration.

INTRODUCTION

Le programme de recherche d’appui au ‘’Projet Arganier’’, financé par l’Agence de Développement Social et l’Union Européenne, est mis en œuvre et coordonné par l’association Agrotechnologies du Souss-Massa-Draa (Agrotech). L’Association Agrotech collabore avec un consortium de chercheurs de plusieurs institutions nationales de recherche sur l’arganier: Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Complexe Horticole d’Agadir; Faculté des Sciences-Université Ibn Zohr d’Agadir; Institut National de Recherche Agronomique d’Agadir; la Faculté des Sciences Ben M’Sik de Casablanca-Université Hassan II, Mohammedia et la Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université Mohammed V de Rabat.

L’arganier (Argania spinosa L.) constitue une importante essence forestière au Maroc. Ses 20 millions d’arbres sont étendus sur une superficie évaluée à 800 000 ha au Sud-Ouest du Maroc. L’arganeraie joue, en plus de son rôle de barrière contre le désert, un rôle socio-économique majeur. Elle procure annuellement environ 800 000 journées de travail et elle assure au quotidien la subsistance de 3 millions de personnes dont la majorité vit en milieu rural (Charrouf et Guillaume, 2007). Aujourd’hui, la pérennité de cet écosystème est menacée, en raison de la surexploitation domestique, de l’extrême aridité des dernières décennies et surtout du faible taux de régénération naturelle de l’arganier. En effet, la superficie de l’arganeraie diminue d’environ 600 ha par an et la densité moyenne en arbres est passée en un siècle de 100 à 30 arbres par hectare. Afin d’inverser cette tendance, la préservation de cette ressource passe inéluctablement par la régénération et le développement de l’arganier agricole, qui vise la diminution de la pression de l’exploitation de l’arganeraie.

En ce sens, le Plan Maroc Vert place la filière de l’arganier parmi les priorités nationales, à travers l’établissement du Contrat Programme de la filière arganier. Celui-ci prévoit, d’une part, le développement de l’arganier agricole, en assurant la plantation de 5000 ha, à l’horizon 2020, et d’autre part, la restitution de 200 000 ha de l’arganeraie.

Exigence climatique de l’arganier

L’arganier est un arbre thermophile et xérophile. La plus grande partie de l’arganeraie relève de l’étage infra méditerranéen, variante bioclimatique semi-aride à aride (El Aboudi, 1990). Le secteur semi-aride s’étend le long de la côte atlantique de Safi à Agadir, sur une bande de 60 km de large avec des précipitations allant de 290 à 400 mm et la température moyenne du mois le plus froid est comprise entre 3 et 7 °C.

Le secteur aride constitue les deux tiers de l’aire de l’arganeraie, dans la plaine de Souss et l’Anti-Atlas, avec une température moyenne du mois le plus froid supérieure à 7 °C et des précipitations moyennes annuelles comprises entre 150 et 300 mm (Peltier, 1982). L’arganier est éliminé dans les régions à pluviosité supérieure à 500 mm par la concurrence d’autres espèces ligneuses mieux adaptées et à croissance rapide (Maire, 1935).

Les précipitations occultes ainsi que certains facteurs de compensation ont une importance primordiale pour le développement de l’arganier. En effet, ces descripteurs écologiques peuvent constituer un apport d’eau supplémentaire pour la végétation (rosée, nébulosité, brouillard) et atténuer les phénomènes d’évapotranspiration (Bendâanoun, 1994).

L’arganier craint le gel. En effet, il est chassé par les températures de 0°C prolongées et ne tolère des températures négatives que si elles sont de courte durée. En revanche, il supporte remarquablement bien les températures élevées, celles-ci pouvant atteindre 50°C dans la région de Taroudant (Thierry, 1987).

C’est un arbre résistant aux fortes périodes de sécheresse prolongée et aux effets desséchants du vent. Ceci n’est pas lié au fait que cet arbre économise l’eau mais à sa capacité à puiser l’eau à de grandes profondeurs. De plus, pendant ces mêmes périodes de sécheresse, la croissance de certains rameaux est réduite (El Aboudi et al., 1991).

Physiologie de l’arganier

 Les études qui traitent la physiologie de l’arganier sont rares et demeurent insuffisantes pour comprendre les mécanismes internes qui contrôlent le développement de l’arbre et qui sont derrière sa plasticité et sa résistance aux divers types de stress. El Aboudi (1990) avait étudié plusieurs paramètres physiologiques relatifs au potentiel de l’eau (conductance stomatique, transpiration, etc.…) et leur interaction avec le potentiel hydrique du sol, l’éclairement, la température et l’humidité de l’air. Il a remarqué que la résistance stomatique minimale chez l’arganier est voisine de 200 sm-1 et que la régulation stomatique est incomplète au cours de la période sèche. La fermeture des stomates n’est observée que lorsque le potentiel hydrique foliaire tombe au-dessous de -3,5 MPa.

La transpiration maximale, pouvant atteindre 0,05 g cm-2 s-1 au début de la saison sèche et 0,03 g cm-2 s-1 au cours de cette saison, est relativement supérieure à celle d’autres arbres méditerranéens. El Aboudi, (1990) a suggéré que l’arganier n’est pas particulièrement économe d’eau bien qu’il soit pourvu de mécanismes susceptibles de freiner la transpiration. En se basant sur l’ensemble de ces indices, Peltier et al., (1990) ont parlé d’une éventuelle participation de réservoirs internes dans la régulation du déficit hydrique foliaire pendant la saison sèche. Ils ont suggéré que ces réservoirs sont situés entre le sol et le feuillage de l’arbre mais sans spécifier leur nature et leurs mécanismes de fonctionnement.

Le concept de nutrition de l’arganier a été étudié dans un seul travail actuellement disponible, c’est celui de Nerd et al., (1994), qui ont travaillé sur des arganiers âgés de 7 ans et plantés sous des conditions d’irrigation contrôlées dans deux localités différentes du désert de Negev en Palestine. Ils ont remarqué que les feuilles accumulent plus de sels minéraux que les tiges. La concentration en chlore, en calcium et en magnésium dans ces organes sont plus élevées lorsque l’eau d’irrigation est riche en ces éléments.

La comparaison des potentiels foliaires de base aux potentiels hydrique du sol à différentes profondeurs montre que les racines peuvent exploiter l’eau du sol à des profondeurs de plus en plus grandes au cours de la saison sèche. On peut conclure de ces caractéristiques éco-physiologiques que l’arganier n’est pas réellement adapté à la sécheresse, mais qu’il peut la supporter en ayant la capacité de puiser de l’eau à grande profondeur, que le tronc et les branches représentent probablement des réservoirs d’eau permettant de limiter la chute diurne du potentiel foliaire, et qu’il peut échapper à un stress hydrique intense (comme celui provoqué par le chergui, vent chaud et sec du Sahara), grâce à sa capacité de défoliation (EL Aboudi et al., 1991; El Aboudi. 1990).

Le système racinaire de l’arganier est très mal connu, en dépit de son importance pour l’alimentation en eau et en éléments minéraux de l’arbre. On sait que l’arganier possède un système racinaire de type pivotant, pouvant descendre à de grandes profondeurs; des chiffres de l’ordre de 30 mètres ont été avancés, mais on ne dispose pas de données fiables à ce sujet. En outre, l’arbre possède un réseau dense de racines superficielles ayant une bonne capacité de renouvellement, des racines fines apparaissant après chaque épisode pluvieux.

Enfin, ce n’est qu’en 1988 que les observations de Nouaïm et Perrin ont mis en évidence une symbiose racinaire de type endomycorhizienne (Nouaïm et al., 1990). Ces champignons symbiotiques à vésicules et arbuscules jouent très probablement un rôle dans la résistance de l’arbre à la sécheresse et dans sa nutrition minérale.

Effet du stress hydrique sur la croissance de jeunes plants d’arganier

Selon Reda Tazi et al., (2003) la diminution de la croissance de l’appareil végétatif observée chez les jeunes plantules d’arganier peut être expliquée par le fait que le polyéthylène glycol agit par augmentation de la pression osmotique du milieu, ce qui empêche l’absorption de l’eau par le système racinaire et par conséquent entraîne une réduction au niveau de la croissance de l’appareil végétatif.

Des effets similaires ont été remarqués sur la croissance de l’appareil végétatif chez les plantules d’arganier du sud-ouest du Maroc soumises à un stress hydrique en plein champ Harrouni et al., (1995). Les mêmes résultats ont aussi été obtenus sur la même espèce par Kaâbous (1992) in Harrouni et al., (1995). Selon Thakur et Rai (1982), le déficit en eau entraîne un retard dans la croissance végétale. Il se traduit par une réduction de la hauteur et du diamètre de la tige, un raccourcissement des entre-nœuds et une diminution du nombre de feuilles et de la surface foliaire (Aspinall, 1986).

D’autre part, Harrouni et al. (1995) ont montré que la transplantation des jeunes plantules d’arganier de quatre âges différents (1, 2, 4 et 6 mois) réagit mal vis-à-vis du déficit hydrique, alors que les plantules âgées de 22 mois ont, elles, donné un bon pourcentage de reprise (> 75 %) indépendamment du régime hydrique (Zahri et Harrouni, 1999). Selon Bouzoubaà et El Mourid (1999), la croissance des jeunes plantules d’arganier soumises au stress hydrique est différente selon les descendances.

La diminution de la croissance de la partie aérienne est accompagnée d’une réduction au niveau de la production des feuilles (Reda Tazi et al., 2003). D’autre part Harrouni et al., (1995) a déduit que la croissance végétative et particulièrement l’expansion des feuilles sont sévèrement inhibées par le stress hydrique, les nouvelles feuilles se développent lentement et la sénescence des anciennes s’accélère. L’effet de la sécheresse s’exprime par un ralentissement progressif puis rapide de la croissance primaire puisque le déficit hydrique réduit la turgescence et par conséquent le pouvoir expansif des feuilles.

D’après Reda Tazi et al., (2003), les concentrations élevées du polyéthylène glycol entraînent une diminution du poids sec des parties aérienne et racinaire. Il semble que la partie aérienne soit plus touchée par l’effet de PEG que la partie racinaire. La diminution de la croissance racinaire peut être expliquée par la subérisation des racines soumises au stress hydrique (Mougou, 1984). En revanche, il est connu que la résistance des végétaux à la sécheresse dépend du degré d’exploitation du sol par le système racinaire.

Pour l’arganier, son système racinaire couvre une surface qui peut atteindre 67 m2 (Thierry, 1987). Donc, les plantes adultes réagissent vis-à-vis du stress hydrique par le développement du système radiculaire alors que dans notre cas, les jeunes plantules d’arganier tendent à réduire la longueur des racines pour surmonter l’effet du stress hydrique provoqué par le PEG, ce qui explique la reprise élevée des plantules âgées de 22 mois (Zahri et Harrouni, 1999).

Généralement, le taux de régénération reste non satisfaisant pour les nouvelles plantations. En effet, les programmes de recherche sont appelés à explorer toutes les voies possibles pour l’amélioration de la régénération depuis l’élevage des plants jusqu’à la réalisation des plantations au terrain.

Ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre du programme de recherche d’appui au projet arganier. Il a pour objectif de déterminer la dose et la fréquence d’irrigation adéquates pour une amélioration du taux de reprise des plants d’arganier au terrain après transplantation.

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Analyse fonctionnelle de la chaîne de valeur d’Argane de la province de Tiznit: Cartographie des maillons et des acteurs

Analyse fonctionnelle de la chaîne de valeur d’Argane de la province de Tiznit: Cartographie des maillons et des acteurs

I. ARRAHMOUNI, A. BENABDELLAH, M. DEHHAOUI, F. BENCHEKROUN

Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

Résumé

La filière d’Argane a connu des progrès importants durant les dix dernières années. L’enjeu de son développement est de permettre la réduction de l’extrême pauvreté, tout en soutenant la protection de l’arganeraie. Sa chaîne de valeur s’articule autour de trois maillons, notamment la production, la transformation et la commercialisation. Elle est composée d’une grande variété d’acteurs (locaux, nationaux et étrangers) ayant des objectifs et intérêts spécifiques. Cette chaîne de valeur est caractérisée par l’absence de monopole, mais aussi par son manque de transparence pour la plupart des opérateurs. De fortes incertitudes, liées à l’instabilité de l’offre, à la qualité du produit et au prix, influencent les relations entre les acteurs. Les acteurs publics et privés impliqués dans la promotion de la filière argane sont invités à développer une approche intégrée qui permet une meilleure gouvernance de la chaîne de valeur en améliorant la compétitivité de ses maillons, en renforçant les liens entre ses multiples acteurs, en facilitant l’accès au marché et en veillant à répartir équitablement les valeurs créées tout au long de la chaîne.

Mots-clés: Arganier, Huile d’argane, Arganeraie, Tiznit, chaîne de valeur.

Functional analysis of the Tiznit province Argan value chain: Mapping linkages and stakeholders

Abstract

The argan sector has made significant progress over the last decade. The challenge of its development is to enable the reduction of extreme poverty while supporting the protection of the argan tree. Its value chain is articulated around three links, including production, processing and marketing. It is composed of a wide variety of actors (local, national and foreign) with specific objectives and interests. This value chain is characterized by the absence of a monopoly, but also by its lack of transparency for most operators. High uncertainties, related to supply instability, product quality and price, influence relationships between actors. Public and private actors involved in the promotion of the argan sector are invited to develop an integrated approach that allows better governance of the value chain by improving the competitiveness of its links, strengthening the links between its multiple actors, facilitating the access to the market and ensuring equitable distribution of value created along the chain.

Keywords: Argan oil, Argan tree, Tiznit, Value chain analysis.

INTRODUCTION

Au Maroc, la chaîne de valeur de l’arganier atteint actuellement un niveau de développement lui assurant une reconnaissance à l’échelle nationale. La filière connaît un foisonnement d’acteurs nourris d’intérêt pour la ressource « arganier » et l’huile extraite de ses graines. Les actions de ces différents acteurs entraînent depuis les années 90, une véritable dynamique tout au long de la chaîne de valeur de l’arganier.

Cependant, la filière soulève plusieurs préoccupations en matière d’accès aux ressources et conditions de travail. Elle fait face également aux questions d’efficacité productive et de rentabilité ainsi qu’aux pressions sociales et environnementales, suscitant une prise de conscience systémique.

Outre le contexte Marocain, la filière d’argane s’inscrit dans une dimension plus large. En effet, elle bénéficie de toute l’attention des organismes internationaux et des scientifiques sensibles aux questions environnementales et de la biodiversité à travers le monde.

Cet article s’inscrit dans la dynamique autour de la chaîne de valeur de l’arganier au niveau de la province de Tiznit. Il cherche à fournir des éléments de compréhension de la filière d’argane, en mettant l’accent sur son organisation, sa gouvernance, ses différentes interactions, ses avantages et ses contraintes. De plus, cet article pourrait servir de base pour nourrir les réflexions préalables aux politiques de développement de la filière et de sauvegarde de l’arganeraie.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Analyse de la chaîne de valeur

L’analyse de la chaîne de valeur (ACV) est un processus dans lequel une entreprise identifie ses activités principales et de soutien qui ajoutent de la valeur à son produit final, puis analyse ses activités pour réduire les coûts ou augmenter la différenciation. C’est un outil stratégique utilisé pour analyser les activités internes des entreprises. Son but est de reconnaître quelles sont les activités les plus précieuses (source d’avantage de coût ou de différenciation) pour l’entreprise et celles qui pourraient être améliorées pour offrir un avantage concurrentiel (Soosay, Fearne et Dent, 2012).

L’analyse de la chaîne de valeur (ACV) constitue un cadre conceptuel de cartographie et de catégorisation des processus économiques. Elle permet d’identifier les challenges et les opportunités, ainsi que les points de levier auxquels les actions d’amélioration peuvent atteindre l’impact le plus élevé. En agriculture par exemple, une telle analyse étudie les liens entre les agriculteurs, les commerçants et les producteurs de produits agro-alimentaires, les détaillants et les consommateurs finaux.

La première étape d’une analyse de la chaîne de valeur est l’élaboration de sa cartographie. Pour ce faire, les limites d’autres chaînes doivent être définies. L’idée principale est d’identifier d’abord les acteurs pour «mapper» ensuite le produit tracé tout au long de la chaîne, compte tenu des activités d’approvisionnement, de production, de traitement et de commercialisation. L’objectif est de donner une illustration des acteurs identifiés et des flux de produits associés. Une chaîne de valeur cartographique comprend alors les acteurs, leurs relations et leurs activités économiques dans lesquelles ils interviennent, avec les flux physiques et monétaires connexes.

A ce niveau, il existe deux types d’approches pour élaborer la cartographie de la chaîne de valeur, notamment l’approche fonctionnelle et institutionnelle et l’analyse des réseaux sociaux (SNA).

L’approche fonctionnelle et institutionnelle (préconisé dans le cadre de cette étude), commence par construire une «carte préliminaire» d’une chaîne particulière pour donner un aperçu de tous les acteurs (analyse institutionnelle) et le type d’interaction entre eux (analyse fonctionnelle). La méthodologie de la FAO comprend trois aspects essentiels pour l’élaboration d’une carte préliminaire (FAO, 2005), notamment les principales fonctions à chaque étape, les agents exerçant ces fonctions et le parcours des principaux produits tout au long de la chaîne. Il est à noter que les flux sont quantifiés en termes monétaires afin d’évaluer l’importance relative des différentes étapes de la chaîne.

L’analyse de réseaux sociaux, quant à elle, se rapporte aux théories relationnelles qui permettent de formaliser les interactions sociales en termes de nœuds et de liens (notions issues de la Théorie des graphes). Les nœuds sont habituellement les acteurs sociaux ou institutions qui interagissent et les liens sont les relations entre ces nœuds. Il peut exister plusieurs sortes de liens entre les nœuds. Dans sa forme la plus simple, un réseau social se modélise pour former une structure analysable où des liens effectifs entre les nœuds sont étudiés. Cette approche sert d’outil pour cartographier et analyser les relations et les flux de la chaîne de valeur lorsqu’elle est plus caractérisée par un réseau que par une seule chaîne verticale.

Limites de l’ACV

L’analyse de la chaîne de valeur est limitée par plusieurs facteurs, entre autres:

  • Les acteurs ne doivent pas succomber à la « paralysie par analyse » où ils recueillent trop d’informations et oublient que l’objectif de cet outil est l’identification des problèmes afin que des mesures puissent être prises;
  • Les hypothèses constituent souvent la base de la plupart des données utilisées, rendant toute décision prise en fonction de ces données subjectives;
  • La tendance à se concentrer excessivement sur la rentabilité ou la rupture des composants de coûts, alors que l’efficacité de la production devient de plus en plus une condition nécessaire pour pénétrer les marchés mondiaux;
  • Les chaînes de valeur ne sont pas réparties en termes de composition, de relations, ou le positionnement sur le marché alors qu’il existe un besoin concurrentiel de modifier et d’améliorer la chaîne à la lumière des choix stratégiques relatifs aux marchés d’intervention;
  • Les analystes de la chaîne de valeur ne tiennent pas compte de l’environnement commercial dans lequel la valeur de la chaîne fonctionne. Ce faisant, l’analyse peut ne pas identifier les interventions potentielles pour améliorer les performances des entreprises et de la chaîne de valeur.

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Prix mondial du pétrole et production halieutique au Maroc: Approche de couplage d’un MEGC et d’un Modèle Halieutique

Prix mondial du pétrole et production halieutique au Maroc: Approche de couplage d’un MEGC et d’un Modèle Halieutique

KAMILI1, M. R. DOUKKALI2
1 Institut National de la Recherche Halieutique (INRH), Agadir, Maroc
2 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

Résumé
Cet article a pour objectif d’examiner la vulnérabilité du secteur halieutique marocain face à l’augmentation du prix mondial du pétrole et les implications que cela pourrait avoir sur la production, la rentabilité des activités halieutiques et sur l’état des stocks exploités. L’approche proposée pour atteindre cet objectif, repose sur le couplage d’un modèle halieutique et un Modèle d’Équilibre Général Calculable (MEGC)avec une prise en compte de la durabilité des ressources halieutiques en utilisant le modèle biologique proposé par Schaefer. Le modèle obtenu montre que le secteur halieutique n’est pas assez sensible à la hausse du prix mondial du pétrole. Néanmoins, de fortes augmentations de ce prix auraient des conséquences positives sur la préservation des ressources halieutiques en forçant le système de production halieutique à baisser sa production tant au niveau des activités de pêche qu’au niveau des activités halio-industrielles. Cette situation risque de menacer la rentabilité des activités de pêche énergivores, en particulier les chalutiers, et affecterait négativement le pouvoir d’achat et la sécurité alimentaire. Toutefois, si le prix mondial du pétrole n’excède pas 25% du prix de référence, les navires les moins exigeants en carburant augmenteraient légèrement leurs captures, profitant de la baisse de l’offre des produits provenant d’autres flottes énergivores.

Mots-clés: Modèle bioéconomique, MEGC, pêche, prix pétrole, production.

World oil price and fish production in Morocco: Coupling approach of a CGEM and a fishing model

Abstract
This article aims to examine the vulnerability of the Moroccan fisheries sector to the increase in the world oil price and the implications that could have on production, profitability of the fishing activities and state of exploited stocks. The proposed approach to achieve this objective is based on the coupling of a fishery model and a Computable General Equilibrium Model (CGEM) with a consideration of the sustainability of fisheries resources using the biological model proposed by Schaefer. The obtained model shows that the fisheries sector is not sensitive enough to the rise in world oil price. Nevertheless, large increases in this price would have positive consequences for the preservation of fishery resources by forcing the fishery production system to reduce its production both in terms of fishing activities and at the level of halio-industrial activities. This situation may threaten the profitability of energy-intensive fishing activities, especially trawlers, and negatively affect purchasing power and food security. However, if world oil price does not exceed 25% of the reference price, the least fuel-intensive vessels would slightly increase their catches, taking advantage of the lower supply of products from other energy-intensive fleets.

Keywords: Bioeconomic model, CGEM, fishing, oil price, production.

INTRODUCTION
Le secteur de la pêche contribue de 2 % à 3 % du produit intérieur brut (PIB) et emploie environ 670000 personnes, dont 25 % des emplois directs. Ce secteur assure des sources de revenus pour environ 3 millions de personnes (DPM[1], 2014). En 2015, la production halieutique nationale a dépassé 1,35 millions de tonnes, soit 10,8 milliards de dirhams. Cette production est composée, principalement, de petits pélagiques à hauteur de 84 % en volume et 25,3% en valeur. Grâce à sa production halieutique, le Maroc est classé 17ème dans le monde et premier sur le continent africain (FAO, 2016).

Face à une demande de produits halieutiques qui ne cesse de croître, notamment dans un contexte de mondialisation de plus en plus imposée, le secteur halieutique est particulièrement dépendant du reste du monde et des autres secteurs de l’économie domestique (transport, énergie, etc.). En effet, ce secteur est étroitement lié au marché mondial tant pour ses intrants que pour ses produits. La majorité des intrants des activités de pêche est importée, en particulier le pétrole qui représente en moyenne 49% des consommations intermédiaires. Cette forte dépendance vis-à-vis du reste du monde place le secteur halieutique national dans une situation de vulnérabilité face à toute conjoncture probable du marché mondial du pétrole. Sachant que le Maroc est preneur de prix dans le contexte du marché mondial du pétrole, la hausse possible du prix mondial des produits pétroliers aurait probablement un impact négatif sur la rentabilité et la durabilité des activités de pêche nationales. Toutefois, compte tenu de l’importance du pétrole dans la structure des coûts de production de la majorité des secteurs économiques, une éventuelle augmentation du prix mondial du pétrole impliquerait vraisemblablement un impact général direct sur la rentabilité relative moyenne dans tous les secteurs. L’impact est donc plus ou moins important en passant d’un secteur économique à un autre ; certains étant gagnants, d’autres sont perdants.

L’objectif de ce travail est de mettre en œuvre une démarche scientifique capable d’évaluer et de capter le sens résultant de la variation de la rentabilité relative du secteur halieutique et de mesurer l’impact de l’augmentation du prix mondial du pétrole sur le secteur halieutique et l’état des ressources exploitées. En mettant en avant l’objectif de durabilité de la ressource halieutique, atteindre cet objectif ne devrait être fait que dans le cadre d’une approche globale qui intègre à la fois une approche économique capable d›identifier les effets des politiques économiques et une approche biologique capable d›évaluer l›état des stocks exploités. En ce sens, le couplage d›un Modèle d’Équilibre Général Calculable (MEGC) avec un modèle biologique semble être l›une des approches les plus appropriées. Le modèle que nous convenons d’appeler par la suite un Modèle d’Équilibre Général Calculable pour le secteur Halieutique «MEGC-H[2]» est le résultat de ce couplage. Ce modèle, qui permettra de caractériser les relations techniques, biologiques et économiques intra et intersectorielles, est capable de quantifier les impacts potentiels pouvant résulter de différentes conjonctures économiques.

Les rares auteurs qui ont développé un MEGC incorporant les caractéristiques biologiques et écologiques du secteur halieutique (ex. Pan et al., 2007 et Houston et al., 1997 in Pan et al., 2007), ont proposé un modèle dynamique optimisant les trajectoires des différentes variables mais sans prendre en compte la contrainte de durabilité des ressources, de plus en plus intégrée dans les stratégies de développement sectoriel (DPM, 2009). Aussi, cette variante de modèle nécessite une qualité exceptionnelle de données, laquelle condition est susceptible d’entraver son utilisation dans le contexte du Maroc. Les travaux fondés sur un MEGC, isolant le secteur halieutique du reste de l’économie marocaine, sont limités à de rares études du Haut-Commissariat au Plan (HCP) (2009), Diao et al., (2008), Tsur et al., (2004), Diao et al., (2002) et Löfgren et al., (1997). Toutefois, ces études n’ont traité le secteur halieutique que de manière agrégée par rapport au reste de l’économie. Hors, lors de l’évaluation des effets des politiques économiques dans un secteur donné, il est essentiel d’avoir une Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) désagrégée au niveau des comptes correspondant au secteur de production concerné. Forcément, les impacts ne sont jamais uniformes et varient d’un secteur à l’autre et d’une branche d’activité à l’autre dans le même secteur.

Le reste de l’article est organisé en trois sections. La première est consacrée à l’analyse de l’intensité énergétique relative du secteur halieutique marocain. La seconde est dédiée à une présentation détaillée de l’approche méthodologique tout en présentant les données ayant servi à la calibration du modèle, et la dernière section présente les résultats et discussions des simulations réalisées dans le cadre du scénario de l’augmentation du prix mondial du pétrole.

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Impact des prix mondiaux des produits de pêche sur le secteur halieutique Marocain: Application d’un MEGC pour le secteur Halieutique

Impact des prix mondiaux des produits de pêche sur le secteur halieutique Marocain: Application d’un MEGC pour le secteur Halieutique

KAMILI1, M. R. DOUKKALI2

1 Institut National de la Recherche Halieutique (INRH), Agadir, Maroc
2 Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc

Résumé
Ce travail examine l’impact de la hausse des prix mondiaux des produits de pêche sur la production et la rentabilité des activités halieutiques ainsi que l’état des stocks exploités. Pour cet objectif, un modèle d’équilibre général calculable (MEGC) couplé avec un modèle biologique est utilisé. Ce modèle permet d’intégrer la durabilité des stocks exploités. Les résultats montrent que l’augmentation continue des prix mondiaux des produits halieutiques pourrait entraîner une forte augmentation de la production accompagnée d’une forte baisse de la biomasse des espèces exploitées. Ainsi, une fois ces prix augmentent de 10%, les résultats suggèrent que la production moyenne par espèce ne devrait pas dépasser 20% de la production de l’année de référence. Ces résultats supposent que le «rendement maximal soutenable» représente le point de référence pour la gestion des pêches. En outre, l’augmentation de 15% des prix mondiaux des produits halieutiques entraînerait une baisse de 2% des prix intérieurs de la sardine, ce qui contribuera à la sécurité alimentaire domestique. Cette même augmentation pourrait entraîner une légère amélioration des recettes publiques (0,4%) et du PIB (0,3%).

Mots-clés: MEGC, pêche durable, prix mondiaux, produits halieutiques.

Impact of fishery products world prices on the Moroccan fishing sector: Application of a CGEM for the fishing sector

Abstract
This work examines the impact of rising world prices of fishery products on the production and profitability of fishing activities as well as the state of exploited stocks. For this purpose, a computable general equilibrium model (CGME) coupled with a biological model is used. This model makes it possible to integrate the sustainability of exploited stocks. The results show that the continued increase in world prices for fish products would lead to a sharp increase in production accompanied by a sharp decline in the biomass of exploited species. Thus, once these prices increase by 10 %, the results suggest that the average production per species should not exceed 20% of the production of the reference year. These results assume that the “maximum sustainable yield” represents the reference point for fisheries management. In addition, the 15 % increase in world prices for fish products would result in a 2% decrease in domestic sardine prices, which will contribute to domestic food security. This same increase could lead to a slight improvement in government revenue (0.4 %) and GDP (0.3 %).

Keywords: CGEM, sustainable fisheries, world prices, fishery products.

INTRODUCTION

Le contexte du commerce international actuel, marqué par l’accélération du démantèlement des barrières à l’échange, offre des opportunités en matière d’extension du commerce extérieur des produits halieutiques. Cette extension est due en particulier à la demande de ces produits qui ne cesse de croître, en raison de la croissance de la population mondiale et du développement de l’aquaculture mondiale qui repose sur des aliments à base de poisson de capture. De plus, la consommation annuelle moyenne des produits de la pêche a progressé en passant de 9,9 kg / habitant dans les années 1960 à 17 kg / habitant dans les années 2000, 18,5 kg / habitant en 2010, 19,3 kg / habitant en 2012 et les premières estimations pour 2014 indiquent qu’elle pourrait atteindre 20,1 kg / habitant / an (FAO, 2014 et 2016).

Face à cette demande croissante, notamment dans un contexte de mondialisation de plus en plus imposé, le secteur halieutique est devenu particulièrement dépendant du reste du monde et des autres secteurs de l’économie (transport, énergie, etc.). En effet, le secteur de pêche est étroitement lié au marché mondial tant pour ses intrants que pour ses produits. D’une part, la majorité des intrants est importée, en particulier le pétrole qui constitue 49% des consommations intermédiaires (Kamili et Doukkali, 2018). D’autre part, près de la moitié de la production halieutique nationale est exportée. Cette situation, accentuée par la différence des pouvoirs d’achat des consommateurs des pays demandeurs et du Maroc, contribuera sans doute à la hausse des prix mondiaux des produits halieutiques. Les producteurs nationaux seraient encouragés à produire davantage, profitant de cette augmentation des prix mondiaux des produits de la pêche.

Au niveau mondial, le Maroc se classe au 17ème rang avec une production halieutique dépassant 1,35 millions de tonnes, soit l’équivalent de 10,8 milliards de dirhams. Cependant, le Maroc a peu d’influence sur les prix au niveau international et, donc, un pays preneur de prix, vu qu’il ne represente que 0,87 % de la production mondiale halieutique (FAO, 2016). Les prix internationaux des produits de la pêche sont donc susceptibles d’affecter le niveau de production domestique et la durabilité des activités de pêche nationales. L’état des stocks halieutiques serait de plus en plus préoccupant vu le risque de surexploitation, en particulier en l’absence de mesures de gestion appropriées, et la capacité limitée des ressources halieutiques à se régénérer. En ce sens, la mise en place d’une réglementation pour la préservation des ressources constitue un élément clé pour une pêche durable[1]. En fait, ce concept est d’une grande utilité pour s’attaquer aux problèmes de surpêche et d’épuisement des stocks.

La forte dépendance vis-à-vis du reste du monde place le secteur halieutique national dans une position de vulnérabilité face aux différents risques de l’environnement économique international. L’objectif de ce travail est d’étudier l’impact d’une éventuelle augmentation des prix mondiaux des produits halieutiques sur la production halieutique nationale et les implications que cela pourrait avoir sur la rentabilité des activités et l’abondance des stocks d’espèces exploitées. Cet objectif doit être recherché en considérant la structure du secteur, ses caractéristiques biologiques et écologiques et la contrainte de durabilité de la ressource de plus en plus ciblée dans les stratégies de développement sectoriel (DPM, 2009). Cela ne pourrait se faire que dans une approche globale combinant les dimensions économiques et biologiques. Le modèle utilisé dans le cadre de ce travail se réfère au travail de Kamili et Doukkali (2018), qui traite la problématique de dépendance du secteur halieutique à l’énergie fossile. Il s’agit d’un modèle d’équilibre générale calculable pour le secteur de la pêche (MEGC-H).

Cet article est articulé autour de trois sections. La première section traite l’importance de la dépendance du secteur halieutique marocain du marché international des produits de la pêche. La seconde section présente la méthodologie en se focalisant sur le modèle utilisé et les données nécessaires pour sa calibration. Finalement, les résultats et discussions seront présentés dans la dernière section.

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